jeudi 15 mai 2025

Guillaume Coissard (dir.) : Histoires matérialistes du matérialisme. Généalogie et usages d'une catégorie

 Classiques Garnier - Mai 2025


Plutôt qu'une option théorique éternelle structurant l'histoire de la philosophie dès ses commencements, en opposition avec les diverses formes de l'idéalisme, le matérialisme est avant tout une étiquette servant à identifier, à distinguer ou à dénoncer une certaine manière de faire de la philosophie. Cette étiquette émerge d'abord chez ses adversaires déclarés, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, avant d'être revendiquée pour elle-même par les matérialistes des Lumières. Ce livre fait le pari d'étudier les usages de la catégorie « matérialisme » par les philosophes matérialistes afin de saisir tout autant l'histoire de son affirmation progressive, que celle des voies philosophiques diverses - et parfois divergentes - que les matérialistes ont empruntées.

Guillaume Coissard, ancien élève de l'École normale supérieure de Lyon, est agrégé et docteur en philosophie. Il est actuellement chargé de recherches FRS-FNRS à l'université libre de Bruxelles, où il poursuit ses recherches sur le matérialisme philosophique et son histoire.

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Jean-Didier Urbain : Comment nos voyages parlent de nous ? Ce que bouger veut dire

 L'Aube - Mai 2025


« Nous bougeons tous. Mobiles, nous nous déplaçons et circulons sans cesse. Être animé est par définition le propre de l’animal humain comme de ses semblables. Mais voyager, c’est autre chose… »

Qu’est-ce que vos voyages disent de vous ? On a tendance à réduire la question de la mobilité à celle des « flux », mais il y a bien d’autres mobilités, avec des origines, des buts. Quand on évoque la mobilité liée aux loisirs, on l’associe tout de suite au tourisme, alors que dans la plupart des cas, les deux n’ont rien à voir. Un voyage à l’étranger, même hors du cadre du travail, n’a pas forcément une vocation touristique. On nie les raisons et imaginaires qui ont précédé l’existence du déplacement. Le voyage en dit beaucoup sur nous, nos habitudes, nos existences. Il convient d’être étudié et analysé pour ce qu’il est, et non pas comme un simple critère accolé au tourisme. Une analyse fine et détaillée du voyage par un spécialiste de la mobilité, toujours à l’écoute des questionnements actuels.

Jean-Didier Urbain est sémiologue, ethnologue et anthropologue. Il est notamment l’auteur de L’idiot du voyage. Histoires de touristes (Payot).

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mercredi 14 mai 2025

Bruce Bégout : La pensée mersive. De l'ambiance à l'affinité

 PUF - Mai 2025


Cet essai philosophique se propose de mettre au jour une dimension oubliée de nos existences : notre appartenance concrète au monde et la manière dont nous y participons de manière corporelle et affective. Alors que dans nos relations aux choses et aux autres domine la pensée de la distinction, qui sépare et relie, l'auteur fait le pari d'exhumer une manière d'être au monde originelle, précédant toute coupure. Telle serait la pensée mersive, qui, à travers l'expérience des ambiances, de l'immersion dans le paysage, de la captation par l'aura d'un visage, de notre sensibilité au climat, cherche à comprendre notre être-dans le monde, notre communication immédiate et directe avec ce qui nous entoure. La redécouverte de cette mersivité, de notre être plongé dans le monde et la nature, est une étape théorique importante dans le dépassement du dualisme et de l'anthropocentrisme qui ont conduit à la crise écologique que nous traversons.

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Marsile Ficin : Quid sit lumen. Suivi de L'art de la lumière

 Allia - Mai 2025


La lumière est paradoxale, énigmatique. Alors qu’elle nous permet de voir les choses, nous ne la voyons jamais en elle-même. Inaccessible aux sens, elle rend visible mais n’est pas visible. L'homme ne peut donc se fier à ce qu'il voit et perçoit : "Ne te fie pas aux sens, ô ma raison !"
Quid sit lumen (1476) est une méditation sur le monde visible et sa nature. Proche des conceptions hermétiques, Marsile Ficin perçoit dans la lumière le principe primordial et générateur du monde. Seul véritable objet du regard, la lumière l’est aussi de la philosophie elle-même, car la réalité n’est intelligible que par le biais de la lumière. Sans lumière, comment pourrait-on éclairer le monde et se comprendre soi-même ?

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Sabina Tortorella (dir.) : Alexandre Kojève et le droit. Justice, société et État à l'épreuve d'un nouvel ordre mondial

 Classiques Garnier - Mai 2025


L'Esquisse d'une phénoménologie du droit demeure un ouvrage largement méconnu, même dans le champ de la philosophie juridique. Rédigé en pleine guerre, dans un contexte historique et biographique décisif, ce texte offre une analyse novatrice des phénomènes juridiques en dialogue avec des figures majeures telles que Carl Schmitt, Max Weber et Hans Kelsen. L'autonomie du droit et ses rapports avec la politique et l'économie, le statut du droit constitutionnel et la possibilité d'une citoyenneté universelle, la relation entre droit national et institutions internationales ne sont que quelques-unes des questions qui émergent au fil des pages et qui, encore aujourd'hui, sont au coeur des débats. Cet ouvrage met en lumière l'originalité de la réflexion kojévienne ainsi que son approche singulière de la théorie politique et de la philosophie du droit.

Sabina Tortorella est chercheuse Marie Sklodowska-Curie Individual Fellowship à l'Université de Namur. Elle est membre associée de l'Institut des sciences juridique et philosophique de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UMR 8103 CNRS). Elle a co-dirigé le numéro « Formes de vie et institutions : entre nature et artifice » pour la revue Diogène (Paris, 2023) ainsi que les volumes Les Équivoques de l'institution : normes, individu et pouvoir (Paris, 2021) et Marx et le droit (Paris, 2019).

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Alexis Burnod : Fin de vie, le cas de conscience

 Alpha - Mai 2025


Là où la médecine atteint ses limites, commence la quête d'une fin de vie digne. Fin de vie, le cas de conscience n'est pas seulement une exploration médicale et éthique : c'est un véritable acte de résistance civique contre les simplifications. S'appuyant sur une longue carrière couvrant les urgences jusqu'aux soins palliatifs, Alexis Burnod allie humanité et rigueur pour poser les vraies questions : Qu'est-ce qu'une fin de vie digne ? Qui peut décider quoi ? À quoi ressemblerait ce « suicide assisté » que certains voudraient mettre en place dans notre pays ? En quoi consistent exactement les soins palliatifs ? Pourquoi n'y a-t-on pas davantage accès ? Quelle est la répercussion d'une législation hâtive sur notre rapport à la vie, à la mort, à la dignité ? Situation de crise ou opportunité pour repenser notre rapport à la vulnérabilité ? Ce livre se révèle indispensable pour tous ceux qui cherchent à comprendre non seulement les tenants et aboutissants médicaux, mais également les répercussions sociétales d'un sujet qui touche tout le monde, mais auquel trop peu de personnes encore acceptent de penser.

Alexis Burnod est médecin urgentiste et ancien chef de service en soins palliatifs à l'institut Curie à Paris.

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mardi 13 mai 2025

Thierry Fabre : Faut-il brûler Averroès ? Ce qui nous arrive

 Riveneuve - Mai 2025


Un cri d'alerte face à la régression identitaire, le racisme décomplexé, la surrenchère sous la pression de l'extrême-droite autour de l'immigration qui annihilent les sources arabes de la cutlure européenne et ignore les longs et fructueux échanges entre les mondes gréco-latin et judéo-arabe. Un message pour faire société : nous serons tous d'ici !
Un essai vigoureux sur la surenchère autour de l'identité nationalesous l'influence de l'extrême-droite qui nie le métissage de longue date des mondes gréco-latin et judéo-arabe et met en danger la société française.
Une prise de parole d'un grand témoin, l'intellectuel marseillais Thierry Fabre, fondateur et animateur pendant 20 ans des Rencontres d'Averroès, directeur de collection chez Actes Sud et cadre du Mucem.
Une réflexion rigoureuse et argumentée sur les effets et les dangers de l'actuel nationalisme identitaire à l'oeuvre en Méditerranée, entre djihadisme et extrême-droite; et un plaidoyer pour la refondation d'u n pacte social pour le XXIe siècle "Nous serons tous d'ici!"

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Marie de Hennezel : Dictionnaire amoureux de la Solitude

 Plon - Mai 2025


"Chantée, célébrée, la solitude est un ferment de la création littéraire et artistique. Dans une promenade amoureuse, Marie de Hennezel nous emmène vers une longue méditation, un chemin spirituel riche de rencontres et d'enseignements tirés de son expérience et de ses combats.

Dictionnaire " amoureux " de la solitude ? Autour de moi on me demande : comment être amoureux de la solitude ? L'image que l'on en a est si négative, si repoussante, dans notre monde moderne. Ce sujet est complexe mais il est magnifique. J'ai tout de suite compris que ce Dictionnaire amoureux pouvait être l'occasion exceptionnelle d'une longue méditation sur cette réalité humaine si maltraitée.
C'est donc un texte très personnel et subjectif que vous allez lire. Son écriture m'a emmenée dans une longue promenade amoureuse, solitaire certes, mais riche de tant de rencontres.
Car la solitude n'est pas l'isolement. Et d'emblée cette différence doit être dite.
On les confond trop souvent.
L'isolement, c'est clair, est un poison. Il tue. Et si je l'évoque dans les pages qui suivent, c'est bien pour que chacun en ait conscience. Notre devoir d'humains n'est-il pas de lutter contre l'isolement ? C'est un devoir sociétal.
La solitude, c'est tout autre chose. On peut être entouré et se sentir seul. La solitude peut être choisie, aimée, recherchée. Le rapport que chacun établit avec sa solitude est une histoire intime, personnelle. La solitude est par ailleurs le ferment de la création littéraire, artistique. Elle peut être un chemin spirituel. On l'a célébrée, chantée.
C'est de cette solitude-là, une solitude qu'il nous faut respecter, à défaut de l'aimer, dont il sera question dans ce Dictionnaire amoureux. Je vous emmène, cher lecteur, dans ce " saut ardent vers l'intérieur " dont parle Maitre Eckhart, aux confins de la solitude " essentielle ", que tant d'écrivains, de poètes, placent " au-dessus de tout. "
Je vous aussi parlerai de toutes les forme de solidarité humaine qui permettent à ceux que leur solitude fragilise de la vivre, de l'assumer, et parfois d'y découvrir une force." (M. de H.)

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Dominique Rabaté : Limites de l'empathie

 Corti - Mai 2025


Peut-on vraiment se mettre à la place d’autrui, se prendre pour un autre ? Est-ce là le secret de la fiction, son opération particulière ?
En lisant, nous ne cessons de régler le foyer de ce qui permet de nous reconnaître dans l’œuvre à laquelle nous participons, même passivement. Ce réglage conduit à identifier la part subjective qui est mobilisée en nous, part qui est indispensable à la participation littéraire ou esthétique. Mais il faut aussi reconnaître que cette part n’est pas le tout du sujet, qu’elle met même en rapport avec une dimension non-subjective du sujet.
La littérature est ainsi conçue moins comme le triomphe de l’empathie que comme une façon d’en éprouver le domaine, d’en interroger les bornes subjectives et morales, en tentant de savoir jusqu’où je peux me mettre à la place de l’autre.
Si la lecture a le pouvoir de me changer, ce n’est pas parce qu’elle me distrait de moi, c’est parce qu’elle vient me rappeler singulièrement que je ne sais pas toujours qui est celui qui lit en moi.

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Benoît Turquety : Inventer le cinéma. Epistémologie, histoire et machines de vision

 Mimesis - Mai 2025


Le cinéma est-il une chose qui s’invente ? Si cet ouvrage répond positivement, c’est parce qu’il prend le parti des machines. Il montre que les machines de vision constituent, au cœur de la culture et de la science occidentales, un vaste ensemble de filiations, de réseaux, d’imaginaires, d’impasses excentriques et de propositions fécondes. Il exhibe la richesse et les enjeux de ces techniques et de leur histoire, à la fois pour l’art et pour notre conception de la vision. Depuis la Renaissance et jusqu’aux dispositifs numériques contemporains, de la camera obscura aux smartphones en passant par le Cinématographe Lumière, on n’a cessé de mettre en boîte le regard. La forme de ces boîtes, leurs fonctions, leurs structures, peuvent nous expliquer en retour, par une approche épistémologique héritée notamment de G. Simondon, G. Bachelard et G. Canguilhem, ce que nous voyons, et comment.

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Eugenio Mazzarella : Europe, christianisme, géopolitique. Le rôle géopolitique de l'"espace" chrétien

 Mimesis - Mai 2025


Pour donner un poids géopolitique à la contribution coopérative que l'Europe peut apporter au monde multipolaire de la mondialisation, nous avons besoin de l'utopie selon laquelle l'espace de la civilisation chrétienne trouve son écoumène, non seulement spirituel, mais aussi politique et culturel, sur la scène mondiale. La différence européenne, que cet espace a générée et qui est inscrite dans le catholicisme romain, peut faire beaucoup pour résister, d'une part, à l'individualisme mercantile anglo-saxon et, d'autre part, à l'interprétation laxiste des valeurs démocratiques libérales dans de nombreuses régions de la civilisation chrétienne latine ou orthodoxe. Seul un écoumène chrétien en tant qu'espace géopolitique pourra se mettre au service de l'écoumène humain en coopération avec les autres grands espaces spirituels devenus nations, institutions, espaces géopolitiques, civilisations : de l'Islam au Confucianisme en passant par l'Hindouisme.

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Roland Gori : Dé-civilisation. Les nouvelles logiques de l'emprise

 Les liens qui libèrent - Mars 2025


De quoi la « dé-civilisation » est-elle le nom ? Pour Roland Gori, cela ne fait aucun doute : la dé-civilisation n’est pas le fait de « sauvageons », de « barbares » héritiers d’une civilisation des « enfants rois » ou de « banlieusards » violents par nature ou par traditions émeutières. Aujourd’hui, la brutalisation des rapports sociaux et l’extrême violence des agressions ordinaires doivent être appréhendées sous l'angle d'une société qui sacrifie la culture du dialogue et empêche les processus de penser au profit d’une civilisation des mœurs. L’Autre n’est plus celui dont on attend la reconnaissance symbolique mais le partenaire d’un jeu de guerres sociales au sein duquel le sujet mesure sa force. Face à cet état de fait, l'heure est venue d'adopter une lecture critique des fonctions du langage et de replacer la puissance de l’imaginaire des langues au cœur de l’invention démocratique.

Roland Gori est psychanalyste, président du mouvement L'Appel des appels, auteur de nombreux ouvrages.

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lundi 12 mai 2025

Eva Illouz : Explosive modernité. Malaise dans la vie intérieure

 Gallimard - Mai 2025


Comment comprendre le malaise indéniable dans lequel notre civilisation est plongée ? Il y a un siècle, Freud se posait la même question. Mais là où, en psychanalyste, il dressait le tableau d'un conflit entre pulsions et répression, ce qui se joue aujourd'hui est à la lisière entre émotions et monde social. Nos affects les plus intimes - espoir, déception, colère, envie, honte, fierté, amour même - sont désormais pris dans les tensions et dynamiques de nos sociétés. L'espoir, fondement émotionnel de la modernité, a promis le progrès et l'amélioration du sort de chacun. C'était avant que les inégalités, la montée du populisme, démocratie extrême, la domination de la technologie ne le transforment en déception, envie, colère ou nostalgie. La conjonction de toutes ces émotions nous a fait entrer dans une ère explosive. Ce livre est l'exact opposé d'un manuel de développement personnel : il ne nous invite pas à ausculter sans fin notre "moi", mais à ouvrir notre intériorité à l'analyse sociale pour y découvrir que ce qui nous hante est avant tout l'écho des forces à l'oeuvre dans notre vie collective. Sociologue des émotions, Eva Illouz mobilise ici la littérature et la philosophie autant que les sciences politiques pour explorer comment et pourquoi ces émotions sont déployées dans la société.

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Daniel Fränkel : Folie et colonialité. Ontologie critique de l’enfermement

 L'Harmattan - Mai 2025


L’expérience sud-américaine entretient la flamme du colonialisme et de la colonialité et leurs stratégies de pouvoir au sein des sociétés. Cet ouvrage démontre, en mettant l’accent sur le symbolique, les multiples stratégies utilisées par le pouvoir pour pénétrer la conscience collective et subjuguer les désirs, manipuler les désirs et interférer avec la liberté de pensée et de choix. Il expose les modalités de construction des particularités de la construction hégémonique de la vérité qui opère avec le spectaculaire et la volatilité de la vie ; il fait sien le principe de la banalité du mal et de la vie qui conduit à une plus grande soumission volontaire.
Daniel Fränkel pose un diagnostic sombre sur le présent où la société a consolidé l’exercice néolibéral du pouvoir gouvernemental. Mais cette « déception » ne doit pas être confondue avec l’inaction. Au contraire, Fränkel juge avec rigueur la politique contemporaine, et invite le lecteur, à chaque étape, à prendre en compte le respect d’une vie digne et non soumise pour l’Amérique latine.

Daniel Fränkel est docteur en sciences sociales (UBA) et master en administration et politiques publiques (UDESA). Enseignant-chercheur, il est l’auteur de livres et d’articles sur la biopolitique, le pouvoir et la colonialité. Il a dirigé l’hôpital neuropsychiatrique Domingo Cabred (Buenos Aires).

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Danilo Martuccelli : L'esprit de la Modernité. Histoire, inventaire, actualité

 PUF - Mai 2025


La Modernité s'est construite depuis la rupture évolutionnaire de 1789 autour de la scission : le monde a cessé d'être perçu comme une Totalité. Il s'est ensuivi une série d'effondrements : du Cosmos, de Dieu, de l'Histoire, de l'Autorité. En dépit des crises et des anxiétés, la Modernité est ainsi devenue la véritable raison du monde. Et pourtant, l'époque que nous traversons se montre bien différente. Ce n'est pas seulement la société ouverte qui est en péril, mais l'esprit moderne lui-même. Les grandes croyances hégémoniques de la Modernité occidentale, à commencer par l'idée même du Progrès, vacillent devant un ensemble de phénomènes inédits. Les certitudes de jadis (ontologiques, culturelles, géopolitiques...) sont ébranlées par différentes critiques modernes, contre-modernes, mais surtout antimodernes, visant à rétablir la Totalité. Dans ce nouveau paysage, nous manquons cruellement de boussole pour nous repérer et pour déchiffrer la complexité des positions en jeu. Cet ouvrage dresse un panorama sans concession de ces changements et débats, et déploie un plaidoyer pour un nouvel esprit de la Modernité. Car face à tous les défis à venir, il faudra demain être plus modernes que jamais.

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Michel Fichant : De Leibniz à Kant, et retour

 PUF - Mai 2025


Leibniz a-t-il influencé Kant ? Quelles sont les points communs et les divergences de deux des plus grands systèmes philosophiques de l'histoire de la philosophie ? Pour répondre à ces questions, l'étude et l'interprétation de la pensée de Leibniz doivent en premier lieu être conduites suivant une méthode génétique, attentive à ses transformations conceptuelles et à ses variations doctrinales. L'avancement de l'édition intégrale des écrits et lettres de Leibniz en cours de publication a fortifié cette démarche, en rendant observable l'incessant mouvement de l'écriture leibnizienne. Il s'agit ensuite d'analyser la réception par Kant de la pensée de Leibniz, qui a joué un rôle central dans sa critique de la métaphysique. Si on peut soutenir que la Critique de la raison pure est « le sommet de la philosophie occidentale », le débat entre Leibniz et Kant se situe sur des lignes de crête, où les contresens eux-mêmes mesurent à la fois la singularité irréductible des opposants et leur connivence profonde dans une histoire partagée. C'est ainsi que Kant a pu finalement reconnaître que « la Critique de la raison pure pourrait bien être la véritable apologie de Leibniz ».

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Éric Michaud : La ruse de Jacob. L'élevage des humains et le modèle de l'art

 Gallimard - Mai 2025 - Essais


Comment produire sinon une humanité nouvelle, du moins un peuple neuf, distinct de tous les autres ? Pour former son propre troupeau, métaphore de son peuple à venir, le patriarche Jacob place des branches tachetées sous le regard des brebis en chaleur afin qu’elles donnent naissance à des petits tachetés. Telle est la ruse de Jacob, son art et sa technique d’éleveur, littéralement patriarcale.
Ce sont les mythes où la biologie croise l’art qui font la trame de cet ouvrage, tout entier ordonné à la croyance très ancienne en l’effet des images sur le fœtus. Des antiques chambres nuptiales aux modernes chambres photographiques, en passant par les rêves de contrôle eugénique des Spartiates, une littérature immense s’est accumulée au cours des siècles sur cet objet anthropologique singulier : la déviation par l’image du cours naturel de la génération. Et si le récit de la ruse de Jacob a traversé les siècles, c’est parce qu’il inaugure l’usage réfléchi de cette déviation.
L’hypothèse de ce livre est simple. En donnant aux images de l’art le pouvoir de féconder la femme ou de modeler son fœtus, ces mythes témoignent aussi d’une lutte millénaire où l’activité artistique concurrence la femme dans la reproduction de la vie. Car l’art, essentiellement pratiqué et pensé en Occident par des hommes, aura longtemps été l’instrument d’une dépossession symbolique de la femme de sa fonction reproductrice et de son rôle dans la transmission de la vie.

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Gisèle Séginger & Julien Yvonnet (dir.) : Evolution(s). Science, art et littérature

 Matériologiques - Mai 2025


Si le terme d’évolution apparaît d’abord au XVIe siècle dans le vocabulaire spécialisé de l’art militaire, il en vient très vite à désigner des mouvements divers (d’un corps, d’un astre, d’un navire) au XVIIe siècle. Au siècle suivant, il est lié à une pensée du vivant et Charles Bonnet émet l’hypothèse de la préformation des embryons et de leur évolution, une théorie très vite contestée. Quoi qu’il en soit, le rôle du temps dans la formation et les changements des êtres retient de plus en plus l’attention des savants. Le mot « évolution » se retrouve sous la plume d’Erasmus Darwin en 1791 (The Economy of the Vegetation) pour désigner le progrès d’un animal vers un stade plus avancé et le botaniste, qui s’intéresse aux origines de la vie, étend finalement cette idée à la formation de la Terre, des plantes et des animaux. En revanche, son petit-fils Charles n’emploie pas le mot « évolution » dans l’édition originale de On the Origin of Species (1859). Pourtant c’est bien au XIXe siècle, sous l’impulsion de l’évolutionnisme, que le terme et l’idée entrent tout à fait dans le langage scientifique. L’évolution est devenue un modèle de pensée qui essaime d’une discipline à l’autre et le paradigme évolutionniste marque l’histoire des sciences et des représentations jusqu’à l’époque contemporaine. Mais sa pertinence et ses effets tant scientifiques qu’idéologiques ont parfois été mis en question.

Les textes de cet ouvrage reviennent sur l’idée d’évolution et ses significations variées ainsi que sur l’émergence du paradigme et sur les débats qu’il a suscités, sur les notions concurrentes qui lui ont été opposées (permanence, mutation, indétermination…). Ils s’interrogent aussi sur l’efficacité heuristique de l’évolution comme modèle dans le travail scientifique ou sur son rôle dans la création artistique et littéraire. Des sciences aux arts, ce volume donne la parole à des spécialistes de disciplines différentes.

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