lundi 28 mai 2012

Max Weber et les paradoxes de la modernité

Michael Löwy (dir.)


Avril 2012 - PUF - "Débats philosophiques" - 18 €

Peu d’auteurs ont saisi la modernité occidentale avec la même acuité que Max Weber : désenchantement du monde, rationalité instrumentale, domination rationelle/bureaucratique, différenciation des sphères, polythéisme des valeurs. Il a laissé une profonde empreinte sur les débats historiques, sociologiques, épistémologiques et philosophiques du XXe siècle, suscitant controverses, interprétations et réinter-prétations. Ce qui ne veut pas dire que son œuvre n’est pas d’une très grande rigueur et cohérence. Simplement, par sa richesse, sa subtilité, sa méthodologie complexe, mais aussi son ambivalence envers les manifestations centrales de la modernité – l’État bureaucratique, l’économie capitaliste –, il se prête à des lectures différentes, sinon opposées.
Ce recueil interdisciplinaire contient des essais de spécialistes reconnus de l’œuvre de Weber : Michael Löwy, Catherine Colliot-Thélène, Manfred Gangl, Gérard Raulet, Enzo Traverso et Eduardo Weisz. Ils y abordent différents aspects du rapport de Max Weber à la modernité et à ses paradoxes.
Il contient également un texte de Weber inédit en français.


Table des matières
Michael Löwy, directeur de recherches émérite au CNRS : Introduction
Eduardo Weisz, professeur à l’Université de Buenos Aires : Le Judaïsme antique aux origines de la modernité : les desseins de l’étude wébérienne 

Manfred Gangl, maître de Conférences, Université d’Angers : Religion et modernité
Michael Löwy : Stalhartes Gehäuse : l’allégorie de la cage d’acier 
Gerard Raulet , professeur à l’Université de Paris IV, Sorbonne : L’évidence du paradoxe. La thèse de L’Éthique protestante et sa méthode d’exposition
Enzo Traverso, maitre de Conferences à l’Université de Picardie : Entre le savant et le politique. Max Weber contre les intellectuels
Catherine Colliot-Thélène, professeur de philosophie à l’Université de Rennes 1, membre de l’Institut Universitaire de France : D’une modernité politique à une autre. Les analyses wébériennes de la politique à l’épreuve de la mondialisation
Michael Löwy : Présentation de l’inédit
Max Weber : Le fondement économique de l’« Impérialisme » (sous-chapitre de la deuxième partie de Économie et Société, inédit en français, trad. Christophe David)


Gaston Bachelard, poétique des images

Jean-Jacques Wunenburger


Mai 2012 - Mimesis - "L'oeil et l'esprit" - 22 €

50 ans après sa disparition l'œuvre de Gaston Bachelard reste une source d’inspiration tant pour les débats sur la rationalité scientifique que pour les interprétations de l’imagination poétique, les deux grands versants de l’esprit à qui il a consacré des études devenues des références au delà des frontières. Sur le socle d’un imaginaire premier, l’esprit tantôt épure les images pour faire émerger le concept, lui-même toujours dialectisé; tantôt s’y abandonne au contact des ses propres forces inconscientes et des puissances symboliques de la nature à travers les quatre éléments (feu, eau, air, terre). Bachelard se veut ainsi le fidèle témoin des rythmes de l’esprit humain qui, à travers des expériences antagonistes, se laisse porter par un même désir de créativité incessante, qui nous conduit à accroître notre puissance d’être et donc notre joie d’exister. Chez Bachelard la phénoménologie des images conduit donc vers une esthétique autant que vers une éthique.

Espace et lieu dans la pensée occidentale. De Platon à Nietzsche

Thierry Paquot et Chris Younès (éditeurs)


Mai 2012 - La Découverte - 26 €

Que représentent l'« espace » et le « lieu » pour les philosophes ? Quelle place occupent ces « notions » dans les différents systèmes de pensée ? Sont-elles synonymes ? Ont-elles des sens qui changent avec les découvertes scientifiques (en géométrie, en physique, en astronomie...) ? Comment sont-elles, ou non, liés au concept de temps ? Ont-elles à voir avec d'autres thèmes, comme le territoire, la ville et la campagne, le paysage ? Pour la première fois, en langue française, un ouvrage rassemble les contributions de philosophes confirmés, qui explorent la pensée d'auteurs majeurs de l'histoire intellectuelle occidentale en privilégiant l'espace et le lieu. Ce livre collectif complète Le Territoire des philosophes (La Découverte, 2009), qui se focalisait sur les penseurs du XXe siècle.
Dix-neuf auteurs, de Platon à Nietzsche, sont ici questionnés quant à leur usage théorique de l'espace et du lieu, alors même qu'ils sont, pour la plupart, célèbres pour d'autres concepts et apports. Les contributeurs s'efforcent de situer la pensée de leur auteur dans son temps et dans la longue géohistoire des idées. La philosophie est ici entendue à la fois comme un « art de vivre » et une manière de comprendre le monde, deux dimensions inséparables dans la saisie et de l'espace et du lieu. Tout être humain est « spatio-temporalisé» et c'est seulement en ce sens qu'il habite la Terre et en fait sa demeure.

Le montreur d'ombre

Jacques Aumont


Mai 2012 - Librairie philosophique J. Vrin | Essais d'art et de philosophie - 16 €

L'ombre n’a pas d’autre définition que l’absence de lumière – mais la représentation de l’ombre commence lorsque cette absence devient contradiction. Il existe une longue tradition qui fait de l’ombre projetée des êtres humains un autre être, qui les menace sourdement; l’ombre est aussi une qualité de l’espace où nous demeurons : un environnement, un milieu, qui a lui aussi son héritage intellectuel, artistique, culturel. Le cinéma, en tant qu’art d’image, a reconnu et utilisé l’un et l’autre de ces pouvoirs suggestifs de l’ombre, dans des genres et des époques qu’on a souvent qualifiés de « noirs ». Qui plus est, la situation cinématographique inverse la situation ordinaire, où l’ombre n’existe qu’en fonction de la lumière : au cinéma, c’est la lumière qui a besoin d’ombre – celle de la salle – pour exister.
On a presque toujours pensé le cinéma comme un art de la lumière. Le prendre sous le signe de l’ombre est un défi, et un paradoxe. Dans ses cent et quelques années d’existence le cinéma a été, dans ses rapports avec l’ombre comme dans tous les domaines du figuratif, la relève imaginative de pratiques culturelles plus anciennes. Mais sa relation avec l’ombre est autrement plus profonde et ne s’épuise pas dans l’héritage : elle a, pour cet art complexe, jouant du visible et du visuel à la fois, une valeur littéralement constitutive. L’ombre y est – telle est la thèse de ce bref essai – très exactement la cause des figures. Le cinéma a été, très largement, un art de l’ombre, et peut-être bien l’art de l’ombre par excellence.

mardi 22 mai 2012

Vive le matérialisme !

Guy Lardreau



Janvier 2012 - Verdier - "Philia" - 9,50 €

Au regard du concept, le titre est redondant – du matérialisme, on ne sait rien, sinon qu’il vive !
Mais le mépris où choit la vertu des partages rend opportun le retour au mot d’ordre, et au tract. Le rappel du matérialisme s’entend donc : À bas le spiritualisme !
Cette juste clameur paraît grossière, tant qu’on feint synonymes « spirituel » et « spiritualiste ». L’émotion spiritualiste, cependant, interdit l’irénisme : or, elle suscite aujourd’hui toutes sortes d’ « affaires », derrière lesquelles il faut distinguer une conspiration.
Dès lors, coup pour coup : qu’à la conspiration spiritualiste s’oppose l’alliance matérialiste.
Si le matérialisme, en effet, est « sans histoire », parce qu’on n’en peut construire le concept, il a un « avenir », parce qu’il eut toujours puissance d’intervention.
La philosophie, il est vrai, est avare d’interventions, parce qu’elle juge que celles-ci n’ont sens que lorsqu’un intérêt de la raison est clairement, distinctement encore, menacé. Aussi intervient-elle alors avec la dernière brutalité, rappelée – si elle se tient à la hauteur de l’idée – à sa base.
La base veut que l’esprit, faisant affaires, n’est pas tout.
Que l’être vient avant l’homme.
Que matière signifie avant.


samedi 19 mai 2012

Clément Rosset - La philosophie comme anti-ontologie

Stéphane Vinolo


Mai 2012 - L'Harmattan - "L'ouverture philosophique" - 28 €

Depuis 1960, Clément Rosset creuse un même sillon philosophique : celui de la déconstruction de l’ontologie au profit de l’affirmation de l’identité de ce qui est et de ce qui existe. L’être et l’être-là se confondent dans le seul concept de réel. Pourtant, face à ce réel toujours simple, univoque, cruel et tragique, les Hommes inventent – avec les moyens conceptuels les plus puissants – ou se construisent – avec les outils les plus banals – des doubles rassurants et protecteurs : arrière-mondes, monde intelligible, vie après la mort, Être derrière les Étants, mais aussi devoir-être derrière l’être, identité profonde derrière l’identité sociale, visages derrière les masques, intentions derrière les actions, ou tout simplement refus de voir ; presque l’essentiel de la vie humaine consiste dans la création de doubles illusoires afin de nous protéger de la simplicité du réel. La duplication est donc le mécanisme protecteur essentiel face au tragique. 
Dans sa lecture de Rosset, Stéphane Vinolo revient sur les fondements mais aussi sur les conséquences ontologiques, psychologiques et politiques de cette duplication, non seulement en la mettant en perspective dans l’histoire de la philosophie, mais aussi en la questionnant de l’intérieur même du texte afin de pointer un paradoxe auquel Rosset ne peut échapper. Si l’on accepte de créer une anti-ontologie qui non seulement renverse mais de plus annule la distinction entre l’être et l’être-là, il se pourrait bien que nous soyons forcés d’affirmer, in fine, que paradoxalement il n’y a de réel que les doubles.

Zone de Texte: stéphane VInolo

jeudi 17 mai 2012

La Géophilosophie de Gilles Deleuze

M. Carbone, P. Broggi, L. Turarbek (éd.)


2012 - Mimesis - "L'oeil et l'esprit" - 16 €

Retrouver les racines géographiques de la philosophie pour l’arracher aux abstractions de son histoire. C’est cette exigence qui a conduit Deleuze et Guattari à thématiser la notion de « Géophilosophie ». Elle nous invite à penser à nouveaux frais les rapports entre les versants esthétique et politique de la philosophie, entre le lien sensible de nos corps à leurs territoires et la construction de l’espace du vivre-ensemble. C’est dans cet esprit que la réflexion collective recueillie dans le présent ouvrage aborde la notion de « Géophilosophie », ses avals et ses amonts dans la pensée deleuzienne. Est ainsi soulignée l’actualité de cette notion, en même temps qu’hommage est rendu, pour la première fois, aux années d’enseignement de Deleuze à Lyon.

Marx écologiste

John Bellamy Foster


Septembre 2011 - Editions Amsterdam - 12 €

Marx écologiste ? L'opinion courante est que Marx et le marxisme se situent du côté d'une modernité prométhéenne, anthropocentrée, qui ne considère la nature que pour mieux la dominer et l'exploiter, selon une logique productiviste qui fut celle tant du capitalisme que du socialisme historiques. L'écologie, comme discipline scientifique et comme politique, aurait ainsi à se construire en rupture avec l'héritage marxiste ou, du moins, au mieux, en amendant considérablement celui-ci pour qu'il soit possible de lui adjoindre des préoccupations qui lui étaient fondamentalement étrangères.

Qu'en est-il vraiment ? Dans Marx écologiste, John Bellamy Foster, textes à l'appui, montre que ces représentations constituent sinon une falsification, du moins une radicale distorsion de la réalité : des textes de jeunesse aux écrits de la maturité, inspirés par les travaux de Charles Darwin et de Justus von Liebig, le grand chimiste allemand, fondateur de l'agriculture industrielle, Marx n'a jamais cessé de penser ensemble l'histoire naturelle et l'histoire humaine, dans une perspective qui préfigure les théories les plus contemporaines de la « coévolution », et a offert à la postérité une des critiques les plus vigoureuses de la rupture par le capitalisme de « l'interaction métabolique » entre la nature et les sociétés humaines.

L'enjeu de ce retour à Marx dans une perspective écologique n'est pas de pure érudition ; il ne s'agit pas non plus de sauver une « idole ». S'il faut aujourd'hui tirer de l'oubli la tradition marxiste et socialiste de l'écologie politique, c'est que la perspective marxienne en la matière a une actualité brûlante : une des questions les plus urgentes de l'heure n'est-elle pas de savoir si la crise écologique est soluble dans le capitalisme ?

Ce livre est la traduction des chapitres 8 à 11 de The Ecological Revolution. Making Peace with the Planet de John Bellamy Foster (New York, The Monthly Review Press, 2009).

John Bellamy Foster est, avec Barry Commoner, James O'Connor et Joel Kovel, une des figures les plus importantes de l'écosocialisme aux USA. Il enseigne la sociologie à l'université de l'Oregon et dirige depuis 2000 la prestigieuse Monthly Review. Il est notamment l'auteur de Marx's Ecology. Materialism and Nature (Monthly Review Press, 2002).

mardi 15 mai 2012

La complexité et les phénomènes : nouvelles ouvertures entre science et philosophie alerte

Fausto Fraisopi


Avril 2012 - Hermann - 34 €

La complexité est devenue désormais le trait essentiel de la plupart des approches scientifiques contemporaines. Cependant, elle n'a pas encore reçu d'approche philosophique qui l'inscrit dans un discours de fondation ou de fixation ontologique. Pour cela, il faut s'adresser à la discipline qui fait de la description de la phénoménalité sa tâche principale et constitutive : la phénoménologie.
Quel rapport subsiste entre la phénoménologie et la complexité ? Comment la phénoménologie, en tant que discipline d'interrogation de la phénoménalité comme telle, peut répondre aux problèmes et aux questions soulevés par la théorie de la complexité et, par conséquent, au changement radical de paradigme dans les sciences ? De telles questions s'avèrent être essentielles, surtout parce que, au XXe siècle, l'importance de la phénoménologie pour la philosophie va de pair avec l'importance de la théorie de la complexité pour toutes sortes de disciplines scientifiques. En dépit de cette spécularité, la phénoménologie et la théorie de la complexité ne se sont jamais rencontrées, leurs parcours d'interrogation ne se sont jamais croisés : elles n'ont jamais reçu une thématisation commune, systématique, elles n'ont jamais été interrogées ni problématisées dans leurs relations structurelles, et, si parva licet, nécessaires. 
Ce livre propose une approche systématique de la complexité du point de vue phénoménologique et s'oriente vers une nouvelle interaction entre les savoirs positifs et la philosophie.

dimanche 13 mai 2012

Les lois fondamentales de la stupidité humaine

Carlo Cipolla


Avril 2012 - PUF - 7 €

Comment évaluer l’impact de la stupidité humaine sur nos destins personnels et sur l’ensemble de la société ? Vaste question à laquelle l’historien Carlo Maria Cipolla décida en 1976 de répondre par un bref essai au ton éminemment scientifique.
Au ton et seulement au ton : car derrière la rhétorique académique se cache un texte désopilant, qui ressortit au genre « pseudo-scientifique », comme en son temps le célèbre Cantatrix Sopranica de Georges Perec, ou aujourd’hui les très sérieuses recherches de Jean-Baptiste Botul.
Diffusé en 1976 aux États-Unis sous la forme d’une édition limitée et numérotée, Les lois fondamentales de la stupidité humaine a été publié en italien en 1988 (dans un recueil générique intitulé Allegro ma non troppo), et pour la première fois dans sa langue originale, l’anglais, à l’automne 2011.


Table des matières

Note de l’éditeur
Les Mad Millers au lecteur
Introduction

I. Première loi fondamentale

II. Deuxième loi fondamentale

III. Intermède technique

IV. Troisième loi fondamentale (qui est aussi une règle d’or)

V. Distribution des fréquences

VI. Stupidité et pouvoir

VII. Puissance de la stupidité

VIII. Quatrième loi fondamentale

IX. Macroanalyse et cinquième loi fondamentale

Appendice

mercredi 9 mai 2012

Expérience et nature

John Dewey



Mai 2012 - Gallimard - "Bibliothèque de philosophie" - 32 €

John Dewey (1859-1952) est l'auteur d'une oeuvre dont le public français n'a pu encore prendre toute la mesure. La traduction d'Expérience et nature vient combler à cet égard une lacune importante. C'est sans nul doute en effet l'une de ses oeuvres majeures. Publié en 1925 après Reconstruction en philosophie (1920) et Human Nature and Conduct (1922), Expérience et nature offre la version la plus claire et la plus systématique de son pragmatisme et de ce que Dewey nomme lui-même son "naturalisme empirique". 
Il le conçoit comme la seule manière de surmonter les dualismes et les incompatibilités qui affectent l'existence collective et individuelle. A travers une réflexion critique sur 1'expérience, l'ouvrage se propose de mettre au jour les ressorts d'une pensée et d'une action orientées vers une vision compréhensive et constructive de l'existence. Il est composé de dix chapitres qui discutent successivement les rapports de l'expérience et de la méthode philosophique ; la précarité et la stabilité de l'existence ; le rapport de la nature à des fins aux moyens et à la connaissance, à la communication et au sens, à l'esprit, au Soi et au corps ; le statut des idées et de la conscience, celui de l'expérience dans la nature et dans l'art, et enfin la place des valeurs et de la pensée critique dans l'existence. 
Expérience et nature n'offre aucun remède assuré contre les maux qu'il s'attache à circonscrire sous ces différents rapports ; il vise à "inspirer à l'esprit le courage et la vitalité nécessaires à la création des valeurs qu'appellent les perplexités d'un nouveau monde".

La pensée exposée

Paul Virilio



Mai 2012 - Acte Sud - 9,70 €

Paul Virilio a collaboré avec la Fondation Cartier pour l’art contemporain à de nombreuses reprises. Il a ainsi participé aux expositions Vraiment Faux (1988), La Vitesse (1991), Azur (1993), 1 monde réel (1999), Le désert (2000), Marc Newson, Kelvin 40 (2004), ainsi qu’à la conception de Ce qui arrive (2002) et Terre Natale (2008). La Pensée exposée. Textes et entretiens, coédité avec la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris, réunit sous format poche l’ensemble des textes écrits par Paul Virilio à l’occasion de ses collaborations avec la Fondation Cartier. 
Fruit de plus de vingt ans d’échanges, cet ouvrage propose des textes critiques et des entretiens avec des artistes tels que Raymond Depardon, Andrei Ujica et Mœbius, et met ainsi en évidence la pensée visionnaire de cet essayiste dont les textes sont toujours d’une incroyable actualité.

Dialogues sur l'émergence

Rémy Lestienne


Avril 2012 - Le Pommier - "Mélétè" - 23 €

Pour expliquer l’apparition de nouveautés dans la nature, depuis la particule élémentaire jusqu’aux galaxies, depuis l’amibe jusqu’à l’Homme, il manquait une nouvelle approche scientifique capable de rendre compte de la complexité de ces phénomènes.
Les scientifiques et les philosophes qui se penchent sur ces questions l’ont appelée émergence.
Jusqu’alors, la science a procédé en cherchant à expliquer un phénomène en le décortiquant pour l’amener au plus simple, de façon réductionniste. Mais les nouveautés qui relèvent des recherches sur l’émergence ne peuvent se réduire à cette méthode. Ils ont demandé l’élaboration d’une autre forme d’outils : la connaissance que nous avons de chacune des parties de l’ensemble ne saurait suffire, il faut y ajouter celle de l’ensemble en tant que tel.
Et, pour nous faire comprendre ce bouleversement de nos connaissances, Rémy Lestienne a choisi de faire revivre les trois protagonistes que Galilée avait utilisés pour nous faire saisir le formidable changement de perspective lié à l’héliocentrisme dans Dialogue sur les grands systèmes du monde.
Chaque jour d’un certain printemps, Simplicio, Sagredo et Salvata, se rendent à Saint Germain des Près, au musée du CNAM, etc. Ils y retrouvent d’illustres scientifiques, tels James Clerk Maxwell, Charles Darwin ou Ilya Prigogine. Avec eux, ils discutent d’émergence dans leurs disciplines respectives et éclairent des phénomènes aussi étonnants que l’envol en formation d’une colonie d’étourneaux ou la nature du temps.

mercredi 2 mai 2012

Et pourtant elle tourne...

Slavoj ŽiŽek



Avril 2012 - Editions Nessy - "La philosophie aux éclats - 25 €

La légende dit qu’en 1633 Galilée chuchota : « Eppur si muove » –  
« Et pourtant elle tourne » – après avoir dû renier, face au tribunal de 
l’Inquisition, sa théorie, selon laquelle c’est la Terre qui tourne autour du 
Soleil – et non l’inverse. Il n’est pas certain que Galilée ait effectivement 
prononcé cette phrase en sortant du tribunal ; mais, aujourd’hui, en tout 
cas, cette phrase est un adage : celui qui possède un vrai savoir peut devoir 
y renoncer par la force, ce savoir restera vrai. 
Mais ce qui rend si intéressante cette célèbre phrase, c’est qu’elle peut 
être comprise dans un tout autre sens, opposé, pour démontrer qu’une vérité 
symbolique, si profonde soit-elle, peut ne pas être littéralement vraie. 
Car cette phrase n’a peut-être jamais été prononcée par Galilée...


Dans Terma, un épisode de la quatrième saison de la célèbre série
X-Files, « Et pourtant elle tourne » remplace l’habituelle petite phrase 
introductive « La vérité est ailleurs », signifiant que même si leur existence 
est déniée par la science traditionnelle, d’étranges monstres ne se déplacent 
pas moins dans nos sphères. Cela peut aussi bien signifier que, même 
s’il n’y a pas, en réalité, de monstre, la fiction de telles existences aura un 
effet sur nous...


Par-delà la fiction de la réalité, il y a donc la réalité de la fiction... 
Freud et Lacan sont les noms essentiels d’une telle compréhension : 
« Et pourtant elle tourne », « Et pourtant, ça bouge », pourrait-on dire, 
et ce livre entend reconnaître les traces d’un si étrange phénomène chez 
Platon, dans le christianisme, et chez Heidegger.



mardi 1 mai 2012

Le mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle

Patrick Marcolini

Avril 2012 - L'échappée - 22 €

Dans les années 1960 et 1970, partout dans le monde, des révoltes éclatent contre l’emprise grandissante de la marchandise et de l’État sur tous les aspects de la vie. Les situationnistes ont contribué à forger les outils critiques de ce soulèvement généralisé, aux côtés d’intellectuels et de groupuscules influencés par le marxisme et l’anarchisme. Mais à la différence de ces derniers, ils ne venaient pas tant du mouvement ouvrier que des avant-gardes artistiques du XXe siècle : Dada, le surréalisme, le lettrisme. Artistes en rupture de ban, mi-rebelles mi-voyous, les situationnistes s’étaient réunis sur la base d’un programme radical : le refus des conditions de vie faites à l’homme moderne, aussi bien dans les sociétés capitalistes avancées que dans les régimes dits communistes, et la volonté d’expérimenter de nouvelles formes d’existence et de communauté en rupture avec l’ordre établi. 

Ce livre analyse avec précision les racines culturelles des théories et des pratiques situationnistes. Il explore également leur postérité diverse et souvent contradictoire : entre récupération et radicalisation, du côté des intellectuels postmodernes ou de l’art contemporain, chez les stratèges du pouvoir néocapitaliste comme dans les rangs des révoltés d’aujourd’hui.

Pourquoi philosopher ?

Jean-François Lyotard


Avril 2012 - PUF - "Travaux pratiques" - 10 €

« Pourquoi philosopher ? Parce qu'il y a le désir, parce qu'il y a de l'absence dans la présence, du mort dans le vif ; et aussi parce qu'il y a notre pouvoir qui ne l'est pas encore ; et aussi parce qu'il y a l'aliénation, la perte de ce qu'on croyait acquis et l'écart entre le fait et le faire, entre le dit et le dire ; et enfin parce que nous ne pouvons pas échapper à cela : attester la présence du manque par notre parole. En vérité, comment ne pas philosopher ? »
D'une rare limpidité pédagogique, en même temps que d'une rare profondeur philosophique, ce cours d'introduction à la philosophie donné par Lyotard en 1964 est totalement inédit.