mardi 3 décembre 2024

Solange Gonzalez : Vladimir Jankélévitch

 Ellipses - Décembre 2024


Cette introduction à la philosophie de Jankélévitch est présentée à partir de ses réflexions métaphysiques dans la mesure où elles permettent d’entrer de plain-pied dans une philosophie qui, bien que n’étant pas systématique, se caractérise néanmoins par une préoccupation centrale : saisir sur le vol le passage à l’existence d’une nouveauté. Les différents chapitres explorent ce singulier objet que Jankélévitch qualifie d’Acte dans ses dimensions métaphysique, gnoséologique, morale et artistique et s’emploient à faire droit à l’extrême rigueur d’une pensée d’un auteur pour qui penser rigoureusement est une exigence morale avant tout. Son expression qui emprunte aux sources mystiques de la philosophie ne saurait faire oublier quelle était la préoccupation constante de ce philosophe.

Solange Gonzalez est enseignante agrégée en CPGE scientifiques, docteur en histoire de la philosophie. Elle est également enseignante invitée aux Facultés Loyola Paris.

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Laurence Weyer : Schopenhauer

 Ellipses - Décembre 2024


Schopenhauer (1788-1860) affirme que sa philosophie est une unique pensée, exprimée dans le titre de l’ouvrage principal : le monde est « volonté et représentation ». Par cette thèse, Schopenhauer s’inscrit dans l’héritage kantien, qu’il souhaite développer. Le Monde comme volonté et comme représentation, paru en 1819, aborde quatre grands thèmes : la théorie de la connaissance, la métaphysique, l’esthétique, l’éthique. Le présent ouvrage a pour objectif d’élucider ces quatre domaines, qui mènent tous au cœur de la philosophie de Schopenhauer.

Diplômée de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Laurence Weyer enseigne actuellement la philosophie au Lycée de Garçons d’Esch-sur-Alzette et au Lycée Mathias Adam de Pétange (Luxembourg).

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Jean-Pierre Grossein : Max Weber et l'intelligence du social

 Gallimard- Novembre 2024 - Tel


Avant de s’engager sur la voie d’une « sociologie de compréhension », Max Weber a construit un espace théorique et méthodologique dans lequel pourrait se déployer, à l’abri de la tutelle des sciences de la nature et à l’écart de l’herméneutique des « sciences de l’esprit », une démarche scientifique spécifique, celle de sciences sociales conçues comme des « sciences historiques de la culture ».
C’est à suivre l’émergence de cette problématique que Jean-Pierre Grossein, traducteur et commentateur reconnu de l’œuvre wébérienne, consacre la présente étude. Elle met en relief ce qui sous-tend le questionnement wébérien et lui confère à la fois son ouverture et sa dynamique, à savoir sa dimension éthique, telle qu’elle s’exprime dans la volonté de connaître la réalité sociale et historique en toute lucidité, afin d’agir de manière responsable dans le monde. Une dimension éthique qui s’inscrivait au départ dans les termes d’une problématique protestante réformée et dont la portée se manifestera à tous les niveaux du parcours wébérien, au plan de la connaissance comme au plan de l’action, le souci de l’homme et le souci du monde se conjoignant dans un même horizon – le souci, pour ne pas dire le salut.
À cet égard, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, qui ouvre la voie à des thématiques au cœur de la construction wébérienne, est l’objet d’une grande attention.

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lundi 2 décembre 2024

Andrea Emo : Suprématie et malédiction. Journal philosophique, 1973

Editions Conférence - Janvier 2024


Suprématie et malédiction (Journal 1973) est la première traduction en langue française d’un livre d’Andrea Emo (1901-1983). L’ouvrage original est paru en 1998 en italien sous le titre : Supremazia e maledizione. Diario filosofico 1973, a cura di Massimo Donà e Romano Gasparotti, Milan, Raffaello Cortina Editore. Andrea Emo n’a jamais publié ni formé le projet d’aucun livre. Son œuvre entière est constituée de près de 38 000 pages de cahiers rédigés de 1918 à sa mort. Ces cahiers, une série de notes quasiment ininterrompue pendant plus de soixante ans, sont des textes touffus où la recherche de la vérité se donne à voir dans son état le plus brut. Carnets de recherche, ils prennent tantôt la forme d’aphorismes, tantôt celle de textes développés sur plusieurs pages. Massimo Donà et Romano Gasparotti, chargés par les héritiers d’Emo de la publication des cahiers, en ont d’abord tiré des recueils d’aphorismes et de textes choisis. Suprématie et malédiction a cependant été conçu dans un autre dessein, puisqu’il constitue la première publication intégrale d’une section autonome des manuscrits de l’auteur, à savoir ses notes rédigées du 27 octobre 1973 au 1er janvier 1974, correspondant aux cahiers 359 et 360. Le choix de ce texte n’est pas fortuit : l’année 1973 est une période significative de la philosophie d’Emo, celle de sa maturité. Les éléments structurants de sa philosophie s’y trouvent définis dans tout l’aboutissement de la pensée et toute la virtuosité du style. Parmi les thèmes qu’aborde le livre, on notera : Dieu, le monde, l’être et le néant, l’apparence et la réalité, le temps et la mémoire ; et, à côté de ces préoccupations métaphysiques essentielles, le rapport entre l’Orient et l’Occident, l’héritage des Grecs, l’histoire du christianisme, de la Réforme et de la Contre-Réforme, le destin de l’Europe moderne, la crise de l’idéologie et les formes de l’art. Malgré la cohérence de sa pensée et de son style, Suprématie et malédiction reste avant tout un extrait de journal ― le fruit de trois mois d’une activité intellectuelle particulièrement féconde (trois mois dans plus de soixante ans d’une vie dédiée à la recherche philosophique).
L’ouvrage n’est donc pas structuré comme un traité, et l’on s’efforcerait en vain de lui donner un plan ou même une structure. Son rythme est celui d’une recherche journalière librement conduite au gré de son auteur. Si Emo a choisi la forme littéraire du journal, c’est pour des raisons absolument essentielles à sa philosophie que le livre illustre exemplairement. D’abord, la réalité ne relève jamais selon Emo d’un fait brut extérieur à l’homme, car elle se déploie par et pour la conscience. Les hommes n’ont pas d’autre réalité que celle que leur conscience fait surgir ― en la niant. Ce pouvoir extraordinaire de négation absolue est la conscience elle-même, et Emo en décrit les manifestations infinies. Le journal philosophique doit donc être une recherche quotidiennement attentive à la conscience comme pouvoir de négation absolue. Or, la deuxième vertu de la forme journal relève, paradoxalement, d’un mouvement opposé. Si, d’un côté, la conscience nie le monde, de l’autre l’expérience qu’elle fait du monde est celle de son infinie diversité. Le journal permet à l’auteur de décrire librement les multiples phénomènes du monde. De ces deux points de vue (le principe de la négation et la diversité du monde), Suprématie et malédiction manifeste la maturité de la recherche d’Emo. Contrairement aux cahiers des premières décennies d’écriture, qui donnent à voir une pensée en pleine formation, une recherche jeune qui élabore lentement ses concepts et son lexique, le journal de 1973 poursuit l’enquête en s’appuyant sur un édifice conceptuel maîtrisé. Est-ce à dire que la recherche n’est devenue que la vaine répétition d’un exercice devenu habitude, et qui n’aurait plus rien de nouveau à dire ? Ce serait se méprendre sur le projet d’Emo. Sa recherche n’atteint ses véritables dimensions que dans la maturité : la lucidité devant l’œuvre du néant n’est pas le dernier mot de l’œuvre, mais son moteur. Suprématie et malédiction doit se lire comme son mouvement enfin déployé dans toute ses potentialités.
Le titre du livre, choisi par ses compilateurs, est tiré d’une de ses phrases qui en capte l’esprit : « La tentative de connaître le sujet, de connaître la connaissance, l’individualité, la divinité, est toujours punie par la foudre céleste, les revendications ou les enfers ― tentative de connaître qui se perpétue comme gloire et comme faute, comme suprématie et malédiction. » Emo voit dans la vie de tout homme un déchirement entre la suprématie et la malédiction, qui de désignent pas deux réalités distinctes mais une seule, à savoir la connaissance. L’être humain s’élève à la gloire de connaître l’être, le monde et Dieu ; mais il se condamne aussi par-là, puisque dans cette connaissance il découvre son propre néant. Toutefois, outre la condition humaine, la suprématie et la malédiction renvoient à la condition du penseur qu’est Emo. La vocation de penser est tragique : là où les hommes ordinaires détournent la vue du néant qu’ils sont, le penseur s’abîme dans cette vision. Il se prive de la consolation de l’oubli. Ce caractère tragique de la connaissance philosophique est sensible à la lecture de Suprématie et malédiction. L’insistance obsessive de son auteur sur le néant présent dans toute réalité est porteuse d’un pathos dont le lecteur cherche à comprendre la nécessité. Celle-ci se donne sous la forme d’une argumentation philosophique originale et parfois déconcertante. La raison est que le livre n’a pas été pensé pour un lecteur. Il s’agit d’un journal philosophique que son auteur n’a tenu pour personne d’autre que lui. Le journal n’est pas seulement la forme prise par un texte pensé pour la diffusion auprès d’un public, il est l’expression d’une œuvre réalisée dans le soliloque et l’isolement.
En dépit de l’indéniable difficulté que le lecteur peut éprouver au premier abord de ce livre, sa lecture produit surtout l’effet d’un émerveillement et d’un étonnement devant un objet authentiquement singulier. L’œuvre d’Emo est sans pareille, et il n’est pas d’autre façon de l’éprouver que d’en lire de longs extraits in extenso. Si, parmi les dix ouvrages qui constituent la bibliographie actuelle d’Emo, leurs compilateurs ont privilégié la forme de l’aphorisme, c’est dans le souci de rendre plus accessible une philosophie hétéroclite. Mais ce choix sacrifie la teneur et le rythme de la pensée, sensibles avant tout dans la continuité de l’écriture. Les éditions Conférence ont donc jugé plus judicieux de présenter Emo au public français à l’aide d’un ouvrage qui soit exemplaire à tous ces titres : la construction du raisonnement, le style de l’écriture, la diversité des thématiques et des enjeux. Suprématie et malédiction montre la philosophie d’Emo dans ce qu’elle a de plus singulier, celle d’un auteur aussi inclassable qu’un Nietzsche.

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Bernie Glassman : Le Cercle infini. Méditations sur le Sûtra du cœur

Synchronique - Janvier 2024


e zen authentique se vit dans le monde et non hors de lui. Bernie Glassmann, maître zen, défend l'idée d'un « bouddhisme engagé » : il met en lumière le lien qui unit le bouddhisme et l'action sociale à travers le commentaire de deux textes fondamentaux, le Sûtra du Cœur et le Sandokaï.
Le Sûtra du Coeur est l’un des textes les plus importants du bouddhisme, le Sandokaï, poème chinois du VIIIe siècle, l’un des écrits fondamentaux du zen.
Maître zen et pionnier d’un « bouddhisme engagé », Bernie Glassman nous offre un commentaire lumineux de ces deux textes majeurs. Il invite le lecteur à découvrir leur sagesse intemporelle, non comme des concepts abstraits mais comme des outils vivants pour transformer au quotidien notre rapport au monde.
Le Cercle infini montre clairement le lien qui unit le bouddhisme et l’action : rien n’est séparé, tout est un. On ne peut rester indifférent à la souffrance des autres. Éveil, compassion et action sont inséparables : c’est par l’attention aux plus vulnérables que l’on marche sur la Voie du Bouddha. Le zen authentique se vit dans le monde et non hors de lui.

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John Dewey : Comment nous pensons

Dupleix - Novembre 2024


Dans un monde débordant d’informations, où les routines se transforment souvent en automatismes, Comment nous pensons de John Dewey offre une réflexion intemporelle et essentielle sur la manière de cultiver une pensée véritablement réfléchie. Ce texte, à la fois profond et accessible, explore le pouvoir transformateur de l’esprit humain lorsqu’il est libéré des chaînes de l’instinct et de la simple routine.
Dewey, philosophe éducatif visionnaire, nous guide avec clarté et méthode à travers les multiples facettes de la pensée : de la rêverie fugace à l’investigation critique. Il démontre comment la curiosité, cet élan naturel de l’enfance, peut devenir un outil puissant pour organiser nos idées, résoudre des problèmes et donner un sens à nos expériences. Avec des exemples tirés de la vie quotidienne, il illustre comment un esprit discipliné peut transcender les biais et les automatismes pour naviguer dans un monde complexe et changeant.
À l’heure où l’éducation moderne cherche à équilibrer l’explosion des matières avec le besoin de structurer les savoirs, Comment nous pensons offre un fil conducteur essentiel. Dewey rappelle que la pensée réfléchie n’est pas un luxe intellectuel mais une nécessité pratique. Elle est, selon lui, le fondement de la liberté humaine et de l’adaptabilité face aux défis de la vie.
À la croisée de la philosophie, de la psychologie et de l’éducation, ce classique résonne avec une pertinence saisissante. En ouvrant ses pages, le lecteur trouve non seulement des clés pour comprendre la nature de la réflexion humaine, mais aussi des outils pour façonner une existence plus riche et plus consciente.

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Bernard Guéry & Bénédicte Mathonat (dir.) : L’intelligence de la raison Hommage à Aline Lizotte

Les Presses Universitaires de l’IPC - Décembre 2024


Aline Lizotte transmet depuis les années 70 une philosophie vivante, dont l’un des traits marquants est sans doute l’intelligence de la raison. En effet, la raison procède de manière différente en fonction de son objet. Discerner avec intelligence les implications de ces modes de procéder est une exigence qu’elle a reçue des philosophes de l’université Laval au Québec, en particulier de Charles De Koninck et de Mgr Maurice Dionne. Elle a su transmettre cette philosophie dans les différents lieux où elle a enseigné, notamment à l’IPC. Ses étudiants ont appris avec elle à distinguer le savoir pratique et le spéculatif, les différents niveaux d’accès à l’être, la philosophie et les sciences. En guise d’hommage à son travail, les différentes contributions du présent ouvrage explorent les enjeux de ces distinctions, pour mieux servir la vocation de la personne humaine.
L’Auteur

Avec les contributions de M. Boyancé, B. Couillaud, M. Siggen, J.-B. Échivard, F. Chaveton, V. de Lartigue, B. Mathonat, X. Lefebvre.

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dimanche 1 décembre 2024

Vincent Gerber : L'imaginaire au pouvoir. Science-fiction politique et utopies

Le Passager Clandestin - Octobre 2024


Les littératures de l'imaginaire, et plus encore la science-fiction, ont longtemps été considérées comme un simple vecteur de divertissement ou d'évasion. Aujourd'hui encore, c'est surtout par les essais que se transmettent les idées. La SF, cette "littérature du pas de côté", a pourtant un potentiel politique immense, soutient Vincent Gerber. De Philip K. Dick à Kim Stanley Robinson, en passant par Ursula K. Le Guin, Alain Damasio et bien d'autres, il nous entraîne dans un voyage vers des mondes lointains qui pourtant éclairent le nôtre. Si elle n'est pas divinatoire, la science-fiction permet de décadrer le regard. Elle peut avertir, prévenir, révéler les brèches du système. C'est la littérature de l'expérimentation des possibles - scientifiques, mais aussi humains et sociétaux. Alors que l'horizon est incertain et que nos vies prennent des accents dystopiques, ce livre est une invitation à abreuver nos imaginaires à d'autres sources que celles que le réel nous tend. Pour bâtir des futurs plus désirables, renouons avec l'utopie !

Historien de formation et libertaire de coeur, Vincent Gerber a consacré de nombreux travaux à l'écologie sociale. Grand amateur de science-fiction, il préside depuis plusieurs années les Amis de la Maison d'ailleurs, association affiliée au musée suisse de l'utopie et de la science-fiction.

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Nicolas Nova : Persistance du merveilleux. Le petit peuple de nos machines

Premier Parallèle - Novembre 2024


Il y a bien longtemps que nous, Occidentaux, ne percevons plus, dans les forêts, les montagnes et les lacs, la présence de toutes ces entités du merveilleux que sont les fées, les gnomes, les hommes des bois ou les esprits divers. Ces créatures s’en sont progressivement retirées. Faut-il pour autant en conclure, comme il est tentant de le faire, à un désenchantement ?

Nous passons en réalité notre temps à interagir avec tout un bestiaire d’entités méconnues et plus ou moins bienveillantes, notamment dans notre environnement numérique. Pensons aux trolls perturbant les échanges en ligne, aux « daemons », ces petits programmes qui font tourner nos systèmes d’exploitation, aux créatures de jeux vidéo ou à ces nouveaux monstres que sont les intelligences artificielles. Sans parler des cas plus évidents de rumeurs de fantômes qui hantent les machines. Ce petit peuple habite nos ordinateurs et nos téléphones. Il forme notre mythologie moderne.

Qui est là derrière nos écrans ? Quel lien nous unit aux figures de ce bestiaire moderne ? Nicolas Nova propose ici d’observer la manière dont nous dialoguons avec elles. Il montre ainsi que loin d’être désenchanté, notre monde actuel peut et doit être lu comme un lieu dans lequel persiste le merveilleux.

Nicolas Nova, anthropologue et professeur à la Haute école d’art et de design, à Genève, est également co-fondateur de l’agence de prospective Girardin & Nova. Ses recherches portent sur la compréhension des cultures numériques et leur évolution. Il s’intéresse à des sujets tels que les mèmes internet, l’utilisation des smartphones, ainsi que les liens entre science-fiction et technologie.Lorsqu’il n’est pas en train d’enquêter sur ces thématiques, il s’intéresse aux forêts et glaciers alpins ou aux déserts rocailleux écrasés par le soleil. Parmi ses dernières publications figurent Exercices d’observation. Dans les pas des anthropologues, des écrivains, des designers et des naturalistes du quotidien (Premier Parallèle, 2022) et Bestiaire de l’Anthropocène, co-édité avec disnovation.org (art & fiction, 2024).

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