dimanche 16 avril 2023

Stéphanie Smadja et Françoise Dubor (dir.) : Pratiques monologales

 Hermann - Avril 2023


Pourquoi se met-on à monologuer ? Dans quelles conditions ? Quelles en sont les significations ? Les questions suscitées par les pratiques monologales sont multiples. Un monologue peut être considéré comme une extériorisation de langage intérieur. Il peut également correspondre à un artefact codifié dans le cadre de pratiques artistiques. Face à l’endophasie, cet objet inaccessible et pourtant essentiel pour la compréhension de l’humain, de son rapport au langage, au monde comme à soi, les seules médiations possibles ont longtemps été celles des monologues extériorisés, que ce soit sous forme artistique (monologue intérieur en littérature, monologue de théâtre), spontanée (monologue des enfants) ou suscitée (restitution en réponse à une enquête).

Cet ouvrage collectif, ancré dans le programme Monologuer, résulte d’une sélection des meilleures interventions lors du séminaire de recherche (qui a lieu tous les ans depuis 2010) et des colloques internationaux qui se sont déroulés en 2012 et 2016.

La traversée des Pratiques monologales se situe ainsi à la croisée de l’histoire des idées linguistiques, de la psychologie, de la linguistique, de la philosophie et de la littérature. Le trajet dessiné par cet ouvrage va de Gabriel Bergounioux à Laurent Mauvignier. Dans son article « Du délire et de ses effets sur la représentation de la parole intérieure. Une étude de cas sur la constitution de la psychiatrie en France au XIXe siècle », Gabriel Bergounioux fait le lien entre histoire des idées linguistiques et histoire de la psychologie. Marina de Palo, dans l’article « Le langage intérieur, le sujet et les paradoxes de la dimension métalinguistique », explore le langage intérieur au carrefour entre l’histoire des idées linguistiques et la philosophie du langage. Quatre articles envisagent ensuite l’articulation monologue/dialogue dans trois domaines différents. Emmanuel Martin pose la question de « L’entre du monologue et du dialogue », « du rapport et son impossibilité » dans une situation d’énonciation psychanalytique, André Lacaux soulève la même question en confrontant littérature et psychanalyse. Aliyah Morgenstern et Françoise Bourdoux analysent des monologues d’enfant dans la vie quotidienne dans leur article « Entre monologue et dialogue : le langage égocentrique de l’enfant ». Enfin, Evelyne Lignon clôture la séquence dans son article « Polyphonie et monologue intérieur. Étude à partir de Lignes de faille de Nancy Huston et de “monologues égocentriques” de jeunes enfants ». Les articles d’Aliyah Morgenstern, Françoise Bourdoux et Évelyne Bourquin-Lignon sont consacrés au monologue d’enfant, selon un angle linguistique ou stylistique, tandis que les articles d’Évelyne Bourquin-Lignon et de Christine Lorre explorent l’œuvre de Nancy Huston. S’ouvre ainsi une dernière séquence, littéraire. Christine Lorre analyse « le monologue comme mode d’exploration de l’entre-deux dans les récits de Nancy Huston ». Hélène Baty-Delalande explore « Les voix de la dissidence. Monologuer (ou pas) dans quelques romans politiques des années trente (Aragon, Nizan, Malraux, Guilloux, Martin du Gard et Drieu) ». Le croisement cette fois-ci se fait entre la littérature et la politique. Emmanuelle Prak-Derrington pose la question de la place du lecteur, à travers deux nouvelles de Schnitzler. Dominique Rabaté analyse l’écriture monologale de Mauvignier en tension entre « Du vide et du plein. Monologue et for intérieur ». Enfin, le parcours s’achève par un entretien entre Dominique Rabaté et Laurent Mauvignier, « Le monologue, une écriture du réel ».

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