samedi 30 juin 2012

Du sensible à l'œuvre. Esthétiques de Merleau-Ponty

Emmanuel AlloaAdnen Jdey (ed.)



Juin 2012 - La Lettre volée - 17 €

Plusieurs générations de chercheurs internationaux interrogent l'esthétique de Merleau-Ponty suivant deux axes : d'une part, le dialogue constant et passionné avec des arts (peinture, littérature, cinéma) et ses protagonistes (Cézanne, Proust, Claude Simon) qui est à l'origine de l'esthétique de Merleau-Ponty, et dans d'autre part, l'impact de la pensée merleau-pontienne sur les arts, depuis le Minimal Art américain en passant par le Body Art et la danse contemporaine.
Tandis que certaines contributions s'intéressent, en s'appuyant sur les inédits, au rapport jusqu'ici moins étudié que Merleau-Ponty entretenait avec la musique, mais aussi avec la photographie, d'autres contributions jaugent l'héritage merleau-pontien dans des arts sur lesquels il n'a pas lui-même écrit (la danse, l'architecture ou le théâtre). Ce volume propose donc une première synthèse générale du rapport de Merleau-Ponty aux arts, tout en en indiquant les lignes de fuite et les horizons qui en font aujourd'hui, à la veille du cinquantenaire de la mort, toute l'actualité.

mercredi 27 juin 2012

L'expérience religieuse : approches empiriques, enjeux philosophiques

Anthony Feneuil (dir.)


Juin 2012 - Beauchesne - 29 €

Ce livre constitue la proposition d’une philosophie des sciences des religions.
Cela doit s’entendre en deux sens. D’abord au sens d’une épistémologie des sciences des religions : quels sont les problèmes de méthode, de définition des concepts scientifiques qui se posent spécifiquement pour l’étude des religions, et cela dans les différents champs disciplinaires ? Ensuite, au sens d’une philosophie de la religion : comment le développement des sciences des religions influe-t-il sur les théories philosophiques de la religion ? Ces deux aspects indissociables sont traités dans un dialogue interdisciplinaire. Philosophes, historiens, sociologues, théologiens ou encore spécialistes de sciences cognitives dialoguent et confrontent leurs conceptions de l’expérience religieuse, pour introduire aux différentes approches de la religion par l’expérience.
Il s’agit de faire émerger des problèmes transversaux : comment aborder scientifiquement l’expérience religieuse sans en perdre l’épaisseur propre ? Peut-on en rendre compte sans la justifier ou la réduire ?Au centre de la recherche du livre, l’idée que la religion, comme objet de sciences empiriques, oblige à une réflexion philosophique approfondie sur l’idée même d’approche empirique, c’est-à-dire sur le concept d’expérience.

samedi 23 juin 2012

De l’incarnation à la représentation. L’ontologie politique de Thomas Hobbes

Philippe Crignon


Juin 2012 - Classiques Garnier - 39 €

La philosophie politique de Hobbes acquiert sa pleine validité grâce à la catégorie de la représentation qui apparaît dans le Léviathan. L’ouvrage montre pourquoi il faut saisir le projet de Hobbes dans sa pure radicalité : reconfigurer les conditions ontologiques de toute communauté humaine en substituant le schème de la représentation à celui de l incarnation. Par là, Hobbes clôt l’époque du corps politique pour ouvrir celle de la personne de l’État.

Philippe Crignon est agrégé et docteur en philosophie. Il est actuellement chercheur associé à l’équipe d’accueil « Sciences, philosophie, humanités » (université Bordeaux 3) et chargé de cours à l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne. Il a notamment traduit le traité de Hobbes Du citoyen (Paris, 2010). 

Madame de Murat et la «défense des dames». Un discours au féminin à la fin du règne de Louis XIV

Geneviève Clermidy-Patard


Juin 2012 - Classiques Garnier - 49 €

Cet ouvrage constitue la première monographie consacrée à l'œuvre de la comtesse de Murat. Il invite à découvrir une femme de haute culture, contemporaine de Mme d'Aulnoy, qui choisit majoritairement la fiction narrative pour exprimer ses convictions féministes. Son écriture inventive fait également entendre l'expression d'un je qui se montre suspicieux à l'égard des discours sociaux, et qui revendique toutes les formes de publication au sein d'une société marquée par le durcissement de la fin du règne de Louis XIV.  

vendredi 22 juin 2012

Cours de métaphysique moderne

Daniel Liotta


à paraître en Août 2012 - Hermann - 38 €

Un cours de métaphysique moderne : ni un traité (qui expose systématiquement les objets et les thèses) ni précisément une histoire (qui parcourt les épisodes de la discipline), mais des études qui mettent en évidence certains des enjeux premiers et des moments remarquables de la métaphysique à partir de Descartes. La question est : comment des philosophes s’affrontent-ils au « projet métaphysique », comment le réalisent-ils, le redéfinissent-ils, ou le détruisent-ils ? Afin de répondre, ces cours s’ouvrent sur une initiation, suivie d’études plus complexes : ils présentent d’abord les propositions élémentaires du questionnement métaphysique, puis examinent comment ce questionnement a été déployé, contesté, réactivé ou supprimé par de « grands » philosophes. Ainsi, ils analysent comment des philosophies élaborent leur principe en se mettant en crise (Descartes, Kant, Nietzsche), ils proposent des confrontations qui permettent mettre en valeur la singularité des systèmes de pensée (Spinoza/Nietzsche, Kant/Hegel), ils explorent la configuration moderne qui met en relation des ontologies (Sartre, Foucault) et les sciences humaines (le « structuralisme »). Du projet de fondation cartésien à l’analyse moderne des « significations », le livre montre ainsi la métaphysique au travail, dans ses constitutions, ses devenirs et ses destructions.  

L'artiste est une femme

par Giovanna Zapperi


Juin 2012 - P.U.F. - Collection "Lignes d'art" - 21 €  

Présentation

La transformation de Marcel Duchamp en Rrose Sélavy marque un décentrement de la figure de l’artiste, désormais traversée par l’instabilité, l’ambivalence et la contradiction. Prendre un alter égo féminin n’est pas anodin : c’est remettre en cause la notion de créateur-génie masculin. Les autoreprésentations photographiques et l’utilisation du travestissement, moins connues que lesreadymades ou le Grand Verre, révèlent un « autre » Marcel Duchamp, profondément ambivalent et troublé par le genre.
Cet ouvrage montre que Duchamp échappe toujours à sa canonisation dans l’histoire de l’art. Les déplacements et les réinventions avec lesquels il brouille les pistes passent par le « féminin » ou l’irruption de l’Autre dans la modernité qu’il élabore.


Table des matières

Introduction.

1. Une autre masculinité.

Le dandysme de Marcel Duchamp.
Originalité et répétition. 
Ambivalences masculines.
Expatriation.
L’Autorité du prêtre.
La toile vierge.
Ascétisme et célébrité.
L’Artiste comme guide spirituel.

2. La féminité de Rrose Sélavy.

Française, Américaine et Juive.
Juifs, femmes et homosexuels.
Féminité comme spectacle.
Le féminin et la marchandise.
Femmes modernes.
Un sujet divisé.
Artificialité du genre.
Effets parodiques.

3. Célibataires.

Photographie et crise de l’identité.
La mariée et les célibataires.
La politique sexuelle de New York Dada.
Une histoire poilue.
Man Ray, photographe de mode.
Fétichisme.
Masculinité comme mascarade.
Le désir à l’âge de la photographie.

Conclusion. 

dimanche 17 juin 2012

Le ressentiment, passion sociale

Antoine Grandjean, Florent Guénard (dir)


Juin 2012 - PU Rennes, coll. « Philosophica » - 16 €

Le ressentiment n’a pas bonne presse : « passion irrationnelle », « expression de l’impuissance », « envie déguisée » – les termes ne manquent pas dans l’histoire de la pensée pour disqualifier ce qui est apparu, au mieux, comme le sentiment d’un malaise, au pire comme un désir de vengeance rentrée des classes populaires à l’encontre des élites. Trois caractéristiques du ressentiment sont alors généralement mises en évidence. D’abord, on souligne que c’est une passion spécifiquement moderne, qui n’est théorisée qu’au xix e siècle parce qu’elle ne prospère pleinement que dans les sociétés de masse. ensuite, on montre que c’est une tradition de pensée spécifique (Nietzsche puis Scheler) qui en a définitivement fixé le sens, la comprenant comme l’émotion des faibles incapables d’affirmer leur hostilité à l’encontre de ceux qui les dominent. On précise enfin que le ressentiment conduit à une subversion des valeurs morales, et qu’il gît au creux des passions politiques d’apparence émancipatrice : la vérité de la volonté d’égalité ou de justice serait une rancune honteuse.

C’est à montrer les limites de cette interprétation que cet ouvrage est consacré. Il veut montrer que le ressentiment a une histoire, et que si l’on veut identifier la spécificité de ses manifestations contemporaines, il faut les mesurer à la manière dont la philosophie ancienne et la pensée classique ont thématisé les affects approchants. Il entend également construire une critique des interprétations traditionnelles, en montrant comment celles-ci ont tendu
à simplifier la pensée nietzschéenne, et ce pour restituer à cette passion son éminente complexité. Il souhaite enfin organiser une analyse du dynamisme dont le ressentiment est l’expression, en mettant à profit la richesse que signifie en la matière une approche pluridisciplinaire. Car cette passion, loin d’être seulement cette manifestation de l’impuissance à laquelle on a voulu la réduire, est réaction émotionnelle face à l’inachèvement de l’égalité dont nos sociétés démocratiques sont pourtant la promesse.

Le ressentiment est création de valeurs, attention à la réciprocité, attachement à la justice. C’est une passion sociale qui exprime la puissance de l’affect dans la vie politique ; c’est plus encore l’une des formes, certes potentiellement pathologique, de l’élément affectif dont nos idéaux de liberté et d’égalité ont un irréductible besoin.

Sommaire

La tradition en question
Nietzsche et le « génie » du ressentiment
La subversion des valeurs par l’ordre bourgeois. L’efficacité sociale du ressentiment selon Max Scheler
« Haine, envie, vengeance, et tous ces mots qui composent le vrai dictionnaire des révolutions »
Ressentiment, révoltes et histoire
L’ancien et le moderne
Figures du ressentiment dans quelques anthropologies anciennes : de la singularité affective du thumos à la pathologie ordinaire de la colère
Figures du ressentiment à l’âge classique (Leibniz, Pascal, Spinoza)
Vengeance et appel au ciel dans le jusnaturalisme révolutionnaire de Locke
Figures du ressentiment. Un point de vue psychanalytique
Le travail des institutions
Ressentiment, envie et sens de la justice (Honneth, Rawls)
Ressentiment et sentiment d’injustice : quels enjeux pour la justice pénale ?
Le ressentiment, passion de l’assistance ?

Le sens de la limite. La douleur, l'excès, l’obscène

Maddalena MAZZOCUT-MIS


Juin 2012 - Vrin - "Mimesis | L'œil et l'esprit" - 16 €

Le public ne désire pas l'horreur pourtant il en jouit dans l’art et en souffre dans la vie. Lorsqu’il s’agit d’une monstrueuse union d’abjection et de sublime, la jouissance devient jouissance jamais pacifiée, toujours problématique, souvent irrésolue, qui touche au domaine physiologique si ce n’est pathologique.
Une rhétorique des effets que le public connaît bien. Une rhétorique des effets extrêmes qui transforme le spectateur en voyeur ou victime, avec la victime exhibée, qui le transforme en bourreau apathique, lorsque la cruauté se laisse exposer sans réserve. Des regards de l’horreur qui sont jouissance de la limite, jouissance à la limite : le dix-huitième siècle l’enseigne.
Un sens de la limite c’est ce que le siècle du bon goût élabore, car représenter l’horreur signifie choisir non pas tellement de l’apprivoiser mais de la rendre encore susceptible de procurer du plaisir. Jeu de limites qui n’en sont pas si elles peuvent faire allusion à un infi ni dont les traits sont bien souvent ceux du sublime.

mardi 12 juin 2012

Enfer de la philosophie

Jean-Clet Martin


20 juin 2012 - Editions Léo Scheer - "Essais " - 15 €

Qu’est-ce que la philosophie occidentale, habituée aux sommets lumineux de la raison, peut dire des sous-sols, des bas-fonds, des zones obscures de l’humanité qui côtoient l’enfer  ? 
Jean-Clet Martin, poursuivant son travail d’exploration des marges et des recoins de l’histoire de la pensée, qui lui vaut une place singulière dans le paysage philosophique français, tente dans ce nouvel essai de faire surgir de l’ombre « des formes immaculées que le philosophe ne peut apercevoir qu’en devenant tout autre ». Il explore, par de courts textes qui sont autant de coups de sonde dans la nuit, l’angoisse, la mort, la déchéance, la folie, la misère, l’absence de Dieu, tout ce qui échappe aux différents triomphes de l’homme sur l’homme. 
On retrouve, au fil de cette enquête à la fois profonde et joueuse, pédagogique et exigeante, aussi bien Hegel, Kierkegaard, Nietzsche, Deleuze ou Philippe Lacoue-Labarthe que Dante, Hölderlin, Hesse, Kafka, Munch, Mahler : des philosophes, des écrivains, des artistes – la pensée dans tous ses états.

La souffrance physique dans l’Antiquité, théories et représentations

Jean-Christophe COURTIL et Jean-Marie PAILLER (coord.)


Juin 2012 - Revue Pallas n° 88 - 25 €

Le volume comporte deux dossiers. Le premier, coordonné par Jean-Christophe COURTIL, est constitué des articles tirés de communications présentées lors d’une journée d’étude à l’université de Toulouse II sur « La souffrance physique dans l’Antiquité : théories et représentations ». Le deuxième, coordonné par Jean-Marie PAILLER, réunit des varia offerts en hommage à Aline Rousselle, spécialiste de l’histoire du christianisme, et qui a achevé sa carrière à Toulouse.

Ce recueil d’articles au champ d’étude volontairement étendu s’adresse aussi bien à un public de spécialistes des sciences de l’Antiquité qu’à un large public curieux dans les domaines de l’histoire de la médecine, de la philosophie et des arts. Ce numéro est également susceptible d’intéresser les enseignants du secondaire qui doivent préparer les nouveaux programmes de latin et de grec ancien pour les classes de 3e et de Terminale dans lesquels figure l’axe « médecine et pensée ».

Sommaire

Introduction (J.-Ch. Courtil) 
I. Approches de la médecine antique
Les voix de la douleur entre médecins et malades : le témoignage de l’Antiquité (Ph. Mudry)
Souffrir pour être beau ? Sport et douleur dans les traités de Galien (E. Felsenheld)
La représentation de la douleur animale chez les hippiatres latins (V. Gitton-Ripoll) 
II. Corps souffrant et philosophie
Quelques réfexions sur le châtiment dans les dialogues platoniciens (E. Jouet-Pastré)
La mesure des affections dans l’épicurisme (F. Prost)
Valetudinarius Seneca. Sénèque le Philosophe était-il un malade imaginaire ? (J.-Ch. Courtil)
Le lieu de la douleur : le cinquième livre de la correspondance entre Fronton et Marc Aurèle (F. Le Blay) 
III. La souffrance physique dans la littérature et les arts
Approche littéraire et médicale de la souffrance physique dans La Pharsale de Lucain (S. Pétrone, V. Bonet)
La représentation de la douleur dans la sculpture hellénistique (F. Queyrel)
Le mal d’amour au Moyen Age : souffrance, mort et salut du poète (C. Noacco)



Le voyage de Nietzsche à Sorrente. Genèse de la philosophie de l'esprit libre

Paolo D'IORIO



Juin 2012 - CNRS Editions - 20 €


Automne 1876: Nietzsche, jeune professeur de philologie à Bâle, brillant élève de Ritschl, part pour Sorrente, invité par son amie Malwida von Meysenbug. C'est
son premier voyage dans le Sud : une découverte qui va changer sa vie et le cours de sa philosophie. C'en est fini des tentatives de renouveler la culture allemande au nom de la cause wagnérienne ; l'auteur de La Naissance de la tragédie (1872) commence sa mue.
Paolo D'Iorio dresse la carte de cette métamorphose : lectures et discussions, promenades, explorations des environs avec son ami Paul Rée et l'étudiant Albert Brenner ; il fait revivre cette sociabilité joyeuse et confiante qui fertilise l'élan créateur de Nietzsche. C'est à Sorrente que Nietzsche entreprend la rédaction de Choses humaines, trop humaines, dédié à Voltaire. Cette oeuvre, la première sous forme d'aphorismes, inaugure sa philosophie de la maturité.
La rupture avec Wagner qu'il verra alors pour la dernière fois, est intellectuellement consommée bien qu'encore cachée. A la suite de ce voyage, Nietzsche abandonnera sa chaire bâloise et entamera une existence de philosophe sous le signe du Midi entre la Suisse, la France et l'Italie.

lundi 11 juin 2012

J.B.S. Haldane, la science et le marxisme. La vision du monde d’un biologiste

Simon Gouz


Juin 2012 - Editions Matériologiques - "Collection : Sciences & Philosophie" - 24 €

Le biologiste britannique John Burdon Sanderson Haldane (1892-1964) est un personnage fascinant. Durant sa vie, il a notamment participé au développement de la biochimie, contribué de manière décisive à la fondation de la génétique des populations, pris position dans les débats sur l’eugénisme et dans l’affaire Lyssenko, été l’un des pionniers de la popularisation des sciences, écrit des centaines d’articles et tenu des dizaines de conférences pour le grand public, rédigé des textes d’anticipation qui ont contribué à la fondation du genre littéraire de la science-fiction, inventé les termes d’ectogénèse et de clonage, créé plusieurs scandales dans le milieu universitaire, participé aux deux guerres mondiales – dont directement à la première comme combattant – ainsi qu’à la guerre civile espagnole, milité dans le Parti communiste de Grande-Bretagne, fondé un institut de recherche en génétique en Inde. Et cet inventaire n’est pas exhaustif, au point qu’il est parfois difficile de croire que l’ensemble des activités qui lui sont attribuées ont bel et bien été effectuées par le même homme.

Dans cet enchevêtrement d’activités et de préoccupations, la biographie de Haldane fait apparaître une période particulière, entre la fin des années 1930 et le tout début des années 1950, durant laquelle il s’affirme marxiste, s’engage politiquement aux côtés du Parti communiste et affirme appliquer les idées marxistes aux sciences. La présente étude porte sur cette « période marxiste » de la vie de Haldane, où se croisent et se joignent sous la forme d’une vision du monde spécifique, science, philosophie et politique. Elle examine le parcours et les motivations intellectuelles qui mènent Haldane à adopter ces idées marxistes, discute et évalue la manière dont il prétend les appliquer utilement à la compréhension et à la production des sciences, et se penche finalement sur les conditions sociales et historiques qui déterminent l’émergence des conceptions marxistes de Haldane.

L’auteur, Simon Gouz, est docteur en histoire et philosophie des sciences. Il a soutenu sa thèse en 2010 à l’Université Claude Bernard-Lyon 1.
Jean Gayon, le préfacier, est philosophe des sciences, spécialiste de la théorie de l’évolution, il dirige l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST).

vendredi 8 juin 2012

Philosophie N°114, été 2012

Hilary Putnam, Jean-Louis Chrétien, Isabelle Drouet,François-David Sebbah


Editions de Minuit, 10 € 

Ce numéro s’ouvre sur deux textes d’Hilary Putnam traduits par Mireille Duchastelle-Cabanes : « Cerveaux et comportement », paru en 1963, et « Philosophie et notre vie mentale », publié en 1973 – ultérieurement repris comme chapitres 16 et 14 de son ouvrage Mind, Language and Reality –, qui constituent une étape essentielle dans la pensée de l’auteur. Dans le premier, il critique le béhaviorisme logique, qui désirait évacuer toute admission d’événements mentaux doublant les comportements observables ; selon lui, une telle théorie ne saurait constituer une troisième voie entre le matérialisme et le dualisme. 

Dans le second, il renvoie dos à dos matérialistes et dualistes, du fait qu’ils partagent le présupposé fallacieux selon lequel si nous sommes des êtres matériels, notre psychisme doit être expliqué par les lois de la physique ; il dégage à cette fin la notion d’isomorphisme fonctionnel, qui lui permet de préserver l’ autonomie explicative des états mentaux. Dans « De l’affirmation à la négation du monde dans la parole érotique », Jean-Louis Chrétien s’attache à cerner le statut du monde dans la parole amoureuse profane, afin de dévoiler une dualité essentielle à l’érôs. 

Si l’être aimé y apparaît fréquemment comme le « centre du monde », de sorte que le chant d’amour est par essence un chant du monde, la parole amoureuse peut en revanche adopter une forme eidétiquement distincte : celle où l’être aimé devient un « trou noir » absorbant la totalité des réalités mondaines et conduisant vers le Liebestod et l’adoration du néant. Ainsi se révèle la dualité eidétique intrinsèque de l’érôs qui, s’affranchissant de toute finitude et de tout hédonisme, possède une dimension destructrice, asociale et alégale confinant au nihilisme et à l’acosmisme. Dans « Propensions popperiennes et puissances aristotéliciennes », Isabelle Drouet traite de la philosophie des probabilités, tout entière orientée sur la question de l’interprétation de ces dernières. 
Selon Popper, les probabilités mesurent des tendances naturelles à produire les événements possibles, qu'il appelle propensions ; on considère généralement que cette théorie des probabilités se caractérise par sa dimension métaphysique. En confrontant le concept popperien de propension à la notion aristotélicienne de puissance, l’auteur tente d’élucider de manière systématique les implications métaphysiques de la théorie popperienne des probabilités. Dans « Levinas, Henry et la technique », François-David Sebbah se livre à une confrontation des deux phénoménologues sur le thème de la technique et l’évaluation du phénomène technologique dans le monde contemporain. 
Il montre ainsi comment, chez Levinas, la technique moderne a pour fonction positive et libératrice d’affranchir la subjectivité humaine de tout enracinement, pour la mettre à l’épreuve de l’infini ou du visage, par-delà le monde : par analogie avec le judaïsme, la technique permettrait l’évasion hors de l’être. Par opposition, M. Henry situe sa critique de la technique dans le prolongement du Husserl de la Krisis : comme la science moderne, elle serait oubli des qualités sensibles, donc de la Vie comme auto-affection pure ; le concept de techno-science désignerait ainsi l’acmé d’une déréalisation négative de la vie absolue.  

Revue lignes n°38 : Littérature et Pensée

Editions Lignes - Mai 2012 - 20 €



Contributeurs : Michel Surya, Véronique Bergen, Philippe Hauser, Alain Hobé, Jacques Brou, Mathilde Girard,Mathieu Bénézet, Philippe Lacoue-Labarthe, Jacob Rogozinski, Sylvain Santi, Michael Trahan, Gisèle Berkman, Boyan Manchev, Jean-Paul Michel, Alain Jugnon, Olivier Jacquemond, Léa Veinstein, François Brémondy, Michèle Cohen-Halimi, Laurent Evrard,Emmanuel Laugier, Marc Nichanian, François Athané
 
Présentation
 
Poser la question de la littérature et de la pensée, ce n’est pas faire d’elles deux questions que poserait la situation faite à l’une et à l’autre. C’est faire de l’une pour l’autre une question, la question que poserait leur rapport, quelle que soit la situation (à quelque époque que ce soit, mais à la nôtre, tout de même, principalement). Rapport dont il arrive – le plus souvent – qu’il n’existe pas. Formes, enjeux, objets, etc. les différencieraient par principe. La littérature, dans sa masse, ignore d’ailleurs la pensée (s’en passe, ne veut pas avoir affaire avec). La pensée, moins, qui cite volontiers la littérature, s’en sert, y trouve de quoi alimenter ses représentations, auxquelles la littérature peut en effet tenir lieu d’exemple, de « preuve ». Pas cependant au point que leur distinction doive s’effacer. D’un tel effacement, une confusion résulterait que l’une ne craint apparemment pas moins que l’autre, même si c’est pour des raisons en partie opposées.

Faisons cependant comme s’il ne suffisait pas de penser ce que la littérature donne à penser, entre autres à la « pensée » (par exemple à la philosophie), mais ce qu’elle-même pense en tant qu’elle ne cesse pas d’être la littérature. Les noms sont nombreux qui y prêtent, de ceux qui se tiennent à l’articulation de l’une et de l’autre : Proust, Kafka, Musil, Joyce, Borges, Broch, Artaud, Beckett, Celan, etc. ; ou de ceux qui ont porté plus loin la possibilité de leur indisctinction : Blanchot, Bataille, Klossowski, etc. ; de ceux enfin qui se sont illustrés aussi bien dans le registre de la littérature que dans celui de la philosophie (Sartre, pour n’en citer qu’un, lequel n’a pas écrit que de la littérature et de la philosophie, mais encore de la philosophie à partir de la littérature – à partir de Genet, Flaubert) ?

Des rapports de la pensée à la littérature, tout le monde semble donc à peu près savoir ce qu’il en est, a fortiori si c’est à des « penseurs » que la question est posée (c’est le cas de la plupart ici). Mais est-ce si sûr ? Qu’en est-il donc pour la pensée que la littérature elle-même pense, comme par surcroît ? Et que pense-t-elle que la pensée ne penserait pas, ou pas assez ? Qu’est-ce qu’une pensée qui ferait réellement l’expérience de la littérature, la lisant réellement pour ce qu’elle est ? Se peut-il que la littérature ait possiblement quelque chose en propre que la pensée n’aurait pas, même du point de vue de la pensée ? Qui sait, que celle-ci fuirait ? Que son histoire lui ferait fuir (ce que la littérature a volontiers de « bas », de tragique ou de trivial, que la pensée n’a pas) ? Questions que posait l’invitation à collaborer à ce numéro ; d’autres naissent des réponses elles-mêmes.

Chaïm Perelman. De la nouvelle rhétorique à la logique juridique

Benoît Frydman, Michel Meyer (dir.) 


Juin 2012 - PUF - Coll. Collection "L'Interrogation philosophique" - 25 € 


Présentation

Perelman est né il y a cent ans. Sa pensée a révolutionné la rhétorique, qu’on avait rangée dans les oubliettes de l’histoire, tout autant que la réflexion sur le droit droit qu’il a théorisé comme résolution des conflits. Ce que la morale ne pouvait plus trancher, le juge avait désormais à sa charge de le résoudre.
La pensée de Perelman a été profondément marquée par le relativisme éthique, d’une part, et par une conception formelle, analytique, de la raison, d’autre part. La rhétorique a permis d’élargir le champ du raisonnable et elle a aujourd’hui gagné l’ensemble des sciences humaines.
Il appartenait à ses successeurs de l’Université libre de Bruxelles, Benoît Frydman et Michel Meyer, de montrer ce qu’est devenue à l’heure actuelle cette conception du droit et la rhétorique, en réunissant parmi les meilleurs spécialistes ceux qui ont su prolonger la pensée de Perelman dans des directions nouvelles.  


Table des matières

Michel Meyer, Introduction, Perelman et l’École de Bruxelles, 

PREMIÈRE PARTIE
La rhétorique


Ruth Amossy, Les enjeux du « déraisonnable » : rhétorique de la persuasion et rhétorique du dissensus

Marc Angenot, La notion d’arsenal argumentatif : l’inventivité rhétorique dans l’histoire

Marc André Bernier, Perelman et la redécouverte de la fonction argumentative des figures du discours

Philippe Breton, L’argumentation comme lien social

Alain Lempereur, Le droit est Janus : dualité rhétorique entre coexistence et conflit

Michel Meyer, Raison et passion en argumentation

Henrique Jales Ribeiro, Rhétorique et philosophie : Perelman et la philosophie analytique

DEUXIÈME PARTIE
Logique juridique


Pierre Brunet, Perelman, le positivisme juridique et l’interprétation

Mireille Delmas-Marty, L’émergence d’un ordre juridique mondial : pathologie ou métamorphose ?

Marie-Anne Frison-Roche, Le modèle perelmanien au regard des méthodes d’enseignement du droit

Benoît Frydman, Perelman et les juristes de l’École de Bruxelles

Stefan Goltzberg, Les sources perelmaniennes entre Athènes, Rome et Jérusalem

Maurizio Manzin, Vérité et logos dans la perspective de la rhétorique judiciaire. Contributions perelmaniennes à la culture juridique du troisième millénaire
Benoît Frydman, Conclusion, La postérité de Perelman 

mercredi 6 juin 2012

La propriété intellectuelle Évolution historique et philosophique

Mireille Buydens


Juin 2012 - Bruylant - 95 €

Pourquoi la propriété intellectuelle n’est-elle apparue en Occident qu’au 15e siècle ? Pourquoi était-elle impensable avant ? Qu’est-ce qui a permis son apparition ? Comment les philosophes l’ont-ils justifiée? Et quelles sont les critiques qu’ils formulent aujourd’hui à son encontre ? C’est à ces questions essentielles que tente de répondre ce livre. Car la propriété intellectuelle fait aujourd’hui question : des discussions sur la brevetabilité du vivant et des méthodes commerciales aux questions soulevées par la copie des oeuvres sur Internet, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur sa justification, ses limites, voire même son avenir. Si elle suscite la controverse, c’est parce qu’elle pose un problème fondamental : peut-on s’approprier la création, dans quelle mesure et à quelles fins ? Pour éclairer ce débat, ce livre propose un voyage dans l’histoire des idées : explorer le statut de la création dans l’histoire occidentale et voir dans quel contexte intellectuel et juridique est apparue l’idée d’une appropriation des oeuvres de l’esprit. On verra ainsi pourquoi l’Antiquité, pourtant éminemment créative et juridiquement sophistiquée, ne pouvait pas penser une propriété de l’immatériel, et pourquoi le Moyen-âge considérait l’invention comme une activité adultère. La révolution nominaliste au 12e siècle, la querelle des arts libéraux, le calvinisme, mais aussi l’évolution des théories de la propriété construisirent petit à petit un cadre intellectuel induisant l’émergence de cette institution qui allait devenir la propriété intellectuelle. On verra comment et pourquoi les philosophes tentèrent alors de la justifier, et comment ils s’attèlent aujourd’hui à la critiquer. Il apparaît ainsi que la propriété intellectuelle est une institution qui suppose un certain biotope philosophico-juridique : la modification d’un ou plusieurs paramètres de ce dernier pourrait entraîner, sinon sa disparition, à tout le moins sa transformation plus ou moins radicale. 

Philopseudès ou l'Amoureux du mensonge

Lucien de Samosate

Juin 2012 - Hermann - 16 €

Ces deux parfaits fripons avaient aisément compris que la vie des hommes est soumise à deux très grands tyrans, l'espérance et la crainte, et qu'un homme capable de les exploiter à propos pourrait s'enrichir très vite, car ils voyaient que celui qui craint et celui qui espère ont tous deux un besoin absolu et un extrême désir de connaître l'avenir. "Lucien présente ainsi, dans son pamphlet Alexandre ou le faux prophète, l'entreprise d'Alexandre et de son complice : fonder un sanctuaire et un oracle pour exploiter de futurs Fidèles. 
Les personnages fictifs du Philopseudès, doctes philosophes " amoureux du mensonge ", sont eux aussi soumis à ces tyrans : ils se grisent d'histoires de miracles. Ils consultent également les oracles comme les clients du prophète, simples paysans ou hauts fonctionnaires, tel le respectable proconsul Rutilianus qui " au sujet des dieux raisonnait comme un malade et était prêt à admettre tous les prodiges ".Lucien, ami des Epicuriens, brillant conteur et redoutable polémiste, sait faire rire aux dépens de croyants fascinés par l'irrationnel, doux rêveurs du Philopseudès ou victimes enthousiastes du prophète, aveuglés par leur besoin de croire.  
 
Lucien est né vers 125 ap. J.-C. à Samosate en Syrie. Syrien hellénisé, il devient un sophiste professionnel et parcourt l'Empire romain en déclamant ses œuvres satiriques marquées d'incrédulité religieuse devant des publics lettrés. Il mourut vers 190 après. J.-C.

dimanche 3 juin 2012

Oeuvres complètes de Max Stirner

Max Stirner


Juin 2012 - L'Age d'Homme - "Idea" - 29 €

Max Stirner, philosophe allemand (1806-1856), n'est connu du public français que par son ouvrage principal, L'Unique et sa propriété. Pourtant, ses autres écrits présentent un intérêt considérable, non seulement pour la compréhension profonde de l'Unique, mais pour leur valeur propre. On trouvera dans ce volume la traduction de son chef-d'œuvre, mais aussi les réponses que Stirner écrivit à ses détracteurs, réponses naturellement du plus haut intérêt pour qui veut poursuivre le grand débat ouvert par le livre. 
Incisif, polémiste redoutable, Stirner découvre là un autre aspect de son talent littéraire et nous autorise à juger de ce qu'était l'atmosphère intellectuelle de l'Allemagne du milieu du XIXe siècle. Livre " trop absurde pour être dangereux ", selon le ministère de l'Intérieur ; cette amnistie singulière pourrait bien être levée aujourd'hui. L'Unique et sa propriété apparaît comme le véritable manifeste et la plus parfaite ouverture à l'éthique de l'individualisme.