mercredi 31 janvier 2018

Patrick Cerutti (éd.) : Textes clés d’histoire de la philosophie. Idées, temporalités et contexte

Vrin - Janvier 2018


Peut-on faire l’histoire de la pensée? La pensée est-elle le simple objet de cette histoire ou au contraire son principe, un principe qui par définition la dominerait? L’histoire de la philosophie est aujourd’hui passée d’une conception spéculative à une pratique plus antiquaire. Et la conséquence de cette évolution, c’est la prise en compte du temps dans la méthodologie, c’est la construction de modèles de temporalité, c’est l’exigence de contextualisation des énoncés. La tâche de l’historien serait-elle donc de faire le relevé de ce qui change tandis que celle de la philosophie serait d’identifier ce que l’histoire n’altère pas, ce qui serait son domaine propre? Les textes que nous réunissons ici témoignent de cette tension et disent tout à la fois les limites de l’appropriation historique du passé par la pensée et cette nécessaire école de la pensée qu’est à l’histoire l’histoire de la philosophie.

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Sabine Plaud : Expression et coordination. De Leibniz à Wittgenstein

Vrin - Janvier 2018 - Problèmes de la raison


« Vous semblez fort perplexe quant à ma doctrine selon laquelle chaque corps exprime tous les autres (…). Mais si vous en mesurez bien la puissance, vous verrez que je n’ai rien dit qui ne suive de cette doctrine. » C’est ainsi que Leibniz, en 1703, présentait l’essentiel de sa philosophie en la reconduisant à la notion d’expression : comprendre comment les substances s’entr’expriment, c’est trouver la clé de la métaphysique, de l’esthétique, du langage.
La notion de coordination « Zuordnung » a fait l’objet d’un usage analogue au tournant du XXe siècle : de Helmholtz à Wittgenstein en passant par Hertz ou Boltzmann, elle a été utilisée comme une clé explicative pour des domaines aussi divers que les philosophies du langage, de la science ou de la perception.
La présente étude s’attache à mettre en lumière le modèle conceptuel auquel répondent ces notions de l’expression et de la coordination et à en comprendre la puissance d’explication.

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Sylvio de Franceschi : Thomisme et théologie moderne. L'école de saint Thomas à l'épreuve de la querelle de la grâce (XVIIe-XVIIIe s)

Lethielleux Editions - Janvier 2018 - Collection : Sed Contra


Pendant longtemps, l'histoire de la théologie catholique a présenté les XVIIe et XVIIIe siècles comme le temps d'une suprématie de saint Augustin. La réalité est beaucoup plus complexe. Le catholicisme de l'âge classique se caractérise par un pluralisme doctrinal qui permet la confrontation de nombreuses écoles théologiques, dont celle de saint Thomas. Rédigé par l'un des meilleurs spécialistes actuels de l'histoire des idées religieuses de l'époque moderne, le présent ouvrage est consacré, à travers différentes études, à la définition du périmètre doctrinal caractéristique du thomisme des XVIIe et XVIIIe siècles.

Né en 1972, ancien élève de l'École nationale des chartes, agrégé et docteur habilité à diriger des recherches en histoire moderne, ancien membre de l'École française de Rome, Sylvio Hermann De Franceschi est directeur d'études à la Ve section (Sciences religieuses) de l'École Pratique des Hautes Études (PSL) et directeur du Laboratoire d'études sur les monothéismes (UMR 8584). Il a notamment publié La Puissance et la Gloire. L'orthodoxie thomiste au péril du jansénisme (1663-1724) : le zénith français de la querelle de la grâce (2011).

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mardi 30 janvier 2018

Sophie Klimis : Penser, délibérer, juger. Pour une philosophie de la justice en acte(s)

DE BOECK UNIVERSITE - Janvier 2018 - Collection : L'atelier philosophique


Pour affronter les actes criminels les plus sensibles, la justice des « experts » tend à se substituer à celle des jurys populaires. Face à cette réalité, l'auteure affirme que chacun d'entre nous est capable de construire une perspective personnelle et critique, d'aller au-delà des idées reçues, autrement dit de se hisser au niveau d une philosophie de la justice en actes. Ces actes doivent être les trois fondements de la citoyenneté en démocratie : penser délibérer juger.

En nous rendant accessible la pensée des grands théoriciens de la justice, de la politique et de la citoyenneté, de Platon et Aristote à Nussbaum en passant par Hume, Smith, Tocqueville, Arendt, Rawls et Sen, mais aussi en confrontant les cultures juridiques contemporaines des mondes anglophone et francophone, Sophie Klimis nous offre des éclairages nouveaux pour penser le fait juridique. À partir d'une réflexion sur le classique du cinéma "12 Hommes en colère", des témoignages de ses étudiantes et étudiants ainsi que des exemples que fournit l"actualité, elle nous propose un questionnement actif sur la justice, l"appartenance à une communauté politique et la condition même de l humanité.

Sophie Klimis est professeur de philosophie en facultés de droit et de philosophie et lettres à l'Université Saint-Louis-Bruxelles. Elle a publié deux ouvrages, Le statut du mythe dans la Poétique d'Aristote et Archéologie du sujet tragique, ainsi qu'une trentaine d'articles dans les domaines de la philosophie ancienne, de la réception de la pensée grecque aux XIXe et XXe siècles, de l'anthropologie philosophique, de la philosophie politique et de l'esthétique.

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Stéphane Vinolo : Penser la foule. Freud, Sartre, Negri, Girard. Tome 2 : La transparence est l'obstacle

L'harmattan - Janvier 2018


Les collectifs spontannés sont divers : foules, masses, multitudes, groupes. Contre la vision classique de leur fondation par la reconnaissance commune d'un point qui leur est externe (ennemi, chef, Dieu), l'auteur montre qu'ils obéissent à une seule logique : une méconnaissance de la structure collective qui prend la forme d'une « désocialisation désindividualisante ». Plus nous nous éloignons des autres individus, plus les liens se resserrent. C'est en cherchant à échapper au collectif que nous le renforçons. Il y a donc en leur cœur une structure oraculaire et tragique selon laquelle c'est en cherchant à éviter notre destin que nous le réalisons.

Stéphane Vinolo est docteur en philosophie de l'Université Bordeaux Montaigne et docteur en théologie de l'Université de Strasbourg. Il est aujourd'hui professeur à la Pontificia Universidad Catholica del Ecuador, à Quito.

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Études 2018/2 (Février) : La robotique et le mythe de « l’homme augmenté »

SER - Janvier 2018


Page 4 à 6 : Nathalie Sarthou-Lajus - De nouveaux chercheurs de Dieu | Page 7 à 16 : Jean-Arnault Dérens - Quel bilan pour la justice internationale dans les Balkans ? | Page 17 à 28 : Laurent Bonnefoy - Yémen : comprendre la guerre | Page 29 à 30 : Frédéric Lazorthes - Fragilité du patriotisme démocratique | Page 31 à 42 : Nathanaël Jarrassé, Franck Damour, Nathalie Sarthou-Lajus - La robotique et le mythe de « l’homme augmenté » | Page 43 à 56 : Guillaume Cuchet - La transition funéraire contemporaine | Page 57 à 58 : Dalibor Frioux - Le bio est aussi une politique climatique | Page 59 à 70 : Dorian Astor, Paul Valadier, Maxence Collin, Nathalie Sarthou-Lajus - Nietzsche, un athée paradoxal | Page 71 à 72 : François Cassingena-Trévedy - Harcèlement | Page 73 à 84 : Emmanuel Pisani - Islam et islamisme | Page 85 à 94 : Antoine Bing - Barbara, la fleur d’amour | Page 95 à 102 : Anne Le Maître - Mon frère l’arbre | Page 103 à 104 : - Carnets Aléatoires | Page 105 à 108 : - Expositions | Page 109 à 116 : - Cinéma | Page 117 à 121 : - Notes de lecture | Page 122 à 144 : - Recensions.

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lundi 29 janvier 2018

François Bafoil : Max Weber. Rêverie, raison et désir de puissance

Hermann - Janvier 2018


Weber n’a pas 35 ans quand la maladie le terrasse. Il ne retrouvera sa force créatrice qu’à l’approche de la quarantaine, avec les écrits sur la science et la religion. Que s’est-il passé ? Largement fondé sur la correspondance de Weber, cet ouvrage éclaire les liens entre la maladie nerveuse dont il souffrira toute sa vie, et l’apologie de la volonté dans son œuvre scientifique et dans ses engagements marqués au sceau du nationalisme durant la guerre de 1914-1918. C’est seulement au moment ultime de sa vie, entre 1918 et 1920, qu’il sera enfin capable de vivre sa sexualité en la sublimant dans une longue rêverie sur fonds de défaite militaire et d’effondrement de la nation allemandes. Au plus près de cette constante oscillation entre la revendication d’une volonté de puissance s’étendant jusqu’à l’extrémisme politique, et la rêverie sans fin sur le désir, la mort et le retour à l’enfance, cet ouvrage s’attache aux évolutions complexes de la pensée et de l’action de l’un des penseurs majeurs de notre temps.

François Bafoil est sociologue, directeur de recherche au CNRS – CERI, Sciences Po. Il a publié aux éditions Hermann en 2017, L’inlassable désir de meurtre. Guerre et radicalisation aujourd’hui.

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Denis Baranger : Penser la loi. Essai sur le législateur des temps modernes

Gallimard - Janvier 2018 - Collection : L'esprit de la cité



Nos démocraties font des lois en abondance. Mais à force de légiférer, la raison d’être des lois a fini par nous échapper : souvent, elles répondent à nos attentes immédiates plutôt que de se mettre au service du bien commun. Pourquoi cette inadéquation des lois à l’esprit des lois? Il faut remonter aux grands penseurs de la politique moderne, Montesquieu ou Rousseau, pour le comprendre. Ils ont placé la loi au cœur de l’action politique : se gouverner soi-même c’est avant tout légiférer. Mais ils n’ont pas livré le mode d’emploi de cet acte fondamental. D’autres ont tenté, avec plus ou moins de succès, d’armer la loi d’un discours de la méthode. 
Ce livre reconstitue l'histoire de cette ambition prométhéenne : penser le travail du législateur à la fois comme œuvre de la raison et comme activité empirique. Il revisite la loi des temps anciens et sa métamorphose, à l’épreuve de notre modernité politique, en une multiplicité de législations : autrefois le Prince faisait loi, aujourd’hui chaque législation nouvelle s’incorpore dans tout un système. 
Nous ne pouvons nier notre dette envers les fondateurs d’une science de la législation, écrit Denis Baranger. Il reste que notre usage de la loi doit autant sinon plus aux praticiens du droit – magistrats, avocats, jurisconsultes – qui sont les porteurs d’un savoir bâti au fil d’une expérience indéfiniment remise sur le métier.

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Michel Maffesoli : Etre postmoderne

Cerf - Janvier 2018 - Idées


La postmodernité n'est pas un "concept" à la mode, c'est une manière de nommer le monde tel qu'il est, de comprendre les sociétés contemporaines plutôt que de les juger ou de dénier le changement. Pour appréhender l'actuel et le quotidien, Michel Maffesoli convoque les images, analyse les ambiances, et pénètre le climat de son époque. L'inventeur des notions de "tribalisme" et de "nomadisme" revient sur ces figures évocatrices de notre nouvelle manière d'être au monde : l'oxymore ou le fait d'être ceci et cela, le retour de l'enfant éternel (juvenola), la métapolitique et l'émergence de diverses formes de religiosité. Autant la modernité (XVIIe-XXe siècle) a été paranoïaque, autant la postmodernité est "épinoïaque" : non plus un homme éduqué pour être maitre et dominateur, mais une co-initiation des hommes faisant partie intégrante de la nature. Une postface d'Hélène Strohl (Inspectrice générale honoraire des Affaires Sociales, IGAS) applique ces diverses caractéristiques sociétales à un homme politique contemporain, Emmanuel Macron, en se demandant si les habits postmodernes, grâce auxquels il a prétendu incarner l'imaginaire contemporain, en font une icône ou un fake.

Professeur émérite à la Sorbonne et membre de l'Institut universitaire de France, Michel Maffesoli est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment Le Temps des tribus (1988), Du nomadisme (1997), La Parole du silence (2016) et Ecosophie (2017).

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dimanche 28 janvier 2018

Friedrich Jaeger : Réinterprétations de la religion et théories de la société moderne

Labor et Fides - Janvier 2018


Entre sociétés modernes et religion, il y a tension. Mais y a-t-il antagonisme, pur et simple ? Un modèle français de laïcité le pense. Sociétés modernes, et religion peuvent pourtant aussi être vues et retravaillées comme deux lieux de transformation. En modernité, la société a changé, change et continue à changer, sur le plan civil, politique et religieux. Le changement social et culturel modifie la fonction du religieux et ses formes, qu'elles soient adaptatives (libérales) ou réactives (d'aspect conservateur). Deux parcours, Allemagne (Weber, Troeltsch, Simmel) et Etats-Unis (James, Dewey, Kallen), sont ici analysés comparativement. Si les constellations diffèrent, les questions sont les mêmes : chance de la liberté personnelle dans les sociétés modernes; désinstitutionnalisation et individualisation du religieux; héritages historiques et univers de sens à construire. C'est dans ce contexte de débat qu'apparaît aux Etats-Unis au début du XXe siècle le concept de religion civile. Est-il lié à une pure adaptation libérale du religieux à la modernité? A un idéalisme universalisant trop optimiste sur la société et la condition humaine? Cet idéalisme peut expliquer les revanches réactives d'aujourd'hui, elles celles des "évangéliques ".

Friedrich Jaeger est docteur en philosophie et en histoire moderne. II est collaborateur au Kulturwissenschaftliches Institut de Essen (Allemagne). II a bénéficié d'un mandat de l'Université de Lausanne, financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.

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Collectif : La juste mémoire. Lectures autour de Paul Ricoeur

Labor et fides - Janvier 2018


Comment affronter à l'heure actuelle une certaine dérive entre excès et défaut de mémoire ? Simultanément à cette tension entre histoire et mémoire, la difficulté de trouver une " juste mémoire " (quantitative et qualitative) est peut-être l'un des symptômes de la montée prégnante de la catégorie de présent. Pour s'orienter dans ce débat public, cet ouvrage adopte une entrée en matière éthique tout en s'appuyant sur l'œoeuvre de Paul Ricoeur, dont La mémoire, l'histoire, l'oubli. Sous cet éclairage deux problématiques s'imposent, configurant le questionnement : qu'est-ce que la représentation du passé ? Y a-t-il une juste mémoire ? Il convient de les distinguer, entre un pôle épistémologique et un pôle éthique. Mais cet apprentissage de la distinction méthodique entre s'informer et juger n'est pas sans relever d'un même horizon politique et moral. Il s'ensuit, dans ces pages, une conversation entre historiens et philosophes. Elle fut initiée lors d'un colloque en présence de Paul Ricœoeur (organisé à la Faculté Libre de Théologie Protestante de Paris avec l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), et se poursuit depuis dans un séminaire de l'EHESS, co-animé par les éditeurs de ce livre.

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Michel Meyer : Qu’est-ce que la philosophie ?

Vrin - Janvier 2018


Qu’est-ce que la philosophie, sinon un questionnement radical?
Quoi de plus premier, dans la question de ce qui est premier, que le questionnement lui-même? Socrate, Descartes ou aujourd’hui Heidegger, ont pratiqué le questionnement radical sans pourtant jamais le réfléchir comme tel. Pourtant, étant l’originaire absolu, il aurait dû servir de point d’appui à l’ensemble des questions dont traite la philosophie. Le livre de Michel Meyer reprend donc toutes les grandes questions que soulève la philosophie en les articulant sur cette vision fondatrice, ancrée dans le questionnement. Le Moi, l’Autre, le Monde, ont été les problèmes-limites qui ont sous-tendu la philosophie depuis toujours et continuent encore de l’animer sous différentes formes. La morale, les sciences humaines et naturelles, le pouvoir et la politique, la réalité et le sujet, l’inconscient et le désir, le sacré et le religieux, l’homme et la pensée, l’âme et le corps, sont les principales questions qui jalonnent l’itinéraire philosophique auquel nous convie ici Michel Meyer de façon renouvelée.
Cet ouvrage intéressera tous les philosophes quête d’unité et par-delà, tous ceux qui sollicitent la philosophie pour les questions ultimes qui les préoccupent.

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samedi 27 janvier 2018

Cahiers Maurice Blanchot n°5

Les Presses du réel - Janvier 2018


« Peut-il y avoir un récit pur ? » À cette question, posée par Maurice Blanchot en 1954, celui-ci avait déjà cherché à répondre en écrivant, entre 1948 et 1953, un « triptyque » de récits : L'Arrêt de mort (1948), Au moment voulu (1951), Celui qui ne m'accompagnait pas (1953). De l'un à l'autre, la narration s'est vue progressivement allégée de « l'épaisseur romanesque » à l'intérieur de laquelle le récit s'est enfoui à l'époque moderne, et que les propres romans de Blanchot avaient alourdie parfois à outrance.

Toutefois, aller du roman au récit pour Blanchot, c'était moins épurer l'acte narratif que dégager pleinement ce qui rend cet acte imperfectible et de ce fait, interminable. Si narrer donne lieu à un mouvement que le roman ne maîtrisait pas et ne pouvait que subir, ce mouvement représente pour le récit un seul et unique événement, qu'il a pour tâche de rendre présent en le racontant. Tâche vouée à l'échec, mais qui se renouvelle sans cesse, et à laquelle le « pas de récit, plus jamais », proféré au tournant même qui rendait au récit ses pleins droits, ne met pas fin, la proclamant au contraire dans toute sa pérennité.

À ce genre impossible nous avons demandé à plusieurs auteurs déjà connus pour leurs travaux autour de la fiction de Blanchot de proposer une approche. Trois parmi eux ont été attirés par ce texte-charnière que demeure « Un récit ? » devenu La Folie du jour. Les autres ont élargi le champ de la recherche, l'ouvrant à d'autres textes et aux questions que le récit soulève, et allant parfois jusqu'à l'au-delà du récit qu'occupent des textes tels que Le Dernier homme (1957) et L'attente l'oubli (1962), fictions où leur auteur s'apprête à franchir le pas entre narration et pensée. Et cependant, rappel que le récit ne quitte jamais le domaine de l'image, c'est par la fiction qu'un de ces auteurs a décidé de se mesurer à l'exigence inépuisable du genre.

Ce numéro des Cahiers Maurice Blanchot comporte aussi une série d'études consacrées à la photographie et aux relations entre Blanchot et Jean-Luc Nancy d'un côté, Philippe Jaccottet de l'autre, ainsi qu'une nouvelle livraison de « L'Archive introuvable ». Il s'ouvre sur un poème du regretté Michel Butor, compagnon de route de Maurice Blanchot à deux moments décisifs de notre histoire : le projet d'une Revue internationale, Mai 68.

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Stéphanie Nassif : Le Silence des cultures. L'identité évolutive face au choc des civilisations

Hermann - Janvier 2018


Le XXIè siècle marquera-t-il l’avènement du silence des cultures ? Sommes-nous condamnés à un choc civilisationnel inévitable ? Face à cet engrenage de violence aveugle et d’incompréhension entraînant un réflexe inné de repli identitaire, l’auteur soumet un regard croisé sur le rapport à l’Autre, inspiré de son expérience de la double-culture entre Occident et Orient. A travers un voyage initiatique à la découverte de l’Autre, elle propose une réflexion sur l’écartèlement des cultures et sur la notion d’identité évolutive. Sur la route du partage, elle s’efforce également d’identifier les causes du malheur de l’homme arabe et propose une tentative de réconciliation. Alliant conte initiatique et réflexion sur le passé, le présent et le futur, cet ouvrage livre une lumière d’espoir, celle de notre humanité, sur laquelle nous devons tous veiller pour la transmettre à nos enfants.

Écrivain franco-libanaise née en 1974 à Rennes, Stéphanie NASSIF se trouve à la croisée de deux mondes, l'Orient et l'Occident. Avec respect et compréhension, elle s’est appliquée à extraire la richesse essentielle de cette diversité. Elle retranscrit cette expérience fructueuse dans ses ouvrages.

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Etienne Gilson : Eléments de Philosophie chrétienne

PETRUS A STELLA - Janvier 2018


Dans ce livre de 1960 qui n'avait jamais été traduit en français, Étienne Gilson présente, en suivant fidèlement le magistère de saint Thomas d'Aquin, les fondements de la philosophie chrétienne. L'auteur a modestement intitulé ce livre Éléments. Mais en réalité, il s'agit là d'une véritable somme de philosophie chrétienne, qui couvre pratiquement tout le champ des questions que l'esprit humain est amené à se poser dans sa recherche du sens des choses : Dieu, l'être, l'homme lui-même. Cette somme a été écrite par un Gilson arrivé à la plénitude de sa pensée. L'auteur y allie la sûreté de son information historique à l'acuité de son jugement intellectuel, ce qui lui permet de discerner les ressorts profonds de la pensée humaine, et les points cruciaux où se joue le destin de celle-ci. Le principe directeur qui commande toutes ses analyses, c'est le primat de l'acte d'être (l'esse), c'est-à-dire de l'acte qui fait exister les choses. Tout l'ouvrage est baigné par l'optimisme philosophique et théologique propre à saint Thomas.

Étienne Gilson (1884-1978) fut professeur à la Sorbonne, à l'École pratique des hautes études, à Harvard et au Collège de France , il fut élu à l'Académie française en 1946. Plusieurs ouvrages ont fait de lui l'un des maîtres de l'histoire de la philosophie médiévale. Il a renouvelé l'étude de la pensée de saint Thomas d'Aquin en y dégageant une métaphysique de l'acte d'être. En 1929, il fonda à Toronto l'Institute of Mediæval Studies.

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vendredi 26 janvier 2018

Jean-Michel Rey : Le suicide de l'Allemagne. Sur le Moïse de Thomas Mann

Desclée De Brouwer - Janvier 2018


En 1943, exilé aux États-Unis, Thomas Mann publie une longue nouvelle, La Loi, qui ouvre un recueil collectif intitulé Les Dix Commandements. Décrivant cette oeuvre méconnue et la replaçant dans son contexte, Jean-Michel Rey mène alors une enquête passionnante sur le statut de la culture juive dans une Europe hantée par les fantasmes d'un retour aux Grecs.
Ce qui est décrit et analysé, c'est le suicide de l'Allemagne : la manière dont cette nation s'est privée d'une part essentielle d'elle-même, à savoir l'« esprit juif ». Thomas Mann rejoint ici certains propos de Heinrich Heine, de Franz Kafka et les développements poétiques de Nelly Sachs dans les mêmes années. Il est proche également des préoccupations de Freud, en 1939, dans L'Homme Moïse et la religion monothéiste - avec qui il entre dans une rivalité amicale et admirative.
Thomas Mann retourne le vocabulaire accaparé par les nazis - le «peuple», la « pureté », le « salut ». Il démontre que c'est la langue même qui, avec le nazisme, a été dénaturée. Déployant des analyses d'une grande finesse sur la catastrophe en cours depuis 1933, il nous permet de comprendre que ce qui s'est joué dans la dernière guerre ne saurait être oublié. Occasion de se demander pour quelles raisons un pays fut amené à se détruire, à se priver d'une partie de ce qui le constituait, avec une rapidité si surprenante.
Jean-Michel Rey est professeur émérite de l'université Paris VIII où il a enseigné la philosophie et l'esthétique. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels : La Part de l'Autre (1998), Le Temps du crédit (2002) et Les Promesses de l'oeuvre (2003).

Philosophe et maître de conférence, Jean-Michel Rey, a été Directeur de programme au Collège International de Philosophie (1992-1998) et est professeur émérite de l'Université Paris VIII où il a enseigné la philosophie et l'esthétique. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages.

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Bruno Traversi et Alexandre Mercier (dir.) : L'Arrière-monde ou l'Inconscient neutre. Physique quantique et psychologie des profondeurs selon W. Pauli et C.G. Jung

Editions du Cénacle - Janvier 2018


Une étude sur l'Arrière-monde ou "monde antérieur", à la fois physique et psychique, au croisement de la physique quantique et de la psychologie des profondeurs. Pendant plus de 25 ans, Carl Gustav Jung, le fondateur de la psychologie des profondeurs, et Wolfgang Pauli, l'un des pères de la physique quantique, collaborent pour trouver l'unité sous-jacente de la psyché et de la matière. Selon eux, l'inconscient, dans ses profondeurs, n'est pas psychique, mais "neutre" - à la fois physique et psychique, il constitue un Arrière-monde indifférent à la flèche du temps, dépassant les dualités monde intérieur/monde extérieur, physique/psychique. A la recherche d'une nouvelle science qui réunira la physique et la psychologie, les deux savants s'intéressent à l'alchimie et particulièrement à son principe opératoire, l'Imaginatio vera, grâce auquel les objets du monde antérieur peuvent prendre "forme et couleur", et apparaître dans le monde sensible parmi les choses. L'Imaginatio vera est également au principe des théophanies comme chez le maître soufi Ibn 'Arabi ou chez Morihei Ueshiba. Les travaux de Jung et de Pauli permettent non seulement de mieux comprendre les relations (causales et synchronistiques) que l'homme entretient avec son milieu, mais ouvrent également de nouvelles perspectives d'évolutions scientifiques et spirituelles. Collectif - textes réunis par Bruno Traversi et Alexandre Mercier pour une approche transdisciplinaire.

Bruno Traversi : Docteur en philosophie, Chercheur associé au laboratoire TEC (Techniques et Enjeux du Corps) de l'Université Paris Descartes, Chercheur attaché à la SFPA (Société Française de Psychologie Analytique), Chercheur attaché au CND (Centre National de Danse) de Paris Pantin, Président de l'Association jungienne du Nord - France.

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Revue de l'histoire des religions 2017/4 (Tome 234) : Les discours sur les religions dans l’Empire romain. Regards croisés entre « païens », « juifs » et « chrétiens »

Armand Colin - Janvier 2018



Page 587 à 592 : Francesco Massa - ‪Les discours sur les religions dans l’Empire romain‪ | Page 593 à 612 : Philippe Borgeaud - ‪Variations évhéméristes‪ | Page 613 à 633 : Nicole Belayche - ‪Strabon historien des religions comparatiste dans sa digression sur les Courètes‪ | Page 635 à 660 : Katell Berthelot - ‪Regards juifs alexandrins sur les religions‪ | Page 661 à 688 : Danny Praet - ‪Inclusivité et exclusivité dans la Vie d’Apollonius de Tyane. Philostrate sur le judaïsme, le christianisme et les traditions païennes‪ | Page 689 à 715 : Francesco Massa - ‪Nommer et classer les religions aux iie-ive siècles : la taxinomie « paganisme, judaïsme, christianisme »‪ | Page 717 à 736 : Pierluigi Lanfranchi - ‪La religion qui souille : les catégories du pur et de l’impur dans la polémique religieuse pendant l’Antiquité tardive‪ | Page 737 à 775 : Philippe Hoffmann - ‪Les âges de l’Humanité et la critique du christianisme selon Damascius‪ | Page 777 à 795 : Christian Boudignon - ‪Le discours sur les religions chez Grégoire de Nazianze et Maxime le Confesseur, ou l’art de discréditer le « monothéisme » juif‪ | Page 797 à 822 : Corinne Bonnet, Annelies Lannoy - ‪Penser les religions anciennes et la « religion de l’humanité » au début du xxe siècle. Le dialogue Loisy – Cumont‪.

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jeudi 25 janvier 2018

Kostas Axelos : Le Jeu du monde

Encre Marine - Janvier 2018


Dans ce livre fragmentaire, le lecteur rencontre, non privé d’étonnement, une pensée prémonitoire et incisive qui affronte tous les grands problèmes d’aujourd’hui. Comme par exemple ceux qui concernent l’économie et la politique : « Il faudrait parvenir à mener, le plus complètement possible, une analyse économique et politique, sociale et historique, avec la plus grande lucidité possible (par celui qui l’entreprend surtout). Analyser les forces productives et les rapports de production, les relations de propriété (individuelles, étatiques, nationales, sociales), les mécanismes du commerce, des échanges et de la distribution, comprendre la nature, les régimes, les formes, les organisations et les fonctionnements du travail ». La question de la société « globale » se pose explicitement : « résorbera-t-elle toute radicale mise en question ? Qu’adviendra-t-il des mouvements de négation extrasociaux, asociaux, antisociaux, des individus, des groupes et des collectivités niant le monde dominant, contaminés par lui et le contaminant ? ». Question toujours pertinente surtout à notre époque où « tyrannie et démocratie sont moins séparables qu’on a l’air de le penser. Voir les États totalitaires de l’ère planétaire », quand « le monde entier devient une énorme province sans capitale ». Le regard du penseur sur le monde actuel en est plus que lucide quand il parle – déjà en 1969, bien avant le règne des réseaux sociaux – du confusionisme oecuménique et universel et de la culture qui « ira probablement jusqu’à ce que chaque individu – ou presque – soit à la fois producteur et consommateur de biens culturels, vivant dans le vaste musée de la culture mondiale », où nous assistons pourtant « au spectacle de la participation au spectacle ». Et cela dans un monde où le métissage radical, « un mélange racial universel et total, semble s’imposer pour donner une nouvelle vigueur à l’espèce humaine ».
Le jeu du monde est le jeu du temps, contient et dépasse tout jeu dans le monde où « tout est constamment joué, rejoué, déjoué, mis en jeu ». En notre époque qui privilégie tellement la et les théories dites des jeux, ce livre de Kostas Axelos constitue une contribution majeure et anticipatrice pour comprendre la complexité et les enjeux non seulement de ce que nous vivons mais aussi de ce qui advient.

Kostas Axelos (1924-2010) est philosophe et traducteur d'origine grecque. Spécialiste d’Héraclite, de Marx mais aussi de Hölderlin ou Mallarmé, il a enseigné à la Sorbonne. Six de ses ouvrages ont déjà été publiés dans la collection « Encre Marine » : Le Jeu du monde (2018), Marx, penseur de la technique (2015), Une Pensée à l'horizon de l'errance (2015), Le destin de la Grèce moderne (2013), En quête de l’impensé (2012) et Ce qui advient (2009).

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Nietzsche et Wagner : Correspondance

Kimé - Janvier 2018


Nietzsche et Wagner dans leur intimité ! Compte tenu de l'importance des personnages, la chose suffirait déjà amplement à mériter notre attention. Mais il y a bien plus pour mériter notre attention dans cette correspondance. Bien plus, car on assiste ici à la naissance de la philosophie de Nietzsche cherchant alors un modèle de sagesse chez Wagner censé ressusciter les tragiques grecs. Bien plus encore, car en voyant ici Wagner travailler à son rêve de Bayreuth et, plus profondément, à son ambitieux projet de renaissance de la civilisation allemande et en voyant ici le jeune Nietzsche tenter d'oeuvrer à ce double projet au côté de Wagner, son aîné de 31 ans, ce qu'on voit, à sa source, c'est le projet, plus ambitieux encore, de refondation de la civilisation humaine tout entière que Zarathoustra viendra chanter bien des années plus tard. Bien plus enfin, car on peut aussi à la lecture de ces lettres comprendre pourquoi les sentiments chaleureux dont elles témoignent devaient se transformer en farouche hostilité : on accepte mal de s'être laissé longtemps fasciner, subjuguer - fût-ce par le plus charmeur des artistes - quand on s'appelle Nietzsche.

Présenté par Pierre Héber-Suffrin et traduit par Hans Hildenbrand.

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Collectif : Physique de l'esprit. Empirisme, médecine et cerveau (XVIIè-XIXè siècles)

Hermann - Janvier 2018


Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’exploration des fonctions cérébrales est prônée à la fois dans le cadre de la philosophie empiriste, plus spécialement lockéenne, et dans celui du programme cartésien. C’est ainsi que le cerveau acquiert son statut d’objet légitime pour une science nouvelle, qui serait une physique de l’esprit.
Alors que la mise en œuvre effective de cette exploration était redoutable, les questions touchant la matière cérébrale étaient déjà débattues : la matérialité et la localisation des facultés, le rôle de l’âme, l’identité humaine, le parallélisme, la perception, la mémoire, la plasticité et la pathologie mentale. Le cerveau occupait désormais une place centrale dans la connaissance de l’homme et contribuait à la construction d’une anthropologie philosophique.
Cet ouvrage donne un aperçu de la fécondité et de l’actualité de ces réflexions issues de grands médecins et philosophes de cette époque, tels Hooke, Locke, Diderot, Willis, Reid, Bonnet, Malacarne, Kant, E. Darwin, Cabanis et Gall.

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mercredi 24 janvier 2018

Sarah Bakewell : Au café existentialiste. La liberté, l'être & le cocktail à l'abricot

Albin Michel -,Janvier 2018


Paris, 1932. Trois amis se réunissent dans un célèbre café de Montparnasse. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir écoutent Raymond Aron, de retour de Berlin, parler d'une forme de pensée radicalement neuve qu'il a découverte : la phénoménologie. En guise d'explication, Aron pointe son verre du doigt et dit à Sartre : " Tu vois, tu peux parler de ce cocktail, et c'est de la philosophie ! " Intrigué et inspiré, Sartre élabore une théorie philosophique fondée sur l'existence vécue, dont le quartier de Saint-Germain-des-Prés va devenir l'emblème. Des cafés aux clubs de jazz, des cénacles intellectuels aux nuits blanches de Boris Vian chantées par Juliette Gréco, l'existentialisme va faire vibrer Paris et se diffuser dans le monde entier, de l'après-guerre aux mouvements étudiants de 1968. Avec l'érudition et l'humour qui ont fait l'immense succès de Comment vivre ?, Sarah Bakewell fait revivre un courant fondateur de l'histoire de la pensée du XXe siècle et nous plonge dans l'atmosphère effervescente du Paris existentialiste.

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Thierry Ménissier : Philosophie de la corruption

Hermann - Janvier 2018


La notion de corruption désigne la captation illicite de moyens publics à des fins privées. Cet ouvrage propose une approche originale de la corruption en engageant une analyse philosophique qui s'inscrit dans le fil de la pensée machiavélienne d'inspiration républicaine. La corruption apparaît comme un mal parce qu'elle rompt la condition d'égalité entre les citoyens. Le fait qu'elle perdure dans les démocraties contemporaines sous des formes variées suggère une certaine faillite de la thèse de Max Weber, à propos de la transformation des sociétés modernes progressivement régies par "l'autorité légale-rationnelle". Cela souligne également la réalité d'un pouvoir social structurant, un pouvoir oblique, dont ce texte s'attache à comprendre la logique par l'observation de cas d'espèce. Le problème posé par la corruption ne peut se régler par une approche purement juridique. On ne peut pas non plus, pour les démocraties pluralistes d'aujourd'hui, espérer ranimer la vertu civique des Anciens. Dans nos sociétés "d'après la vertu civique", traversées par certaines formes irréductibles du pouvoir oblique, quelle éthique publique est donc aujourd'hui possible ?

Thierry Ménissier est professeur des universités en philosophie à l'université Grenoble Alpes.

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Paul François Paoli : L'imposture du vivre-ensemble. Quelques points de repères

L'artilleur - Janvier 2018


L'ambition de cet ouvrage est de présenter un panorama non exhaustif de la vie intellectuelle française et de ses enjeux idéologiques à travers un certain nombre d'éléments de langage et de noms propres couramment utilisés par les hommes politiques, les journalistes et les citoyens. Il s'agit notamment de démontrer que moult personnalités de renom (écrivains, philosophes, personnages historiques...) auxquels nous faisons spontanément référence, loin d'exprimer ce que l'on veut leur faire dire, témoigneraient plutôt de l'inconsistance de l'idéologie à la fois lénifiante et contraignante du "vivre ensemble" à laquelle on nous exhorte. Au-delà de ce constat, comment une société où l'idée de Vérité a disparu du champ philosophique et politique pourrait-elle absolutiser des valeurs, fussent-elles républicaines ? Et comment donner du sens à ce fameux "vivre ensemble" si ces "valeurs" fonctionnent sur un mode qui exclut du champ de la normalité ceux qui n'y adhèrent pas ? Tel est le paradoxe général que fait apparaître ce livre.

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mardi 23 janvier 2018

Jean-Fabien Spitz : La propriété de soi. Essai sur le sens de la liberté individuelle

Librairie Philosophique Vrin - Janvier 2018 - Collection : Philosophie concrète


Peut-on définir la liberté individuelle comme une propriété de soi? Les libertariens contemporains l’affirment, et ils concluent que les individus ne sont libres que lorsque la société et l’État qui la représente respectent inconditionnellement le droit de chacun sur sa propre personne. L’organisation sociale de la solidarité est donc un crime contre la liberté parce qu’elle contraint les uns à mettre leur travail, et donc une partie de leur personne, à la disposition des autres. Face à ce dogme, les progressistes ont eu tendance à rejeter toute idée d’appliquer le concept de propriété à la personne mais, revers de la médaille, ils ont de ce fait ouvert la porte à un moralisme de la dignité qui n’est pas sans dangers. On peut cependant échapper à ce dilemme en montrant que c’est la version libertarienne du concept de propriété qui est en cause et non son application à la personne.
Si la propriété est une norme d’existence collective qui doit être rationnellement acceptable, il est possible d’en reconstruire la notion en y incluant des obligations envers les tiers, de telle sorte que le principe de la propriété de soi devient partie intégrante d’une théorie adéquate de la liberté individuelle.
Il est bien vrai que le droit de chacun sur sa propre personne est un droit de propriété, mais il est socialement construit et non pas naturel; il est en outre conditionnel et non pas inconditionnel, puisqu’il n’est légitime que s’il tient compte des besoins d’indépendance des tiers

Jean-Fabien Spitz est professeur de philosophie politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

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Collectif : L'impressionnisme entre art et sciences. La lumière au prisme d’Augustin Fresnel (de 1790 à 1900)

Hermann - Janvier 2018



1820 : la peinture amorce une transformation profonde. Le dessin devient moins représentatif de la réalité et ne prime plus sur la couleur. Le détail devient moins important et, surtout, la lumière vibre, devient reine et annonce l’impressionnisme. En science, un jeune polytechnicien, Augustin Fresnel, avec l’aide de ses amis Jean-Marie Ampère et François Arago, démontre que la lumière est ondulatoire et non corpusculaire, comme le soutiennent Newton et tous les savants de l’époque. 
La coïncidence entre ces deux révolutions scientifique et picturale, jamais évoquée à notre connaissance dans les ouvrages d’histoire de l’art, est troublante. Il est intéressant de trouver, au prisme de Fresnel, la lumière ondulatoire dans les œuvres impressionnistes dont le maître est Monet. Les aspects d’ondulation et de diffraction y sont manifestes. Mais comment expliquer les cinquante années qui séparent la découverte de la nature ondulatoire de la lumière et le port du Havre Impression, soleil levant de 1872, considéré comme la première œuvre impressionniste ?
Nous avons essayé de répondre à cette question en réunissant historiens d’art, artistes et physiciens, dans un colloque organisé par le Louvre et l’École polytechnique, deux établissements fondés par la Révolution française.

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Gérard Bras : Les voies du peuple. Eléments d'une histoire conceptuelle

Editions Amsterdam - Janvier 2018


Dèmos, plèbe, populace ou multitude – le mot « peuple » est polysémique. Terme essentiel de la politique moderne, il constitue pourtant aussi un point aveugle de la philosophie politique. D’un côté, on le soupçonne d’être le vecteur d’une démagogie nationaliste, voire raciste ; d’un autre, on l’a vu réapparaître avec le « printemps arabe » et les mouvements d’occupation des places.
Ce livre veut prendre au sérieux le nom du peuple et en faire un objet théorique. Il prend le parti de l’histoire conceptuelle afin de rendre sensibles son usage et ses sens, dans les discours théoriques comme politiques.
À travers trois grandes séquences – la Révolution française, la France gaulliste de la résistance puis de la guerre d’Algérie et, pour finir, les perspectives qu’offre la philosophie contemporaine – et l’étude minutieuse des écrits de philosophes et d’historiens tels que Rousseau, Hegel, Michelet, Laclau ou Rancière, il restitue sa complexité pour éclairer ses usages les plus délétères et renouer avec ses potentialités émancipatrices.

Gérard Bras, directeur de programme au Collège International de Philosophie (2001-2007) et président de ­l’Université populaire des Hauts-de-Seine, est désormais professeur honoraire de philosophie en première supérieure. Il est l’auteur de Hegel et l’art (P.U.F.), Pascal, figures de l’imagination (en collaboration avec J.-P. Cléro, P.U.F.) et de Les ambiguïtés du peuple (Pleins feux).

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lundi 22 janvier 2018

Yvan Elissalde : Vocabulaire philosophique. Volume 4, Les mots de la politique

Bréal - Janvier 2018


Mot après mot, la philosophie se présente comme une langue particulière, d'autant plus déroutante qu'elle semble reprendre le vocabulaire de tout le monde, mais en lui donnant un sens qui n'appartient qu'à elle. Ce rapport ambigu de continuité et de rupture avec la langue commune expose à bien des malentendus, que le présent ouvrage voudrait faire éviter au débutant, en précisant le sens des notions essentielles par des définitions critiques et raisonnées. C'est ce que l'auteur a tenté de refaire ici, en reprenant à son compte les programmes officiels des examens et concours français, ainsi que leur division en cinq domaines de notions (le sujet, la culture, la raison et le réel, la morale, et la politique). L'originalité de l'ouvrage réside en effet dans l'effort pour proposer un véritable vocabulaire, et non un simple dictionnaire impersonnel comme il en existe déjà : un ensemble de mots dont dispose une personne (en l'occurrence l'auteur) et, au-delà, tout un groupe (la communauté des philosophes), ensemble dont est montrée la dimension problématique ainsi que la fonction logique. Car chaque philosophe crée son propre vocabulaire en singularisant le sens qu'il donne aux notions qu'il emploie, création qui répond autant aux besoins propres de son système qu'aux discussions qui l'opposent aux autres. Les définitions qui en résultent apparaissent alors non plus comme arbitraires, mais justifiées par leur genèse et leur finalité.

Agrégé de philosophie, normalien, docteur d'Etat et professeur en classes préparatoires littéraires, Yvan Elissalde est l'auteur de plusieurs ouvrages de philosophie aux éditions Bréal, et notamment du Vocabulaire philosophique, volume I, du Vocabulaire philosophique, volume Il et du Vocabulaire philosophique, volume Ill.

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Thierry Hoquet : La Philosophie aux examens et concours. Explication de texte et dissertation

ELLIPSES MARKETING - Janvier 2018


La réussite aux concours et aux examens passe souvent par les redoutables épreuves de l’explication de texte et de la dissertation philosophique. Comment s’y préparer au mieux afin de les réussir ? Le pari de ce manuel est que les exercices proposés aux concours, loin d’être de purs problèmes rhétoriques, requièrent, pour être réussis, qu’on mette en oeuvre une authentique réflexion philosophique. Or celle-ci nécessite un entraînement régulier et la mise en oeuvre de techniques variées. Ce manuel invite donc à décomposer la difficulté, en abordant une grande diversité de notions. Ce pourquoi on trouvera ici une gamme complète de cent exercices corrigés. Ces exercices accompagnent l’étudiant dans la mise en oeuvre progressive d’un raisonnement philosophique, depuis l’analyse des concepts jusqu’à la mise en oeuvre d’un raisonnement complet, aboutissant à la rédaction d’un devoir complet. On trouvera dans ce volume une décomposition des règles à suivre, étape par étape, et des fiches récapitulatives. Les différents types de sujets y sont abordés. Pour les explications de textes : lettres, dialogues, traités… Pour les dissertations : sujets sous formes de question, notions simples ou doubles, citations… L’approche développée par ce manuel s’applique aussi bien aux étudiants de premier cycle universitaire (Licence) qu’aux étudiants de classe préparatoire ou à ceux préparant les concours. À cet effet, le livre comprend des extraits commentés de différents rapports des jurys de concours, ainsi que des annales corrigées.

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Arno Münster : André Tosel, penseur de l'émancipation. Un hommage

Nouvelles Editions Lignes - Janvier 2018


André Tosel (1941-2017) fut par excellence un intellectuel organique au sens donné par Gramsci. Militant pour une part, et pour l'autre, auteur d'une oeuvre singulière et riche, nourrie de Spinoza, de Marx et de Gramsci - dont il fut l'un des spécialistes français. Oeuvre tout entière tournée vers une refondation non-dogmatique de la théorie marxienne de la révolution et vers l'élaboration d'une définition actualisée et rénovée de l'émancipation, maître-mot sans doute de sa pensée. Emancipation juridique (de l'Etat "pénal" plus que de droit), sociale (de l'impératif systémique capitaliste), politique (de la "démocratie-régime", en réalité un "libéral-totalitarisme") et religieuse (repensant les conditions de la laïcité, autre maître-mot de cette oeuvre, contre le ré-enchantement métaphysico-religieux). Arno Münster rend ici hommage à une oeuvre dont on s'étonne qu'elle n'ait pas davantage été connue, qui doit l'être plus et mieux, et qui la critique aussi bien, en toute amitié, depuis les points de vue qui lui sont propres, poursuivant en somme ce qui a, des années durant, lié essentiellement leurs deux pensées et les a parfois opposés.

Philosophe et spécialiste de la philosophie politique contemporaine, Arno Münster est un disciple d'Ernst Bloch, dont il a écrit la biographie (L'Utopie concrète d'Ernst Bloch, Kimé, 2001). Il est, aux éditions Lignes, l'auteur de André Gorz ou le socialisme difficile (2008) et de Pour un socialisme vert (2012), ainsi que l'éditeur de Ernst Bloch, Rêve diurne, station debout & utopie concrète (2016).

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dimanche 21 janvier 2018

Bruno Pinchard : Hespérie. Contribution "virgilienne" à une politique occidentale

Editions Kimé - Janvier 2018 - Collection : Transhumanisme


Quelle idée libre la terre peut-elle encore porter en un temps d'exécration, de désertification et d'universalisation hâtive ? Cette question attend une réponse qui dépasse les oppositions simples entre mythologie et philosophie. En rupture avec les allégations de Heidegger, Bruno Pinchard cherche à définir la place d'un humanisme latin dans un monde désormais accaparé par les forces exclusives de la technologie et de la religion. Ce parcours, qui s'inscrit dans le sillage de Virgile, Dante, Vico, Chateaubriand, cherche à deviner les destins de l'Occident à travers le passage irréversible qui, de l'installation bornée dans les terres, conduit les peuples à l'exil universel de la mer. Ce chemin a un nom : Hespérie.

Bruno Pinchard est doyen de la Faculté de philosophie de l'Université Jean Moulin Lyon III et président de la Société Dantesque de France. Cet ouvrage prolonge les questions portées par deux ouvrages récents, Marx à rebours (Kimé, 2014) et Ecrits sur la raison classique (Kimé, 2015).

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Jérôme Benarroch : Deux, un, l'amour. Levinas, Badiou, Lacan, judaïsme

Nous - Janvier 2018 - Collection : Antiphilosophique


Ce livre a pour ambition de penser l'amour, d'en produire une pensée contemporaine. A cet effet, il articule deux axes a priori divergents. Il présente d'abord une lecture inédite des trois grandes pensées contemporaines sur l'amour : celles d'Emmanuel Levinas, de Jacques Lacan et d'Alain Badiou. Il développe ensuite une élaboration singulière qui traverse les très anciens enseignements du judaïsme biblique et talmudique. Il ne s'agit pas pour Jérôme Benarroch d'exposer une pensée historiquement reconnue du judaïsme sur le sujet, mais de proposer une théorie de l'amour formulée dans le langage de la pensée contemporaine, à l'école de ses enjeux et questionnements. La méthode de cette élaboration consiste en un dialogue de la philosophie et de la psychanalyse avec ces divers et parfois paradoxaux enseignements traditionnels. Malgré leur hétérogénéité indiscutable, les pensées de Levinas, de Badiou et de Lacan partagent un même geste, qui apparaît presque comme une constante de la contemporanéité : le rejet de la figure de l'Un. Le livre soutient la thèse qu'en amour, l'Un n'est pas, mais qu'il doit advenir. Que l'unicité de chacun - de chaque sujet amoureux - advient par l'effort d'une construction éperdue de l'Un de l'amour.

Jérôme Benarroch - né en 1971, philosophe et talmudiste. Deux, un, l'amour est son premier livre. Puissante relecture de Levinas, de Badiou et de Lacan, mais aussi tentative audacieuse d'actualisation de la pensée juive, il propose de l'amour, sujet si saturé, une approche renouvelée.

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