« Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux, c'est le suicide », disait Albert Camus. Oui, mais il existe mille façons de parler du suicide et autant de se suicider. La mort volontaire n'est pas ce qu'on pense généralement. Elle ne se réduit pas à un acte choisi, à un événement précis. À preuve : Charles Bukowski. Son existence s'apparente à un suicide lent qui s'accomplit chaque jour. Ce qu'on voit chez lui d'une manière évidente, c'est une échappatoire à l'existence : jeu, alcool, sexe, fainéantise, indifférence même à toute chose. Si l'existence n'est pas toujours facile, souvent absurde, Bukowski plus que Camus l'a montré. Mais on persiste à donner raison à celui-ci et non au premier. On continue de prétendre qu'il faut non pas abandonner, mais se révolter : là serait notre seule condition. La philosophie est-elle bien cette révolte dont parle le philosophe français ? Menée dans une perspective radicale, cette réflexion sur notre rapport à la mort, à la haine et à l'existence répond à cette question. L'auteur développe ici deux versants d'une même interrogation sur le sens de la vie et de la liberté (politique et individuelle) à travers la révolte camusienne et l'indignité bukowskienne. Camus contre Bukowski ? La philosophie contre la littérature ? Cela n'est pas aussi manichéen mais les deux auteurs, ici mis face à face, montrent deux voies divergentes, deux manières de se positionner radicalement face à l'existence et face à la politique.
Lawrence Olivier est professeur de science politique à luniversité du Québec à Montréal, ainsi que professeur associé au département de philosophie de luniversité Laval et au département de sémiologie de luniversité du Québec à Montréal. Aux éditions Liber, il a publié ''Michel Foucault. Penser au temps du nihilisme'' (1995), ''Le savoir vain. Relativisme et désespérance politique'' (1998), ''Contre lespoir comme tâche politique'' (2004), ''Détruire: la logique de lexistence'' (2008) et ''Pour une sémiotique in-signe'' (2011).