Laurence Dahan-Gaida
Septembre 2012 - Hermann - 35
À la fois omniprésent et incernable, le temps est une dimension omniprésente de nos existences, indissociable de notre rapport au cosmos, à la vie biologique, à la conscience mais aussi à l’histoire, à la culture et à la société. Parce qu’elle est au confluent de plusieurs champs d’expérience et de réflexion, la question du temps offre une passerelle privilégiée pour croiser des approches rarement invitées à se rencontrer : celles des sciences d’un côté (physique, biologie, médecine, cosmologie), celles des arts de l’autre (littérature, cinéma, arts plastiques, musique, théâtre).
Au-delà des questions qui touchent à la réorganisation des partages cognitifs et disciplinaires (entre sciences et arts), l’objectif de cet ouvrage est de montrer la fécondité des transferts épistémologiques entre ces deux domaines. D’un côté, les sciences constituent un réservoir inépuisable pour les arts, auxquels elles proposent une multiplicité de modèles du temps opérant à différentes échelles : temporalités non linéaires, réversibles, cycliques ou emboîtées, qui peuvent être dynamisées par des bifurcations, des catastrophes ou des phénomènes d’émergence imprévisibles.
De l’autre, les arts sont un lieu privilégié de modélisation, d’exposition et de mise à l’épreuve de modèles temporels, qui tantôt croisent la rationalité dominante (sciences, historiographie), tantôt en réactivent des dimensions occultées (mythe, rite, etc.). Frayant à la fois dans l’imaginaire et le rationnel, ces représentations du temps permettent d’exhiber la complexité d’un phénomène qui ne peut être appréhendé que dans l’entre-deux des savoirs et des arts.