vendredi 31 août 2018

Thomas Brisson : Décentrer l'Occident

La découverte - Août 2018


Comment se sont construites les pensées postcoloniales ? Quel type de critique de l'Occident produisent-elles ? Et quel universalisme alternatif proposent-elles ? C'est à répondre à ces questions, si importantes pour comprendre le monde contemporain et le décentrement en cours de l'Occident, que s'attache ce livre très original. 
Bien plus qu'une simple cartographie des pensées postcoloniales, cet ouvrage propose une sociologie de leurs principaux auteurs, en montrant notamment quel fut l'effet de l'exil sur leurs travaux. Décentrer l'Occident fait ainsi l'hypothèse que l'on gagne à appréhender la pensée postcoloniale à l'aune de la notion de " déplacement " : entre deux mondes, les intellectuels postcoloniaux sont déplacés aussi bien en Occident que par rapport à leur monde d'origine. Mais c'est précisément cette position décalée qui leur permet de voir et de penser les formes du pouvoir global. 
Retraçant les déplacements d'intellectuels – ceux des postcolonial studies indiennes et arabes mais aussi du nouveau confucianisme chinois – entre les anciens mondes impériaux et l'Occident, Thomas Brisson cherche ainsi à comprendre comment s'y arme la critique, entendue comme art du déplacement de ce qui va habituellement de soi.

Thomas Brisson est maître de conférence au département de science politique de l'université Paris 8, chercheur au Cresppa-LabTop (CNRS Paris) et chercheur associé à la Maison Franco-Japonaise (CNRS-Tokyo). Il est l'auteur de Les Intellectuels arabes en France (La Dispute, 2008).

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Philippe Desan : Montaigne. Penser le social

Odile Jacob - Août 2018


Faire découvrir en Montaigne un penseur de la vie en société, de ses contraintes et de ses libertés : telle est l’ambition, originale et audacieuse, de l’ouvrage de Philippe Desan.
Les Essais ne se résument pas à un récit de soi, d’où l’appartenance sociale aurait été totalement effacée. Le moi de Montaigne est un moi en société. Et le but des Essais est de penser le rapport entre l’existence singulière et le social, l’individuel et le collectif.
C’est donc à la sociologie bien plus qu’à la psychologie qu’il nous faut avoir recours pour comprendre l’œuvre de Montaigne. Les grands thèmes de sa pensée, scepticisme et curiosité, relativisme culturel et civilité, se trouvent dès lors éclairés d’un jour nouveau, qui leur confère toute leur portée sociale et historique.
On découvre un Montaigne inattendu, loin de l’image du sage réfugié en sa bibliothèque, coupé du monde et de la vie en société. C’est à une leçon inédite de sociologie que l’on assiste alors, capable d’articuler ensemble individu et société, dans un monde de conflits et de violences où l’idéal d’honnêteté toutefois n’est pas totalement oublié

Philippe Desan est spécialiste de l’histoire des idées et de la Renaissance. Il occupe la chaire Howard L. Willett en histoire de la culture à l’Université de Chicago et dirige la revue Montaigne Studies. Il est l’auteur de Montaigne. Une biographie politique qui a fait date et qui a obtenu le prix Pierre-Georges-Castex de l’Académie des sciences morales et politiques. Il a reçu le Grand Prix de l’Académie française pour ses travaux sur Montaigne.

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mercredi 29 août 2018

Gilles Labelle : L'écart absolu. Miguel Abensour

Sens & Tonka - Août 2018


Pourquoi «l'écart absolu» ? Pourquoi «écart», et pourquoi «absolu» ?
«Écart», d'abord, par rapport à quoi ? Pour Miguel Abensour, l'enjeu de toute pensée critique consistait à se situer à distance des «lignes culturelles et politiques» qui orientent et organisent le réel existant. Il est aisé de se dire «critique» ; il l'est beaucoup moins de circonscrire un lieu - et de s'y tenir - où ces «lignes culturelles et politiques» sont tenues à distance, où la pensée se conjugue avec une liberté qui fait entrevoir d'autres chemins, d'autres voies. Un Ailleurs.
Une «pensée libre» entendue en ce sens est ou n'est pas - elle ne peut se tenir que dans un écart «absolu» avec le réel existant.
Cette pensée annonce obstinément le «retour des choses politiques», que le réel existant cherche à recouvrer, pour lui substituer la Nécessité économique ou la Morale.
«Retour des choses politiques» lisible tout autant, suivant Abensour, dans la persistance de l'utopie ou du motif de l'héroïsme en politique que dans les écrits de penseurs et de philosophes contemporains qui, même quand ils ne se proposent pas explicitement de faire du politique leur objet, tissent néanmoins la trame d'une «philosophie politique» étrange, aux contours indéfinis, intempestive eu égard à la tradition, que l'on s'autorisera à dire «critico-utopique».
L'écart absolu n'est pas l'«objet» de l'oeuvre de Miguel Abensour : plutôt que d'en parler, il serait plus juste de dire qu'elle l'incarne.
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Maurizio Bettini : Superflu et indispensable. À quoi servent les Grecs et les Romains?

Flammarion - Août 2018


Traduction (Italien) : Pierre Vesperini
Tout le monde le sait : depuis des siècles, plus personne ne parle le latin ni le grec ancien. Alors, à quoi peuvent-ils encore nous être utiles?
Voilà bien, avance Maurizio Bettini, une question révélatrice de notre époque, obsédée par l’efficacité, infiltrée par l’idéal de rentabilité jusque dans le langage qu’elle adopte. Bien sûr, 99 % des élèves n’utiliseront pas les langues et les civilisations antiques de leur vie. Mais la culture doit-elle vraiment servir?
Toute notre perception du monde est irriguée par la culture antique. Cela étant, peut-être ne faut-il pas se borner à chercher nos «racines» chez les Grecs et les Romains. Peut-être l’intérêt réside-t-il, au contraire, dans nos différences. Leur souple polythéisme est ouvert
à tous les dieux étrangers. La vaste famille romaine, où l’oncle maternel se doit d’être le confident de ses neveux, est loin de notre modèle nucléaire. Là où nous parlerions de gens «de couleur», les Romains parlent de gens decolor : «sans couleur».
Grecs et Romains nous sont à la fois étranges et familiers. Les fréquenter, c’est aussi bien explorer notre mémoire que s’ouvrir à l’altérité : cultiver, en somme, le superflu indispensable.

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mardi 28 août 2018

Arianne Robichaud : Habermas et la question de l'éducation

Hermann - Août 2018


La pensée du théoricien allemand Jürgen Habermas figure parmi les plus importantes théories sociales issues du XXe siècle : toutefois, à ce jour, elle n’a inspiré qu’un nombre restreint d’études portant spécifiquement sur leur articulation à l’éducation moderne et contemporaine. Cet ouvrage présente ainsi une analyse critique de la façon dont la théorie de l’agir communicationnel développée par Habermas s’arrime à une étude macro et microsociologique de l’éducation, soit une analyse de l’organisation politique, économique et idéologique des systèmes éducatifs occidentaux depuis la modernité, puis une analyse intime et située des rouages de l’activité éducative entre l’enseignant et l’élève. Dès lors, comment réfléchir l’éducation passée et actuelle à l’aune de la pensée habermassienne, en profitant de ses apports tout en mettant en lumière les impasses qu’elle représente, notamment pour le développement du potentiel critique et communicationnel de l’enfant ? Autrement dit, comment penser l’éducation contemporaine avec et contre Habermas ?

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Brigitte Labbé et Pierre-François Dupont-Beurier : La confiance et la trahison

Milan - Août 2018 - Les goûter philo


Qui est susceptible de nous trahir ? D'où viennent les trahisons qui déchirent une relation et nous laissent dans une grande détresse ? De nos proches bien sûr, de ceux en qui nous avons placé toute notre confiance. Pour qu'il y ait trahison, il faut d'abord qu'il y ait eu de la confiance. Alors forcément la question se pose : faut-il décider une fois pour toutes de ne plus jamais faire confiance pour se protéger de l'éventualité d'une trahison et de l'atroce douleur qui l'accompagne ? Ou bien devrait-on prendre le risque de la trahison afin de goûter au plaisir de s'abandonner à l'autre, de vivre le bonheur d'aimer et de tout partager, de se confier ?

Brigitte Labbé se consacre à la philosophie depuis 15 ans. Passionnée par les questionnements des enfants, elle a créé pour eux la première collection de philosophie, "Les Goûters philo". Guidée par les cours de philosophie de Michel Puech et de Pierre-François Dupont-Beurier, elle écrit chaque jour, sauf quand elle sillonne la France et le monde, à la rencontre des enfants. Autour d'un bon goûter, elle s'interroge avec eux sur la vie, la beauté, la laideur, la justice, les religions, les droits et les devoirs, le possible et l'impossible, le bien et le mal...

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lundi 27 août 2018

Frank Sibley : Approche de l’esthétique

Ithaque - Septembre 2018



La réflexion de Frank Sibley se développe à partir d’une idée centrale, à ses yeux fondatrice : la distinction entre esthétique et non esthétique. Il soutient la thèse très forte selon laquelle les concepts esthétiques ne sont pas du tout gouvernés par des règles ou des conventions mais mobilisent l’exercice du goût. Aucune solution fondée sur des critères, même libéralisés, ne peut rendre compte de l’application d’une propriété esthétique sur la base de propriétés non esthétiques sous-jacentes, et on ne peut donc faire l’économie d’une preuve perceptuelle. Cette analyse l’a conduit à prêter une attention extrême aux formes de description esthétique.
Hostile au relativisme et au scepticisme si répandus en esthétique, il défend une position objectiviste et généraliste qui lui confère une forme de responsabilité épistémologique. Celle-ci n’exclut ni l’inventivité ni l’intérêt pour des objets familiers comme les visages ou ordinaires comme les galets. En revanche, elle refuse de surestimer l’art dont les raffinements nous fascinent mais qui présuppose tout le tissu de conduites plus élémentaires.
Usant d’un style sobre et rigoureux, Sibley mobilise une large variété d’exemples, tantôt très convenus, tantôt plus inattendus, sans souci de bâtir une théorie esthétique. Néanmoins, en dépit de la pluralité de ses thèmes, son œuvre manifeste une profonde unité d’inspiration qui s’alimente aux sources anthropologiques de l’esthétique.

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dimanche 26 août 2018

Agnès Gayraud : Dialectique de la pop

La découverte - Août 2018


La pop ne descend pas directement des Muses. Son histoire, tous genres musicaux confondus, est intimement liée aux technologies de diffusion qui ont permis son éclosion commerciale. Agnès Gayraud parcourt cette histoire en prenant soin d'éclairer les intentions esthétiques qui traversent cette forme musicale, si souvent dépréciée au profit d'une supposée grande musique.
Tout le monde connaît la pop, la reconnaît, a un avis sur elle. Pourtant, sa singularité artistique et philosophique reste peu interrogée, comme si un tabou pesait sur cette forme musicale née au début du XXe siècle et dont le destin est lié à ses conditions techniques de production et de diffusion.
Son ancrage, essentiel, dans le monde de la phonographie, est généralement interprété comme le trait honteux d'une musique qui aurait cessé d'en être tout à fait une, jusqu'à s'identifier aux " sons du capitalisme " qui déguisent en sucreries auditives les grognements de la bête immonde.
L'enregistrement et ses conséquences auraient avant tout dégradé la musique, altéré ce qui la préservait –; imagine-t-on –; de la standardisation, jusqu'à produire à la chaîne une forme de musique consommable, accessible à tous, universellement médiocre. Des hits d'ABBA aux hymnes de Beyoncé, la pop serait structurellement inauthentique.
Dans cet ouvrage, Agnès Gayraud se penche sur la profondeur de cette musique longtemps qualifiée de " légère " et cantonnée à un statut d'objet de consommation. Elle y déploie tous ses paradoxes, au cœur des œuvres musicales elles-mêmes, pour révéler les ramifications esthétiques d'une richesse insoupçonnée de ce qui a peut-être été l'art musical le plus important du XXe siècle.

Agnès Gayraud est normalienne, agrégée et docteure en philosophie, professeure d'esthétique à la Villa Arson à Nice. Elle mène en parallèle une vie de musicienne, auteure-compositrice et interprète sous le nom de La Féline. Après une thèse sur Adorno, ennemi radical de la " musique populaire légère ", elle poursuit dans ce livre sa réflexion philosophique et dessine, pour la première fois, une véritable esthétique de l'art musical pop.

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mercredi 22 août 2018

Marie-luise Knott : Désapprendre. Voies de la pensée chez Hannah Arendt

L'Arche - Septembre 2018


Dans cet ouvrage, Marie Luise Knott trace une esquisse des « voies » de la connaissance permettant à Hannah Arendt d’exorciser les mensonges collectifs et les idées préétablies, qui entravent l’acte de penser. Ce faisant, elle donne à entendre les voix qui habitent les textes d’Arendt, raisonnements, rire et paradoxes, et dessine les contours de cette pensée atypique du politique et du social, qui échappe aux catégories et systèmes traditionnels de la pensée politique.

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Alain Renaut (dir.) : Leçons de la Philosophie

Odile Jacob - Août 2018


Voici un livre unique pour qui veut découvrir, comprendre ou approfondir la philosophie.
Il est constitué d’une série de leçons consacrées aux grandes questions philosophiques, que l’on pourra lire dans l’ordre que l’on voudra, selon ses goûts, ses besoins ou ses choix.
Ces leçons mobilisent les apports des philosophes les plus précieux, des classiques aux contemporains : Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Hegel ou Nietzsche, mais aussi Arendt, Rawls, Levinas, Foucault, Derrida ou Habermas.
L’ouvrage aborde également les débats les plus actuels : découvertes scientifiques, bioéthique, environnement, retour du religieux, bouleversements artistiques, mutations sociales et politiques… Chaque leçon dégage ainsi un bilan des contributions de la philosophie à l’état actuel de la réflexion.
Un avant-propos nourri fournit des fils conducteurs pour que le lecteur puisse s’orienter dans les questionnements philosophiques.
Une conclusion très ouverte s’interroge sur les avenirs possibles de la philosophie dans la culture contemporaine.

Alain Renaut est professeur émérite de philosophie politique et d’éthique à Sorbonne Université. Il est également directeur du Centre international de philosophie politique appliquée.

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mardi 21 août 2018

Patrick Vauday : Commencer. Variations sur l'idée de commencement

Editions Le Bord de l'eau - Août 2018 - Collection : Diagnostics



Idée simple qui oriente ce livre : du commencement il y a lieu de distinguer les processus temporels qui en créent, cas par cas, les conditions de possibilité. Commencer prend plus de temps qu'il n'en faut pour un commencement.

« Les hommes ne peuvent rien faire sans adopter la fiction d'un commencement » (George Eliot).

Prélude, prologue, exorde, prémices, préambule, préliminaire, introït, orée, aurore, aube, origine et d'autres encore : autant de mots pour dire, c'est-à-dire tenter de coïncider avec l'impossible instant zéro du commencement. Mais n'en va-t-il pas toujours ainsi de l'impossible qu'il fait d'autant plus parler qu'il échappe incessamment à la prise ? Voilà qui justifie la belle sentence de Georg Eliot : pas de commencement qui ne commence par une fiction du commencement, toute histoire, du moins tout récit est à ce prix. Il n'y en a pas moins une nécessité à cela, celle de rendre compte du nouveau qui ne découle pas de ce qui le précède sans au moins dévier ou dériver de sa ligne, comme aspiré par ce qui est à naître.

Tout commencement véritable s'entoure d'une zone d'indiscernabilité et de non-savoir qui tient à ce qu'il est en recherche de sa forme et de son issue, ce qui ne va pas sans transactions circonstancielles avec le milieu dans lequel il se fraye un chemin. C'est aussi pourquoi il ne peut se décliner qu'au pluriel, dans la diversité des milieux et des variations de rythme et d'allure qui le conditionnent et qu'il traverse, un changement important n'affectant pas l'individu, le social, le politique ou le culturel selon une même temporalité. Pris dans un devenir autre, transformation, mutation voire métamorphose plutôt que naissance ex abrupto, le commencement remonte en amont de l'événement qui le déclare et s'étire en aval dans le déroulement de ses conséquences.

Patrick Vauday est professeur de philosophie à l’université Paris 8, et auteur de nombreux ouvrages.

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Collectif : Rêves, révoltes et voluptés. Jean-Paul Curnier (1951-2017)

Nouvelles Editions Lignes - Août 2018


Vingt-huit auteurs réunis pour témoigner de l’importance de l’œuvre de Jean-Paul Curnier, mort en août 2017. Dont la pensée – politique, esthétique, existentielle – aura été l’une des plus incoercibles depuis Guy Debord et Jean Baudrillard. Qu’il faut lire et faire lire, pour se redonner une pensée et une vie.

Les temps ne sont plus à être aussi libres que Jean-Paul Curnier l’a été, jusqu’à sa mort le 5 août 2017. La liberté a perdu la plupart de ses attraits, dont on ne sait plus quoi faire, dont on a peur de faire quoi que ce soit. Pas pour lui, à qui elle n’a jamais suffi.
Toute son œuvre le démontre. Philosophie ou pensée, comment la résumer d’un mot ? Celui-ci peut la qualifier, qui ne la réduit pas : le rire. Ce rire, peut-être Jean-Paul Curnier l’a-t-il intellectuellement tenu de Baudrillard. Sans doute de Nietzsche et de Bataille aussi, auxquels il aura été indéfectiblement fidèle. De Sade enfin, qu’il ne citait jamais sans hilarité. Un tel rire (un état de la pensée, pas un concept) prescrit que la pensée, nécessairement, est un jeu. Un jeu tragique. Rire et jouer du tragique de l’existence, rire pareillement de tous les autres et petits tragiques. Le tragique politique, notamment – car pour l’essentiel, son œuvre est politique –, en s’employant à l’aggraver : ses deux plus grands livres politiques sont Aggravation et Prospérités du désastre, nés dans la revue Lignes, dont il a été l’un des maîtres d’œuvre durant trente ans. « Cap au pire », telle serait sa commination (toute beckettienne) pour, à défaut de savoir ce qu’il en résultera, au moins que cesse ce qui est.

Textes de : Alain Hobé | Michel Surya | Jean-Pierre Ostende | Sébastien Raimondi | Xavier Person | Alain Jugnon | Alphonse Clarou | Emmanuel Laugier | François Séguret | Jean-Paul Curnier | Pierre-Ulysse Barranque | Paul Audi | Mathilde Girard | Jean-Paul Galibert | Robert Cantarella | Rudy Ricciotti | Alain Kruger | Sylvain Prudhomme | Serge Bossini | Christian Lacroix | Henri-Pierre Jeudy | Jacques Durand | Christophe Fiat | Christian Milovanoff | Guy-André Lagesse | Cédric Mong-Hy | Emmanuel Loi | Sébastien Thiéry | Gaëlle Obiégly

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dimanche 19 août 2018

Aude Lehmann (dir.) : Diderot et l'Antiquité classique

Classiques Garnier - Août 2018


"Les raisons qui présidèrent à la tenue d’un colloque sur « Diderot et l’Antiquité classique » furent multiples. À la curiosité d’une latiniste – sensible à la présence constante des auteurs anciens dans l’œuvre de l’Encyclopédiste, à la volonté de rendre hommage à Diderot lors du tricentenaire de sa naissance, s’ajoutait la conviction qu’une réflexion sur le Philosophe des Lumières dont les idées avaient été largement diffusées dans l’Europe de son temps trouverait tout naturellement sa place dans le cadre du laboratoire ILLE (Institut de recherche en langues et littératures européennes – EA 4363).
Comme l’observe en effet Léon Gorny, même dans ses ambitions d’Encyclopédiste soucieux de rassembler, en un seul ouvrage, l’ensemble du savoir universel, Diderot s’est contenté, en réalité, de donner principalement un aperçu des découvertes et des idées qui ont pris naissance dans la vieille Europe : « Cette volonté d’information universelle, dans la seconde moitié du xviiie siècle se heurte pourtant à certaines limites et ne peut que rarement, superficiellement – en dépit de l’intérêt porté aux autres continents et aux civilisations différentes – dépasser les frontières de la culture européenne1 – », une culture dont Diderot, de sa jeunesse à sa mort, n’a jamais oublié les fondements gréco-romains.
Ainsi se trouvait légitimé le choix d’un thème qui permettait de réexaminer l’œuvre du natif de Langres sous un angle spécifique offrant de surcroît une ample matière à des regards croisés, ceux des Antiquisants versés dans les littératures grecque ou latine, l’histoire de l’art antique, la philologie classique ou l’histoire de la philosophie d’une part, ceux 8des savants ou chercheurs, spécialistes des littératures modernes et comparées de l’autre. Les séances du colloque ont ainsi effectivement donné lieu à des débats fructueux, montrant à quel point Diderot, figure éminente de la modernité, était resté tributaire de la pensée antique et quels rapports – oh combien étroits ! – il ne cessa d’entretenir avec les Anciens. Les contributions dont on lira le texte, toutes consacrées à un aspect ponctuel de la problématique choisie pour le présent colloque en donneront – pensons-nous – un riche aperçu, tout en soulignant les limites de la dette du Langrois à l’égard des auteurs de l’Antiquité." (A.L.)

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Salvatore D’Onofrio : Lévi-Strauss face à la catastrophe

Mimesis - Août 2018


Nous vivons dans un « temps de catastrophes » que le progrès technologique ne semble plus à même de contrer. Or, les crises écologiques récentes (de Tchernobyl à la « vache folle ») ne seraient-elles pas liées à d’autres événements qui ont marqué à jamais le destin de l’humanité – comme les génocides qui suivirent la Conquête de l’Amérique, ou encore la Shoah ? Voilà la question à laquelle s’attaque ce livre, à travers une lecture originale de l’oeuvre de Claude Lévi-Strauss. Dressant un portrait intellectuel inédit de l’anthropologue français, Salvatore D’Onofrio montre en quoi les idées de cet intellectuel rebelle et non consensuel fournissent des clés pour penser à la fois l’avènement de la catastrophe et les possibilités d’en sortir. Véritable manifeste anthropo-écologique, ce livre propose d’envisager un nouveau rapport des hommes à la nature, donc entre eux. C’est ce que Lévi-Strauss avait appris au contact des Amérindiens du Brésil et dont l’humanité a grandement besoin.

Salvatore D’Onofrio est professeur à l’Université de Palerme, chargé de cours à l’EHESS et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France, au sein duquel il coordonne les Cahiers d’anthropologie sociale et le groupe de travail « Archives du Nouvel An à Paris ». Parmi ses dernières publications : Le Sauvage et son double (2011), Les Fluides d’Aristote (2014) et Le Matin des dieux (2018). Il a coordonné l’édition de deux ouvrages de Françoise Héritier : Une Pensée en mouvement (2009) et Sida. Un dé anthropologique (2013).

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samedi 18 août 2018

Sylvain Bosselet : Les philosophes sont-ils fous ? La critique freudienne de la philosophie

Mimesis - Août 2018


Freud accuse les philosophes d’agir comme des paranoïaques qui produiraient des projections mythiques. Cette violente attaque porte à la fois sur la santé mentale des philosophes et la valeur de vérité de leurs productions. Mais quel est le rapport entre philosophie et mythe ? Quelle est la relation entre les assertions métaphysiques et l’individu qui les produit ? L’ouvrage examine l’hypothèse freudienne en trois temps. D’abord, il la reconstitue à partir des textes de Freud. Ensuite, il étudie sa cohérence interne, ses sources externes, ses présupposés épistémologiques et philosophiques. En n, il applique cette grille de lecture révisée aux philosophes et à Freud lui-même. Le lien entre la vérité métaphysique et son producteur apparaît alors sous un jour nouveau.

Sylvain Bosselet, docteur en psychologie, agrégé de philosophie, ancien directeur de séminaire au Collège International de Philosophie, est l’auteur de : Métapsychologie de la métaphysique (2000) ; Je pense donc je jouis(2014) ; Qu’est-ce que l’Occident ? Enquête au coeur du progrès (2015 ) ; De gauche ou de droite ? (2016) ; Arguments politiques. Décryptez la langue de bois (2016) ; Petite philosophie du sport. Le sport a-t-il un sens ?(2016).

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vendredi 17 août 2018

Alec Seror : Les charmes du non-sens

Berg International éditeurs - Août 2018


Le monde est en train de devenir une tour de Babel où se bousculent les révélations religieuses, les découvertes scientifiques, les variations intellectuelles et où sévissent de stridentes dissonances entre toutes sortes de prétentions à la vérité. Les malentendus se glissent dans les concepts les plus courants, les rivalités scolastiques ou médiatiques encouragent les doctrines les plus étranges. La liberté de pensée est galvaudée au point de légitimer un inénarrable droit à la bêtise. On ne sait plus quelles méthodes et procédures pratiquer, sur quels chemins s'engager, à quelles certitudes s’accrocher. Le lecteur se perd dans les méandres des bibliothèques et ploie sous la quantité des livres. La science poursuit sa course irrésistible vers nul ne sait où tandis que ses réalisations technologiques et biologiques menacent ou promettent de résilier les modes traditionnels de communiquer et de vivre. C’est dans ce contexte que l’auteur s’interroge sur le rôle de la philosophie. Se réduit-il à commenter les sciences, à en tirer les conclusions et à reformuler les questions éthiques à la lumière de ses chamboulements et de ses pronostics ? Dans sa tentative de se mesurer aux débordements religieux, bascule-t-elle dans des incantations intellectuelles qui peinent à convaincre ? Est-elle à même de se mesurer aux questions qui assaillent l’homme et de se prononcer sur le sens à donner à une vie de plus en plus désorientée et débraillée ? L'auteur plaide pour la liberté et la tolérance du non-sens contre les contraintes et l'intransigeance du sens dogmatique instillé dans les esprits par les religions ou les nouvelles scolastiques universitaires et médiatiques. Il parie sur un doux nihilisme, paradoxalement plus sensé que toute autre doctrine, pour dédramatiser une condition meurtrie par de vains prêches, assourdie par leur cacophonie théologico-philosophique et désorientée par leur anachronisme. 

Alec Séror (1954-2012) a fait ses études primaires avant de poursuivre sa scolarité à Paris sous la direction d’Emmanuel Lévinas. En 1970, il immigre en Israël où il poursuit des études d’ingénieur au Technion de Haïfa. De retour en France au début des années quatre-vingt-dix, il reprend des études de philosophie. Séror a publié plusieurs ouvrages en hébreu dont En terre de Philistie, Lettre à la mère (Les Editions de Mai, 2015) et La Teigne (Les Editions de Mai, 2016). Les charmes du non-sens, écrit en français, participe du pamphlet et du manifeste philosophiques.

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jeudi 16 août 2018

Timothée Picard : Olivier Py. Planches de salut

Actes Sud Editions - Juillet 2018


Que peut le théâtre ? Qu’est-ce que l’individu et la communauté sont en droit d’en attendre ? Rien moins que sauver des êtres, des âmes, des vies, répond, au-delà de tout prosélytisme, l’actuel di­recteur du Festival d’Avignon, le dramaturge et metteur en scène Olivier Py.
Cet essai, à la fois biographique et analytique, se propose donc de voir comment le théâtre, au sens le plus extensif que peut prendre ce terme – une façon d’être au monde répondant à une manière d’être du monde lui-même –, a pu tirer le poète d’une angoisse mortifère procurée par le spectre de l’insigni­fiance en lui donnant un destin ; et comment il peut à son tour l’offrir comme viatique aux hommes et femmes d’aujourd’hui, confrontés à une spectaculaire absence de sens qui semble avoir pris des traits d’apocalypse.
Ce dont il retourne alors n’est pas tout à fait une religion, encore moins une politique – tout en ayant éminemment à voir avec elles –, il s’agit plutôt d’une éthique de vie tout entière consacrée à la scène et à l’art, fondée sur l’éblouissement esthé­tique et les assurances qu’il donne, et mise en œuvre au moyen d’une poétique faisant du théâtre total, somme et synthèse de tous les théâtres, un rempart contre le sentiment de déréliction – au risque assumé de la démesure.

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Revue de philosophie ancienne 2018/1 (Tome XXXVI) : Sur l’Éthique d’Aristote. Textes et contextes

Ousia - Juillet 2018

Page 3 : Dimitri El Murr, Pierre-Marie Morel - Présentation | Page 5 à 38 : Voula Tsouna - La conception aristotélicienne de la sōphrosunē dans l’Éthique à Nicomaque et son arrière-fond platonicien | Page 39 à 72 : Francesco Fronterotta - Eudoxe et Speusippe sur le plaisir (selon Aristote) : un débat dans l’ancienne Académie | Page 73 à 88 : Anthony Kenny - Aristotle on Friendship in the Nicomachean and Eudemian Ethics | Page 89 à 104 : David Konstan - Libéralité et gratitude | Page 105 à 129 : James Warren - Damascius on Aristotle and Theophrastus on Plato on false pleasure | Page 131 à 152 : Carlo Natali - Un fossato da riempire ? Nuove tendenze nell’interpretazione delle Etiche di Aristotele.

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mardi 14 août 2018

Doh Ludovic Fié : La pensée du beau chez Plotin. Une esthétique de la rupture

L'Harmattan - Juillet 2018


Le beau relève de la simplicité irradiée par la lumière de l'Un. Contrairement à l'approche platonicienne, le beau, selon Plotin, est logé dans les parties sans lesquelles il serait impossible de construire un ensemble. Il s'agit d'une perspective du simple contre le composé, de la partie contre le tout. Le beau n'est pas totalitaire, il est plutôt fragmentaire, fractal, charmant et surprenant. Loin d'être le résultat d'un calcul froid et objectiviste, il traduit ce qu'il y a de plus intime et de plus essentiel : notre esprit. Cette perspective fait de la pensée plotinienne du beau une philosophie exemplaire pour l'esthétique contemporaine.

Doh Ludovic Fié, ancien élève de l'Ecole normale supérieure d'Abidjan, a séjourné à l'UFR des Arts de l'Université de Strasbourg. Professeur à l'Université Alassane Ouattara (Côte d'ivoire) et actuel directeur du département de philosophie, il est, par ailleurs, directeur de publication de la revue Perspectives philosophiques. 

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mercredi 8 août 2018

Emiliano Sfara : Georges Canguilhem inédit. Essai sur une philosophie de l'action

Editions L'Harmattan - Juillet 2018 - Collection : La philosophie en commun


La pensée de Georges Canguilhem (1904-1995) connaît un regain d'intérêt dans les lieux académiques et de recherche. Ainsi, eut lieu à l'Université Paris-1 un colloque international intitulé « Un nouveau Canguilhem ? » pour la parution des Oeuvres complètes jetant une nouvelle lumière sur des écrits de jeunesses peu connus. Mais que peut-on apprendre de ces manuscrits privés ? Ces écrits inédits confirment-ils l'opinion vague qui lie le philosophe aux sciences naturelles ? Ce livre privilégie un autre angle : Canguilhem en philosophe de l'action.

Emiliano Sfara, docteur en philosophie de l'Université Montpellier-3 et de l'Université de Calabre, est post-doctorant à l'Université de São Paulo (USP/FAPESP). Il a déjà publié un premier livre sur Canguilhem : Una filosofia della prassi. Organismi, arte e visione in Georges Canguilhem (Nuova Trauben, 2016). Membre du réseau Epistémologie historique et de la rédaction de la revue scientifique L'inconscio. Rivista italiana di Filosofia e Psicoanalisi, il est l'auteur de différents travaux de philosophie de la connaissance, des sciences et du langage.

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Mikhaïl Masline : Dictionnaire de la philosophie russe

Editions l'Age d'Homme - Août 2018


Essayer de comprendre les grandes constantes de la philosophie russe, c'est abandonner certaines représentations habituelles pour un lecteur occidental - non pas découvrir une différence au sens strict, mais une autre répartition des centres d'intérêt. En 1955, Vycheslavtsev écrivait : " Les problèmes fondamentaux de la philosophie universelle sont aussi, bien évidemment, ceux de la philosophie russe. En ce sens, il n'existe pas de philosophie spécifiquement russe. Mais il existe une manière russe d'aborder les problèmes philosophiques universels, une aptitude proprement russe à les vivre et les prendre en charge. " Ce Dictionnaire contribue à situer la pensée russe par rapport à l'Europe, et cela dès les origines. Depuis un demi-siècle, le regard porté sur la Russie ancienne (XIe-XVIIe siècles) s'est transformé, permettant de donner toute sa place à une tradition spirituelle moins tournée vers le raisonnement que vers le silence, la contemplation, l'ascèse - tendance également présente en Occident, mais moins exclusive. On sait qu'en Russie les contraintes de l'histoire (régimes autoritaires, censure, emprise d'une idéologie totalitaire...) ont pesé particulièrement lourd. Elles sont proportionnelles à l'ampleur des questions suscitées. Au XIXe siècle, à travers l'histoire d'institutions telles que les universités, on découvre une peur panique de toute pensée, considérée comme une menace pour l'ordre établi. C'est à cause de ces conditions d'existence que le manque d'une philosophie critique se fait sentir au moins jusqu'à la seconde moitié du XIX' siècle. Mais la faiblesse presque constante de la philosophie institutionnelle explique aussi, peut-être, la floraison de théories parfois très surprenantes, originales, non conventionnelles - tradition qui se maintiendra au XXe. siècle, où sous la chape de plomb du régime soviétique on découvrira un véritable foisonnement idéologique. C'est au XXe siècle surtout (en URSS ou dans l'émigration) que la philosophie russe rejoint véritablement la conception occidentale de la philosophie. A côté du marxisme ou des vastes systèmes développant la notion d'unitotalité, on rencontre des phénoménologues, des existentialistes... qui, cette fois, ne sont pas des imitateurs. Certains rapprochements sont inattendus. On découvre ainsi que Pascal est au coeur de tout un domaine de la pensée russe. Ce Dictionnaire fait écho à d'autres entreprises : à la monumentale Histoire de la littérature russe publiée chez A. Fayard, qui a montré que tout panorama un peu exhaustif de la culture russe ne peut ignorer sa philosophie ; au Vocabulaire européen des philosophies, qui a souligné l'apport original de la Russie sur le plan conceptuel. Mais sa visée propre est de relier les différents concepts originaux à la culture et à l'histoire qui les ont forgés. Dans la refonte de l'original russe, on s'est attaché à faire ressortir la spécificité de cette philosophie et de ses conditions d'apparition. On trouvera parfois même certains grands événements dont l'incidence sur le développement ultérieur de la pensée est indiscutable (par exemple les Décembristes). L'ambition de ce Dictionnaire est de faire pressentir la richesse d'un domaine philosophique qui commence à se découvrir, de dépasser les jugements ou sympathies convenus, pour proposer un travail de compréhension en profondeur, offrant un nouvel angle d'approche de la culture russe.

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mercredi 1 août 2018

Valentin Husson : Vivre(s). Malaise dans la culture alimentaire

Les Contemporains favoris - juillet 2018 - Collection bleue/essais


Mange-t-on pour vivre ou vit-on pour manger ? La question est peut-être mal posée. Car ce qu’il faudrait affirmer : c’est que le vivant mange la vie à pleines dents, et que vivre n’est qu’une métonymie de « vivres ». Voilà l’hypothèse de cet essai. La vie doit dès lors être pensée à partir d’un certain régime d’alimentation. Traduire Freud, pour aujourd’hui, c’est sans doute soutenir que le malaise dans notre culture est désormais alimentaire. Dégoût pour la vie, manque d’appétit pour elle, quand le vivant a en assez « soupé » et trinqué, il lui faut retrouver le goût de vivre. Comment réalimenter la vie ? Comment la vitaminer ? Comment, encore, lui donner envie de vivre, alors même que tout concourt à l’en dégoûter (terrorisme, catastrophes écologiques, famine, dépressions en tous genres) ? Cela engage l’écologie, et l’économie libidinale. Une diét-éthique reste donc à penser. Car vivre ne se peut sans quelque envie de vivre(s). Voilà pourquoi le vivant n’est que ce qu’il mange. Ce livre essaye d’interroger l’histoire de la philosophie, de Platon jusqu’à Levinas, afin de nourrir notre appétit et notre soif de vivre(s), et de nous libérer de l’ascétisme morbide, dont le nom le plus récent fut : Heidegger.

Valentin Husson est professeur et docteur en philosophie, co-fondateur de la revue « Le Verbier ».

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