mercredi 9 juillet 2025

David Graeber : Valeur, politique et démocratie aux États-Unis

 PUF - Juillet 2025


Comme le veut la collection Lignes de partage/Essentiels, cet ouvrage donne à lire un texte inédit en français du célèbre anthropologue américain David Graeber, au moment où l'on s'apprête à commémorer le 5e anniversaire de sa disparition soudaine et prématurée le 2 septembre 2020. En 2011, David Graeber fait paraître un article intitulé « Valeur, politique et démocratie aux États-Unis » qui propose une lecture renouvelée du vote des classes populaires américaines en faveur des Républicains, dont le programme économique est loin d'être en leur faveur. Selon Graeber, le vote des individus s'explique davantage par l'adhésion à des valeurs sociales que par un calcul reposant sur la seule valeur économique. En d'autres termes, les individus sont plus profondément altruistes qu'égoïstes. Or, aux États-Unis, le capitalisme financiarisé, en augmentant les inégalités, a mis fin à la plupart des voies de la mobilité sociale. Et ce notamment au sein d'institutions traditionnellement hors marché, les universités comme les hôpitaux ou les musées, institutions altruistes par excellence, souvent aux mains d'une classe aisée qui vote démocrate. Le vote républicain des classes populaires serait donc une réponse à cette impasse tout autant sociale qu'existentielle, à cette aliénation qu'elles attribuent à l'élite libérale. En préface, Véronique Dutraive nous donne les clés pour comprendre ce texte incroyablement riche et d'une actualité brûlante après la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis fin 2024. En postface, Nika Dubrovsky, la veuve de David Graeber, nous explique en quoi le projet Another Art World, qu'elle a lancé avec son époux, a pour but de mettre à disposition des moins privilégiés un espace qui échappe justement à la trivialité de l'économie et de la vie quotidienne.

David Graeber a pour caractéristique d'être tout autant un chercheur de renommée mondiale qu'un militant anarcho-libertaire. Ses livres en anthropologie économique notamment (« Dette : 5000 ans d'histoire » en 2011, « Bullshit Jobs » en 2018 et « Au commencement était... » en 2021) ont remporté un immense succès à la fois critique et public. Il a enseigné à Yale puis à l'université de Londres et enfin à la London School of Economics. En parallèle, il a été très actif au sein du mouvement Occupy Wall Street. Selon le « New York Times », il a été au début des années 2000 l'un des intellectuels les plus influents du monde anglo-saxon.

acheter ce livre


Dominique Chateau : Le savant et le scénariste. Des séries pour les méninges

 Atlande - Août 2025


Des séries pour les méninges, ça existe. The Big Bang Theory est remplie de références à la physique, Numb3rs à la logique, Friends recourt à la paléontologie comme à un divertissement exotique, The Good Place est baignée de philosophie, la théorie de l’audiovisuel affleure très nettement dans Community et les gender studies dans Parks and Recreation. Même dans des séries très grand public comme Les Experts, l’influence de la sémiotique est patente, en l’occurrence dans sa version Las Vegas. Pour leur part, Seinfeld et Doctor Who jouent sur les codes de la série et témoignent d’une vraie réflexion sur le genre.
Dominique Chateau ne se cantonne pas aux classiques anglo-saxons, il convoque aussi Juana la Virgen, un succès vénézuélien, véritable méta télénovela qui, à la fois, surfe sur les codes du genre et s’interroge sur celui-ci. L’auteur conclut son remue-méninges par une comparaison sur la présence de l’érudition au cinéma et dans les séries. Qui regarde quoi ? Comment ? D’où viennent ces références ? Comment les scénaristes se retrouvent-ils imbibés de ces cultures savantes ? Pourquoi choisisent-ils d’en jouer ? À mi-chemin entre l’analyse filmique et l’esthétique des arts visuels, ce petit essai est véritablement jouissif pour qui n’aime pas se contenter de “regarder idiot”.

acheter ce livre



Tresses, n°65 : Cher amour

ACF Aquitania - Juillet 2025


Chérir l’amour, aimer l’amour, se désespérer de l’amour, que ce soit trop ou pas assez, l’amour reste souvent la cause ou une cause pour commencer une analyse.
La découverte de Freud, c’est l’amour de transfert, un véritable amour. Surprise donc, car en analyse il n’y a pas de corps sexué en acte. « Faire l’amour » ne serait donc pas un vrai amour. C’est ainsi que Lacan peut énoncer que l’âmour c’est l’âme, et que l’âme âme l’âme.
L’amour de transfert supporte le désir du parlêtre. Pourquoi les analysants sont-ils si vivants, si engagés, si opiniâtres ? Prêts à tout, mais pas jusqu’au ravage. Le ravage est de l’ordre de la jouissance. « L’amour c’est ce qui permet à la jouissance de condescendre au désir. » Le désir, disait aussi Lacan, est le meilleur remède à l’angoisse.
La littérature abonde d’histoires de ravages, d’amours toxiques, de mourir d’amour.. !
Ce numéro 65 de Tresses, recueille cette disparité. Le thème choisi pousse à écrire. Des paradoxes de l’amour présents dans la première partie, on passe aux divers échos de l’amour dans la littérature, sans oublier la vie de l’ACF, et pour finir les ondes nous ont poussé vers l’art, des artistes qui nous touchent par leurs inventions singulières.
Entre répétition et tuche chaque rencontre reste unique entre s’écrire et ne pas s’écrire. « Tout amour, précise Lacan, de ne subsister que du cesse de ne pas s’écrire, tend à faire passer la négation au ne cesse pas de s’écrire, ne cesse pas, ne cessera pas. »
Chacun auteur reste guidé dans son travail d’écriture par l’étude et la pratique de la psychanalyse lacanienne, dont l’axe principal se lit entre les lignes à savoir que l’amour est une élucubration de langage sur l’inexistence du rapport sexuel.

acheter ce livre

Reiner Schürmann : Des hégémonies brisées

 Diaphanes - Juillet 2025


L'ouvrage testament et magnum opus du philosophe allemand d'expression française : une interprétation monumentale et radicalement nouvelle de l'histoire de la philosophie occidentale et de ses faillites, immense fresque historique où se déploie toute l'originalité de la pensée de Reiner Schürmann.

Philosophe allemand, Reiner Schürmann (1941-1993) est né à Amsterdam et a vécu en Allemagne, en Israël et en France avant d'immigrer aux États-Unis dans les années 1970, où il a été professeur et directeur du Département de philosophie à la New School for Social Research de New York. Il est l'auteur de trois livres sur la philosophie, tous écrits en langue française : Maître Eckhart et la joie errante, Le principe d'anarchie : Heidegger et la question de l'agir et Des hégémonies brisées. Les Origines est son seul travail de fiction. Il n'a jamais écrit ni publié dans son allemand natal. Académiquement peu visible, la pensée de Reiner Schürmann est aujourd'hui reconnue par Jacques Derrida, Dominique Janicaud, Gérard Granel, Giorgio Agamben ou Mehdi Belhaj Kacem.

acheter ce livre

Bernard Charbonneau : L'homme en son temps et en son lieu

 R&N - Juillet 2025


Rédigé en 1960, ce petit texte visionnaire, d'une grande portée spirituelle et philosophique, parle davantage encore à l'homme contemporain qu'à celui du milieu des « Trente Glorieuses ». Bernard Charbonneau y analyse l'importance du temps et du lieu sur la possibilité laissée à l'homme - ou conquise par lui - d'être libre ; l'ubiquité, l'accélération du temps, la contraction de l'espace, la démultiplication des sollicitations extérieures, la simultanéité, la perte dangereuse d'intérêt envers l'histoire et la géographie, la fuite hors de soi, sont autant de thèmes extrêmement contemporains abordés par ce livre inspiré au souffle fort dont la lecture redonne sa valeur au mot-clé des écrits et de la vie de Bernard Charbonneau : liberté.

Précurseur de l'écologie politique, penseur de grande valeur, Bernard Charbonneau (1910-1996) est injustement resté dans l'ombre de son grand ami et compagnon intellectuel Jacques Ellul.

acheter ce livre



Philosophia scientiae vol. 29/2, 2025 : : L’intuitionnisme entre philosophie, mathématique et logique : mutations et histoire longue

 Kimé - Juillet 2025


Les diverses contributions réunies dans ce volume concernent les mathématiques grecques et arabes, aussi bien que classiques. Dans les mathématiques grecques se pose le problème de la distinction entre significations purement verbales et significations fondées dans l’existence de l’entité définie (Aristote, Anal. post., II, chap. 4, 5 6 et 7). La question est alors de savoir quelle est la procédure susceptible d’attester une telle existence idéale : est-ce la démonstration qui doit écarter la présence de prédicats incompatibles dans la définition de l’entité mathématique ? Cette démonstration peut-elle avoir la forme d’une réduction à l’absurde ou, comme dit Aristote, d’une « réduction à l’impossible » (Anal. pr., II, 25, 69 a 29-34) ? Ou, conformément à la thèse exposée par Zeuthen dans « Die geometrische Construktion als „Existenzbeweis“ in der antiken Mathematik » (Mathematische Annalen 47, 1896), les géomètres grecs ont-ils adopté une position constructiviste relativement à l’existence des entités idéales des mathématiques ? Que signifie alors l’usage de la règle et du compas pour une telle construction des entités géométriques ? Enfin, quant à l’admission d’entités idéales infinies (droite, plan), est-elle recevable et requiert-elle une idéalisation de nos facultés ? Toutes ces questions mettent évidemment en jeu le rapport entre logique et mathématiques. Les contributions suivantes traitent de la théorie de la démonstration à l’époque classique, tant en mathématiques qu’en philosophie – puisque, chez plusieurs penseurs de cette époque, la philosophie a adopté le modèle d’une exposition ordine geometrico. Analysant dans Leibniz critique de Descartes (1960) la critique leibnizienne des quatre règles de la méthode cartésienne, Yvon Belaval avait opposé à l’intuitionnisme cartésien le formalisme leibnizien, au recours cartésien à l’évidence intellectuelle l’idée leibnizienne d’un enchaînement purement déductif des vérités ; dans le même temps, il avait montré comment, pour Leibniz, la considération de grandeurs infinitésimales était contraire à l’intuition. Pour autant, il avait relativisé cette opposition en montrant comment Descartes et Leibniz rejetaient tous deux le principe du tiers exclu. Ces analyses et oppositions doivent-elles être remises en question ? Quel est le sens exact de l’intuitionnisme cartésien ? ce dernier a-t-il son fondement dans le seul concept d’évidence intellectuelle ou dans le rejet du tiers exclu ? Kant défend-il également un intuitionnisme, alors même qu’il rejette toute idée d’intuition intellectuelle ? La position opposée à cet intuitionnisme est-elle le formalisme ? mais dans l’affirmative, comment faut-il alors entendre cette notion ? Les contributions portent également sur l’intuitionnisme de Poincaré et Brouwer et leurs descendants contemporains. Dans des textes célèbres, Brouwer avait mis en question l’applicabilité inconditionnée, en mathématique, du principe logique du tiers exclu (donc les démonstrations par l’absurde) ainsi que l’admission de l’existence idéale d’infinis actuels ; dans les mêmes années, Poincaré avait critiqué la construction cantorienne de la théorie des nombres transfinis, avec son échelonnement d’une infinité d’infinis actuels. Les problématiques plus contemporaines de l’intuitionnisme tournent donc autour de la question des limites de l’applicabilité des principes logiques (notamment du tiers exclu) et de celle de la limitation de l’infini à un infini potentiel ou en devenir. Dans cette perspective, si Husserl fait de l’intuition originairement donatrice la source de légitimité de toute connaissance, la phénoménologie transcendantale est-elle pour autant une variante de l’intuitionnisme brouwerien ? Ces textes permettent d’interroger les contours de la notion d’intuition et entendent, sinon trancher la question de son caractère univoque ou polymorphe, du moins contribuer à clarifier les données du problème et préciser ce qui peut fonder les diverses options possibles.

acheter ce livre




mardi 8 juillet 2025

Mika Hietanen : Classical Rhetorical Argumentation for the Rhetorical Critic

 Routeledge - Juillet 2025


This book offers a reassessment of argumentation in classical rhetoric, foregrounding its rational dimension. Moving beyond introductions, it provides insights from Aristotle, Quintilian, and other ancient thinkers while addressing common misconceptions and offering clarifications that are particularly valuable for the rhetorical critic.
Adopting a Scandinavian rhetorical perspective, this book argues that classical rhetoric offers enduring tools for both the analysis and the construction of persuasive argumentation. By bridging theory and practice, it demonstrates how classical rhetoric remains highly relevant, while also naturally integrating with analyses that focus on classical concepts such as ethos, pathos, or style - whether through neo-Aristotelian methods or contemporary approaches rooted in the classical rhetorical tradition. Key concepts are explored in dedicated chapters: the 'art' of logos-based argumentation is reassessed; enthymeme and epicheireme structures are examined; and topoi and staseis are discussed in relation to their later developments. A chapter on the centenary of rhetorical criticism traces its evolution from Herbert Wichelns (1925) to today, proposing a new template for the rhetorical critic.
This concise yet comprehensive book will interest intermediate and advanced students, as well as scholars of rhetoric, argumentation, persuasion, speech and writing studies, and communication studies.

acheter ce livre


Yvonne Toros : Spinoza : espace et transformation

 L'Harmattan - Juillet 2025


Henri Bergson comparait l’Éthique de Spinoza à un cuirassé Dreadnought, puisque imposant et impénétrable au premier abord. Or, quand on lui applique la bonne grille de lecture, elle s’avère être une cathédrale de lumière.
Il est possible de trancher les difficultés que Martial Gueroult et tant d’autres ont exposées et tenté de résoudre sur des centaines de pages si l’on écarte le soubassement euclidien que l’on prête à Spinoza. L’Éthique démontrée more geometrico n’est donc pas euclidienne, malgré sa forme expositive : elle est arguesienne, c’est-à-dire fondée sur cette même géométrie dont Michel Serres a démontré qu’elle avait structuré le système de Leibniz : le Brouillon Project de Girard Desargues.
La Monadologie et l’Éthique – un monde fermé et un monde ouvert : voilà deux visions qui initialisent, chacune à sa façon, l’univers baroque.

Yvonne Toros a enseigné la philosophie aux deux Gymnases de Lausanne, à l’université Paris VIII - Vincennes et à l’université de Metz. Après avoir soutenu sa thèse de 3ème cycle sous la direction de Michel Serres (publiée ici pour la première fois), elle a travaillé avec Gilles Deleuze sur sa thèse d’État : Spinoza et l’espace projectif (L’Harmattan, 2024). Elle a néanmoins mené la majeure partie de sa vie professionnelle en dehors de l’université, comme directrice générale de la Fédération des aveugles et handicapés visuels de France.

acheter ce livre


Simon Merle : Philosophie, la méthode de l'exemple

 Ellipses - Juillet 2025


On reproche souvent à la philosophie son abstraction et son élitisme. Les exemples ne sont-ils pas le remède ? Dans ce manuel, nous partons du principe que l’exemple n’est pas une simple illustration, mais qu’il se loge au cœur de la pratique du philosophe, qu’il soit amateur ou professionnel. Il met l’argument à l’épreuve de la réalité et le rend accessible à tous. Il permet au professeur de s’assurer de la bonne compréhension de ses élèves, et à ses derniers de remporter l’adhésion du correcteur. Mais comme tout ce qui a des effets thérapeutiques, il faut en faire bon usage, et c’est à cette fin que se consacre cet ouvrage, partagé entre apports culturels, conseils de méthode et exercices variés. Un manuel utile de la terminale aux études supérieures.

Simon Merle est professeur agrégé de philosophie, en lycée général, technologique et en classes préparatoires scientifiques. Il est l’auteur d’ouvrages de pop-philosophie et de manuels scolaires.

acheter ce livre



Arnaud Bernadet : La phrase continuée. Variations sur un trope théorique

 Classiques Garnier - Juin 2025


L'objet de ce livre n'est pas la phrase mais, pour reprendre Mallarmé, la phrase continuée, son invention comme phrasé. Alors que la tradition grammaticale cherche à identifier des phrases, ce qui en est et ce qui n'en est pas, d'en coder et formaliser les fonctions, d'en mesurer les rapports au mot et au texte, cet essai propose sur la base de corpus poétiques issus du XIXe et XXe siècle d'y entendre plutôt du sujet, des sujets. Car l'événement de dire que représente une phrase relève peut-être moins d'un processus linguistique que du phénomène artistique de l'individuation, auquel elle donne un nom et une unité. Conçue au rang de phrasé, la phrase devient ainsi le lieu d'une signature, l'expression éthique d'une voix et d'un corps.

Arnaud Bernadet est professeur à l'université McGill (Montréal). Ses travaux portent sur la théorie du langage et la théorie de la littérature, spécialement la poésie et le théâtre (XIXe-XXIe siècles). Il a notamment publié Poétique de Verlaine. « En sourdine, à ma manière » et La phrase continuée. Variations sur un trope théorique.

acheter ce livre



Louise Daubigny : "Rien sans l'esprit". Les Libertins spirituels entre Nérac et Genève

 Droz - Juillet 2025


En 1545, Calvin publie son traité Contre la secte phantastique et furieuse des libertins qui se nomment spirituelz, dans lequel il dénonce les libertins spirituels, un mouvement religieux alors obscur, actif en France dans les années 1530 à 1560, et qui a laissé bien peu de traces. Cette « secte » venue des Flandres, « peste mortelle et pernicieuse » pour Calvin et qui représente selon lui un « danger mortel » pour les croyants, reçoit pourtant l’oreille attentive de Marguerite de Navarre. Plusieurs libertins, dont Quentin Thierry, Claude Perceval et Antoine Pocque, sont ainsi accueillis à la cour de la reine de Navarre, laquelle se dira courroucée par le traité du réformateur. Il s’agit donc dans cet ouvrage d’étudier en quoi l’idéologie véhiculée par les membres de la secte a pu provoquer une rupture aussi totale entre deux figures majeures de la Renaissance, en déterminant ce qui faisait de ce mouvement, à la fois une menace fondamentale pour la Réforme de Calvin, et une source de réflexion religieuse et même d’inspiration pour Marguerite de Navarre.

Sommaire

Remerciements

INTRODUCTION — Origines du mot “ libertin ” — Quelques sources primaires : la vision des réformateurs — Des liens avec la reine Marguerite de Navarre — Quelques éléments de doctrine — Une énigme pour les historiens

PREMIÈRE PARTIE : Rectifications et mises au point historiques sur les libertins spirituels

Chapitre premier. Des Flandres à la cour de Marguerite de Navarre : 1530-1539

Chapitre II. Contexte de la rédaction du Traité contre les libertins spirituels : 1540-1545

Chapitre III. Le devenir du libertinisme spirituel après 1545

DEUXIÈME PARTIE Calvin contre les libertins spirituels

Chapitre IV. Figure du libertin chez Calvin et les réformateurs.

Chapitre V. Le libertin, un anti-réformé dont il importe de se démarquer

Chapitre VI. Enjeux et traditions de l’exégèse biblique pour Calvin et pour les libertins spirituels

TROISIÈME PARTIE : Marguerite de Navarre protectrice des libertins spirituels

Chapitre VII. Du cercle de Meaux au libertinisme spirituel.

Chapitre VIII. Étude lexicale : quelques termes privilégiés par les libertins spirituels

Chapitre IX. Le libertinisme à l’œuvre chez Marguerite de Navarre

QUATRIÈME PARTIE : D’un texte à l’autre, analyse de quelques textes dits « libertins »

Chapitre X. Les huit Traités mystiques publiés par Charles Schmidt

Chapitre XI. Quatre nouveaux traités découverts par Georges Jaujard

Chapitre XII. Théâtre et palinods de Pierre Du Val

Conclusion

Annexes — « Coq-à-l’âne » d’Antoine Pocque — Correspondances
Bibliographie
Index des noms du XVIe siècle


acheter ce livre



Archives de philosophie Tome 88, cahier 2, avril-juin 2025 : Pour un bergsonisme élargi. Perspectives métaphysiques et scientifiques

 Archives de philosophie - Juin 2025


Archives de philosophie publia dans le deuxième volume de l’année 2008 « Bergson. Centenaire de L’Évolution créatrice ». L’occasion de ce centenaire permettait en effet de faire le point sur le succès de cet ouvrage dès sa parution, bien au-delà du milieu des philosophes, auprès du grand public. Dans le même temps, les biologistes ne ménagèrent pas leurs critiques, la philosophie de la vie selon Bergson étant pour eux abstraite et métaphorique. Les théologiens ne se privèrent pas d’interroger, pour la mettre en difficulté, la notion de création qui, telle que Bergson la déployait, déstabilisait celle de Dieu. Surtout, pour grand nombre de commentateurs du siècle écoulé depuis la parution de l’Évolution créatrice, Bergson y campait un refus de la systématisation de la pensée, tout particulièrement quand celle-ci était enrôlée dans une rationalité scientifique arc-boutée sur le finalisme et le mécanisme élevés au rang de principes constitutifs du savoir, chez les biologistes notamment – comme si la troisième Critique de Kant était mort-née ! Le dossier revisitait ces controverses.
Sans être le prolongement de « Bergson. Centenaire de l’Évolution », « Pour un bergsonisme élargi. Perspectives métaphysiques et scientifiques » revient sur quelques-uns des thèmes qui y avaient été abordés. Son immense intérêt est qu’il ne se situe pas dans une approche, nécessaire en 2008 pour d’indispensables mises au point, essentiellement inscrite dans une histoire des idées. Le lecteur est cette fois conduit au cœur même du travail et de la genèse de la philosophie de Bergson. Et la manière de l’y amener est de prendre à bras-le-corps un certain nombre de dualismes ou de tensions contradictoires – réalisme et méthode empirique, expérience métaphysique et expérience scientifique, bergsonisme de droite et bergsonisme de gauche, conscience humaine et consciences non humaines, être et agir – qui structurent, comme de l’extérieur, l’œuvre de Bergson alors même qu’ils se résolvent en élan intérieur de vie : une vie particulière, celle de la philosophie. - La rédaction



lundi 7 juillet 2025

Ugo Palheta : La Nouvelle Internationale fasciste (nouvelle édition - malheureusement - augmentée)

 Textuel - Juillet 2025


Trump, Poutine, Le Pen, Orbán, Netanyahou, Meloni, Milei ou Modi… Une nouvelle internationale fasciste se déploie avec force. Aussi ultranationalistes soient-elles, leurs figures se répondent, leurs stratégies et leurs théories circulent, diffusant le poison d’une internationale de la haine.
Dans cette nouvelle édition augmentée, Ugo Palheta décrypte les logiques globales d’un néofascisme porté par l’obsession identitaire, la haine de l’égalité et le culte de l’ordre. Il analyse les alliances transnationales, le rôle des mécènes – États, élites économiques –, l’essor des idéologies masculinistes et conspirationnistes, et les forces d’attraction de ce projet autoritaire.
Ugo Palheta, qui s’affirme ici comme l’un des meilleurs spécialistes du fascisme contemporain, n’en reste pas pour autant à ce constat glaçant et souligne combien une autre dynamique internationale émerge : celle des résistances. Dans cette course de vitesse, il s’agit de comprendre pour résister.

acheter ce livre

Sarah Vanuxem et Geoffroy Mathieu (photographies) : Du droit de déambuler

Wildproject Editions - Avril 2025


Quiconque tente aujourd’hui de traverser la Méditerranée ou même de voyager à pied, à vélo ou à cheval le constatera : le territoire se ferme, tant sous l’effet de son aménagement physique que de la loi.
Ce mouvement s’inscrit dans une tendance multiséculaire. Depuis l’aube de la modernité, a été mise en place une interdiction progressive du droit de vagabonder et de subsister librement sur le territoire.
D’un point de vue écologique et éthique, il est pourtant vital de retrouver un monde poreux et traversable, tant pour les humains que pour les autres êtres vivants.
La notion même du droit – le nomos grec –, qui renvoie à une espace de pâturage, a été interprétée à l’époque moderne comme enclos. Mais il est tout aussi légitime de le concevoir comme espace partagé, commun.
Sous l’égide du dieu Hermès, ce recueil libre nous emmène dans les bourgs et campagnes médiévaux, sur le GR2013 à Marseille, à la villa Borghese à Rome – en écho à un essai photographique de Geoffroy Mathieu.
Un pas pour refondre le droit occidental à partir du droit de déambuler

Juriste, Sarah Vanuxem est enseignante-chercheuse à lʼUniversité de Nice Sophia-Antipolis. Son travail porte sur les transformations que le droit émergent de lʼenvironnement fait subir à notre tradition juridique.
Geoffroy Mathieu vit et travaille à Marseille. Ses travaux interrogent la manière dont les questions écologiques et politiques se concrétisent dans le paysage.

acheter ce livre

Hélène Gaget : La pensée des ingénieurs face à la complexité. De l’analogie mécanique-électrique à la modélisation complexe

 Matériologiques - Juillet 2025


La question de l’ingénierie, souvent réduite aux impacts sociétaux des artéfacts qu’elle élabore, oublie les formes de pensée que les ingénieurs mettent en œuvre pour raisonner et réaliser. Pourtant, ces pensées recèlent un intérêt philosophique non négligeable, en particulier lorsque, comme aujourd’hui, l’ingénierie se trouve obligée de prendre en compte la complexité des objets qu’elle appréhende et conçoit. Il s’agit ici, grâce à l’observation et à l’analyse des pratiques de recherche des ingénieurs sur plus d’un siècle, de mettre en lumière des démarches rarement placées sous le regard des philosophes. Pour accéder aux stratégies cognitives de développement des systèmes d’ingénierie face à la complexité, il est nécessaire de plonger dans un certain langage des systèmes artificiels et dans celui d’une modélisation qui lui est particulièrement adaptée : la méthode par Bond Graphs. Au fil du xxe siècle, la recherche récurrente d’un formalisme unique susceptible de coupler les domaines physiques et les nombreuses réflexions autour de sa justification ont enrichi le concept de couplage ou de transduction. Ce concept a lui-même progressivement aidé à façonner l’expression d’une cohabitation intrinsèque des différentes phénoménalités. La modélisation par Bond Graphs, par ses concepts spécifiques, s’est saisie de cette évolution. Elle permet aujourd’hui d’exprimer le lien étroit entre les effets multiphysiques et montre, par contrecoup, que l’ingénierie contribue aux transformations épistémologiques actuelles. Plusieurs sujets de philosophie des sciences sont ici concernés : la multiplicité des raisonnements mobilisés pour résoudre les problèmes, la diversité des causalités dont celle, particulière, liée au couplage, l’intrication des phénoménalités, la spécificité ceteris non paribus des systèmes dans leur rapport aux lois physiques ainsi que l’entrée de la systémique dans la « pensée complexe ». Car les systèmes artificiels élaborés nous apparaissent bien complexes du fait des difficultés calculatoires qu’ils engendrent, mais surtout par leurs caractères multiphysiques, autorégulés, aléatoires, structurellement élaborés, etc. Le sentiment d’inaccessibilité qu’ils suscitent met au défi les ingénieurs d’innover et d’en proposer, malgré tout, des modèles efficaces.

acheter ce livre


Grégoire Lefftz : Charles Taylor. La dimension du sens

 Hermann - Août 2025


Charles Taylor est l’un des philosophes contemporains les plus influents. Son œuvre est cependant difficile d’accès, tant par sa profusion (plus de quatre-cents articles et d’imposants volumes) que parce qu’elle enjambe le clivage analytique et continental. Elle se trouve dès lors souvent réduite à quelques idées particulièrement importantes, comme la politique de reconnaissance ou la critique de la liberté négative — idées qui, privées de leur contexte, tendent en réalité à perdre leur portée philosophique. C’est donc à faciliter l’accès à cette pensée dans toute son étendue qu’est vouée la présente étude. Tout d’abord, en l’abordant sous l’ensemble de ses facettes, de la philosophie politique et morale à l’herméneutique, en passant par la théorie de la connaissance ou du langage. Ensuite, en tâchant de faire ressortir les lignes de cohérence qui relient ces différents domaines, et qui résident avant tout dans une critique profonde du naturalisme, prétention à étudier l’homme en faisant abstraction de la dimension de sens à travers laquelle il appréhende le monde. Sous cette vue d’ensemble émerge ainsi une systématicité véritable, sans laquelle on ne saurait rendre justice à cette œuvre majeure de la pensée contemporaine.

Grégoire Lefftz, agrégé et docteur en philosophie, est spécialiste de philosophie anglo-saxonne contemporaine. Ses travaux portent principalement sur le statut des normes, aussi bien en philosophie morale (les valeurs) qu'en métaphysique (l'identité).

acheter ce livre

Georges Duby : Mâle Moyen Âge. Amour, cultures et société

 Flammarion - Juillet 2025


Que savons-nous de l’amour au Moyen Âge ? Peu de chose en vérité, sinon des mythes, et que les poèmes, les propos et les témoignages y sont tenus par des hommes. Le Moyen Âge est mâle, résolument, et cette sélection d’essais en éclaire la part cachée : l’oppression des femmes et la misogynie.

Georges Duby (1919-1996) est un historien spécialiste du Moyen Âge. Professeur au Collège de France de 1970 à 1991 et membre de l'Académie française à partir de 1987, il est l'un des grands représentants de l'école des Annales, qui privilégie l'histoire dite de la " longue durée ", au détriment d'une histoire événementielle qui se focalise sur des événements courts et restreints. Ses ouvrages Mâle Moyen Âge, Saint-Bernard, L'Europe au Moyen Âge, L'Économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval (tomes I et II) ainsi que sa participation à l'ouvrage de Fernand Braudel, La Méditerranée, sont disponibles dans la collection " Champs ".

acheter ce livre


Laurent Albarracin : Le Message réisophique

Arfuyen - Mai 2025


Laurent Albarracin a publié chez Arfuyen en 2018 Res Rerum et en 2022 le Manuel de Réisophie pratique. Le Message réisophique constitue le troisième volet de l’étrange méditation inaugurée par Laurent Albarracin sous le couvert de cet occulte et facétieux « Collège de Réisophie » qui en serait le génial inventeur.
Si les textes des deux volumes précédents se présentaient sous forme des poèmes, Le Message réisophique est composé de 303 proses de longueur très inégale : « Recueil de sentences ? s’interroge l’auteur de l’Avertissement. Exposé lacunaire d’une doctrine ésotérique ? Recettes à l’usage de leurs adeptes ? Compilation d’un enseignement collecté par ses disciples ? Exercices pratiques ? Mantras ? Kōans ? »
Autant d’approches variées pour renouveler le questionnement qui est au cœur de la Réisophie, cette mystérieuse « sagesse » que nous enseignent les choses elles-mêmes si l’on sait seulement être attentif : « Tout Réisophe guette dans la chose cette acrobatie lente par laquelle la chose s’enlève peu à peu du fond de son monde et se désigne à elle-même, brille un instant à ses yeux puis retombe dans son monde où elle se rétablit comme chose. »
Car ce sont les choses qui sont agissantes et l’homme n’est là que les écouter : « La connaissance dont il s’agit dans la Réisophie n’est pas un savoir acquis à propos des choses, mais une connaissance nous venant des choses, de leur connaissance à elles dont nous ignorons presque tout. »
En cette démarche réjouissante et éclairante, l’intuition du poète se combine avec la spéculation du philosophe, la candeur de l’enfant avec l’espièglerie du moine zen.

Laurent Albarracin est né en 1970 à Angers. Dès 1995, il s'installe en Corrèze où il est enseignant. Il fait la rencontre déterminante du poète Pierre Peuchmaurd, à qui il consacrera un essai paru en 2011 aux Éditions des Vanneaux. À la fin des années 1990, il participe au Jardin ouvrier, la revue très originale et confidentielle publiée par Ivar Ch'Vavar (1995-2003). Son premier livre paraît en 1998 sous le titre Les jardins nucléaire (L'air de l'eau). Suivent Le feu brûle (Atelier de l'agneau, 2004) et De l'image (L'attente, 2007). En 2009 il décide de créer sa propre maison d'édition à l'enseigne du Cadran ligné. À raison d'un ou deux livres par an, il constitue un catalogue d'auteurs souvent nouveaux et très remarquables. parmi lesquels on signalera Boris Wolowiec (Gestes) et François Jacqmin (Traité de la poussière), ses dernières parutions. Laurent Albarracin poursuit en parallèle son exploration personnelle, dans les confins des recherches d'un Francis Ponge ou d'un Roger Munier. Parmi ses ouvrages, citons : Le Secret secret (Flammarion, 2012), Le Ruisseau, l'éclair (Rougerie, 2013), Fabulaux (Al Manar, 2014), Cela (Rougerie, 2016), Broussailles (L'Herbe qui tremble, 2017). Il collabore au site Poezibao et tient une chronique sur le site de Pierre Campion. Avec Guillaume Condello et Pierre Vinclair, il a créé en 2017 la revue Catastrophes.

acheter ce livre