Mondher Kilani
La Découverte - Février 2014
Connecté comme jamais, le monde contemporain est traversé d'inégalités et de violences productrices de hiérarchies, sources de maints troubles. Pour le comprendre, l'anthropologie se révèle précieuse. Elle se distingue en effet par sa capacité à faire varier les échelles d'observation. Elle donne à voir le monde pour saisir la fabrique du social, permet de traduire les formes d'expérience, sans y chercher une nécessaire nature, appréhende le réel sur un large fond de possibilités.
Cinq grandes raisons illustrent, dans cet essai lumineux, une telle ambition analytique : la raison civile (rapports entre religions et société civile), la raison identitaire (jeux de la mémoire et de l'oubli dans la construction des identités), la raison sacrificielle (rapport à l'animal, réel ou mythique, et place du sacrifice dans le monde contemporain), la raison génocidaire (stigmatisation et exclusion de populations jusqu'aux violences les plus extrêmes) et, enfin, la raison anthropologique et son nécessaire « ethnocentrisme critique ».Cette dernière problématique est le point de convergence de toutes les autres. D'où le plaidoyer pour un universalisme critique, conscient de ses présupposés, qui s'assume jusque dans son incomplétude. Du voile islamique en Europe à la mémoire et aux commémorations, en passant par la crise de la « vache folle » et les mythes du cannibale, les théories « racialistes », les massacres de masse ou le nouvel « universalisme » américain depuis le 11 Septembre, l'anthropologie offre une approche unique pour qui veut comprendre la trame invisible du contemporain.
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