mercredi 26 février 2014

Pour un universalisme critique. Essai d'anthropologie du contemporain

Mondher Kilani

La Découverte - Février 2014

Connecté comme jamais, le monde contemporain est traversé d'inégalités et de violences productrices de hiérarchies, sources de maints troubles. Pour le comprendre, l'anthropologie se révèle précieuse. Elle se distingue en effet par sa capacité à faire varier les échelles d'observation. Elle donne à voir le monde pour saisir la fabrique du social, permet de traduire les formes d'expérience, sans y chercher une nécessaire nature, appréhende le réel sur un large fond de possibilités.
Cinq grandes raisons illustrent, dans cet essai lumineux, une telle ambition analytique : la raison civile (rapports entre religions et société civile), la raison identitaire (jeux de la mémoire et de l'oubli dans la construction des identités), la raison sacrificielle (rapport à l'animal, réel ou mythique, et place du sacrifice dans le monde contemporain), la raison génocidaire (stigmatisation et exclusion de populations jusqu'aux violences les plus extrêmes) et, enfin, la raison anthropologique et son nécessaire « ethnocentrisme critique ».
Cette dernière problématique est le point de convergence de toutes les autres. D'où le plaidoyer pour un universalisme critique, conscient de ses présupposés, qui s'assume jusque dans son incomplétude. Du voile islamique en Europe à la mémoire et aux commémorations, en passant par la crise de la « vache folle » et les mythes du cannibale, les théories « racialistes », les massacres de masse ou le nouvel « universalisme » américain depuis le 11 Septembre, l'anthropologie offre une approche unique pour qui veut comprendre la trame invisible du contemporain.

L'Universel en éclats. Court traité politique 3

Jean-Claude Milner
 
 
Verdier - Février 2014
 
Les mots et les choses nous enserrent dans une forêt obscure. Mais, dit-on, nous avons ce qu’il faut pour nous guider : nous sommes capables d’universel.
La lumière de l’universel est forte, constante et sûre. Telle est du moins la conviction que nous ont léguée plus de deux mille ans de philosophie. Paul de Tarse l’a renforcée, au nom du Christ. La politique a pris le relais.
Mais le doute est un devoir. Qu’arriverait-il, est-on en droit de se demander, si l’universel était un feu précaire ?
Il faut s’en approcher, sans crainte ni respect. On découvre alors que l’universel n’est pas né tout armé de la pensée d’un dieu, mais qu’il est oeuvre humaine. Il a une histoire et même des aventures.
Le roman de l’universel passe par les détroits de la parole, il ouvre des précipices et les unicités explosent. Solitaire pour tous, l’explorateur ne découvre pas une belle statue immobile, mais
un labyrinthe mouvant de métamorphoses.
Je convie les êtres parlants à m’accompagner dans cette expédition.
 

La Réification. Histoire et actualité d’un concept critique

Vincent Chanson - Alexis Cukier - Frédéric Monferrand
 
 
La Dispute - "Philosopher" - Février 2014

Le capitalisme est une totalité qui produit des effets dans toutes les sphères de la vie. Le concept de réification, élaboré par Georg Lukács pour désigner « le fait qu’un rapport, une relation entre personnes, prend le caractère d’une chose », permet d’en rendre compte et de critiquer la réduction des individus à de simples fonctions de la reproduction sociale, ainsi que la domination qu’y exercent la marchandise, la division du travail, l’État, le droit formel et la bureaucratie, sur les pratiques et les formes de vie.
La Réification réunit les contributions de philosophes qui interrogent l’histoire et l’actualité de ce concept dans la perspective d’une critique du capitalisme contemporain. Y sont expliquées, discutées et réactualisées les théories de la réification à l’œuvre dans les marxismes et les théories sociales critiques, depuis Marx, Weber et Lukács jusqu’à Adorno, Lefebvre, Sartre, Honneth, Žižek et les théories queer et féministes.
Cet ouvrage collectif, en montrant au-delà des théories philosophiques et sociologiques habituelles que le capitalisme est une forme sociale totale, porte un éclairage original dans les débats contemporains sur le capitalisme et son dépassement.

mardi 25 février 2014

Peuples et populisme

Catherine Colliot-Thélène & Florent Guénard
 
 
Puf / La Vie des Idées - Février 2014
 
Le populisme est-il la vérité d’un régime démocratique qui n’a jamais réellement su donner un statut politique au « peuple » ou sa caricature la plus profonde ? Est-il l’expression contemporaine que le demos est aujourd’hui bel et bien fictif, si tant est, comme ne cessent de le clamer les adversaires de la démocratie, qu’il ait existé un jour ? L’écart entre le principe de la démocratie et sa réalité semble aujourd’hui maximal : ce n’est pas le peuple qui exerce le pouvoir, mais les experts, précisément parce que le peuple est jugé irresponsable, irrationnel, incapable de parvenir à ce degré de généralité que requiert l’exercice de la souveraineté. Faut-il donner raison à un tel jugement et condamner l’idée même de peuple sous prétexte qu’elle peut donner lieu à tous les excès ?
 
Ce livre est présenté par Catherine Colliot-Thélène, professeur de philosophie à l’université Rennes-1, membre de l’Institut universitaire de France. Dernière publication : La démocratie sans « démos » (Paris, Puf, 2010).
 
Ce livre a été coordonné par Florent Guénard, maître de conférences à l’université de Nantes (CAPHI), chercheur associé au Collège de France. Dernière publication : Le ressentiment, passion sociale (Rennes, PUR, 2012, avec Antoine Grandjean).
 
Ont contribué à cet ouvrage Catherine Colliot-Thélène, Chloé Gaboriaux, Florent Guénard, Pierre Rosanvallon et Juliette Roussin.
 
Table
 
« Quel est le peuple du populisme ? », par Catherine Colliot-Thélène
« Penser le populisme », par Pierre Rosanvallon
« Existe-t-il encore un peuple ? Démocratie et vie moderne », par Florent Guénard
« L’autre peuple. La gauche et les paysans au XIXe siècle », par Chloé Gaboriaux
« La sagesse du peuple », par Juliette Roussin
Bibliographie sélective
 
 

vendredi 21 février 2014

Querelles cartésiennes

Pierre Macherey

 
Septentrion - Coll. Opuscules n°31 - Janvier 2014
 
L'histoire de la pensée occidentale est jalonnée de grandes « querelles », comme celle des universaux ou celle des anciens et des modernes. C’est à travers de tels débats, comme ceux qui, durant la seconde moitié du XXe siècle, ont opposé en France Gueroult et Alquié ou Foucault et Derrida, que, à notre époque, elle reste vivante. En prenant en considération certains aspects surprenants de sa réception, on mesure à quel point une doctrine comme celle de Descartes, qu’aucune entreprise académique n’est parvenue à momifier, appelle des engagements de pensée pratiqués au présent, et répugne à une appréhension objective ou prétendue telle, qui, en la considérant à distance, la relèguerait dans un passé révolu. L’œuvre de Descartes reste pour nous encore en grande part une énigme, et ainsi elle constitue une invitation ou une provocation à penser, en nous tenant à l’écart des idées touts faites : c’est par là, et non par les certitudes acquises dont elle serait porteuse, qu’elle se révèle incontournable pour qui s’intéresse à la philosophie.
 
Avant Propos

Chapitre 1
Le débat Alquié-Gueroult autour de la question du cogito

Chapitre 2
Le débat Foucault-Derrida autour de l'argument de la folie et du rêve

Chapitre 3
D'une querelle à l’autre

ANNEXE
Descartes, philosophe « français » ?
1. Descartes et le « cartésianisme »
2. Descartes « séparé de sa philosophie » (François Azouvi, Descartes et la France – Histoire D’une passion nationale)
3. Descartes, est-ce la France ? (André Glucksmann, Descartes c’est la France)
 
* Chronique de livre à paraître prochainement

mardi 18 février 2014

La philosophie en France aujourd'hui (1)

Revue Cité n°56

 
Décembre 2013
 
Que se passe-t-il dans la philosophie en France aujourd'hui, après les grandes figures de la deuxième partie du XXe siècle qui ont dominé la scène mondiale :
Sartre, Lacan, Foucault, Derrida, Althusser, Deleuze, Levinas, Lyotard, Lévi-Strauss et quelques autres ?
Y a-t-il de nouvelles figures, des problématiques différentes, ou la philosophie française ne vit-elle que dans l'ombre de ses aînés, lesquels continuent à faire périodiquement événement à travers la publication de leurs cours, séminaires, inédits ?
Nous avons voulu montrer dans deux numéros de Cités (56 et 58) que la philosophie est bien vivante en France, qu'elle élabore des approches et des concepts susceptibles de relever les défis de notre temps.
L'idée de ces deux numéros est venue de l'autre côté de l'Atlantique. On nous a souvent demandé où en était la philosophie en France aujourd'hui : quelles étaient les figures majeures, les nouvelles perspectives et les nouveaux acteurs. Nous avons donc voulu relever ce défi.
Yves Charles Zarka, directeur de la revue Cités
 
Éditorial : Yves Charles Zarka, La philosophie à l'épreuve de la marchandisation de la culture
La Philosophie en France aujourd'hui
• Yves Charles Zarka et Juliette Grange, présentation
• Pierre Macherey, faire de la philosophie en France aujourd'hui
• Philippe Capelle-Dumont, que devient la « phénoménologie française » ?
• Didier Mineur, après Foucault. La philosophie politique en France depuis les années 1980
• Pierre Dardot et Christian Laval, après Althusser, quelle actualité de Marx ?
• Carole Talon-Hugon, après Lyotard : l'esthétique en France aujourd'hui
• Jean-Pierre Dupuy, le lien obscur entre les sciences cognitives et l'antihumanisme
• Frédéric Worms, le nouveau problème du vivant et la philosophie française aujourd'hui
Nouvelles approches philosophiques
• Yves Charles Zarka, présentation
Paul Audi • Ali Benmakhlouf • Jocelyn Benoist
Marc Crépon • Franck Fischbach • Tristan Garcia
Frédéric Gros • Bruno Karsenti • Hélène L'Heuillet
Guillaume Le Blanc • Corine Pelluchon • Charles Ramond
Pierre-Henri Tavoillot • Pierre Zaoui
Vie Politique
Libre-échange et idéologie sécuritaire
Jacques de Saint-Victor, présentation
Amiral Pierre Lacoste, espionnage et économie
Jacques de Saint-Victor, traité transatlantique : de « l'exception culturelle » à « l'exception civilisationnelle »
Vie intellectuelle
François Rastier, Vattimo et les mains sales de Heidegger

dimanche 16 février 2014

Le Bien naturel

Philippa Foot

 
Labor et fides - Février 2014
 
Qu’est-ce que le Bien ? On répond généralement à cette question en recourant à des catégories morales : le Bien consiste à agir conformément à la loi morale (Kant) ou à contribuer au bonheur du plus grand nombre (l’utilitarisme). Dans
« Le Bien Naturel », Philippa Foot rompt avec cette prémisse. Le Bien désigne les qualités qui font l’excellence d’un être vivant : un homme est excellent parce qu’il dispose de toutes les qualités requises par la forme de vie spécifiquement humaine. Ces qualités ne sont pas seulement physiques (comme dans le cas d’un cheval par exemple), mais morales, à savoir ce qu’on appelle traditionnellement des vertus. Avec cette thèse extrêmement originale (quoique fidèle à Aristote), Foot entend d’une part récuser la dichotomie traditionnelle entre les faits et les valeurs, mais également montrer que cette explication de la notion de Bien permet de réinterpréter l’impératif catégorique kantien et de répondre au défi nietzschéen de l’immoralisme. Ce texte a donné et donne lieu à d’importantes discussions dans les pays anglo-saxons et en Allemagne.
Philippa Foot (1920-2010) est une éthicienne anglo-américaine ; elle a été l’une des fondatrices de l’éthique des vertus. Ses nombreux articles ont joué un rôle essentiel dans la discussion éthique des pays anglo-saxons.

Survivre et vivre. Critique de la science, naissance de l’écologie

Coordonné par Céline Pessis
 
 
Editions l'Echappée - Février 2014
 
Dans l’après 68, Survivre et Vivre, le mouvement de scientifiques critiques rassemblés autour du grand mathématicien Alexandre Grothendieck, dénonce la militarisation de la recherche et l’orientation mortifère du développement technoscientifique. Rapidement devenus les fers de lance d’une fronde antiscientiste, ces « objecteurs de recherche » sont des acteurs de premier plan dans  l’émergence du mouvement écologique français. Aux côtés de Pierre Fournier, ils participent à l’essor du mouvement antinucléaire. Lié aux objecteurs de conscience, à des mouvements hygiénistes et naturistes, à des agrobiologistes et des naturalistes, Survivre et Vivre prône la subversion culturelle et essaime en une vingtaine de groupes locaux. Proche de Robert Jaulin, Serge Moscovici et Bernard Charbonneau, il s’affirme comme le « laboratoire idéologique de la révolution écologique ».
Ce livre présente les principaux textes de la revue Survivre... et Vivre. éditée par le mouvement de 1970 à 1975, elle fut la première revue d’écologie politique influente. Des contributions d’anciens membres de Survivre et Vivre mettent en perspective cette expérience collective et ses cheminements d’hier à aujourd’hui.
Textes à l’appui, ce livre offre aussi un panorama plus large de la critique des sciences des années 1970. à l’heure du capitalisme vert, il invite ainsi à renouer avec les racines critiques de l’écologie politique et à s’abreuver à sa joyeuse radicalité.
 

La condition nucléaire. Réflexions sur la situation atomique de l’humanité

Jean-Jacques Delfour
 
 
Editions l'Echappée - Février 2014
 
La condition nucléaire est l’exploitation des générations à venir que l’on contraint à vivre au milieu des radionucléides et qui auront à gérer pendant des millénaires des millions de tonnes de déchets hautement radioactifs. La condition nucléaire est l’annulation de la valeur de l’humain et du vivant au profit de la jouissance technologique absolue, et, corrélativement, la négation de la différence entre démocratie et dictature, entre guerre et paix. Elle est aussi la destruction de la responsabilité éthique et de la valeur morale des actions, au bénéfice d’une extension illimitée du pouvoir des innovations technologiques, que l’élite technopolitique ne contrôle même plus. Elle est, sur le plan intellectuel, le renoncement forcé à la construction dialectique du savoir sur le réel et, conséquemment, le fait de devoir s’en remettre uniquement à la chance. La condition nucléaire est le retour du magisme au sein même du savoir technoscientifique moderne. C’est le projet anthropologique d’un surhomme débarrassé de la vie.

Traduire Heidegger – Lacan / Refonder l’esthétique – Pierre Kaufmann

Revue Le Portique n°31 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Benoît Goetz
Présentation [Texte intégral]
 
Traduire Heidegger – Lacan
  • Martin Heidegger
    Logos [Texte intégral disponible en novembre 2015]
    Traduit par Jacques Lacan 
    Jacques Lacan’s translation of « Logos », one of Martin Heidegger’s conferences
    Übersetzung des Textes « Logos » von Martin Heidegger von Jacques Lacan
  • Jean-Paul Resweber
    De la traduction à l’interprétation [Texte intégral disponible en novembre 2015]
    From translation to interpretation
    Von Übersetzung bis Interpretation

Refonder l’esthétique – Pierre Kaufmann


Marges et controverses

  • Denis Viennet
    De l’urgence de résister aujourd’hui [Texte intégral disponible en novembre 2015]
    Glose sur les fondements du Principe d’Université
    On the urgency of resisting today : gloss on the foundations of the Principle of University
    Über die dringende Not heute zu widerstehen. Auslegung über die Gründe des Prinzips der Universität
  • Marylin Molinet
    The first modern art museum, a sunken monument. Kronprinzenpalais, Berlin (1919-1933)
    Das erste Museum der modernen Kunst: ein verschwundenes Monument
  • Charbel Jean Skaff
    L’amnistie et la justice transitionnelle [Texte intégral disponible en novembre 2015]
    Un exemple : les accords de paix au Liban
    Amnesty and transitional justice : the example of Lebanon peace accords
    Amnestie und Gerechtigkeit nach dem libanischen Beispiel
    Article 3


 

jeudi 13 février 2014

Leibniz : Monades et mondes

Archives de Philosophie — Tome 77, numéro 1 : printemps — janvier-mars 2014
 
 
Éditeur : Centre Sèvres
 
 
Lire Leibniz aujourd'hui...
C'est le très beau titre donné par Paul Rateau, éminent spécialiste de Leibniz, à l'avant-propos du dossier magnifique qu'il livre aux Archives de philosophie : Leibniz. Monades et mondes
Pourquoi 'aujourd'hui' ?
Il s’agit de rendre compte de l’état actuel des recherches leibniziennes, grâce à la publication de nouveaux écrits leibniziens cruciaux pour approfondir sa philosophie : en particulier sur deux notions fondamentales :
  • la monade, notion unifiante pour « comprendre le réel » ;
  • la « nature du monde » représentée par les monades.

Le dossier propose une actualité de la recherche. Ajoutons enfin que ce dossier ouvre l'année du tricentenaire de la monadologie.
Aujourd'hui encore...
Mais il ne serait pas véritablement un dossier des Archives de philosophie s’il ne répondait pas à des questions d’aujourd’hui : la complexité du temps, du point des continuités et des ruptures auxquelles il soumet, comme un labyrinthe, cette monade qu’est l’homme ; le paradoxe du vivant, vécu selon sa dynamique propre ; le progrès de l’univers et de ce qui y est contenu, tant d’un point vue physique, métaphysique que moral.
Les différentes contributions du dossier apportent, à partir de Leibniz, leurs propres lumières sur ces questions : des lumières faisant sens pour aujourd’hui.
 

La trique de nos meneurs ou le Nanar chrétien

Alain Jugnon
 
 
Editions Dasein - Février 2014
 
 
«Voici le temps du chrétien vedette de l’écran».

«Ce livre (…) veut inventer un personnage qui bien que très chrétien et très actif de nos jours, ne sait pas lui-même qu'il ne l'est plus - chrétien - croyant l'être spectaculairement et dans la pure imitation d'une pauvreté christique imaginaire: ce christianisme post-moderne se nomme lui-même "anarchrisme" il est très minoritaire mais cherche à séduire tous azimuts (…) mon objet est en fait l'invention du pire christianisme possible sous la forme du "nanar chrétien" (…) qui séduit parce que anti-tout, anti-méchant anti-homme et anti-loi...» (A. Jugnon.)

Extrait:
«22 – ( le monde fait par elle )
Le Nanar chrétien est par essence plein des trous que la vie de Jésus a occasionnés dans son corps de Christ à partir de l’année zéro. Le déplacement à dos d’âne aussi. Le transport de croix. Sans oublier la bannière : la France est son trou […]
60 – ( sont le théâtre des révoltes furieuses )
Le Nanar chrétien fait le fort avec les bras : il parle avec Jésus comme le grand inquisiteur avec Dieu : "Patron, c’est qui le prochain sur la liste. Qui, ô Grand Inquiqui ?" […]
88 – ( où vous ne pourrez plus jamais m’oublier )
Le Nanar chrétien a lu tous les livres, il a eu toutes les idées, il a vécu toutes les expériences. Comme vous et moi. Mais, lui, croit en Celui qui n’a pas lu, pas d’idées, pas vécu […]»

Alain Jugnon est philosophe et écrivain. Il dirige les cahiers Artaud et les cahiers Contre-Attaques.

De la forme à l’être. Sur la genèse philosophique du projet husserlien d’ontologie formelle.

Sébastien Richard
 
 
Editions d'Ithaque - "Science & métaphysique" - Février 2014
 
Les développements de la logique et de la mathématique nous ont donné accès à une conception renouvelée du formel. Mais celui-ci se limite-t-il à la déduction ? Ou y a-t-il au contraire une portée proprement ontologique de la forme ? C’est ce qu’a soutenu Edmund Husserl au tournant des XIXe et XXe siècles avec la notion d’ontologie formelle.
Cette théorie de l’objet n’est cependant pas sortie toute armée de la tête du futur fondateur de la phénoménologie. Le présent ouvrage a pour but de montrer qu’un tel projet ontologique émerge d’un réseau conceptuel complexe, où se rencontrent l’ontologie moderne et médiévale, la logique formelle, les mathématiques abstraites ainsi que la psychologie scientifique.
Dans cette perspective, le projet métaphysique d’ontologie formelle, s'il demeure original, est un héritier de la tradition ontologique moderne comprise comme tinologie et issue du processus de noétisation de l’objet de la métaphysique initié par le second commencement de la métaphysique à la fin du Moyen Âge, du problème des représentations sans objet dans la tradition philosophique brentanienne dont devaient sortir diverses Gegenstandstheorien, du problème des Gestalten dans cette même tradition et de l’émergence d’une nouvelle conception de la formalité dans la mathématique du XIXe siècle.
La rencontre de ces différents champs a donné naissance chez Husserl à une conception profondément originale de l’ontologie, qui nous enjoint de concevoir les relations qui structurent la réalité moins en termes de substance et d’accident qu’en termes de tout et de partie. La méréologie s'est vue ainsi dotée d’un rôle central au sein de l’ontologie, rôle qui est encore largement le sien dans la métaphysique analytique contemporaine.
 
 
 

mardi 11 février 2014

Le Bruit du sensible

Jocelyn Benoist

 
Editions du Cerf - Passages - Novembre 2013
 
Qu’est-ce que la perception ? Par elle, que nous disent les sens du monde, de l’autre et de nous-même ? Rien ! Les sens sont muets. Ils n’ont rien à nous dire ! Telle est la réponse de Jocelyn Benoist. Il est essentiel, pourtant, que nous puissions en parler. Seulement c’est nous qui parlons, non eux.

Et si, voulant faire droit à la réalité de notre expérience sensible, nous commencions par renoncer à la traiter d’abord comme un discours ? Le mutisme des sens demeure traversé de bruits. Jocelyn Benoist, envers et contre un certain traitement philosophique de la perception — qui la confond avec la connaissance que nous pouvons en tirer ou le sens que nous pouvons lui donner —, nous invite à écouter en elle le bruissement du sensible. Selon lui, pour rendre celui-ci pleinement audible, il faut congédier ce que la philosophie aujourd’hui appelle « le problème de la perception » et, peut-être, renoncer au concept même de « perception » tel que nous l’héritons de la philosophie moderne, au profit d’une enquête sur la texture réelle et poétique du sensible.

lundi 10 février 2014

Le compositeur, son oreille et ses machines à écrire. Déconstruire les grammatologies du musical pour mieux les composer

Fabien Lévy

 
Vrin, « MusicologieS », Janvier 2014
 
On a souvent reproché à la “musique contemporaine”, terme générique, d’avoir favorisé la spéculation intellectuelle au détriment de l’expérience sensible. Cependant, ce mouvement, qui a produit des œuvres extraordinaires et diversifiées, s’est d’une part inscrit dans l’élan structuraliste d’après-guerre, et n’est d’autre part que la continuation d’une pratique occidentale de la musique fondée, depuis Pythagore, sur le logos et l’abstraction. La fin des années 60 contestera dans de nombreux domaines, en particulier en musique, certains principes intrinsèques à la modernité occidentale.
Cet ouvrage tente une déconstruction systématique des opérateurs de la modernité des musiques occidentales, plus particulièrement une réflexion sur les rapports entre écriture et composition : quels sont les enjeux et les limites de la spéculation analytique? Quelle relation existe entre structure sur le papier et forme perçue? Qu’est-ce qu’une musique complexe? Qu’appelle-t-on consonance en Occident? Ce livre est destiné aux compositeurs, musiciens et mélomanes intéressés par les problèmes d’écriture musicale, mais aussi à ceux qui souhaitent comprendre en quoi la musique pose, avec son vocabulaire propre, des questions analogues à celles des autres disciplines de l’esprit.
 
Préfaces de Hugues Dufourt et de Jean-Claude Risset.
Fabien Lévy est compositeur, actuellement professeur de composition à la Columbia University de New York et à la Hochschule für Musik de Detmold.

Généalogies philosophique, politique et imaginaire de la technoscience

Gilbert Hottois
 
 
Vrin, « Pour demain », Janvier 2014
 
Le présent ouvrage a pour fins de :
- clarifier l’origine du terme « technoscience » et l’évolution de son usage. La technoscience a deux origines indépendantes qui remontent aux années 1970 : anglaise (américaine) et française (belge).
- Rendre accessible un texte fondateur qui n’avait jamais encore été publié intégralement : Philosophie et futur (1976), probablement un des premiers textes français qui utilise la littérature de science-fiction comme source d’inspiration et d’illustration pour la réflexion philosophique.
- Encourager la lecture et l’étude de la science-fiction, passée et actuelle, en raison de sa pertinence pour le questionnement et la réflexion philosophiques. La science-fiction suscite et développe le sens de l’étonnement, de l’émerveillement à la recherche d’une explication rationnelle; elle favorise aussi la capacité de distanciation. Elle offre un trésor d’expériences de pensée qui interpellent les chercheurs en philosophie autant qu’en sciences humaines. En tant que document, la science-fiction est pertinente pour l’étude de l’évolution des représentations et images de la science et des techniques ainsi que de leur place dans la société au fil du XXe siècle.
- Illustrer l’intérêt de la notion de technoscience comme outil heuristique pour la lecture critique de la science-fiction.
 

La contingence du despote

Marc Richir

 
Payot- "Critique de la politique" - Février 2014
 
 
 
 

mercredi 5 février 2014

Usages de Foucault

Hervé Oulc'hen

 
PUF - Pratiques théoriques - Janvier 2014
 
L’œuvre de Foucault est tout entière traversée par la question théorique et pratique des usages. Question de méthode, d’abord : Foucault fait usage de l’archive à des fins de mise en intelligibilité du présent. Question thématique, ensuite : Foucault s’interroge sur la manière dont les individus font usage des normes qui les régissent dans un contexte historique donné. Question critique, enfin : le primat alloué à l’usage définit l’intellectuel non plus comme le détenteur d’un savoir réservé en position régalienne, mais comme un usager et un utilisateur des savoirs.
Lire Foucault aujourd’hui suppose de se saisir à nouveaux frais de ces dimensions multiples du motif de l’usage, ce qui implique de conjuguer la rigueur du commentateur et la liberté de l’utilisateur. Les contributions réunies dans le présent ouvrage donnent une vue d’ensemble des différents usages qu’il est possible de faire de Foucault aujourd’hui : tantôt en creusant des problèmes qu’il nous a légués et qui sont encore les nôtres (l’articulation du mental et du carcéral, la gouvernementalité, les régimes de vérité, la biopolitique), tantôt en mettant ses thèses à l’épreuve d’autres terrains, explorés notamment par les sciences sociales.

Gilbert Simondon : Sur la technique

Gilbert Simondon

 
PUF - Janvier 2014
 
À quelles conditions la technique peut-elle être porteuse de véritable progrès pour l’humanité ? La vie sociale n’est pas compréhensible sans sa dimension technique, pas plus que les développements de la technique (bons ou mauvais) ne sont indépendants des facteurs psychosociologiques. À travers les textes réunis ici, il s’agit de comprendre en quoi, de l’éducation à la publicité et à la culture en général, il est possible de faire de la dimension technique de la société autre chose qu’une source d’aliénation.
Une véritable approche psychosociologique donne aux hommes la chance d’être non pas esclaves du développement technique, mais, par une relation renouvelée aux êtres techniques, véritablement chez eux dans le monde d’aujourd’hui.
En traitant de divers aspects du rapport de l’homme à la technique et au monde, Gilbert Simondon rappelle le véritable sens de la technique : être, pour l’homme, la médiation vraie à la nature, le metaxu entre l’homme et le monde.
 
Gilbert Simondon (1924-1989) était normalien et agrégé de philosophie. Il fut professeur de phi-losophie au lycée de Tours, puis de psychologie à la faculté de Poitiers, à la Sorbonne et, enfin, à Paris-Descartes. Il est notamment l’auteur de deux thèses célèbres soutenues en 1958 : Du mode d’existence des objets techniques et L’Individuation à la lumière des notions de forme et d’information.

Louis Althusser : Initiation à la philosophie pour les non-philosophes

Louis Althusser

 
PUF - Perspectives critiques - Janvier 2014
 
En 1975, au milieu de la période la plus intensément politique de son œuvre et de sa vie, Louis Althusser décide de rédiger un manuel de philosophie qui serait accessible à tous. Initiation à la philosophie pour les non-philosophes en est le résultat. Bien loin toutefois du simple ouvrage de vulgarisation, c’est en réalité un véritable précipité des thèses les plus fondamentales de sa propre pensée qu’offre ici le philosophe, tant sur l’idéologie, la science et la religion, que sur le concept de pratique, central dans sa réflexion et développé ici comme jamais. Moment de synthèse dans son œuvre, instantané fulgurant d’une des plus influentes philosophies de la seconde moitié du XXe siècle et introduction cristalline à ses principales catégories, il s’agit donc aussi d’un manifeste pour la pensée à venir. Une pensée dont le succès contemporains des enfants d’Althusser, de Jacques Rancière à Alain Badiou et de Slavoj Žižek à Étienne Balibar, témoigne de la brûlante pertinence.

Wilhelm Dilthey : La vie historique. Manuscrits relatifs à une suite de l'édification du monde historique dans les sciences de l'esprit

Christian Berner, Jean-Claude Gens (annotations, traduction)

 
Septentrion - "Opuscules" - Février 2014
 
« Auparavant, on cherchait à saisir la vie à partir du monde. Mais il n'y a que la voie qui mène de l’interprétation de la vie au monde. Et la vie n’est là que dans l’expérience vécue, la compréhension et l’appréhension historique. Nous n’importons pas de sens du monde dans la vie. Nous sommes ouverts à la possibilité que le sens et la signification ne naissent qu’en l’homme et dans son histoire. Pas dans l’homme singulier, mais dans l’homme historique. Car l’homme est un (être) historique. »
Wilhelm Dilthey
 
 
Sommaire
 
 
Présentation

Projet d'une suite de  L'édification du monde historique dans les sciences de l'esprit
Première partie : expérience vécue, expression et compréhension [191]
I. L’expérience vécue et l’autobiographie
1. La tâche d’une critique de la raison historique
2. Prise de conscience, réalité : temps
3. La configuration de la vie
4. L’autobiographie
Complément de 3 : la configuration de la vie

II. La compréhension d’autres personnes et de leurs extériorisations vitales
1. Les extériorisations vitales
2. Les formes élémentaires de la compréhension
3. L’esprit objectif et la compréhension élémentaire
4. Les formes supérieures de la compréhension
5. Se transposer dans, refigurer, revivre
6. L’interprétation

Compléments
1. La compréhension musicale
2. Vivre et comprendre
3. Méthodes de la compréhension
4. Herméneutique
5. Les limites de la compréhension

III. Les catégories de la vie

IV. La biographie
1. Le caractère scientifique de la biographie
2. La biographie comme œuvre d’art

Seconde partie : la connaissance de la configuration historique universelle
Introduction
Premier projet d’une suite
1. La relation fondamentale : la structure des formations historiques
2. La structure de chaque configuration historique
3. Les sujets des énoncés historiques
4. Les sujets historiques concrets de race, de peuple, etc.
5. Les systèmes culturels
6. La vie économique
7. Le droit et son organisation dans la communauté
8. L’articulation de la société
9. Mœurs, ethos et idéal de vie
[266] 10. La religion et son organisation
11. L’art
12. Les sciences
13. Conception du monde et philosophie
14. La configuration des organisations dans l’État
15. Les nations en tant que véhicules de la puissance, de la culture, etc.
[269] 16. L’humanité et l’histoire universelle
17. Nature du système. But de l’ouvrage

Second projet d’une suite
1. Le problème de l’histoire
2. Les nations
4. Le progrès
La configuration de l’histoire universelle
Conclusion du traité

Glossaire
Index nominum
 
 
* Chronique à paraître