dimanche 9 février 2025

René Roussillon : Le narcissisme, vers une évolution de la théorie psychanalytique

 Erès - Février 205 - CarnetPsy


L’auteur explore les conséquences de l’introduction du concept de narcissisme sur la métapsychologie psychanalytique – et notamment sur la théorie de la pulsion dans son lien avec l’organisation du Moi.

L’introduction en 1914 du concept de « narcissisme » a profondément modifié le paysage théorique de la métapsychologie freudienne. René Roussillon retrace la manière dont Freud l’a élaboré, au fil du temps. Il montre que sous la pression de la clinique, la problématique du narcissisme est aujourd’hui l’une des principales sources d’évolution et de complexification de la théorisation psychanalytique. Il en tire un certain nombre de réflexions sur la conduite thérapeutique avec les patients dits « états-limites ».

René Roussillon est professeur à l’université Lumière-Lyon 2, psychanalyste, membre formateur de la Société psychanalytique de Paris. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages de références et de plus d’une centaine d’articles, publiés en français et en langue étrangère, il a reçu le prix Sigourney en 2016 attribué aux meilleures contributions mondiales en psychanalyse.

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Fred Poché : L'espace numérisé. Défis éthiques et politiques d’une métamorphose

 Kimé - Janvier 2025


Traversés par des choix idéologiques et politiques, nos espaces de vie se posent souvent comme des terrains de luttes ou de conflits : squats, occupations d’usines, « accueil » des gens du voyage par les municipalités, « gestion » des sans-abri au cœur des villes, désaccords à l’occasion de constructions ou de démolitions de lieux de culte… Dans le même temps, la numérisation du monde bouleverse toutes les dimensions de notre existence. Les corps continuent, certes, de se croiser ou de se rencontrer dans les différents espaces. Mais la possibilité offerte en permanence, par l’intermédiaire du smartphone, de dépasser la présence corporelle dans un lieu pour communiquer avec l’être absent constitue une métamorphose sans précédent. Cette nouvelle situation interroge les notions mêmes de présence, d’identité et de socialité. En quel sens la digitalisation de nos vies change-t-elle notre condition spatiale ? Et quelle forme pourrait prendre une politique soucieuse de ces profondes transformations ? Prendre au sérieux les grandes mutations de nos espaces (matériels et virtuels) constitue une voie nécessaire pour penser des formes d’émancipation propres à articuler liberté et production du commun au sein de nos fragiles démocraties.

Fred Poché est professeur de philosophie contemporaine à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’UCO, ainsi que membre de l’Unité de recherche multi-sites, RPPsy « Recherches en psychopathologie et psychanalyse », section d’Angers. Auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont Vivre dans une société numérisée (Kimé, 2024), il est le lauréat du prix Jean Finot de l’Académie des Sciences Morales et Politiques pour son livre : Blessures intimes, blessures sociales (Cerf, 2008).

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samedi 8 février 2025

L’Enseignement philosophique 2024/4 74e année : Le sexe

 APPEP - Décembre 2024





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R. Murray Schafer : Le Paysage sonore. Le monde comme musique

Wildproject - Novembre 2024


R. Murray Schafer a forgé la notion de paysage sonore pour décrire notre environnement acoustique, la gamme incessante de sons au milieu desquels nous vivons.
Depuis l’apparition du tout premier bruit – celui de la mer –, le paysage sonore n’a cessé de s’enrichir des sons du monde vivant : oiseaux, insectes, langage, musique…
Jusqu’à la révolution industrielle et électrique : une rupture qui nous rend aussi capables de mettre en œuvre un authentique design sonore écologique.
Dans une langue simple et claire, accessible à tous, Schafer propose ici une histoire et une philosophie du monde sonore qui ont marqué la théorie musicale. 

R. Murray Schafer est un compositeur, théoricien et pédagogue canadien. Né dans l’Ontario en 1933, il est le cofondateur du World Soundscape Project à l’université Simon-Fraser. Les recherches menées dans le cadre de ce projet, et la parution du Paysage sonore lui ont valu une reconnaissance internationale.

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vendredi 7 février 2025

Stefan Zweig : L'uniformisation du monde

 Allia - Février 2025


Dès 1925, Zweig pressent l’un des grands bouleversements sociaux de notre siècle : l’uniformisation du monde. Si le concept de mondialisation reste alors toujours à inventer, il examine avec perplexité des sociétés qui gomment progressivement toutes leur aspérités. Avant même l’invention des smartphones, il nous décrit l’avènement de l’instantanéité. Ce culte de l’éphémère joue finalement un rôle central dans l’uniformisation ici dénoncée.Dans ce texte saisissant d’actualité, Zweig pose un regard sensible sur une époque foncièrement hostile envers les originaux. Un essai à lire comme le témoignage lucide d’un homme définitivement en rupture avec l’esprit de son temps. Dernier recours pour les individualités récalcitrantes : fuir en elles-mêmes, pour oublier l’oppression du collectif.

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Michel Wieviorka : L'idée de gauche peut-elle encore faire sens ?

 L'Aube - Février 2025


Le spectacle contemporain des forces de gauche est consternant. Alors, finis, leurs grands engagements ? Évanouies, les belles aspirations qu’elles véhiculaient, imposant la république par leurs combats, se constituant en opérateur politique du mouvement ouvrier, et incarnant une idée ouverte de la nation ? L’idée de gauche est comme orpheline des significations ayant fait sa grandeur. Elle semble condamnée, au mieux, à animer une radicalité sans lendemain, ou des jeux politiciens désespérants. Si tout le spectre politique peut se réclamer de l’idéal républicain, y compris le Rassemblement national, si le mouvement ouvrier a cessé d’incarner le sel de la terre, et si l’extrême droite a presque le monopole de l’identification à la nation, que reste-t-il à la gauche ?

Michel Wieviorka fait ici œuvre historique, en retraçant avec minutie les processus au fil desquels s’est construite une idée de gauche consistante avant qu’elle se perde. Et il examine diverses pistes qui pourraient permettre de renouer, à gauche, avec l’exigence intellectuelle et morale, et un haut niveau de projet social, culturel et politique.

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Gabrièle Wersinger Taylor : L'empire du désir. Entre confiance et emprise

 Jérôme Millon - Février 2025


Qu’il s’agisse de l’apprentissage, de la discipline, de l’école, du droit, de la générosité, de la sobriété, de la justice, du devoir, tout doit passer par la motivation et la passion suprême qu’est le désir. Le désir est devenu le principe des principes.
Centrée sur la figure d’Eros, l'auteur examine des oppositions récurrentes, des attracteurs cognitifs qui apparaissent et disparaissent dans le cadre historique autour de la notion de désir : le livre ne concerne pas seulement l’Antiquité, mais ce qui, dans sa réception, offre des clefs pour comprendre pourquoi aujourd’hui le désir et la confiance se nouent de façon illusoire, pourquoi nous sommes sous « l’empire du désir ».


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Agostinho da Silva : Sept lettres à un jeune philosophe

 Circé - Février 2025


Certains hommes vivent leur vie comme un roman dont ils seraient le personnage principal. Au milieu des années 1940, le grand philosophe portugais Agostinho da Silva a inventé l'auteur José Kertchy Navarro, dont il a publié sept lettres adressées à un jeune philosophe. Pour Navarro, la philosophie n'est ni une affaire d'académie ni un médicament pour les âmes faibles, mais un dialogue et un choix existentiel qui se passe dans les cafés ou dans la rue – du coup, sans formules, sans habitudes et plein de dangers. La philosophie a besoin de la plus grande attention possible, d'une profonde solitude et d'une vie pleine d'incertitudes. Da Silva dépeint Navarro comme un personnage charismatique, tragique et un brillant dilettante qui a séduit les jeunes du célèbre café lisboète Martinho da Arcada, sous les arcades du Terreiro do Paço. Au même endroit où Fernando Pessoa donne la parole à ses propres hétéronymes autour d'une cigarette, d'un café ou d’un alcool, Agostinho da Silva voit son propre revenant répandre des principes qu'il ne suit pas lui-même :

« On sortait d'une conversation avec Kertchy Navarro agréablement ivre : c'était magique, une sensation d'infini sous les pieds, une entrée dans un autre monde.»

Traduit et présenté par Laurent Cantagrel

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Theodor W. Adorno : Combattre l'antisémitisme

 Allia - Février 2025


Dans cette conférence prononcée à l'automne 1962, Theodor W. Adorno s’adresse à un auditoire d’enseignants et de pédagogues. Dans le contexte de l’après-guerre, il constate la persistance de l’antisémitisme dans la société allemande. Inavoué, il se propage par rumeurs et insinuations, par un réflexe de déculpabilisation collective. Dans une époque façonnée par les médias de masse, la publicité et la propagande, “on trouve aussi, au cœur du préjugé antisémite, la même tendance consistant à manipuler et à mettre au service d’intérêts particuliers en tous genres l’inconscient qui couve, au lieu d’en mettre à jour les processus.”
Comment lutter ? Par la pédagogie, cruciale dans la prévention, et une loyauté inébranlable envers la raison : “Reculer n’est pas une bonne option.”

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Emmanuel Carrère : Uchronie (rééd.)

 POL - Février 2025


Une première édition de ce livre est parue aux éditions P.O.L en 1986 sous le titre Le Détroit de Behring. Il n’a jamais été publié en collection de poche ni connu de nouvelle édition depuis.

40 ans plus tard, cette enquête narrative sur l’uchronie éclaire plus que jamais notre rapport complexe à l’Histoire du monde, mais également l’art de l’écrivain Emmanuel Carrère : « Notre vie peut changer à tout moment, explique-t-il, la réalité n’est qu’un choix parmi tant d’autres. Ce qui pousse certains d’entre nous à s’intéresser aux possibilités que nous n’avons pas pu donner aux choses. »

Le Détroit de Behring est le récit d’une obsession : la réécriture du passé à partir d’une hypothèse qui aurait fait bifurquer les événements et leurs conséquences historiques. Ce qu’on a fini par nommer l’uchronie. Penser l’Histoire au conditionnel passé, se figurer l’état du monde si le nez de Cléopâtre avait été plus court, si Napoléon avait vaincu à Waterloo ou si l’inconnue rencontrée hier dans l’autobus avait répondu à votre sourire, c’est un jeu comme un autre. Emmanuel Carrère en expose ici les règles, en décrit les plus fameuses parties, donne voix aux regrets qui poussent à s’y livrer. Il s’agit, dans le passé, « d’opérer une modification et qu’elle soit lourde de conséquences ». Carrère s’intéresse à l’uchronie comme moyen d’analyser l’histoire sous un angle différent, mais aussi comme puissant moteur fictionnel et littéraire de nombreux écrivains (Caillois ou Borges par exemple). Un jeu qui mobilise toutes nos connaissances, qui croise les rêves utopiques ou les cauchemars de la science-fiction.

Emmanuel Carrère eut l’idée du titre de son livre en découvrant qu’en 1953, les abonnés de la Grande encyclopédie soviétique reçurent après la disgrâce de Beria (bras droit de Staline), une circulaire leur enjoignant de découper la notice qui lui était consacrée et de la remplacer par une notule sur « le détroit de Behring ». Cette altération rétrospective de l’Histoire fonde le contrôle totalitaire du passé.

Avec un texte inédit d’Emmanuel Carrère pour la présente édition.

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jeudi 6 février 2025

Alex Taek-Gwang Lee : Communism After Deleuze

Bloomsbury Academic - Février 2025


This new reading of Gilles Deleuze forges a link between his early and later works by decoding his hidden agenda for communism. Encoded in the idea of ‘the Third World’, Deleuze used his concept of communism as a bulwark against fascist politics and the liberal political economy. Inspired by May 68 and its aftermath, these concealed interpretations of Marx are now tacitly forgotten but can unlock a deeper understanding of Deleuze’s political project.
Often regarded as an apolitical philosopher, the challenges that Deleuze mounted to structuralism are easy to overlook. By reinvigorating the communist aspect of his political project and linking his ideas to Alain Badiou, Jacques Rancière and Slavoj Žižek, Alex Taek-Gwang Lee reveals Deleuze’s objective: to rescue Marxism from the dogmatic status quo and revive its political agendas. This major undertaking situates his ideas alongside and sets out a new framework for reading the significance of Marxist thought in postwar France. Ultimately, this new understanding of Deleuze’s critique of global capitalism opens up his vision of materialistic politics as a means of shaping the people and the proletariat of the future.

Alex Taek-Gwang Lee is a professor of cultural studies at the School of Global Communication and a founding director of the Center for Technology in Humanities at Kyung Hee University, Korea.

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Auguy Makey : La philosophie négro-africaine en question. De l’euphorie à l’aporie

 L'Harmattan - Février 2025


Peut-on déjà écrire l’histoire de la philosophie africaine ? Quel est l’apport des égyptologues noirs à la philosophie africaine ? Le développement est-il le thème central de la philosophie africaine ?
Autant de questions que l’auteur examine dans ce livre. Il s’agit d’un bilan critique. Dans les années 1970, on se demandait si l’Afrique avait, elle aussi, une philosophie. Cette question ne se pose plus aujourd’hui. La philosophie africaine est une réalité. Des œuvres de bonne facture ont vu le jour. Pourtant, des blocages subsistent.
Auguy Makey jette un regard lucide sur la production philosophique africaine, dénonce les barrières qui la font tourner en rond, les pesanteurs qui la tirent vers le bas.

Auguy Makey est docteur en philosophie à l’université de Paris I, Panthéon Sorbonne. Il enseigne la philosophie africaine au Grand séminaire spiritain international Daniel Brottier de Libreville (Gabon).

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Jacques Esprit, Pascal Quignard : La Fausseté des vertus humaines - précédée de Traité sur Esprit par Pascal Quignard

 Séguier - Février 2025


La réédition d'un ouvrage essentiel de la tradition moraliste, depuis longtemps introuvable et plus que jamais d'actualité, accompagné d'un essai virtuose de Pascal Quignard.
" Toutes les vertus retournées sous tous les angles, puis démontées, puis démolies, puis incendiées, puis rasées : les deux volumes d'Esprit constituent cette implacable, monotone, fascinante machine meurtrière. "
C'est en ces termes que Pascal Quignard, à qui l'on doit la redécouverte de ce joyau oublié du Grand Siècle, décrit le projet de La Fausseté des vertus humaines. Cinquante-six chapitres au fil desquels Jacques Esprit s'applique à dénoncer le règne de l'hypocrisie et des faux-semblants. La générosité, l'honnêteté, le désintéressement... aucune des vertus que nous chérissons n'échappe à sa sentence imparable. En entreprenant la consciencieuse dissection des comportements humains, Esprit révèle les intérêts égoïstes, les motivations dérobées sous le masque de la morale.
À l'heure où toutes les entreprises du monde associent systématiquement leurs produits et leurs services à de prétendues " valeurs ", à l'heure où les artistes semblent ne pouvoir faire de commerce qu'en clamant leurs vertus, force est de constater que notre temps n'a rien à envier à celui d'Esprit : à cet égard, la lecture de La Fausseté des vertus humaines demeure d'une redoutable actualité.

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Elie Halévy : L'ère des tyrannies. Penser en résistance (1923-1937)

 Les Belles lettres - Février 2025


Édition et introduction de Vincent Duclert. Préface de Perrine Simon-Nahum.

Le 28 novembre 1936 à Paris, s’exprimant devant la Société française de philosophie, le philosophe et historien Élie Halévy bouleverse la compréhension de l’histoire. L’Europe est entrée dans « l’ère des tyrannies ». De Rome à Berlin et Moscou, des régimes inconnus s’érigent dans la terreur de l’État, la révolution armée et le fanatisme de nationalité. Par son analyse qu’aucun penseur n’a jusque-là formulée, Élie Halévy avertit les démocraties de la menace mortelle de ces régimes au pouvoir absolu. Les définir, c’est se mettre en situation intellectuelle de les combattre. Cet effort sans équivalent pour penser une histoire fatale est un acte philosophique par excellence, ramenant l’histoire vers la liberté, inaugurant un temps de résistance au totalitarisme avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale.
Dans la nuit du 20 août 1937, décède Élie Halévy. Un an plus tard, l’année de Munich, L’Ère des tyrannies devient un livre, par la volonté de ses amis dont Raymond Aron, Célestin Bouglé, Étienne Mantoux, et sa femme Florence.
L’édition présente réédite cette conférence majeure de 1936 et celle de 1929 qui la précède, accompagnées de textes inédits et d’un choix de correspondances. La lutte passée et présente contre les tyrannies s’éclaire ici d’une oeuvre de toute importance.

Philosophe de formation, auteur d'une thèse sur Platon et d’une somme sur La formation du radicalisme philosophique et animateur dès 1893 de la nouvelle Revue de métaphysique et de morale, Élie Halévy (1870-1937) peut également être rangé parmi les grands historiens du XXe siècle français.Il est notamment l’auteur d’une Histoire du peuple anglais au XIXe siècle (Hachette, 1912-1932 et rééd. 1973-1975), vaste fresque commencée en 1906 et restée inachevée malgré la conclusion d’un Épilogue fondamental en deux volumes, Les Impérialistes au pouvoir (1895-1905) et Vers la démocratie sociale et la guerre (1905-1914), et la publication posthume, en 1946, du Milieu du siècle.

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Andreas Reckwitz, Hartmut Rosa : La Modernité tardive en crise. Qu'apporte la théorie de la société ?

Editions de la Maison des sciences de l'homme - Novembre 2025


La modernité tardive en crise : Que peut accomplir la théorie sociale ? d'Andreas Reckwitz et Hartmut Rosa est une étude approfondie sur les crises actuelles de la société moderne tardive et sur le rôle crucial que peut jouer la théorie sociale dans leur compréhension et leur résolution. Le livre se divise en plusieurs sections où chaque auteur apporte ses propres perspectives et analyses. Andreas Reckwitz se concentre sur les transformations sociales et culturelles qui ont conduit à une société de plus en plus fragmentée et incertaine. Il décrit comment le passage d'une société industrielle à une société de la connaissance a intensifié les inégalités sociales et la polarisation. Le phénomène de singularisation, où les individus cherchent à se distinguer, conduit à une compétition accrue et à un sentiment de surcharge. Ces dynamiques créent un climat d'incertitude et d'anxiété généralisée, déstabilisant les structures sociales. Hartmut Rosa, de son côté, développe sa théorie de l'accélération sociale. Il soutient que la recherche incessante d'efficacité, d'innovation et de croissance conduit à une accélération des rythmes de vie, engendrant une forme profonde d'aliénation. Les individus ressentent de plus en plus une perte de contrôle sur leur existence. Rosa montre comment ces processus affectent non seulement le bien-être personnel, mais aussi la cohésion sociale et les fondements démocratiques. Ensemble, les deux auteurs offrent une perspective critique et globale sur les mécanismes sous-jacents à la crise de la modernité tardive. Ils plaident pour un recours à la théorie sociale pour redéfinir les objectifs culturels et sociaux, afin de bâtir une société plus durable et plus équilibrée. Le livre souligne l'importance de la réflexion théorique pour formuler des réponses adaptées aux défis contemporains et pour orienter les changements nécessaires vers une société plus stable et épanouissante.

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mercredi 5 février 2025

Stéphanie Anthonioz : La Création humaine dans la Bible hébraïque. Entre Orient et Méditerranée

 Classiques Garnier - Février 2025


Il s'agit de mettre en perspective des récits fondateurs de la création humaine dans l'Antiquité, en particulier ceux issus de la Bible hébraïque. Dans cet ouvrage, les sources anciennes et les traditions sur la création humaine provenant de Mésopotamie, d'Égypte, du Levant et de Grèce sont confrontées avec érudition. Les récits bibliques sont étudiés à l'intersection de ces diverses influences culturelles et religieuses, tandis que sont restitués les débats et les évolutions historiques concernant les questions d'origine et de destinée humaines, notamment au Ier millénaire avant notre ère. Cet ouvrage renouvelle et nourrit ainsi notre réflexion moderne.

Stéphanie Anthonioz est philologue et historienne, spécialiste de la Bible hébraïque. Elle a publié différents ouvrages dans une approche historique et comparative, parmi lesquels Premiers récits de la création (Paris, 2020), qui porte sur les mythes de la création du monde. Aujourd'hui, elle enseigne l'hébreu biblique à l'École normale supérieure (ENS).

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Theodor Wiesengrund Adorno : Kierkegaard. Construction de l'esthétique

Klincksieck - février 2025


Cet ouvrage est la traduction du tome II des OEuvres complètes d’Adorno ; c’est dire qu’il contient, outre Kierkegaard, Construction de l’esthétique, publié en Allemagne en février 1933, deux essais, La Doctrine kierkegaardienne de l’amour (1940) et Encore une fois Kierkegaard (1963), témoignant ainsi d’une présence constante de Kierkegaard dans le trajet d’Adorno.
Qui connaît la prégnance de Kierkegaard dans la philosophie du XXe siècle – notamment dans la philosophie allemande, à propos de laquelle on a parlé d’une « renaissance de Kierkegaard » dans les années vingt – mesurera l’importance de cet ouvrage : interprétation nouvelle de Kierkegaard, il marque une étape déterminante dans la pensée d’Adorno et constitue, de surcroît, une pièce essentielle de la confrontation continuée entre Adorno et Walter Benjamin. Dans sa recension du Kierkegaard, ce dernier écrivait : « Dans ce livre beaucoup tient en peu de place ; il est aisément prévisible que les livres à venir de l’auteur trouvent en celui-ci leur source. »
Contrairement à ceux qui croyaient découvrir dans le concept kierkegaardien d’existence un antidote à l’idéalisme, Adorno fait de la philosophie de Kierkegaard à la fois le sommet et le déclin de l’idéalisme allemand. L’existence n’est-elle pas une pure abstraction ? Partant de l’aliénation historique du sujet et de l’objet, la critique philosophique prend pour cible ce qui se donne comme la substantialité du sujet, à vrai dire, une intériorité sans objet que dénonce comme telle la métaphore du château fort employée pour la décrire. Ce moi sans objet est conçu comme « une île romantique où l’homme entreprend de sauver » son sens « face au flux historique » perçu comme un maelström dévastateur. Sensible au détail de l’écriture de Kierkegaard, Adorno explore les significations de l’image centrale de l’intérieur bourgeois du XIXe siècle qui, selon lui, fonctionne comme une image mythique.
Comme y insiste Éliane Escoubas dans la préface, le Kierkegaard d’Adorno se montre très influencé par le livre de Walter Benjamin sur le Trauerspiel publié en 1928 : en effet, Adorno transpose à la lecture de Kierkegaard les concepts forgés par Walter Benjamin pour l’interprétation du drame baroque et, tout particulièrement, celui d’allégorie et sa détermination comme « expression », nous donnant ainsi à lire un Kierkegaard « penseur baroque ».
L’interprétation philosophique d’Adorno est exemplaire du travail de la théorie critique ; loin de s’appesantir sur les « erreurs » d’un penseur à partir des déterminations sociales qu’il subit, elle s’interroge bien plutôt sur ce qui, au-delà de ces déterminations, constitue la teneur de vérité d’une oeuvre dressée, dans le cas présent, contre le consentement à ce qui est, au « subsistant ».

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Jean-Luc Nancy : "La fin de la philosophie et la tâche de la pensée". 11 juillet 2021

William Blake And Co - février 2025


« La philosophie parle à travers tous les philosophes et si elle parle de sa « fin » cela porte un sens philosophique. Tel est, il ne faut pas le nier, le triste état de la philosophie aujourd’hui (y compris souvent à l’école et à l’Université). C’est une version qui se veut noble du règne de l’opinion. – dont peut-être en vérité il n’y a pas de version noble, qui est toujours vulgaire et dont la vulgarité se trouve désormais médiatisée. 3 Rien d’étonnant qu’on en arrive ainsi à une extension illimitée du pragmatisme : comment ça marche ? qu’est-ce qui marche le mieux, ou moins mal ? – mais qui marche pour quoi ou quoi marche pour qui ? en vue de quoi ?... En vue de quoi ce flot d’information, d’invention, de commentaire ? La règle pragmatiste répond : « en vue d’un fonctionnement toujours augmenté et d’une augmentation forcément désirable ». Mais la vraie réponse sous-jacente est : « en vue de performances techniques et financières qui n’ont d’autres fins qu’elles-mêmes ». Un exemple flagrant en est donné par la discussion générale (en dehors des pays ouvertement monomaniaques d’identité religio-raciale) sur le « multiculturalisme » distingué d’une « laïcité » qu’on peine à identifier. D’un bord ou de l’autre on cherche le meilleur management d’une réalité de mutation profonde de ce qu’on nomme pêle-mêle « culture », « identité », repères ». Un autre exemple encore plus pénible est celui des conditions du travail, qu’on voit à la fois changer et empirer, toujours profiter plus aux uns et moins aux autres, et là encore on manage (psychosociologuement) une situation dont nul ne se demande quelle est la fin dernière. Ce qu’on nomme le plus couramment « philosophie » aujourd’hui revient à divers mélanges des eaux tièdes du bon sens, du désir de bien faire et d’un supposé savoir des ressorts du monde. Alors que précisément les mots « sens », « bien » et « savoir » sont dans un état de grande précarité sinon même de mort cérébrale. »

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