Vrin - Juillet 2021
Le 26 avril 1986 à 1 h 23 mn 44 s, le cœur du réacteur n° 4 de la centrale Lénine de Tchernobyl explose. À travers l’étude de plusieurs gestes artistiques, cet essai interroge ce qu’un tel événement, impliquant des temporalités au-delà de l’expérience humaine possible, a changé dans notre regard et notre façon de faire des images. Contrairement à la bombe atomique, qui a donné lieu à des régimes de représentation ex-orbitants, par leurs surcroîts pyrotechniques et olympiens, la première grande catastrophe environnementale du nucléaire civil ne peut être approchée que par une esthétique in-oculée où le regard est partout orienté dans une menace obscure, sourde et infernale. Trois propositions principales : la radioactivité est moins, pour l’art, un objet de représentation qu’une manière de regarder; les images du vivant contaminé par la radioactivité (nucléarisé) exigent un regard humain énucléé; un art de la radioactivité produit une esthétique radieuse.
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