dimanche 30 avril 2023

Elsa Grasso et Anca Vasiliu (dir.) : Platon et la pensée de l'image

 Vrin - Mai 2023


Qu’appelons-nous une image? demande l’Étranger d’Élée à Théétète dans le Sophiste (239d4). Notion structurante dans la philosophie de Platon, l’image sert à illustrer la thématique d’un discours, à éduquer les citoyens aux vertus et aux sciences, à découvrir l’invisible de l’âme, à penser le divin, à persuader du bien, à gouverner la Cité. Si elle fait aussi l’objet de la critique, c’est afin que le philosophe puisse mieux s’en servir : partenaire privilégiée du langage dans la saisie de la réalité de l’existant, on la retrouve tant dans la cosmogénèse démiurgique que dans les discours de Socrate. Loin donc de se réduire à ses liens à la mimétique, elle coopère avec la pensée et le logos dans la recherche d’un accès aux intelligibles, aux principes, aux idées et aux concepts. Ce volume réunit treize approches du rôle dialectique, épistémologique et ontologique de l’image dans les Dialogues de Platon.

Ont participé à ce volume : R. Bujor, C. Collobert, F. Ferrari, F. Fronterotta, F. J. Gonzalez, E. Grasso, I. Männlein-Robert, B. Neola, L. Palumbo, Chr. Poetsch, O. Renaut, K. Thein

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Michaël La Chance : Matrix. Capture totale. Mythologie de la cyberculture

 PU de Laval - Avril 2023


Ce qui a changé entre The Matrix de 1999 et The Matrix Resurrections (2021), c’est le développement d’une culture des jeux vidéo (la réalité devient un simulacre neuromatriciel), c’est l’évolution des langages informatiques où le film puise ses métaphores, c’est notre relation avec les machines et l’omniprésence de celles-ci. Ce qui n’a pas changé, c’est la place de la trilogie dans le panthéon des films cultes, c’est le désir de détourner les technologies omniprésentes dans tous les domaines. La suite Resurrections n’a pas rompu avec la culture des hackers, elle renoue fortement avec celle-ci, elle donne une dimension épique au piratage et à la bidouille. L’univers Matrix continue à définir la mythologie de la cyberculture. Les figures de cette série acquièrent une plus grande fascination à mesure que les ordinateurs connectés gagnent du terrain, que les algorithmes se mettent à l’œuvre dans tous les aspects de nos vies. L’expérience humaine et nos interactions sociales sont devenues de plus en plus matricesques. Matrix gagne en actualité lorsque nous envisageons la déconnexion ou quand nous considérons les cyberguerres qui ont cours en ce moment même.

Philosophe de formation, Michaël La Chance est professeur titulaire de théorie esthétique et d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Chercheur au Centre de recherches Cultures – Arts – Sociétés (CELAT), membre du comité de la revue Inter, art actuel, à Québec, il est aussi essayiste et poète. Ses ouvrages ont reçu de nombreux prix et nominations, dont le prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec et une mention d’excellence des Écrivains francophones d’Amérique.

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vendredi 28 avril 2023

L'information psychiatrique 2023/4 (Volume 99) : Psychoses, nouvelles approches

John Libbey Eurotext - Avril 2023


Page 203 à 204 : Joséphine Caubel - Des cartes à jouer | Page 205 à 208 : Jean-Jacques Bonamour du Tartre - En savoir plus sur… angoisse et troubles psychotiques | Page 209 à 218 : Suzanne Parizot - Réflexions et lectures personnelles sur l’actualité de l’approche psychothérapique des psychoses | Page 219 à 227 : Fabrice Berna, Benoit Schorr, Ludovic C. Dormegny-Jeanjean, Julie Clauss-Kobayashi, Efflam Bregeon, Jean-Baptiste Causin, Clément de Crespin de Billy, Olivier Mainberger, Hervé Javelot et Jack R. Foucher - Réduire ou arrêter les antipsychotiques dans la schizophrénie, une pure folie ? | Page 229 à 234 : Alberto Velasco et Michel Triantafyllou - L’inscription sociale dans les musées | Page 235 à 240 : Sofía Gardella, Agnès Hélias-Péan et Federico Ossola - Un blog pour « rester connectés » : support virtuel d’une communauté soignants-soignés | Page 241 à 245 : Joséphine Caubel et Laurent Lecardeur - « Repère » : un réseau pour améliorer l’accès précoce aux soins | Page 247 à 251 : Emmanuelle Granier et Martin Reca - La chute d’Icare. Moses Laufer au secours d’Icare version 93 | Page 253 à 259 : Malika El Jilali et Malika Bennabi-Bensekhar - Enfants des parents en exil. Interculturation et transmission | Page 261 à 267 : François Chapireau et Eduardo Mahieu - Trois obstacles pour les historiens de la psychiatrie en France | Page 269 à 270 : Joséphine Caubel - Sélection de livres | Page 271 : Agenda.

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Cliopsy 2023/1 (N° 29) : varia

 Association Cliopsy - Avril 2023


Page 5 à 8 : Louis-Marie Bossard - Éditorial | Page 9 à 26 : Dominique Renauld - L’état de grâce du premier mois de cours de l’année scolaire : une incidence du rapport au savoir ? | Page 27 à 42 : Séverine Fix-Lemaire - L’épreuve de l’enseignement moral et civique à l’école | Page 43 à 58 : Nora Merniz - Rapport au savoir : ratage du processus de subjectivation en formation soins infirmiers | Page 59 à 74 : Philippe Chaussecourte - Proposition de points de repères méthodologiques pour un entretien clinique de recherche d’orientation psychanalytique | Page 75 à 77 : Claudine Blanchard-Laville - Introduction à la rubrique « Dialogue » | Page 79 à 96 : Jean-Pierre Lebrun, Jacqueline Godfrind, Laurence Gavarini et Patrick Geffard - Filiations et affiliations à la psychanalyse | Page 97 à 115 : Claudine Blanchard-Laville, Bernard Pechberty et Bernard Golse - Conférence dialoguée avec Bernard Golse | Page 117 à 118 : Arnaud Dubois - Introduction au texte de Günther Bittner | Page 119 à 135 : Günther Bittner et Dominique Gelin - Maria Montessori et l’inconscient | Page 137 à 140 : Laurence Gavarini - La révélation d’un « nouvel enfant » et la transmission de l’héritage | Page 141 à 163 : Paola Trabalzini et Laurence Gavarini - Maria Montessori et ses rapports avec Sigmund Freud | Page 165 à 170 : Danielle Hans - Florence Giust-Desprairies Jocelyne Ajchenbaum | Page 170 à 174 : Esther Czuk Vel Ciuk et Françoise Bréant - Laurence Thouroude | Page 175 à 176 : Thèses | Page 181 à 182 : Caroline Le Roy et Stefania Ulivieri Stiozzi - Actualité de la psychanalyse de Sándor Ferenczi en éducation et formation.

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Roman Jakobson : La Génération qui a gaspillé ses poètes

 Allia - Mai 2023


Traduit du russe par Marguerite Derrida.

“Exécution de Goumilev, longue agonie spirituelle, tortures physiques insupportables, mort de Blok, privations cruelles et mort dans des souffrances inhumaines de Khlebnikov, suicides prémédités de Essenine et de Maïakovski.

C’est ainsi que les années vingt de ce siècle ont vu mourir, à l’âge de trente à quarante ans, les inspirateurs d’une génération, et pour chacun d’eux, la conscience d’une fin irrémédiable, avec sa lenteur et sa précision, fut intolérable.”La Génération qui a gaspillé ses poètes sonne comme un requiem pour une génération sacrifiée : celle des poètes russes des années vingt exécutés, torturés comme Blok ou suicidés, comme Essenine et surtout Maïakovski, que Jakobson a bien connu avant de fuir la Russie et à qui est consacré l’essentiel de ce texte.

À travers cette figure tragique, tourmentée, contradictoire, déchirée entre l’idéal révolutionnaire et le désespoir personnel, l’auteur fait revivre toute une époque et livre un témoignage unique.

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Le Philosophoire 2023/1 (n° 59) : L'Expérience esthétique

Association Le Lisible et l'illisible - Avril 2023


Page 5 à 9 : Vincent Citot - Éditorial | Page 11 à 18 : Charles Bobant - Entretien avec Elsa Vettier | Page 19 à 30 : Charles Bobant - Métamorphoses de l’expérience esthétique | Page 31 à 59 : Bruce Bégout - Ambiance et paysage | Page 61 à 77 : Bruno Trentini - Entre inexpérience esthétique et expérience non esthétique | Page 79 à 95 : Justine Prince - L’expérience esthétique à l’épreuve de l’égarement labyrinthique | Page 97 à 114 : Lucie Wezel - Adorno et l’expérience esthétique | Page 117 à 120 : Baptiste Jacomino - Détecter les fissures | Page 121 à 124 : Notices sur quelques publications récentes et ouvrages envoyés à la rédaction | Page 127 à 147 : Petr Prášek - Entretien avec Claude Romano | Page 149 à 157 : Adrien Louis - Comment les philosophes deviennent-ils des rois ?.

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Chimères 2023/1 (N° 102) : Guattari + 31

 Erès - Avril 2023


Page 7 à 10 : Marie-Dominique Garnier et Anne Querrien - Guattari sur son 31 | Page 11 à 16 : Roberto Echavarren - La guerre en Ukraine | Page 17 à 22 : Carmen Castillo - Le cadeau de Félix | Page 23 à 30 : Véronique Nahoum-Grappe - Ils ne se sont jamais quittés | Page 31 à 44 : Suely Rolnik - Lettre à Félix | Page 45 à 58 : Annick Kouba - Félix Guattari, pourfendeur du Surmoi… ? ! ou les conditions d’accueil du Surmoi | Page 59 à 66 : Clara Novaes - L’expérience S.A.M. à La Borde | Page 67 à 80 : Pedro Serra - Le secteur et la clinique de l’habiter : une expérience dans le secteur 14 de Bondy (Ville-Evrard) | Page 81 à 84 : La Fonderie - Le Mans - Collectif Encore Heureux… | Page 85 à 96 : Élisabeth Forveille - Félix Guattari et la clinique actuelle | Page 97 à 112 : Alfredo Perdomo, Zorka Domić, Monique Zerbib et Marcelo Real - 67 ans de cliniques schizoanalytiques à Montevideo | Page 113 à 120 : Jean-Claude Polack - Quelques notes sur la Proustologie félicienne | Page 121 à 128 : Catherine Vallon - Un sexe parlait tout seul dans la nuit | Page 129 à 142 : Clara Novaes et Ana Carolina Patto - Félix et Jean. Des terrains vagues de la Garenne-Colombes à l’expérience de La Borde | Page 143 à 156 : Manola Antonioli - Transversalité de groupe | Page 157 à 170 : Anne Querrien - Cartographier l’inconscient avec Félix Guattari | Page 171 à 184 : Barbara Glowczewski - Soulèvements écosophiques | Page 185 à 198 : Bouazza Benachir - (Hypo)thèses sur les Guattari·es en Afrique(s) et ailleurs | Page 199 à 212 : Éloi Halloran - Mille bilans (décousus). Prélude (schizo)analytique à une proposition (micro)politique | Page 213 à 222 : Nelson Fernando Roberto-Alba - Révolution moléculaire dissipée et grève nationale en Colombie en 2021 | Page 223 à 232 : Luis Diego Fernández - La « révolution moléculaire dissipée » : une lecture d’extrême-droite | Page 233 à 242 : Brett Zehner - La production de la subjectivité après l’attaque du 6 janvier sur le Capitole | Page 243 à 246 : Pascale Cassagnau - Éric Alliez, Duchamp avec (et contre) Lacan. Essai de mutologie queer, Dijon, Les presses du réel, 2022, 333 pages | Page 247 à 250 : Quentin Vergriete - Félix Guattari, Danielle Sivadon, Jean-Claude Polack. Trialogues : Exercices de schizoanalyse | Page 251 à 254 : Monique Zerbib - Pierre Delion. Oury, donc | Page 255 à 258 : Monique Selim - Sonia Dayan-Herzbrun. Rien qu’une vie | Page 259 à 262 : Marido Garnier - Paul B. Preciado. Dysphoria Mundi :Le son du monde qui s’écroule | Page 263 à 264 : Christiane Vollaire - Sur la pièce de théâtre Je pars sans moi.

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Sens-Dessous 2023/1 (N° 31) : Enfant

 Association Paroles - Avril 2023


Page 1 : Nadia Taïbi - René | Page 7 à 18 : Bernard Lahire et Nadia Taïbi - L’enfance des inégalités | Page 19 à 30 : Michèle Becquemin - La protection des enfants : enjeux juridiques et institutionnels (XVIIIe-XXIe siècles) | Page 31 à 40 : Caroline Mécary et Nadia Taïbi - Le droit et les enfants nés sous GPA | Page 41 à 48 : Pascale Giravalli et Nadia Taïbi - Donner naissance en prison | Page 49 à 57 : Régis Revenin - Paraître & masculinité dans le Paris populaire des années 1960 : comment se construisent les garçons « dans le vent » ? | Page 59 à 63 : Stéphane Breton - Écouter la présence de l’enfant | Page 67 à 88 : Anne Dalsuet - L’enfant politique | Page 89 à 106 : Laurent Bachler - À l’enfant la royauté ! | Page 107 à 121 : Salim Mokaddem - L’enfance de la pensée : la philosophie avec les enfants. | Page 123 à 132 : Nadia Taïbi - La fabrique de l’enfant sauvage | Page 133 à 141 : Christophe Meignant - Une dérobade | Page 145 à 154 : Olivier Rocheteau - À la Recherche du temps perdu | Page 155 à 165 : Valérie Vignaux et Nadia Taïbi - L’enfance, les enfants et le cinéma | Page 167 à 176 : Thérèse Willer - Tomi Ungerer, un dessinateur pour l’enfance | Page 177 à 188 : Sabatino Barbati - Pitié pour la créature !.

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jeudi 27 avril 2023

Revue internationale de philosophie 2023/1 (n° 303) : L’esthétique de Kant

De Boeck Supérieur - Avril 2023


Page 5 à 13 : Herman Parret - Présentation | Page 15 à 34 : Daniel Dumouchel - Les « belles formes » naturelles. Notes sur les fonctions de la « nature » dans l’esthétique de Kant | Page 35 à 53 : Danielle Lories - Le goût, l’art et le temps. Culture, individu et société dans la « Critique de la faculté de juger esthétique » | Page 55 à 74 : Baldine Saint Girons - En quel sens le beau kantien est-il l’héritier du sublime longinien ? Monisme ou dualisme esthétique ? | Page 75 à 90 : Plínio W. Prado - Qu’en est-il aujourd’hui du « signe d’histoire » fait par un sentiment sublime ? | Page 91 à 110 : Thierry De Duve - Art as Symbol of the Politically Good | Page 111 à 131 : Dario Cecchi - Imagining, experimenting, exploring The Kantian legacy in Emilio Garroni’s theory of creativity.

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Thomas Petit : Pascal

 Ellipes - Avril 2023


Blaise Pascal rayonne dans le monde entier par son génie scientifique, philosophique, littéraire et théologique et son esprit toujours en effervescence.

En sciences, il a renouvelé la géométrie grecque, construit la première calculatrice de l’histoire, détruit la physique d’Aristote, découvert la loi la plus importante de la mécanique des fluides, inventé le calcul des probabilités, le calcul intégral, asséché des marais, et élaboré le premier transport en commun parisien.

En littérature, il a inventé le style polémique et écrit les plus belles pensées sur Dieu et la religion.

En philosophie, méditant sur Aristote, Épictète, saint Augustin, Montaigne et Descartes… il a consacré sa réflexion aux grands thèmes que sont la justice, la politique, l’amour, la mort, l’infini… et même à l’art de philosopher !

Enfant prodige puis adulte brillant, tourmenté et toujours en quête de vérité, il n’a pas vécu un seul jour sans douleurs. Admiré ou haï des plus grands (Voltaire, Condorcet, Chateaubriand, Valéry…), pendant quatre siècles on n’a cessé d’écrire sur lui, y compris à l’international.

Comment aborder la vie et l’œuvre de notre Français le plus illustre, ce génie dont le pape pense qu’il mérite la béatification ? Pascal est un homme dans lequel chacun peut se retrouver ou se ressourcer car sa force est de parler au cœur.

Ce livre a pour ambition d’exposer dans un style abordable la biographie de Blaise Pascal et la genèse de ses principaux travaux scientifiques, religieux, polémistes ou philosophiques.

Thomas Petit est professeur agrégé de mathématiques. Auteur de nombreux ouvrages de mathématiques et d’informatique, il s’intéresse également à l’histoire de la science et à sa vulgarisation.

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Arthur Schopenhauer : Cours exhaustif sur la philosophie. Première partie.Théorie de la représentation, de la pensée et de la connaissance en général

 Classiques Garnier - Avril 2023


Le texte offert ici pour la première fois au public français est la première partie du cours complet de philosophie professé par Arthur Schopenhauer en 1820 à l'université de Berlin. Cette première partie est consacrée à la théorie de la connaissance. On y trouve des compléments précieux aux autres écrits du philosophe disponibles en langue française sur ce thème, notamment en ce qui concerne la théorie de la perception. Ce cours d'université confirme le profond souci didactique de Schopenhauer, qui mettait son point d' honneur à être le plus clair et le plus compréhensible possible. Sont réaménagées les notions clefs héritées de Kant : intuition, espace et temps, entendement, causalité, raison, science, en vue d'établir une nouvelle théorie de la connaissance.

Christophe Bouriau (éd.) : professeur de philosophie à l'université de Lorraine et membre des archives Poincaré, a consacré plusieurs ouvrages à l'histoire de la philosophie allemande et à la théorie des fictions. Il a notamment traduit La Philosophie du comme si de Hans Vaihinger (Paris, 2008) et publié Schopenhauer (Paris, 2013), et Alfred Adler et la philosophie. La psychologie du comme si (Paris, 2021).

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Alfredo Lescano : Prolégomènes à une sémantique des conflits sociaux

 Hermann - Avril 2023


L'analyste des discours qui surgissent au sein de conflits sociaux, de controverses, de débats publics, a souvent le sentiment qu’il n’observe pas des « camps » correspondant à des groupes d’individus, mais des agencements qui doivent être considérés indépendamment des intentions, des stratégies ou des opinions de ceux qui y sont impliqués. Pour décrire les processus dans lesquels se constituent ces configurations conflictuelles, on fait alors appel à des combinaisons conceptuelles plus ou moins heureuses. À partir de l’hypothèse selon laquelle les conflits sociaux évoluent par le renforcement/affaiblissement de la disponibilité de types d’actions, ce livre se propose de construire une théorie sémantique qui permette d'éclairer les mécanismes à l’œuvre dans les dynamiques sociales structurées par des tensions, d'interroger les liens entre discours et actions humaines, et d'explorer les conditionnements de la formation sociale du politique.

Alfredo M. Lescano est diplômé en sciences du langage de l’université de Buenos Aires, de l’EHESS et de l’université Paris-Sorbonne. Il est enseignant-chercheur à l’université de Toulouse (EFTS, ENSFEA) et chercheur associé au Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS/CNRS).

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Académie d'éducation et de sciences sociales : La vérité se décide-t-elle ?

Editions régionales de l'Ouest - Avril 2023


Les Annales de l'AES réunissent chaque année les travaux menés par l'Académie sur un thème majeur de l'actualité sociale et politique. En 2021-2022, où propagande et fake news ont émaillé l'actualité mondiale, elle s'est penchée sur la vérité et ses liens avec le Bien commun au cours de 7 conférences : L'Homme peut-il se passer de chercher la Vérité ? (Bertrand Vergely) , Pouvoir et vérité (Jean-Christophe Fromantin) , Les enjeux de l'intégrité scientifique (Sarah Carvallo) , Langage médiatique et vérité (Ingrid Riocreux) , Discerner la vérité à l'ère des moteurs de recherche sur internet (Benoît Thieullin) , Le présent à l'épreuve de la vérité historique (Jean Chaunu) , Vérité humaine, conscience et liberté (Mgr Jean-Pierre Batut).

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Florian Laguens : Eddington philosophe. La nature et la portée de la science physique

 Ed. de la Sorbonne - Avril 2023


Unanimement considéré comme l'astronome le plus influent de l'entre-deux-guerres, Arthur S. Eddington (1882-1944) participa aux premières confirmations expérimentales de la théorie de la relativité d’Einstein. On sait moins que son rôle fut décisif pour l’émergence des premiers modèles d’univers en expansion, à l’origine de la théorie du Big Bang. Acteur et témoin des principales révolutions scientifiques du XXe siècle que furent la théorie de la relativité et la mécanique quantique, Arthur Eddington a aussi investi le champ épistémologique par plusieurs ouvrages majeurs, et fut un philosophe de la physique parmi les plus lus de son temps.
Explorant l’intégralité des oeuvres du physicien ainsi que de nombreux documents inédits, Florian Laguens dresse à travers cette étude un portrait riche et précis de la philosophie d’Eddington. Se déploie peu à peu une conception stimulante de la nature et de la portée de la science physique, parfois déroutante mais non sans cohérence, à condition de la reconduire à ses intuitions originaires. Au fil du texte se noue un dialogue à trois niveaux : d’abord entre les oeuvres mêmes d’Eddington, de sorte à manifester les grandes phases de sa réflexion sur la signification du monde physique. Ensuite, entre les composantes de la vie d’Eddington, à la fois scientifique, philosophique et religieuse. Finalement, avec trois inspirateurs : Bertrand Russell, Emmanuel Kant et René Descartes.
Eddington révèle ainsi la profondeur de ses intuitions, l’originalité de sa démarche et l’actualité de sa pensée.

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mercredi 26 avril 2023

Jérôme de Gramont : L'évidence perdue. Atelier philosophique 1

 Hermann - Avril 2023


Un rêve de présence (du côté de l’être) et d’évidence (du côté de la pensée) traverse l’histoire de la philosophie, et pourtant il ne cesse d’être mis à mal. Plutôt que d’écrire à vive allure cette histoire d’un déclin, de la manifestation de l’être à la lumière des dieux (Prologue grec) jusqu’au constat d’une perte du monde-vrai (Épilogue nietzschéen), le présent recueil s’arrête sur quelques figures, livrant ainsi quelques exemples du travail de la pensée pour retenir ce qui commence de se perdre : Platon et la pensée du monde (la pensée comme combat pour être et monde), Kant et la pensée du sujet (d’un sujet placé dans une situation critique mais dont les tâches, théoriques et pratiques, demeurent), Kierkegaard et la pensée de Dieu (pour qu’une existence née au loin de Dieu puisse enfin se tenir devant lui).
Ces études voudraient montrer que, même chassée de l'évidence de la présence, la philosophie trouve son élan moins dans la nostalgie que dans la promesse d’un recommencement.

Jérôme de Gramont est philosophe et professeur à l’Institut catholique de Paris. Il a publié une dizaine d’ouvrages qui portent principalement sur le commencement et la littérature, dont récemment Le commencement à venir (Hermann, 2022) et Proust, le présent perdu (Corlevour 2022).

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Bruno Villalba : Politiques de sobriété

 Le Pommier - Avril 2023


Face à l'ampleur des crises écologique et énergétique, de la montée des inégalités sociales, la sobriété est désormais inévitable. L'idée, pourtant, n'est pas neuve : de l'éthique personnelle promue par les philosophes antiques à la tempérance comme vertu théologale chrétienne, l'histoire de la sobriété plonge loin ses racines dans les sociétés de subsistance. Mais qu'en est-il dans nos sociétés d'abondance récente désormais sous contrainte écologique ? Pour Bruno Villalba, il manque encore à la sobriété de devenir politique. Loin de consister simplement en l'élargissement d'une éthique personnelle, les politiques de sobriété impliquent de réviser en profondeur les conditions de bien-être de notre société matérialiste et hédoniste. Faire le choix de la sobriété, c'est aussi assumer ses conséquences. Mais sommes-nous réellement prêts à renoncer à un imaginaire de l'abondance, de la consommation généralisée, de l'extension du pouvoir d'achat, et à adapter notre liberté aux limites planétaires ?

Bruno Villalba est professeur de science politique à AgroParisTech, et membre du laboratoire Printemps. Aux Éditions du Pommier, il est l'auteur, en 2021, de Les Collapsologues et leurs ennemis.

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Jacques et Raïssa Maritain : Lettres intimes - Tome I (1901-1932)

Desclée De Brouwer - Avril 2023


Édition établie, annotée et présentée par Michel Fourcade, Sylvain Guéna, Dominique et René Mougel.
« Tout ce qui est dans l'oeuvre de Jacques, nous l'avons d'abord vécu à l'état de difficulté vitale et d'expérience, - les questions de l'art et de la morale, de la philosophie, de la foi, de la prière, de la contemplation. Cela nous a d'abord été donné à vivre, à chacun selon sa nature et la grâce de Dieu », notait Raïssa en 1934. Cette correspondance confirme le propos, qui nous fait pénétrer dans « l'amour fou » de deux vies données l'une à l'autre, et la trame quotidienne de leur fécondité de pensée et de « grandes amitiés ».Leur conversion en 1906 scelle la vocation d'un couple venu déjà un peu d'ailleurs : lui, 18 ans, romantique, révolutionnaire et dreyfusard en diable, en rupture avec les élites républicaines laïques dont il est issu ; elle, 17 ans, comme sortie d'une peinture de Chagall, juive et slave en quête à la Sorbonne d'une nouvelle patrie spirituelle. Les premiers regards portés sur eux discernent déjà leur promesse : « Je les trouve absolument dignes l'un de l'autre ; ce sont même de si beaux types d'humanité qu'il faut se féliciter de les voir se rechercher. On ne trouve pas si souvent de couple bien assorti ; celui-là me paraît devoir donner un exemple lumineux. »Ils s'écrivent abondamment dès que les aléas de la vie les séparent et ce premier tome les suit dans la découverte d'eux-mêmes. Dans la discontinuité des circonstances, leur chemin métaphysique et mystique progresse, tandis que se révèle, derrière chaque ouvrage, chaque combat, chaque accompagnement spirituel, le secret de leur rayonnement : au fil de ces 712 lettres, c'est d'abord une histoire d'amour, dans un respect tendre et sacré de la singularité de l'autre.

Philosophe et théologien, Jacques Maritain (1882-1973) fut élève de Bergson, en même temps que Raïssa Oumansoff qu'il épousera en 1904. Tous deux se convertissent au catholicisme en 1906. Ils redécouvrent l'oeuvre de saint Thomas d'Aquin et Jacques deviendra une figure centrale du thomisme du XXe siècle. Il enseigne, publie livres et articles et participe à la fondation de la revue Esprit. Il sera également ambassadeur près le Saint-Siège de 1945 à 1948.
Née dans une famille juive et convertie au catholicisme, Raïssa Maritain, philosophe, mais aussi poète et mystique, a eu une grande importance dans la vie intellectuelle de son mari Jacques. Comme il l'affirmait lui-même : sans Raïssa, « il n'y aurait pas eu de Jacques Maritain ».

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François Blot : Faut-il légaliser l'aide médicale à mourir ?

 Hermann - Avril 2023


Que répondent la société, la médecine, à une personne qui demande à être aidée à mourir ? Le débat oppose partisans (une majorité de Français) et adversaires (dont nombre de soignants) de la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté. Pourtant, les seconds ont bien vocation à prendre soin des premiers : sont-ils réconciliables ? Quels sont leurs arguments, et qu’oublient-ils de dire ? La loi peut-elle résoudre le dilemme éthique ?
Ce livre d’un médecin, qui est aussi un proche de malades, ne suit aucune des voies tracées d’avance – ni le courant dominant, ni celui de ses confrères. Prenant appui sur les philosophes, les écrivains et le cinéma, il apporte la contradiction au cœur des mots vulnérabilité, autonomie, dignité et même bienfaisance, et permet ainsi d’appréhender la grande complexité inhérente à la question de l’aide active à mourir. Longtemps déchiré, gouverné par la seule intransigeance exténuante de la mesure, François Blot conclut par la primauté de l’écoute de la personne malade.

François Blot est médecin spécialisé en réanimation. Il préside actuellement le comité d’éthique d’un hôpital parisien. Après des années de travail en soins intensifs, il évolue vers l’éthique médicale, la réflexion sur les cas complexes et la fin de vie, et participe activement au débat citoyen.

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Jean Vioulac : Métaphysique de l'Anthropocène, 1. Nihilisme et totalitarisme

PUF - Avril 2023


Le concept d'Anthropocène s'est aujourd'hui imposé pour désigner une époque au cours de laquelle l'humanité est devenue une puissance globale en mesure d'affecter l'écosystème terrestre. Ce concept requiert une anthropo­logie philosophique, qui définit l'essence de l'homme par la négativité, pour concevoir son histoire comme un événement métaphysique en lequel un être s'oppose à la nature pour y mettre en oeuvre un processus de dénatu­ration qui s'avère annihilation. Cet événement est ici abordé à partir de la Première Guerre mondiale, conçue comme déchaînement absolu de la monstrueuse puissance du négatif, puis du totali­tarisme compris comme système politique en lequel s'est institutionnalisé ce régime de mobilisation totale pour la destruction totale. La généalogie du totalitarisme montre alors que la métaphysique platonicienne en a élaboré le modèle théorique, puis que l'Église catholique médiévale a instauré l'appareil étatique nécessaire pour le réaliser. Le destin du christianisme, dans une troublante analogie avec celui du marxisme, est reconnu comme archétype d'une dialectique tragique, qui est alors analysée en termes métapsychologiques pour la fonder sur la structure psychique de la mélancolie.

Jean Vioulac est professeur de philosophie. Il est l'auteur aux Puf de L'Époque de la technique (2009), La Logique totalitaire (2013), Science et Révolution (2015), Approche de la criticité (2018) et Anarchéologie (2022).

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Eva Debray, Isabelle Aubert (dir.) : Niklas Luhmann. Une théorie générale de la société

 Editions de la Sorbonne - Mai 2023


Niklas Luhmann, sociologue majeur du XXe siècle, défie la sociologie et la philosophie occidentales modernes en élaborant un projet d’ampleur : constituer une théorie générale de la société.

Donnant repères et clés de compréhension pour mieux situer Luhmann au sein des sciences sociales et de la philosophie, et en particulier de la philosophie du droit, les textes réunis dans ce volume montrent comment sa pensée, réputée « inclassable », s’inscrit bien pourtant dans les champs de recherche de ces disciplines. Luhmann prend parti dans les débats théoriques qui les animent et s’inspire, tout en s’en démarquant, d’autres courants des sciences sociales et de la philosophie.

Luhmann sociologue, Luhmann juriste, Luhmann philosophe du présent : tels sont les trois angles d’attaque choisis. La discussion que ce dernier entretient avec les fondateurs des sciences sociales – Émile Durkheim (grâce à une traduction inédite de l’introduction de Luhmann à la première édition allemande de De la division du travail social), Max Weber et Georg Simmel – est ici restituée et analysée. En s’intéressant ensuite à la position de Luhmann sur la théorie juridique elle-même, sur les droits, sur la justice ou encore sur la question de l’indétermination en droit, c’est toute l’actualité de la théorie du droit du penseur qui est soulignée. Lecteurs et lectrices, enfin, découvriront des questions philosophiques contemporaines majeures traitées par le théoricien social tout au long de son oeuvre : l’idée d’une société mondiale, le rapport entre société et nature, la possibilité – ou l’impossibilité – de mener une critique sociale.

Contributions de : Yann-Alexis Arthaud, Isabelle Aubert, Stéphane Bernatchez, Eva Debray, Elena Esposito, Pierre Guibentif, Esteban Kaipl, Jean-François Kervégan, Niklas Luhmann, Thorsten Peetz, Hugues Rabault, Gunther Teubner et Patrick Watier.

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lundi 24 avril 2023

Sylvain Venayre : Les guerres lointaines de la paix. Civilisation et barbarie depuis le XIXᵉ siècle

 Gallimard - Janvier 2023 - Essais


Il y avait eu la guerre de Cent Ans et la guerre de Trente Ans et la guerre de Sept Ans. Il y avait eu les guerres de Religion, celles de Louis XIV et celles de la Révolution. Mais, après 1815, un moment insolite avait commencé pour l'Europe : une paix de cent ans. Des guerres de la Révolution et de l'Empire à la Première Guerre mondiale, il y eut bien quelques batailles - Sébastopol, Solferino, Sadowa, Sedan -, mais rien qui n'égalât ce qui se passait en d'autres lieux du monde, de la guerre de Sécession aux États-Unis à cette révolte des Taiping qui fit en Chine peut-être vingt millions de morts. Pendant un siècle, la plupart des hommes et des femmes qui vécurent sur le sol de l'Europe ne connurent pas la guerre. Le XIXᵉ siècle à leurs yeux passait pour un siècle de paix. Pour les historiens, il est devenu pourtant difficile de le considérer comme tel. Les guerres étaient lointaines, mais elles étaient bien là. Les Espagnols en Amérique du Sud, au Maroc, à Cuba, aux Philippines ; les Hollandais en Indonésie ; les Britanniques aux Indes, en Afghanistan, en Birmanie, en Afrique du Sud, en Chine, en Nouvelle-Zélande, sur les côtes occidentales de l'Afrique, dans le golfe Arabo-Persique, en Abyssinie, en Égypte, au Soudan ; les Français en Algérie, en Afrique de l'Ouest, au Mexique, en Indochine, en Tunisie, à Madagascar, au Maroc ; les Portugais en Angola et au Mozambique ; les Allemands au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, au Tanganyika ; les Italiens dans la corne de l'Afrique et en Tripolitaine.Ces guerres lointaines d'une Europe en paix donnèrent lieu, dès leur époque, à de très vifs débats. L'avènement des journaux quotidiens, l'apparition des correspondants de guerre, la mise en place du réseau télégraphique, l'invention de l'illustration et de la photographie, le triomphe du roman, l'immense succès du théâtre et des expositions universelles bouleversèrent leurs représentations. Elles ont fait de nous, bien avant les guerres mondiales du XXᵉ siècle, les spectateurs fascinés et velléitaires des souffrances des autres.

Sylvain Venayre est l'auteur de plusieurs livres d'Histoire parmi lesquels La Gloire de l'aventure (Aubier, 2002, prix Audiffred-Ouvrages de l'Academie des sciences morales et politiques), Disparu !(Les Belles Lettres, 2012), Les Origines de la France (Seuil, 2013) et Une guerre au loin. Annam, 1883 (Les Belles Lettres, 2016, prix Augustin-Thierry des Rendez-vous de l'Histoire).

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Margaux Merand : La maladie du faux soi. Enquête sur l'anorexie mentale

 Hermann - Avril 2023


Généralement comprise comme une négation du corps au profit du pur esprit, ou comme la volonté d'affirmer la toute-puissance de la subjectivité sur la matérialité du corps, l'anorexie mentale est paradoxalement interprétée dans cet essai comme une maladie de l'ignorance du soi. Le sujet anorexique est dissocié de son identité profonde et lui substitue sans cesse une identité d’emprunt, préexistant à la maladie mais se rigidifiant dans la maigreur. Le faux self n'est pas dérivé du comportement anorexique : l’anorexie mentale est le point de bascule où l'existence en faux self devient, pour le sujet, pathogène – et ce, lorsque les exigences de l'environnement se durcissent. La domestication du corps par l’amaigrissement est alors une stratégie visant à contourner l'expression de soi tout en répondant à l'injonction sociale, propre au mode d'existence de l'individu moderne, de performance et d'accomplissement individuel. Comment une subjectivité masquée, une subjectivité qui est une énigme pour elle-même, peut-elle faire l’objet d’une reconnaissance ? C’est le problème que le sujet anorexique cherche à résoudre. Corrélativement, comment le sujet anorexique peut-il rencontrer son vrai self dans la rémission, et que devient le corps quand le sujet devient lui-même ? Quel est, en substance, le rapport "normal" au corps ?

Margaux Merand, diplômée de l'ENS Ulm, est professeur de philosophie au lycée et docteur en philosophie et psychopathologie. Sa thèse de doctorat, portant sur l'anorexie mentale, a été soutenue à l’université de Tours (Santé, Sciences Biologiques et Chimie du Vivant) et fut dirigée par Maël Lemoine et Rémy Potier.

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Paul Clavier : Les avatars de la preuve cosmologique. Essai sur l’argument de la contingence

 Eliott - Avril 2023


L’argument de la contingence, rebaptisé par Kant preuve cosmologique, prend comme point de départ le monde, ou la réalité en général. Ce monde, dit-on, aurait pu ne pas exister : il est contingent. Il faut donc remonter à un être nécessaire par soi, qui est la cause première, la raison ou l’explication ultime de ce monde. Mais d’abord, il faut s’assurer que la notion de contingence s’applique aux objets ou aux événements, et pas seulement à des propositions. Il faut ensuite déterminer si la conjonction, simultanée ou successive, de tous les êtres contingents est elle-même contingente. Et surtout, est-il certain que ce qui est contingent doive avoir une cause ou raison de son existence, distincte de soi ? Pourquoi pas, d’ailleurs, une régression de causes à l’infini ? Pourquoi, dans la chaîne des causes, devrait-on s’arrêter à une cause première ? Et, le cas échéant, pourquoi l’explication de la contingence du monde aboutirait-elle à un être premier, et non à une multitude de facteurs ou d’ancêtres ? La cosmologie du Big Bang éclaire-t-elle la question ? On devine que l’argument de la contingence n’est pas un long fleuve tranquille. Paul Clavier revisite, de Platon à Russell, les principales occurrences de l’argument, les débats conceptuels qu’il soulève, les perspectives qu’il ouvre.

Ouvrage publié avec le concours des Archives Henri Poincaré PReST, UMR 7117
et du Pôle Scientifique « Connaissance, Langage, Communication, Société » de l’Université de Lorraine

Paul Clavier est professeur de philosophie et d’histoire de la métaphysique à l’Université de Lorraine. Membre des Archives Poincaré, il est spécialiste de Kant et de la philosophie de la religion, auxquels il a consacré de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Kant. Les idées cosmologiques (1997, 2003) ; Premières leçons sur la Critique de la raison pure (1996) ; Le concept de monde (2000) ; Qu’est-ce que la théologie naturelle ? (2004) ou encore Ex Nihilo, enquête sur l’introduction et la sortie du concept de création en philosophie (2011).

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Thomas Sabourin : De l’invisible en art ? Pour une phénoménologie de l’art contemporain

 Annales de Phénoménologie n°XXIII - Avril 2023


Plus d’un siècle après le ready-made est-il possible d’établir un critère permettant de discerner, entre toutes les productions qui se réclament de l’art, celles qui peuvent légitimement y prétendre de celles qui ne sont que des produits qui en empruntent les codes formels ? Cette question reconduit fondamentalement au problème de la définition de l’art que cet essai cherche à produire. L’enquête porte ainsi d’abord sur le motif historique de la « dé-définition » de l’art et sur la réponse qui y a été apportée dans les définitions institutionnalistes. L’analyse du contexte philosophique et artistique qui a conduit à produire ces définitions dégage également, à la lumière de leurs déterminations fondamentales, leurs enjeux et leurs effets dans l’histoire récente de l’art et de sa sociologie.

Mais ce versant critique de la recherche appelle une pars construens qui se fonde dans le dépassement d’un abord objectiviste du problème, et positivement, dans une phénoménologie de l’affectivité qui trouve ses fondements dans la pensée de Michel Henry, spécifiquement dans les concepts phénoménologiques d’invisible et d’oubli. C’est sur ce fondement philosophique qu’une définition de l’art est formulée dans le cadre d’une phénoménologie matérielle. Il importe alors de dégager les caractères de l’œuvre d’art que prescrit cette définition, et finalement, de les confronter à leurs implications esthétiques et éthiques dans le monde contemporain.

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Pierre Lyraud : Blaise Pascal. Ou l'épreuve de la vérité

 Presses universitaires Blaise Pascal - Avril 2023


1623-2023 : quatre cents ans nous séparent désormais de la naissance de Blaise Pascal. Inlassable chercheur et défenseur d’une vérité combattue en son temps sur le terrain religieux et débattue sur le terrain scientifique, ce dernier reste pourtant, et plus que jamais, notre contemporain capital, allié des temps de crise et ami des interrogations les plus existentielles. Cet ouvrage propose un parcours thématique dans l’oeuvre pluridisciplinaire de ce penseur qui fut tout à la fois géomètre et théologien, entrepreneur et polémiste, physicien et rhétoricien : on y suivra l’analyse de la vie sociale et de ses illusions, de la condition de l’homme et de ses contradictions, des défauts de la raison et de son bon usage, du mépris de la vérité et de sa défense.

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Michel Foucault : Le discours philosophique.

 EHESS - Gallimard - Seuil - Mai 2023


Qu’est-ce que la philosophie et quel est son rôle aujourd’hui ? Entre juillet et octobre 1966, quelques mois après la parution des Mots et les Choses, Michel Foucault, dans un manuscrit très soigneusement rédigé mais qu’il ne publiera pas, apporte sa réponse à cette question tant débattue.
À la différence de ceux qui, à l’époque, s’attachent à dévoiler l’essence de la philosophie ou à en prononcer la mort, Foucault l’appréhende, dans sa matérialité, comme un discours dont il convient de dégager l’économie eu égard aux autres discours (scientifique, fictif, ordinaire, religieux) qui circulent dans un contexte donné.
Le Discours philosophique propose ainsi une nouvelle manière de faire l’histoire de la philosophie, qui la décentre du commentaire des grands philosophes. Nietzsche y occupe toutefois une place particulière car il inaugure une conjoncture où la philosophie devient une entreprise de diagnostic du présent. Il revient en effet désormais à la philosophie de dire, à partir de l’« archive intégrale » d’une culture, ce qui en fait l’actualité.
Si L’Archéologie du savoir, consacré aux enjeux méthodologiques d’un tel projet, s’y annonce, nulle part autant que dans Le Discours philosophique Michel Foucault n’aura explicité les ambitions de son programme intellectuel.

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samedi 22 avril 2023

Laura Sanò : Une pensée en exil. La philosophie de Rachel Bespaloff

 Editions Conférence - Avril 2023


Ceux qui l'ont rencontrée (Léon Chestov, Benjamin Fondane, Jean Wahl, Gabriel Marcel, Gaston Fessard, Jean-Paul Sartre...) l'ont considérée comme une femme d'une intelligence extraordinaire et d'une pénétration exceptionnelle ; pourtant, Rachel Bespaloff (1895-1949) est une philosophe encore presque inconnue. La rareté des textes qu'elle a publiés de son vivant, son existence trop précocement interrompue, la difficulté qu'il y a à la ranger dans une école particulière de pensée, n'ont pas contribué à sa notoriété.
Ce n'est que récemment, et de façon confidentielle, qu'on a assisté au phénomène discret de la redécouverte - ou de la découverte pure et simple - d'une personnalité qui compte au nombre des plus représentatives de la culture européenne de l'entre-deux guerres. Rachel Bespaloff naît le 14 mai 1895 à Nova Zagora, en Bulgarie, et meurt le 6 avril 1949 à Mount Holyoke, une petite ville du Massachussets.

Enfant d'une famille cultivée d'origine juive de l'Ukraine (le père, Daniel Pasmanik, était un membre éminent des cercles sionistes, et sa mère, Deborah Perlmutter, avait un doctorat en philosophie), elle vie ses deux premières années d'enfance à Kiev, puis passe son adolescence à Genève, où elle obtient un diplôme de piano et montre un talent hors du commun, au point qu'en 1919 on lui offre une chaire prestigieuse d'enseignement de la musique et de l'eurythmique à l'Opéra de Paris.

En 1925, elle décide d'abandonner une carrière musicale qui semblait très prometteuse pour se consacrer entièrement à une sorte de " réveil philosophique " provoqué par la rencontre de la pensée existentialiste du philosophe ukrainien Léon Chestov. Dès lors, Rachel Bespaloff devient l'interlocutrice et la confidente privilégiée de nombreux penseurs d'orientation libérale, comme Benjamin Fondane, Daniel Halévy, Gabriel Marcel, Jacques Schiffrin, Boris de Schloezer ou Jean Wahl, qui louent chez elle des qualités de penseur raffiné et subtil.

En 1930, la philosophe ukrainienne doit quitter Paris pour déménager à la Villa Madonna à Saint-Raphaël, où elle commencera bientôt à se sentir coupée de la ferveur intellectuelle de Paris et à souffrir de la solitude. Elle écrit pendant cette période une étude aussi lumineuse que serrée sur Etre et Temps, qui est l'une des premières discussions philosophiques - sinon la première - du livre de Heidegger publiée en français.

Suivent d'autres essais sur Marcel, Malraux, Green, Kierkegaard, Nietzsche, Chestov, qui seront repris plus tard dans le volume Cheminements et Carrefours, publié en 1938. Pour échapper aux lois raciales, Rachel Bespaloff doit émigrer en juillet 1942 avec son mari, sa fille et sa mère, d'abord à New York, puis à Mount Holyoke, où elle travaille comme chargée de cours de Littérature française. Elle achève la même année la rédaction de ses Notes sur l'Iliade qui aboutiront à son second et dernier livre, intitulé précisément De l'Iiliade : des réflexions pénétrantes sur les raisons fondamentales de la guerre et sur l'ambivalence des objectifs et des valeurs qui caractérisent les héros homériques (la même année exactement, Simone Weil, relisant le poème d'Homère, écrira elle aussi L'Iliade, poème de la force ; une coïncidence d'intérêts et de recherches unit de façon aussi extraordinaire que remarquable les deux philosophes).

Peu avant sa rencontre programmée et volontaire avec la mort, Bespaloff écrit quelques articles sur Van Gogh, Camus, ainsi qu'un essai développé, mais malheureusement inachevé, sur Montaigne, qu'elle intitule L'instant et la liberté. Même si elle connaît en apparence une période de grande créativité et de succès indéniable, auprès notamment de collègues et d'étudiantes qui ont pour elle la plus grande estime, elle vit ses années de séjour aux Etats-Unis comme un exil devenu progressivement insupportable.
L'inconfort, la solitude l'emportent : sans laisser de trace ni autoriser d'explication " rationnelle ", elle décide brusquement de mettre fin à ses jours en ouvrant le gaz de sa cuisine.Elle a 54 ans. À la lumière des principaux événements qui ont marqué la biographie de Bespaloff, l'élément le plus significatif à prendre en compte pour étudier l'oeuvre est sans aucun doute l'exil : c'est lui qui résume le mieux en une réalité qui est aussi un rapport à l'existence l'expérience que Bespaloff a connue.

Celle-ci doit en effet faire l'épreuve à maintes reprises de la condition d'exilé. Mais il y a plus important encore que les données objectives, qui montrent un exode incessant : la perception subjective de son état par la philosophe. C'est bien comme la sienne propre, c'est-à-dire plus profondément encore ne l'imposent des circonstances dramatiques, qu'elle vit la condition de l'exilé, de l'apatride, du réfugié, de celui qui est sans cesse, quoi qu'il fasse, en voyage, toujours en quête d'une terre qui lui reste interdite, lointaine et inaccessible.

On trouve ici, dans toute son évidence, une correspondance impressionnante entre les trois ordres de réalité que sont les principaux épisodes de sa vie, l'histoire et le destin du peuple juif dont elle revendique l'appartenance, et les modalités spécifiques de sa recherche. Loin de toute adhésion à l'existentialisme, dont elle critique sévèrement, au contraire, la tendance à cristalliser en des stéréotypes doctrinaux l'indispensable référence à l'existence, mais aussi sans réduction possible à toute autre position philosophique, la dimension qui reflète le mieux la personnalité théorique originale de Bespaloff est celle de l'exode, de la recherche inlassable d'un point d'ancrage, qui n'est jamais définitivement atteint.

La particularité de sa réflexion tient en effet au dialogue serré qu'elle mène avec les " sommets " de la pensée contemporaine, et à ses réticences à se reconnaître inconditionnellement dans une orientation spéculative déterminée. Son débat, direct et indirect, avec des penseurs comme Wahl, Marcel, Heidegger, Weil, Montaigne, Augustin, Chestov, Kierkegaard, Nietzsche - pour ne citer que les plus importants - dessine un itinéraire intellectuel qui prend la forme programmatique d'une confrontation acharnée et presque éperdue.

Le seul " point fixe " auquel elle parvient dans sa " pérégrination " philosophique incessante, c'est celui de la " pensée tragique " que font percevoir les vers de l'Iliade : avec les textes bibliques, ils représentent pour elle le point le plus élevé de l'expression poétique. La voix des Tragiques, celle des prophètes qui s'élèvent de la Bible, dans l'analyse qu'elles font des faits et des causes qui mettent brutalement l'homme en face de l'événement de la guerre et de l'origine du mal, l'enjoignent d'adopter une attitude de profonde humilité devant le réel et l'existence, puisqu'il est totalement impossible de supprimer les aspects conflictuels qui caractérisent le monde.

Une attitude de grande compréhension et de communion difficile (entre espoir et désespoir) avec la réalité sensible, qu'il faut comprendre et accepter dans son ambivalence constitutive. Reste donc décisif, si l'on sait l'écouter, l'avertissement qui se renouvelle à chaque fois qu'on s'abandonne à la lecture d'Homère et des Prophètes : c'est une réalité profonde et tragique qui sous-tend la vie humaine, dans ses contradictions, ses luttes, ses principes de destruction sans solution possible.

Seule la musique, d'après Bespaloff (et là aussi, c'est bien une " pensée-biographie " qu'on voit à l'oeuvre), permet de retrouver les moments de vérité profonde et de n'y pas succomber ; c'est à travers elle qu'elle cherche des affinités et des relations entre les différents penseurs. La musique représente l'une des modalités principales, sinon exclusives, de relation avec la transcendance. C'est spécifiquement dans le désaccord harmonique, dont le rythme musical est l'expression, que Bespaloff identifie le témoignage d'une transcendance à la fois nécessaire et paradoxalement inatteignable.

Dans le mouvement musical, se réalise avant tout un équilibre capable d'adoucir la fuite désespérante du temps dans une sorte d'unité extatique : l'instant parfait, ce présent authentique soustrait à la dispersion, et comme tenu dans la même main que le passé et le futur. La vérité ne peut donc être révélée que dans la dimension musicale de l'instant - à condition de préciser que celle-ci ne coïncide nullement avec un état d'âme idyllique : il lui faut au contraire, pour exister, reconnaître tragiquement l'échec existentiel auquel l'homme est condamné depuis toujours.

Dans l'instant, l'homme transcende les émotions mêmes dont il est personnellement traversé pour s'élever à la question radicale et tragique du sens de l'existence. Le livre de Laura Sanò propose la première vision d'ensemble d'une grande protagoniste du débat philosophique au xxe siècle, et tâche précisément d'en faire percevoir la dimension. A l'auteur, écrit Remo Bodei dans sa préface, " on doit reconnaître le grand mérite d'avoir mené sa recherche en reliant organiquement deux plans distincts.

D'un côté, l'analyse rigoureuse des textes auxquels Rachel Bespaloff a confié sa pensée, arrachée ainsi à l'oubli presque complet où était tombée depuis plus d'un demi-siècle sa "pensée nomade". De l'autre, la reconstruction très documentée du contexte historique dans lequel prend place la recherche de la philosophe ukrainienne. " L'intention de Laura Sanò a donc été de scruter les noyaux théoriques de la réflexion de Bespaloff, pour faire apparaître la remarquable singularité de son positionnement intellectuel, et pour mieux comprendre par ailleurs de quelle manière se rencontrent en lui les avancées les plus significatives de la recherche philosophique contemporaine.

En ressort le portrait d'une personnalité philosophique d'une finesse et d'une vigueur exceptionnelles, attentive à toutes les nouveautés théoriques, et prête à chaque instant à tout remettre en discussion, à commencer par elle-même ; le portrait d'une femme raffinée et complexe, qui a su mettre au centre de sa vie une authentique recherche de la vérité, inconditionnellement.

Laura Sanò enseigne l’Histoire de la philosophie contemporaine à l’Université de Padoue. Elle est l’auteur de nombreux articles et d’ouvrages monographiques sur la pensée philosophique du xxe siècle. Une pensée en exil. La philosophie de Rachel Bespaloff est son premier livre traduit en français.

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