mercredi 20 novembre 2024

Joakim Garff : Søren Kierkegaard, une biographie

 Lambert Lucas - Novembre 2024


Les connaissances relatives à Kierkegaard se limitent souvent à quelques clichés associés à la rupture de ses fiançailles ou à son roman, Journal du séducteur. La dernière biographie qui lui a été consacrée en France remonte à 1956. Ce livre vient donc heureusement combler un manque. Son originalité doit beaucoup à la qualité et à la diversité, sinon à l’exhaustivité de ses sources  : témoignages de contemporains, articles de presse, registres paroissiaux, correspondances, sans parler des innombrables notations tirées des journaux et des notebooks laissés par Kierkegaard après sa mort.

Né en 1960, Joakim Garff a étudié la théologie à l’Université de Copenhague (1978-1986) avant d’y être nommé maître de conférences puis professeur. Auteur de plusieurs ouvrages sur Kierkegaard, il est membre de divers comités éditoriaux et groupes de recherche consacrés au grand philosophe danois. Il est actuellement directeur du Centre de Recherches Søren Kierkegaard de Copenhague.

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Friedrich Nietzsche : Œuvres complètes (dir. Patrick Wotling)

 Flammarion - Novembre 2024


Nietzsche a profondément influencé l'évolution de tous les champs de la vie intellectuelle contemporaine, des sciences humaines aux arts plastiques et à la musique, en passant par la littérature. Mais il a surtout révolutionné la compréhension de la tâche philosophique elle-même, et inventé une manière nouvelle de penser, en même temps qu'un nouveau langage. En montrant que la question des valeurs est plus profonde que celle de la vérité, en dévoilant les soubassements infraconscients de la rationalité, en détectant les activités pulsionnelles qui guident nos comportements, il a révélé le conditionnement clandestin auquel obéissent les domaines, que l'on croyait autonomes et objectifs, du savoir, de la morale, de la politique. Et déchiffré de manière inédite la nature du réel. Ce volume comprend la totalité des ouvrages publiés de Nietzsche, ainsi que l'ensemble de ses textes intégralement rédigés mais non publiés de son vivant, dont certains sont inédits en français. Il constitue la seule édition française complète de ses textes philosophiques hors fragments posthumes.

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Vilém Flusser : Nous sommes les enfants de Marie Curie

Wildproject - Novembre 2024


Textes choisis et traduits par Marin Schaffne
Préface d’Yves Citton

Comment penser les liens entre technologie et nature après la Shoah et la bombe atomique ?
À l’interface entre vivant et artificiel, nature et culture, biologie et technologie, science et fiction, ces textes de Flusser des années 1980–1990 entrent en écho de façon surprenante avec les travaux de Donna Haraway ou de Gilles Deleuze.
Au crépuscule de la modernité, les fulgurances pop et pré-écologiques d’un penseur majeur de la technique.
« Toute l’oeuvre de Flusser peut être envisagée comme une inlassable réflexion sur l’écologie, qui cherche à comprendre les vies par leurs milieux. » – Yves Citton

Vilém Flusser (1920-1991) est un philosophe et essayiste d'origine tchécoslovaque, devenu brésilien. Après avoir perdu toute sa famille dans la Shoah, il fuit au Brésil en 1940, puis vécut en France, de 1975 jusqu'à la fin de sa vie.

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Franz Neumann : Béhémoth. Structure et pratique du national-socialisme (1933-1944)

Klincksieck - Octobre 2024


Traduit par Gilles Dauvé avec la collaboration de Jean-Louis Boireau.
Postfaces de Herbert Marcuse et Théodor W. Adorno.

Ce livre à la fois classique et méconnu présente une analyse paradoxale du système national-socialiste comme système monstrueux, c’est-à-dire un non-État, un chaos, une situation de non-droit, de désordre et d’anarchie, ambitionnant d’établir son hégémonie sur de gigantesques étendues de terre. Objet de débat au sein du groupe de Francfort, on a d’abord retenu de cette interprétation du nazisme son orientation marxiste, surtout de par son opposition aux thèses de F. Pollock sur le capitalisme d’État, formation sociale originale qui succéderait au capitalisme de monopoles.
Pour Neumann, il s’agit en vérité d’une économie monopolistique totalitaire qui se définit par deux caractères : « C’est une économie monopoliste et en même temps une économie dirigée. C’est une économie capitaliste privée encadrée par l’État totalitaire. » Aussi une lecture plus à distance des controverses de l’époque peut-elle discerner dans Béhémoth : – à travers l’étude du national-socialisme, une analyse concrète de la primauté du politique sur l’économique au xxe siècle, en tentant d’articuler la problématique wébérienne des formes de domination à une interprétation marxiste des antagonismes de classe ; – une étude minutieuse des mécanismes de l’État totalitaire décrit comme un complexe de quatre groupes sociaux dominants qui, sous couvert d’unité, est menacé en permanence d’éclatement et de désintégration. Contre les représentations superficielles d’un fascisme monolithique, Neumann démontre que « l’État national-socialiste était en réalité pluraliste, en un sens funeste du terme. La volonté politique s’y formait à travers la concurrence sauvage des lobbies sociaux les plus puissants » (Adorno).
Béhémoth, le monstre qui règne sur la terre où le désert croît. À l’encontre du mouvement « révisionniste » et des tendances apologétiques qui visent, en Allemagne, à banaliser la socialisation totalitaire propre au national socialisme et à engendrer en douceur l’oubli de l’imprescriptible, Béhémoth, même s’il méconnait la destruction du peuple juif, rappelle que dans la société nouvelle, sous l’emprise d’une domination directe et d’un procès d’atomisation généralisée, c’est bien d’auto-destruction de l’humanité qu’il s’agissait.

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mardi 19 novembre 2024

Benjamin Delmotte : La métaphore charnelle. Vers une antropologie phénoménologique du langage

Les Compagnons d'humanité - Décembre 2024


Je parle parce que je suis un corps charnel, et je suis un corps charnel parce que je parle. C’est ce cercle qu’il s’agit de décrire. Non pour assimiler des phénomènes aussi distincts que le langage et la chair, mais pour mettre au jour l’ancrage charnel du langage. Une telle perspective invite à privilégier, au sein de la langue, la figure de la métaphore et à réfléchir au « déplacement » que son étymologie indique. Et pour ce faire, le discours philosophique, ici d’inspiration phénoménologique, doit lui-même accepter de se déplacer. Il lui faut revenir à la langue la plus courante (celle des expressions « toutes faites »), se frotter à celle de la psychanalyse ou de la Daseinsanalyse, ou encore à celle des arts : la poésie, le cinéma et la chorégraphie nous montrent en effet à quel point la métaphore nous ramène au corps ou, plus précisément, au sempiternel jeu de déplacement que la chair réalise avec ce dernier.

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Jacopo Bodini, Tristan Garcia, Graziano Lingua (dirs.) : Au prisme des écrans

 Mimesis - Novembre 2024


C’est surtout au prisme des écrans que nous pouvons accéder, de nos jours, à la réalité complexe et changeante dans laquelle nous vivons, affectée par les conséquences des crises sanitaire et climatique, ainsi que par les innovations introduites par les technologies numériques telles que l’AI. Loin d’être une simple surface présentant des contenus, les écrans – comme des prismes – jettent des lumières, des couleurs et des ombres, ils ouvrent des perspectives et des possibilités de relation et d’expérience, ils construisent et superposent de véritables plans de réalité, ainsi que des conditions de possibilités pour les analyser de manière critique. En recueillant les réflexions de spécialistes internationaux, afférant à différentes disciplines telles que l’esthétique, la philosophie de la technologie et la philosophie politique, mais aussi l’ingénierie, l’informatique, les sciences de l’information et de la communication, la psychologie, la théologie et l’art contemporain, ce volume engage une interrogation autour des fonctions et des fonctionnements des écrans dans nos sociétés.

Jacopo Bodini, docteur en Philosophie et chercheur à l’Université Lyon 3, fait partie du groupe de recherche Vivre par(mi) les écrans. Il enseigne Esthétique à l’Université Paris 1 et collabore avec le département Humanisme numérique du Collège des Bernardins.
Tristan Garcia enseigne aux Beaux-Arts de Paris. Il est l'auteur d’ouvrages de philosophie et de romans, publiés aux éditions Gallimard. Il a enseigné à l’Université Lyon 3.
Graziano Lingua est professeur de philosophie morale et directeur du Département de Philosophie et Sciences de l’Éducation de l’Université de Turin. Il est également codirecteur du Département Humanisme numérique du Collège des Bernardins de Paris.

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Emmanuel Kant : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives

 Mimesis - Décembre 2024


Les Gedanken de 1746 (1749) représentent le premier moment synthétique de la spéculation kantienne. La célèbre querelle des forces vives, occasionnée par Leibniz en 1686 à l’encontre de la philosophie cartésienne autour du thème de la conservation de la quantité de mouvement, y est abordée. Dans le texte, trois instances problématiques d’origine aristotélicienne sont abordées, à savoir : I. celle de l’évaluation de la «â€‰mesure » de la force, formulée dans la Mécanique d’Aristote (rhopé), et reprise par Galilée et Descartes (momentum) ; II. celle de la «â€‰nature » de la force, élaborée par Leibniz sur le fondement de la doctrine aristotélicienne de la puissance et de l’acte (entelèchia, vis activa) ; et III. celle de la logique relative au «â€‰modus cognoscendi », dont le contexte problématique avait conduit Leibniz à l’élaboration du principe de raison suffisante.

Stefano Veneroni (édition), docteur en Philosophie de l’Université Paris Sorbonne, est enseignant-chercheur en Épistémologie et Histoire des Sciences et des Techniques auprès de l’Université de Technologie de Compiègne, et d’Épistémologie auprès de l’Institut catholique de Paris.

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Aurélien Demars et Mihaela-Genţiana Stănişor (dir.) : Cioran, archives paradoxales. Nouvelles approches critiques (Tome VII)

 Classiques Garnier - Décembre 2024


Dans sa passion des vanités, la singularité de Cioran consiste à déployer une triple expression de cette notion - vanité morale, métaphysique, esthétique - en excitant la tension qui oppose entre elles l'ascétisme de l'une, le nihilisme de l'autre et la volupté de la dernière. Son refus de la sagesse comme du pathétisme, son sentiment de l'universelle inutilité de tout, son attrait pour les leçons en désabusement des moralistes, son obsession du macabre et du temps infusent un memento mori, ruminé à travers toute son oeuvre. Il s'agit d'étudier les paradoxes existentiels de cette vanité, que Cioran combat non sans complaisance voire délectation.

Mihaela-Genţiana Stănişor, codirectrice de la revue Alkemie, est maître-assistante à l'université Lucian Blaga de Sibiu. Docteur ès lettres de l'université de Craïova avec une thèse sur Cioran, elle a notamment publié Les Cahiers de Cioran, l'exil de l'être et de l'oeuvre (Sibiu, 2005), La Moïeutique de Cioran. L'expansion et la dissolution du moi dans l'écriture (Paris, 2018) et traduit en roumain La Tentation nihiliste de Roland Jaccard (Timişoara, 2008) et les Maximes de Nicolas de Chamfort (Cluj-Napoca, 2015).
Aurélien Demars est docteur en philosophie. Ses recherches portent sur Emil Cioran, Benjamin Fondane, les pensées existentielles et la philosophie du mal. Membre associé de l'IRPhil (université Jean-Moulin - Lyon III), il enseigne en lycée et à l'université Savoie - Mont-Blanc.

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Michel Malherbe : Des anges et des hommes

 Vrin - Décembre 2024


Les anges sont des personnages énigmatiques à plusieurs égards, mais ce sont aussi de fort bons compagnons. Il faut les prendre comme ils sont, à la fois inconnus et connus, proches et lointains, agents des décrets de Dieu et serviteurs de nos faiblesses. Parus en Mésopotamie, bien avant l’ère chrétienne, ils subirent de nombreuses transformations et ont pu devenir des objets de science et d’érudition dans l’angélologie élaborée pendant la période médiévale. La présente étude se propose de les aborder, sans esprit d’érudition, là où ils se tiennent, c’est-à-dire : au point de rencontre de la raison et de la fantaisie.

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Gil Anidjar : On the Sovereignty of Mothers. The Political as Maternal

Columbia University Press - Novembre 2024


Paternal, patriarchal, and fraternal concepts, metaphors, and images have long dominated thinking about politics. But the political, Gil Anidjar argues, has always been maternal.
In a series of finely woven meditations on slavery, sovereignty, and the social contract, this book places mothers and mothering at the crux of political thought. Anidjar identifies a maternal sovereignty and a maternal contract, showing that without motherhood, there could be no constitution, preservation, or reproduction of collective existence in time. And maternal power is also power over life and death, as he reveals through a nuanced consideration of abortion.
Through the concept of the maternal, Anidjar offers new insights into abiding sources from the Bible and ancient Greece to classical and modern political philosophy—the story of Hagar and Sarah, Oedipus and his two mothers, Hegel’s dialectic of master and slave—reinterpreted in light of Black and feminist criticism, psychoanalytic theory, and autotheoretical reflection. Elegantly written and provocative, On the Sovereignty of Mothers offers the maternal as a new frame for understanding the political order.

Gil Anidjar teaches in the Department of Religion and the Department of Middle Eastern, South Asian, and African Studies at Columbia University. His books include The Jew, the Arab: A History of the Enemy (2003); Semites: Race, Religion, Literature (2008); and Blood: A Critique of Christianity (2014).

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Jean-Baptiste Vuillerod (éd.) : Textes clés de philosophie de l’histoire? Sécularisation, Progrès, Anthropocène

 Vrin - Novembre 2024


Le présent volume propose un cadre pour saisir l’actualité d’une réflexion sur la philosophie de l’histoire à travers trois questionnements. Les philosophies de l’histoire qui se sont développées aux XVIIIe et XIXe siècles sont-elles des récits religieux qui ne disent pas leur nom, des histoires du salut sécularisées – et que faut-il entendre ici par ce processus de sécularisation? Est-il encore possible aujourd’hui, en des temps post-métaphysiques, de penser quelque chose comme le « progrès »? Enfin, comment appréhender la résurgence actuelle des motifs de la philosophie de l’histoire dans le contexte de l’Anthropocène, et quel sens donner à la multiplication contemporaine des grands récits optimistes ou catastrophistes autour de la crise environnementale?

Avec des textes de : A. Allen, H. Blumenberg, C. Hamilton, R. Jaeggi, R. Koselleck, B. Latour, K. Löwith, J. W. Moore et R. Rorty.

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Philippe Cabestan, Annick Urfer Parnas (dir.) : Phénoménologie de la schizophrénie. Hommage à Josef Parnas

Revue Le Cercle Herméneutique - Novembre 2024


Que penser d’un patient qui, à la question : « qui es-tu? », répond : « je suis de l’énergie dans le cosmos »? Ou qui, à l’instar du célèbre Président Schreber, affirme : « Mon royaume n’est pas de ce monde »? Le Président était, dit-on, schizophrène. Mais qu’estce que la schizophrénie? La schizophrénie est-elle une maladie? est-il possible d’en dégager, à la suite d’Eugène Minkowski, le trouble générateur? Comme on le sait, c’est un psychiatre suisse, Eugen Bleuler, qui a forgé au début du vingtième siècle le terme de schizophrénie. Depuis, cette pathologie a suscité d’innombrables travaux parmi lesquels il convient sans aucun doute de retenir ceux de Josef Parnas. En effet, professeur émérite de psychiatrie à l’Université de Copenhague, fondateur en 2002, avec Arne Grøn et Dan Zahavi du Centre de Recherche sur la Subjectivité à l’Université de Copenhague ( Center for Subjectivity Research ) dont est issu l’instrument psychométrique E.A.S.E. ( Examination of Anomalous Self Experiences ), Josef Parnas a rédigé plus de trois cents articles consacrés à la schizophrénie et, plus généralement, à la psychopathologie phénoménologique. Toutefois, si ses travaux sont relativement bien connus dans le monde anglo-saxon, il semble en revanche qu’ils n’aient pas encore reçu en France l’accueil qu’ils méritent. C’est la raison pour laquelle l’École Française de Daseinsanalyse a organisé le 6 mai 2023, à l’ENS de la rue d’Ulm, une journée en hommage à Josef Parnas, que viennent prolonger les textes ici rassemblés.

Ont contribué à ce numéro : M. Cermolacce, H. B. Stephensen,Ph. Cabestan, G. Charbonneau, J. Englebert, Th. Fuchs, T. Gozé, M. Gram Henriksen, J. Nordgaard, G. Risbec, J. Parnas, A. Urfer Parnas, A.&n

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Mohamed Naceur Krifi : Essais cliniques et normes d'éthique de Nuremberg à Helsinki. Entre universalisme et relativisme

 L'Harmattan - Novembre 2024


Les scandales provoqués par des pratiques inhumaines lors d’expériences médicales ont permis la naissance et l’évolution des normes modernes encadrant et réglementant l’éthique de la recherche biomédicale en général et des essais cliniques en particulier (Code de Nuremberg, DoH, rapport Belmont, CIOMS/OMS, directives des BPC de l’ICH, CHRB…). Ces normes ont évolué d’une approche éthique centrée d’abord sur le médecin puis vers le patient, puis finalement la transition s’est faite vers une éthique servant les intérêts des industries.
Leur évolution conceptuelle, les controverses soulevées, leur caractère non contraignant, leur considération par la communauté médicale comme étant trop restrictives pour la pratique de la recherche ont mené à une application incohérente ou inexistante de ces normes. Ainsi, les violations des règles d’éthique demeurent fréquentes, avec de graves préjudices pour les volontaires et les patients.
On enregistre particulièrement ces dérives non éthiques, les accidents graves y afférents et leurs conséquences scandaleuses au cours d’essais cliniques largement industrialisés, sous-traités et délocalisés, échappant ainsi à un contrôle réglementaire sérieux.

Mohamed Naceur Krifi est professeur d’immunologie fondamentale et appliquée. Docteur d’État en immunothérapie et de 3e cycle en endocrinologie métabolique, il est spécialiste en production, assurance et contrôle qualité des immunsérums thérapeutiques et des biomédicaments et biosimilaires en général.

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Yaël Gambarotto : Claude Lefort et la vulnérabilité du politique. Penser l’expérience moderne

 L'Harmattan - Novembre 2024


Comment penser la modernité politique ? En prenant appui sur l’œuvre du philosophe français Claude Lefort, cet essai propose une définition originale de la modernité, comprise comme l’expérience par laquelle le corps politique fait l’épreuve de sa vulnérabilité.
Machiavel nous apprend que la société moderne se fonde sur deux principes complémentaires, la division sociale et l’indétermination historique, qui modifient profondément la conception du pouvoir, qui doit désormais prendre en charge l’exposition et l’ouverture de la société au conflit et à l’événement.
Néanmoins, cette expérience de vulnérabilité peut être différemment interprétée par les corps politiques modernes. Il existe ainsi deux manières de « vivre la modernité » : par la négation ou par la reconnaissance de cette vulnérabilité, dont le totalitarisme et la démocratie constituent respectivement les deux régimes de réalisation.

Yaël Gambarotto est docteur en Philosophie. Spécialiste de l’œuvre de Claude Lefort, il enseigne la philosophie à Sciences Po Paris. Cet essai est issu de sa thèse de doctorat.

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lundi 18 novembre 2024

Ariel Kyrou : Philofictions. Des imaginaires alternatifs pour la planète

 Editions MF - Septembre 2024


Et si les œuvres de fiction étaient l’une des réponses au sentiment de blocage face aux enjeux du réchauffement climatique ou aux leurres des régressions identitaires ? Une philofiction n’est pas une fuite hors du réel. Elle interroge tout au contraire le caractère inéluctable des futurs qui nous semblent promis. Elle nous redonne le goût du possible. À travers l’analyse des œuvres de Becky Chambers, Octavia E. Butler, Philip K. Dick, Li-Cam ou Kim Stanley Robinson, Ariel Kyrou montre comment la fiction, en dessinant des imaginaires alternatifs, transforme notre être-au-monde et notre relation aux altérités humaines et non-humaines. La philofiction est plus qu’un récit, elle est une action qui nous enjoint à vivre et à penser autrement.

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Stanislas de Courville : L'Écran des siècles. Deleuze, le cinéma et la guerre

 Mimesis - Novembre 2024


Si Gilles Deleuze ouvre son diptyque consacré au cinéma, constitué de L’Image-mouvement et de L’Image-temps, en insistant sur le fait qu’il n’écrit pas ici une « histoire » du septième art mais plutôt « une taxinomie, un essai de classification des images et des signes », il a souvent été souligné combien c’est un événement historique qui paraît servir d’articulation entre les deux tomes et les régimes d’images correspondants. C’est la Seconde Guerre mondiale, en effet, qui semble marquer le passage entre l’« image-mouvement » et l’« image-temps », malgré les déclarations d’intention du philosophe. L’hésitation que l’on peut mettre au jour entre taxinomie et histoire dans le diptyque est loin d’être anodine, puisqu’elle en perturbe profondément l’économie générale. Revenant aux sources théoriques et filmiques de la pensée de Deleuze, cet ouvrage cherche à interroger l’affirmation d’une rupture de l’« histoire » du cinéma se produisant avec la Seconde Guerre mondiale, et à déterminer le type d’histoire dont il s’agit dans ce cas ici. En son centre, se trouve l’idée d’une compromission du septième art dans la propagande, particulièrement celle du régime nazi dont la fusion avec sa propre mise en scène nous laisserait, selon Hans-Jürgen Syberberg et Deleuze après lui, aux prises avec un Hitler comme « cinéaste ». Un « mythe négatif » du dictateur, dont l’ombre porterait après-guerre sur l’ensemble des images filmiques, qui s’avérera être aussi, en définitive, celui du cinéma dit « moderne ».

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dimanche 17 novembre 2024

Olivier Taïeb : Jeux et récits d'enfance selon Walter Benjamin

 Mimesis - Novembre 2024


Le thème de l’enfance est central dans l’oeuvre de Walter Benjamin. Il s’est intéressé aux jeux des enfants, à leurs jouets et à leurs livres. Il a aussi réalisé des émissions radiophoniques. Il connaissait bien les travaux de ses contemporains sur la psychanalyse, la psychologie et l’éducation. Il a été, en particulier, un grand lecteur de Freud. Ces intérêts ont convergé dans les années 1930 vers sa propre enfance avec ses écrits autobiographiques. Dans ses derniers travaux, l’enfant reste une figure très investie. Cet ouvrage montre comment Benjamin se représente le jeu de l’enfant et comment il raconte son enfance. Son objectif est de favoriser la réception de ses idées pour les cliniciens et les psychanalystes d’enfants, d’adolescents et d’adultes mais aussi pour tous les lecteurs qui s’intéressent à l’enfance, au jeu, à la mémoire et à l’histoire.

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Elie Halévy : L'ère des tyrannies. Penser en résistance (1923-1937)

 Les belles lettres - Novembre 2024


Le 28 novembre 1936 à Paris, s’exprimant devant la Société française de philosophie, le philosophe et historien Élie Halévy bouleverse la compréhension de l’histoire. L’Europe est entrée dans « l’ère des tyrannies ». De Rome à Berlin et Moscou, des régimes inconnus s’érigent dans la terreur de l’État, la révolution armée et le fanatisme de nationalité. Par son analyse qu’aucun penseur n’a jusque-là formulée, Élie Halévy avertit les démocraties de la menace mortelle de ces régimes au pouvoir absolu. Les définir, c’est se mettre en situation intellectuelle de les combattre. Cet effort sans équivalent pour penser une histoire fatale est un acte philosophique par excellence, ramenant l’histoire vers la liberté, inaugurant un temps de résistance au totalitarisme avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale.
Dans la nuit du 20 août 1937, décède Élie Halévy. Un an plus tard, l’année de Munich, L’Ère des tyrannies devient un livre, par la volonté de ses amis dont Raymond Aron, Célestin Bouglé, Étienne Mantoux, et sa femme Florence.
L’édition présente réédite cette conférence majeure de 1936 et celle de 1929 qui la précède, accompagnées de textes inédits et d’un choix de correspondances. La lutte passée et présente contre les tyrannies s’éclaire ici d’une oeuvre de toute importance.

Philosophe de formation, auteur d'une thèse sur Platon et d’une somme sur La formation du radicalisme philosophique et animateur dès 1893 de la nouvelle Revue de métaphysique et de morale, Élie Halévy (1870-1937) peut également être rangé parmi les grands historiens du XXe siècle français.
Il est notamment l’auteur d’une Histoire du peuple anglais au XIXe siècle (Hachette, 1912-1932 et rééd. 1973-1975), vaste fresque commencée en 1906 et restée inachevée malgré la conclusion d’un Épilogue fondamental en deux volumes, Les Impérialistes au pouvoir (1895-1905) et Vers la démocratie sociale et la guerre (1905-1914), et la publication posthume, en 1946, du Milieu du siècle.

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Raison présente, n° 231 : Traduire : une éthique politique

 Raison présente - Novembre 2024


Traduire : une éthique politique. Introduction
Alain Policar 3-9
Parler même langage
Souleymane Bachir Diagne 11-18
Traduire : une conversation souveraine
Danièle Robert 19-25
Du traduire et du deuil. Traduire le yiddish
Rachel Ertel 27-35
Administration, traduction et hospitalité
Danièle Wozny 37-46
La traductibilité en tant que lutte contre l’injustice épistémique
Angelo Vannini 47-54
Traduction et inégalités : les conditions sociales de la circulation des livres
Gisèle Sapiro 55-64
Traduction et Intelligence Artificielle
Marie Hermet 65-74
Traduire les sciences : incommensurabilité, épistémés, paradigmes
Philippe Huneman 75-84
Traduire, se traduire
David Chaillou 85-90
VARIA
Le massacre de Gaza sape la culture de la démocratie
Enzo Traverso 91-100
Une réflexion sur l’État néo-wébérien
Damien Larrouqué 101-108

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samedi 16 novembre 2024

John Ruskin : Il n’y a de richesse que la vie

 L'échappée - Novembre 2024


Lors de leur parution en 1860, ces essais ont scandalisé la bourgeoisie britannique. En plein culte du progrès industriel, John Ruskin, ce « Don Quichotte du xixe siècle », s’attaque d’une plume acérée aux idéologues du capitalisme. Sa critique radicale de l’économie politique ébranle les fondements mêmes de cette pseudoscience, jusqu’à la définition de la richesse. Non, une société ne doit pas avoir pour but la croissance illimitée des forces productives, mais l’épanouissement de la vie, affirme ce livre devenu un classique.

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Ghitti Jean-Marc : A travers le judaïsme. Buber, Levinas, Simone Weil

 Kimé - Novembre 2024


Ce travail part d’une généalogie du sionisme suscitée par les doutes que fait naître en nous la guerre au Proche-Orient. Il étudie sa naissance chez Herzl, son interprétation par Buber, ainsi que son dévoiement actuel (première partie). Au-delà du sionisme, il est une apologie du judaïsme de la diaspora, étudié à travers Levinas et ses contradictions (deuxième partie). Enfin, il envisage le judaïsme assimilé, à travers la figure moins attendue et très paradoxale de Simone Weil, ici traitée comme une figure du judaïsme (troisième partie). Au fil de ces trois études, certains concepts sont élaborés pour éclairer des questions qui vont au-delà du judaïsme : le territoire, la guerre, la relation entre État et nation, l’identité et l’impolitique. Ce sont ces concepts qui sont rassemblés en cohérence dans la conclusion (quatrième partie). Il ne s’agit pas d’une étude strictement universitaire, bien que la pensée des trois philosophes de référence soient exposée et interprétée de manière comparative. Il ne s’agit pas non plus d’un essai militant, bien que des positions claires soient prises sur des sujets sensibles. Le texte est plutôt une tentative pour modifier les catégories idéologiques et mentales par lesquelles nous avons l’habitude d’approcher les problèmes ici abordés. Après un travail d’orientation écologique sur l’aménagement du territoire dans un texte à paraître, qui poursuit ma réflexion philosophique sur les lieux, j’ai été interpellé par la guerre au Proche-Orient et j’ai voulu éclaircir la question du territoire à travers le sionisme. Resituant celui-ci dans l’histoire du judaïsme, j’ai été amené à donner une nouvelle interprétation de l’œuvre de Simone Weil à partir de sa relation complexe à ses origines juives. Le positionnement de cette philosophe, à qui j’ai précédemment consacré un ouvrage (2021), s’est éclairé différemment à partir d’une comparaison que j’ai tenté d’établir entre ses écrits et ceux de Buber et de Levinas. Mais, ce que j’ai cherché, à travers ces trois philosophes et l’image qu’ils donnent du judaïsme, c’est l’approfondissement du concept d’impolitique que j’avais introduit dans mon dernier essai publié (2023). L’impolitique est ici présentée comme une réponse possible à la territorialisation de la politique, aux guerres qui en résultent et au règne géopolitique du modèle des États-nations.

Jean-Marc Ghitti est docteur et agrégé en philosophie. Il a enseigné en école d’architecture ainsi qu’au Collège international de philosophie. Il est le fondateur et le président de Présence Philosophique au Puy. Il produit une émission radio mensuelle intitulée Écophilo (écologie et philosophie). Il a publié des essais philosophiques aux éditions de Minuit, aux éditions du Cerf et aux éditions Kimé, ainsi que deux romans et de la poésie.

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Philosophia scientiae vol. 28/3 : Kurt Goldstein. Biologie, anthropologie et clinique

 Kimé - Novembre 2024


Kurt Goldstein est une figure qui échappe aux étiquettes et dont l’œuvre demeure encore aujourd’hui une source féconde d’interrogations. Comptant parmi les neurologues les plus éminents de l’Allemagne de Weimar, il est notamment connu dans le champ de la neurologie pour ses travaux sur les aphasies et son rapport complexe au localisationnisme cérébral. Son approche singulière, combinant des examens cliniques minutieux de patients individuels avec des conclusions théoriques de grande portée, qui vient nourrir son œuvre majeure, La Structure de l’organisme et se prolonge dans une anthropologie philosophique, a également retenu l’attention des philosophes. La pensée et l’œuvre de Goldstein ont ainsi inspiré des philosophes tels que Ernst Cassirer, Maurice Merleau-Ponty ou encore Georges Canguilhem, et il a lui-même puisé dans le patrimoine philosophique pour élaborer sa conception holistique de l’organisme et de la nature humaine. Ses travaux eurent également une influence sur la psychiatrie et la psychologie américaines, influence que renforcèrent son émigration forcée aux États-Unis et la nécessité de se recréer une position professionnelle dans un paysage intellectuel et scientifique nouveau. Ce dossier aborde l’œuvre et la pensée de Kurt Goldstein depuis des perspectives et des approches philosophiques plurielles (histoire et philosophie des sciences, épistémologie, éthique, philosophie du soin et de la médecine, etc.) tout en soulignant la nécessaire articulation de ces différentes dimensions pour saisir une œuvre qui vient brouiller un certain nombre de frontières disciplinaires. Il s’agit donc d’insister sur l’originalité de son approche et de ses concepts et d’en faire l’objet de nouvelles lectures. Il propose également une traduction inédite de trois lettres adressées à Goldstein par le neuropsychologue soviétique Alexandre Louria.

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jeudi 14 novembre 2024

Peter Sloterdijk : Le continent sans qualités

Collège de France - Novembre 2024


Il ne peut y avoir, jusqu'à nouvel ordre, d'identité politique commune pour les habitants de l'Europe et de l'Union européenne, parce qu'ils sont encore majoritairement socialisés dans leurs identités nationales traditionnelles. Dans le cas le plus favorable, ils développent quelque chose que l'on pourrait qualifier d'"identité politique amphibie" en portant au-dessus de leurs costumes nationaux un surcot taillé à l'européenne. Les réflexions portant sur la refondation mythologique, démographique et politique de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale débouchent sur la thèse qu'avec la création de l'Union européenne c'est l'innovation catégorielle d'une grande structure post-impériale qui a fait son apparition sur la scène de l'histoire du monde. Les difficultés qu'ont les Européens avec leur identité post-impériale se reflètent de diverses manières dans leur comportement politique – notamment par le faible taux de participation aux élections du Parlement européen. Dans le même temps, le débat public de l'Union européenne est submergé par les diagnostics défaitistes et les slogans déclinistes. Cet ouvrage est issu de la leçon inaugurale prononcée au Collège de France le jeudi 4 avril 2024 par Peter Sloterdijk, professeur invité sur la chaire annuelle L'invention de l'Europe par les langues et les cultures (2023-2024), créée en partenariat avec le ministère de la Culture.

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Herbert Marcuse : Critique de la société technologique avancée

Etérotopia - Novembre 2024


La critique de la société technologique avancée est le fil conducteur de tout le développement de la pensée de Marcuse et relie L’Homme unidimensionnel, le texte qui est devenu le manifeste des mouvements de protestation en 1968, aux réflexions publiées dans ce volume. À travers l’essai inédit publié dans ce livre, on peut retracer l’ensemble de l’élaboration de Marcuse sur des thèmes qui sont aujourd’hui d’une grande actualité, tels que les implications sociales de la technologie moderne, la relation entre la technologie et la liberté, le rôle de l’individu dans la société industrielle avancée, et la relation entre les développements de la techno-science et les transformations de la politique. Entre critique sociale et réflexion philosophique, Marcuse se confronte aux grands penseurs du XXème siècle (de Husserl à Heidegger en passant par Sartre) et aux dérangeantes questions, éthiques et sociales, qui sont posées par le développement de la technologie.

Herbert Marcuse (1898-1979) était l'un des principaux représentants de l’école de Francfort. Il est né à Berlin et a émigré aux États-Unis en 1937, où il a enseigné dans plusieurs universités. Parmi ses ouvrages : Éros et civilisation (1955) ; L’Homme unidimensionnel – Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée (1964) ; Vers la libération (1969) ; Contre-révolution et révolte (1972).

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May Fournier : La justice restaurative. Pour une approche plus humaine du crime

 L'Harmattan - Novembre 2024


La justice restaurative devient incontournable dans les débats actuels sur le traitement du crime. Et pourtant subsistent de nombreuses questions. Est-elle exclusivement centrée sur la victime ? Doit-on l’associer à une doctrine religieuse ? Au populisme pénal ? Est-elle le signe d’un retour à l’archaïsme de la mécanique vengeresse ? D’un changement de paradigme ?
En s’écartant des principes communément admis de la justice pénale centrée sur la rétribution, la justice restaurative semble générer de la confusion. Il s’agit alors de rompre avec cette perspective traditionnelle et de mettre de côté toute forme de préjugé pour saisir pleinement son essence et la comprendre à la fois dans sa théorisation et sa pratique.
En passant par une analyse des facteurs de son émergence, l’exposé du contenu de sa théorie, de son éthique sous-jacente, incluant la réintégration de toutes les parties par le dialogue, l’autonomie et le respect de l’autre, ainsi que quelques considérations sur son application en France et ses perspectives, il faudra comprendre qu’elle représente une approche plus humaine du crime, bien plus susceptible de faire justice que notre système de justice pénale actuel.

May Fournier est titulaire d’un Master de Philosophie politique et éthique soutenu à Sorbonne Université. Ses recherches portent sur la philosophie pénale.

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Pascale Goetschel : Les sens de la fête

 Atlande - Novembre 2024


Qu'est-ce que la fête ? Comment fait-on la fête ? De quels sens sont investis les fêtes ? Quelles sont leurs rituels, leur non-dits, les valeurs qu'elles véhiculent ? Leur fonction sociale ? Leur portée politique ? Quelles sont les impacts des guerres ou de la récente pandémie sur les pratiques festives ? L'ouvrage dévoile comme autant de pistes de réflexion diverses réponses possibles çà ces différentes questions et à de multiples autres. Théâtre social autant qu'espace de liberté, la fête se renouvelle et se réinvente à chaque génération. Des fêtes patronales aux technoraves, des jours de fête des soldats permissionnaires à la Fête de la musique, des banquets républicains aux soirs de victoires électorales, Pascale Gœtschel tisse la trame d'une histoire culturelle inédite de la fête. D'anecdotes en analyses, de parallèles en découvertes, elle nous entraîne dans une farandole enivrante d'érudition pour nous offrir ce que l'histoire a nous offrir de plus plaisant.

Pascale Gœtschel anime la chaire d'Histoire culturelle de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne. Elle dirige la Revue d’Histoire culturelle, le projet de recherche Antract et a créé la collection d’Histoire culturelle d’Atlande.

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Ornicar ? N° 59, Novembre 2024 : RIRE

 Navarin - Novembre 2024


« La vie n'est pas tragique. Elle est comique. » Cette proposition de Lacan, destinée à décoller chacun du pathos qu'il associe aux drames de sa vie, a ouvert la voie d'Ornicar ? 59 dédié au rire.
Telle serait une conclusion que chaque analysant peut tirer de l'expérience analytique, allégé de quelques drames qui ont trouvé à s'exprimer, s'éclairer, se répéter jusqu'à s'user, pour enfin s'effacer. Les larmes ayant valeur d'éternité s'assèchent. Le passé se fait moins douloureux, intégré à l'histoire. Un ciel d'orage laisse place enfin à l'éclair du Witz (mot d'esprit) ou à un éclat de rire.
Lacan époussette la tradition comme l'allure funèbre. Pourquoi Freud a-t-il eu recours à la tragédie fondatrice d'Œdipe pour donner ses assises à la psychanalyse ? Le fond n'est-il pas plutôt tissé de la comédie des sexes, synthétisable dans la destinée du phallus bouffon, érigé pour toujours retomber ?
Qu'est-ce qui fait rire, amuse, provoque ce mouvement irrépressible, contingent, bizarre, qui lui-même procure du plaisir, mais peut aussi signer la gêne ? Du plaisir du jeu de mots à l'effet de poésie, les auteurs de ce numéro ont mis le rire à l'épreuve de l'écriture, à travers le temps, la littérature, l'opéra, la caricature, la philosophie, le cinéma ou encore le théâtre.

SOMMAIRE

Liminaire – Gai bavardage, Deborah Gutermann-Jacquet
Rire

Florence Dupont, Rire homérique
Romain Brethes, Lucien
Romain Menini, Rabelais
Miquel Bassols, Don Quichotte
Jean-Michel Déprats, Shakespeare
Michel Delon, Rires libertins
Pascal Dupuy, James Gillray
Dorian Astor, À l'opéra
Jean-Pierre Lefebvre, Famillionär
Éric Laurent, Gogol
Hélène Henry-Safier, Dostoïevski
Guillaume Métayer, Nietzsche
Anne-Lise Heimburger, Feydeau
Patrick Besnier, Courteline
France Jaigu, P. G. Wodehouse
Nathalie Georges-Lambrichs, Kafka
Alain Schaffner, Mangeclous
François Noudelmann, Sartre
Yue Zhuo, Bataille
Philippe Hellebois, Queneau
Jérôme Lecaux, Thomas Bernhard
Marco Focchi, Italo Calvino
Gil Caroz, L'humour juif
Olivier Assayas, Au cinéma
Jacques-Alain Miller, Vicissitudes du valet

Archives
Deux séances de Roland Barthes chez le Dr Lacan
Miscellanées
Jacques-Alain Miller – Laura Sokolowsky – Alice Delarue


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