dimanche 31 mai 2015

Lawrence Olivier : Suicide et politique. La révolte est-elle honorable ?

Liber - Mai 2015


« Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux, c'est le suicide », disait Albert Camus. Oui, mais il existe mille façons de parler du suicide et autant de se suicider. La mort volontaire n'est pas ce qu'on pense généralement. Elle ne se réduit pas à un acte choisi, à un événement précis. À preuve : Charles Bukowski. Son existence s'apparente à un suicide lent qui s'accomplit chaque jour. Ce qu'on voit chez lui d'une manière évidente, c'est une échappatoire à l'existence : jeu, alcool, sexe, fainéantise, indifférence même à toute chose. Si l'existence n'est pas toujours facile, souvent absurde, Bukowski plus que Camus l'a montré. Mais on persiste à donner raison à celui-ci et non au premier. On continue de prétendre qu'il faut non pas abandonner, mais se révolter : là serait notre seule condition. La philosophie est-elle bien cette révolte dont parle le philosophe français ? Menée dans une perspective radicale, cette réflexion sur notre rapport à la mort, à la haine et à l'existence répond à cette question. L'auteur développe ici deux versants d'une même interrogation sur le sens de la vie et de la liberté (politique et individuelle) à travers la révolte camusienne et l'indignité bukowskienne. Camus contre Bukowski ? La philosophie contre la littérature ? Cela n'est pas aussi manichéen mais les deux auteurs, ici mis face à face, montrent deux voies divergentes, deux manières de se positionner radicalement face à l'existence et face à la politique.

Lawrence Olivier est professeur de science politique à luniversité du Québec à Montréal, ainsi que professeur associé au département de philosophie de luniversité Laval et au département de sémiologie de luniversité du Québec à Montréal. Aux éditions Liber, il a publié ''Michel Foucault. Penser au temps du nihilisme'' (1995), ''Le savoir vain. Relativisme et désespérance politique'' (1998), ''Contre lespoir comme tâche politique'' (2004), ''Détruire: la logique de lexistence'' (2008) et ''Pour une sémiotique in-signe'' (2011).

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Raffaele Carbone (dir.) : Imagination, coutume, pouvoir. XVIe-XVIIe siècles

Publications de la Sorbonne - Mai 2015 - Collection : La philosophie à l'oeuvre


Au début de l'époque moderne, plusieurs auteurs ont mis l'accent sur l’ambivalence de l’imagination : cette faculté a souvent été répudiée, condamnée, jugée inconstante, conçue comme source d’erreurs et de dérèglements. En dépit de ces défauts, d’aucuns y on reconnu un véritable outil de l’entendement, une puissance créative, un pilier de la sauvegarde des relations humaines, voire un facteur de cohésion sociale. Ce livre propose d’étudier et d’éclaircir la fonction de l’imagination dans l’univers complexe et hiérarchisé des relations humaines ; l’enquête, collective, s’est effectuée au miroir des textes de plusieurs philosophes de la première modernité (de Castiglione à Malebranche). Les éléments de la réflexion menée dans ce recueil aspirent ainsi à mieux penser la façon dont la puissance signifiante de l’imagination travaille les relations sociales et politiques. Ces éléments visent également à révéler la façon dont l’imagination empreint la constitution des coutumes et la genèse des liens divers qui tissent les rapports sociaux et politiques : en bref, il s’agit de voir comment la force de l’imagination s’articule à l’habitude, comment elle agit par le moyen de la persuasion et de l’autosuggestion, comment enfin la puissance de l’imagination contribue à renforcer l’autorité que la coutume attribue à certains individus établis au sommet de l’échelle politico-sociale.

SOMMAIRE

Introduction. Le rôle de l'imagination dans la constitution des mœurs et dans la sphère politique
Note sur l'imagination, la coutume et les rapports de pouvoir dans Le Livre du Courtisan de Baldassar Castiglione
Dominique Couzinet
« Ce que nous croyons nous ne le croyons pas. » De l'essentielle duplicité de l'imagination chez Montaigne
Sophie Peytavin
Le rire du Pontife. Giordano Bruno et la puissance du lien « individuel »
Maurizio Cambi
Le rôle des récits dans la construction de l'imaginaire national chez Spinoza
Sophie Laveran
Le rôle de l’imagination dans la constitution de la signification : Locke éclairé par Hobbes et Spinoza
Éric Marquer
« Pour vivre comme des hommes qui doivent former entr’eux une société raisonnable. » Présence du corps social, absence du corps politique dansDe la recherche de la vérité
Giambattista Gori
L’imagination, les coutumes bizarres et les limites du pouvoir politique chez Malebranche
Raffaele Carbone

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Fred Poché : La culture de l'autre. Une lecture post-coloniale d'Emmanuel Levinas

Editeur : Chronique Sociale - Mai 2015 - Collection : Savoir penser


Sur fond de violences ou de peurs sclérosantes, la question du rapport à la différence culturelle taraude nos sociétés. La mondialisation ne produit pas seulement une nouvelle situation économique. Elle laisse émerger une mutation anthropologique sans précédent qui engendre certes, des croisements féconds, mais aussi des inquiétudes, des crispations identitaires, voire des phénomènes de rejets particulièrement préoccupants. L’idée que le citoyen se faisait, naguère, de sa société, avec un «récit national» plutôt consensuel, se trouve progressivement bouleversée. Le mythe républicaniste de la nation homogène s’efface. Il laisse apparaître un sentiment de perte d’identité qui engendre parfois des positions racistes implicites ou clairement exprimées. En ces temps bouleversés, bon nombre d’individus peinent à trouver leur place. Les uns ne reconnaissent plus le pays de leur enfance tant les métamorphoses s’avèrent importantes, les autres, immigrés ou héritiers de l’immigration, se sentent toujours à la marge, marqués du sceau de l’étrangeté et traversés par les mémoires blessées de la colonisation. «On ne sait jamais ce que le passé nous réserve», disait Françoise Sagan ; or quand justement ce passé ressurgit dans le présent sous la forme d’un mal-être persistant, voire de révoltes désespérées, il devient nécessaire d’appréhender la situation contemporaine en prenant au sérieux son épaisseur historique. Si l’on devait appliquer les postulats de la théorie postcoloniale à la France, souligne Achille Mbembe, on dirait que depuis la traite des esclaves et la colonisation, il n’y a pas d’identité française ou de lieux français de mémoire qui n’englobent de façon simultanée, l’ailleurs et l’ici. L’ailleurs est ainsi constitutif de l’ici et l’ici est constitutif de l’ailleurs. Il n’y a donc plus de «dedans» qui serait coupé d’un «dehors», ou un passé coupé du présent. On peut parler alors d’un temps, «celui de la rencontre de l’Autre».

Fred Poché, professeur de philosophie à LUNAM Université, Université catholique de l'Ouest, est l'auteur d'une quinzaine de livres dont Blessures intimes, blessures sociales. De la plainte à la solidarité, Cerf (Prix Jean Finot de l'Académie des Sciences morales et politiques) et Penser avec Arent et Levinas, A-t-on encore le droit d'être fragile, Entretiens avec Francesca Piolot, Le temps des oubliés, Chronique sociale.

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jeudi 28 mai 2015

Hourya Bentouhami-Molino : Race, cultures, identités. Une approche féministe et post-coloniale

PUF - Mai 2015 - Philosophies



La race fut longtemps appréhendée politiquement dans un sens biologique, approche qui constitua l'une des formes les plus puissantes de l'idéologie raciste. À la suite de la disqualification scientifique et politique de ces catégorisations biologiques, le racisme fut relégué précipitamment au rang de simple préjugé.
Or, qu'en est-il de la production continuée de la race dans les sociétés postcoloniales, à une ère prétendument « post-raciale » ? En mêlant une approche féministe, attentive à une compréhension des rapports sociaux de sexe, et une approche postcoloniale, le présent volume s'interroge sur les conditions épistémiques de la difficulté de défaire la race, ainsi que sur les outils permettant de la déconstruire. Le dernier chapitre porte ainsi précisément sur la supposée obsolescence du racisme scientifique qui serait supplantée par un racisme culturel.

Ancienne élève de l'École normale supérieure (Lyon), Hourya Bentouhami est maître de conférences en philosophie à l'université de Toulouse Jean-Jaurès. Ses recherches sur la race et le genre s'inscrivent dans le programme de l'opération Humanités du Labex Structuration des mondes sociaux et du laboratoire ERRAPHIS.


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mercredi 27 mai 2015

Aristote : Métaphysique. Epsilon

Vrin -  Bibliothèque des Textes Philosophiques - Mai 2015


Le livre Epsilon de la Métaphysique d’Aristote est aussi bref que fondamental pour l’intelligence du projet aristotélicien et l’histoire de la métaphysique.
Ses quatre chapitres examinent des questions apparemment hétérogènes : la différence entre la philosophie première, « philosophie théologique » qui porte aussi sur l’être en tant qu’être, et les deux autres sciences théorétiques, la physique et les mathématiques; l’être par accident, en lui-même et en tant que cause; l’être comme vrai et le non-être comme faux. Aristote circonscrit en fait ainsi l’objet de la science de l’être en tant qu’être. On comprend donc que le livre Epsilon soit l’un de ceux dont l’interprétation reste la plus discutée. Ses difficultés stylistiques et doctrinales ont conduit plus d’un interprète à douter de son authenticité. De l’antiquité à l’époque contemporaine, son premier chapitre a connu une fortune seulement comparable à celle du livre Lambda. C’est l’unité de la Métaphysique et l’objet de cette science qui s’y jouent.
Ce livre est présenté ici dans une traduction nouvelle, accompagnée d’une introduction et d’un commentaire continu. L’introduction expose les positions philosophiques caractéristiques du livre Epsilon et ses articulations chapitre par chapitre; elle étudie la place d’Epsilon dans la Métaphysique et ses rapports avec les livres Kappa et Thèta; elle prend en compte sa réception médiévale, moderne et contemporaine. Le commentaire restitue les lignes de force de l’argumentation aristotélicienne, analyse en détail ses difficultés à la lumière des commentaires anciens et modernes, propose des solutions, oriente à chaque pas dans la bibliographie, donne les moyens de revenir à même le texte aux sources de la métaphysique.

Introduit, traduit et commenté par Enrico Berti, professeur émérite à l’Université de Padoue

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Bruno Viard : Amour-propre. Des choses connues depuis le commencement du monde

Editions Le Bord de l'eau - Mai 2015 - Collection : La bibliothèque du MAUSS


Déménagement dans l'inconscient ! Bruno Viard propose d'y placer les blessures de l'amour-propre en lieu et place du sexe et de l'OEdipe. Il en appelle pour cela aux traditions les mieux établies de l'humanité : le Tao, le Mahabharata, l'Iliade, l'Evangile, Montaigne, les psychanalystes du XVIIe siècle, Rousseau, Tocqueville et le grand méconnu de la psychanalyse moderne, Paul Diel. Ce ne sont donc pas des choses cachées, mais des choses connues, mais juste un peu oubliées, dont le rappel permet d'affirmer que ce sont les blessures de l'amour-propre qui commandent les vicissitudes de la sexualité et non l'inverse. L'amour-propre surdéterminant largement l'appétit des biens matériels autant qu'il surdétermine le désir sexuel, la psychanalyse se trouve décloisonnée et peut communiquer avec la sociologie alors que ces disciplines ont pris l'habitude de se tourner le dos comme des chiens de faïence. On découvrira que Marcel Mauss occupe la meilleure position pour servir de pont entre elles puisqu'une psychologie de la reconnaissance (= amour propre) est sous-jacente à la sociologie des dons et des contre-dons. On aboutit ainsi à une anthropologie synthétique de forme triangulaire qui récuse l'hégémonie sexualiste freudienne comme l'hégémonie matérialiste marxiste, mais aussi l'hégémonie du seul amour-propre selon René Girard.
Bruno Viard est Professeur de Littérature Française à l'Université de Provence, spécialisé dans la littérature romantique et les idées sociales au XIXe siècle, et collabore à la Revue de Psychologie de la Motivation et à la Revue du MAUSS. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment : A la source perdue du socialisme français, Desclée de Brouwer, Les trois neveux ou l'altruisme et l'égoïsme réconciliés (Pierre Leroux, Marcel Mauss, Paul Diel), PUF, Anthologie de Pierre Leroux. L'inventeur du socialisme, Le Bord de L'eau.
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