jeudi 31 janvier 2019

Les Études philosophiques 2019/1 (N° 191) : Condillac, après l'Essai sur les connaissances humaines

PUF - Janvier 2019


Page 3 à 17 : Martine Pécharman - Avant-propos | Page 19 à 55 : Élisabeth Schwartz - Le statut des signes et la présupposition mutuelle de la nature et de l’art dans le système de Condillac | Page 57 à 110 : Martine Pécharman - Il y a des composés, donc il y a des êtres simples. Vertu et infortune chez Condillac d’un principe métaphysique de Leibniz | Page 111 à 136 : Gianni Paganini - Condillac historien et penseur politique. Luxe, propriété et contrat social dans le Cours d’études | Page 137 à 159 : Aliénor Bertrand - Lire Le Commerce et le Gouvernement : contre l’interprétation néolibérale de Condillac | Page 161 à 179 : Frédéric de Buzon - Remarques sur l’algèbre chez Condillac, de l’Essai à la Langue des calculs | Page 187 : - Ouvrages reçus à la rédaction.

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Transversalités 2019/1 (n° 148) : Une ontologie trinitaire. Autour de Klaus Hemmerle

Institut Catholique de Paris - Janvier 2019


" Klaus Hemmerle (1929-1994), évêque d’Aix-la-Chapelle en Allemagne, figure mieux connue pour sa participation active au mouvement ecclésial des Focolari, est peut-être aussi le plus méconnu des grands théologiens du xxe siècle, dont la réflexion n’avait d’ailleurs pas manqué d’être, comme par anticipation, une source d’inspiration pour la fondatrice du mouvement, Chiara Lubich (1920-2008). À l’occasion de la publication de la traduction française des Thèses pour une ontologie trinitaire (éditions Ad Solem, 2014) de K. Hemmerle, une journée d’étude fut organisée le 7 avril 2015 à l’Institut Catholique de Paris autour de ses recherches fondamentales. Le dossier de ce numéro 148 de la revue Transversalités propose aux lecteurs un certain nombre des contributions de cette journée, ce dont il faut se réjouir à au moins deux titres.
Tout d’abord, parce qu’il conserve la trace féconde du travail interdisciplinaire qui a été mené par le pôle « Philosophie et Théologie » à l’initiative de ce projet, et qui se poursuit aujourd’hui dans le cadre du séminaire de recherche de la Chaire Dominique Dubarle dont le titulaire, Vincent Holzer, est également coordonnateur du présent dossier. Ensuite, parce qu’il met en valeur un penseur, Klaus Hemmerle, qui s’est toujours placé à la croisée de la théologie et de la philosophie, menant un débat à double front, et dont le caractère programmatique des thèses qu’il élabora en vue d’une nouvelle ontologie centrée autour de l’événement trinitaire appelle, suscite, stimule, en un mot favorise, par le cadre qu’elle leur fournit, une collaboration concrète et féconde, par-delà le vœu pieux qu’il y eut souvent de faire dialoguer deux disciplines dont les relations complexes et parfois rêches participent de leur histoire tumultueuse.
C’est à leur complémentarité que Jérôme de Gramont nous introduit par sa contribution. Ni servante de l’une, ni maîtresse de l’autre, philosophie et théologie procèdent de deux mouvements de sens contraire mais convergent au sein d’un même programme, que l’ontologie trinitaire de Hemmerle peut servir à délimiter. La première s’élève depuis le nom commun, voire le plus commun (l’étant), tandis que la seconde descend du nom propre, voire le propre par excellence (Dieu), ce proprium que la révélation trinitaire empêchera toujours de (nous) rendre (trop) commun. Comme le suggère ensuite Michel Dupuis, c’est à un nouvel échange entre ontologie et théologie qu’invite un tel programme, contre la séparation trop franche qu’avait instituée entre elles Heidegger, et même Levinas à sa façon, dans la mesure où l’ontologie substantielle n’est pas toute l’ontologie, et qu’il y a place pour une « autre ontologie » qui intègre l’altérité et l’agapè comme don de soi. En guise d’esquisse, l’auteur s’oriente alors vers la notion anthropologique de nostrité (Wirheit) telle qu’elle fut pensée par L. Binswanger comme genre d’être originaire de notre propre existence. Pour autant, cette pénétration des deux champs disciplinaires ne signifie pas leur recouvrement pur et simple, loin de là, et Vincent Holzer s’attache à faire l’état des lieux sur les débats qui se sont agités autour d’une possible ontologie théologique et sur l’usage qu’on est notamment en droit de faire des concepts issus de l’ontologie heideggérienne. Dans le conflit des ontologies qui a opposé Karl Rahner et Hans Urs von Balthasar, la pensée de Hemmerle s’inscrit incontestablement dans le sillage du second. Parce que l’unité paradoxale du Christ-Dieu réactive le modèle analogique, l’ontologia specialis (qui traite des noms propres) demeure irréductible à l’ontologia generalis (qui traite des noms communs). Parmi les nombreuses tentatives modernes d’ontologie trinitaire, celle de Gisbert Greshake (né en 1933) gagne à être comparée à celle de Klaus Hemmerle. Aussi a-t-il été fait le choix d’intégrer un article de Riccardo Ferri, traduit de l’italien par les soins de Chiara Pesaresi, consacré aux implications d’une ontologie de la relation dans sa pensée. Le dossier se termine par un article, inédit en français, de Klaus Hemmerle que les contributions précédentes annonçaient en un sens en préparant le lecteur à le recevoir dans sa singularité. Il affronte le cœur de l’énigme, en s’attachant à saisir l’unité relationnelle du Christ, en laquelle la pluralité n’est jamais écrasée à son profit, pas plus qu’elle ne s’épanouit à son détriment. " (Camille Riquier)

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Esprit, janv.-févr. 2019 : L'inquiétude démocratique. Claude Lefort au présent

Revue Esprit - Janvier 2019


Largement sous-estimée, l’œuvre de Claude Lefort porte pourtant une exigence de démocratie radicale, considère le totalitarisme comme une possibilité permanente de la modernité et élabore une politique de droits de l’homme social. Selon Justine Lacroix et Michaël Fœssel, qui coordonnent le dossier, ces aspects permettent de penser les inquiétudes démocratiques contemporaines. À lire aussi dans ce numéro : un droit à la vérité dans les sorties de conflit, Paul Virilio et l’architecture après le bunker, la religion civile en Chine, les voyages de Sergio Pitol, l’écologie de Debra Granik et le temps de l’exil selon Rithy Panh.


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mercredi 30 janvier 2019

François de Smet : Eros capital. Les lois du marché amoureux

Climats - Janvier 2019



Sexe contre ressources : et si cet échange sulfureux, stigmatisé comme le monopole des filles de joie et autres sugar babies, constituait en réalité le ressort de toutes les relations sentimentales? Tel est le sens de l'échange économico-sexuel, théorie selon laquelle, de la simple «passe» au mariage bourgeois, il n'y a de différence que d'amplitude, et non de nature. Le monde des sentiments est aujourd hui un marché, entretenu par un modèle culturel dominant ayant capitalisé sur une nature humaine d'homo comptabilis qui n'a jamais cessé de s'exploiter elle-même. Internet a achevé ce travail de marchandisation en nous transformant tous en acteurs d'un mercato permanent, au sein duquel chacun évolue comme client et marchandise. Monnaie d'échange et intimité sont substantiellement liés, mais nous sommes perpétuellement invités à faire comme si ce n'était pas le cas. Dès lors, notre époque se caractérise par un gigantesque refoulement de la nature comptable de l'être humain et de la nature vénale de l'amour. Ce qui nécessite un double mouvement en apparence contradictoire : la mise au ban de la putain comme rappel de cette insupportable vénalité, et l'investissement dans l'amour comme religion ultime.

François De Smet est philosophe. Il est l'auteur de Reductio ad Hitlerum, une théorie du point Godwin (PUF, 2014, prix Léopold Rosy), qui a rencontré un important succès critique, et de Lost Ego, la tragédie du "Je suis" (PUF, 2017, Grand prix du livre sur le cerveau).

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Serge Latouche : Remember Baudrillard

Fayard - Janvier 2019


Jean Baudrillard (1929-2007) appartient à la génération de la French Theory, à cheval entre post-marxisme et postmodernité. À la différence de ses contemporains philosophes et sociologues, il eut une trajectoire non conformiste. Il a traversé de manière flamboyante la sociologie, la linguistique, la sémiologie, la psychanalyse, l’anthropologie, et la philosophie, avec une agilité conceptuelle qui en déconcerta plus d’un. Dont Serge Latouche, qui le fréquenta jusqu’en 1976, avant que leurs routes ne se séparent. Il y a un mystère Baudrillard, du moins une fascination pour sa pensée et son écriture qui ne se laissent enfermer dans aucun système.
Oublier Baudrillard ? Cela pourrait être une tentation pour se conformer à son injonction, mais ce serait céder à tous les bien-pensants et esprits académiques qui ne pouvaient accepter sa liberté de critiquer.
Se rappeler Baudrillard aujourd’hui, c’est exhorter à l’extrême lucidité, celle à laquelle l’auteur des Cool Memories s’est exercé toute sa vie durant. Une lucidité qui lui fit annoncer et analyser, dès les années 1970, le monde dans lequel nous vivons : terrorisme, hyperconsumérisme, artificialisation générale et triomphe du virtuel, simulacres, jeux médiatiques, immondialisation…

Serge Latouche, professeur émérite d’économie à l’Université d’Orsay, objecteur de croissance, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, Le Pari de la décroissance (Fayard), Pour une société d’abondance frugale et Petit traité de décroissance sereine (Mille et une nuits).


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Donna Haraway : Manifeste des espèces compagnes

Climats - Janvier 2019


Ce livre propose un pari audacieux : prendre notre relation avec les chiens au sérieux et apprendre "une éthique et une politique dévolues à la prolifération de relations avec des êtres autres qui comptent". Car la catégorie des espèces compagnes est bien plus vaste que celle des animaux de compagnie, elle inclut en effet le riz, les abeilles, la flore intestinale, les tulipes... "Vivre avec les animaux, investir leurs histoires et les nôtres, essayer de dire la vérité au sujet de ces relations, cohabiter au sein d'une histoire active : voilà la tâche des espèces compagnes." Pas de grands récits, donc, mais des histoires, dont le but est avant tout, dit Donna Haraway, de mettre des bâtons dans les roues au projet humain d'écrire seuls cette histoire. Des histoires d'amour, mais également de pouvoir, de conflits raciaux et d'idéologies coloniales, des histoires qui aident à élaborer des manières positives de vivre avec toutes les espèces qui sont apparues comme nous sur cette planète. Quelle est notre capacité humaine à construire des relations d'altérité qui ne soient pas marquées par des rapports de domination, mais par des relations de respect, d'affection, d'amour - sans qu'il s'agisse d'anthropocentrisme ou d'anthropomorphisme ? Voilà l'une des questions centrales que soulève ce livre devenu incontournable.

Philosophe et biologiste américaine, Donna Haraway est notamment l'auteur du célèbre Manifeste Cyborg. Elle est professeure émérite au département de sciences humaines de l'université de Californie à Santa Cruz.

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mardi 29 janvier 2019

Gisèle Chaboudez : Ce qui noue le corps au langage

Hermann - Janvier 2019


Concevoir ce qui noue le corps au langage est un enjeu majeur pour la pensée. Le sexe fait défaut à inscrire un rapport entre les deux moitiés sexuées de l’humanité, la jouissance sexuelle ne s’y prêtant pas. Or cet échec est fondateur, car il appelle dans le langage toutes sortes de fabrication de plus-values de jouissance, de plus-de-jouir pour s’y substituer. Ainsi, corps et langage se trouvent noués ensemble par l’intermédiaire d’une jouissance, dont l’accès passe par tout ce qui en tient lieu. Pour cela, d’autres objets du corps prêtent leur logique, orale, anale, scopique, vocale, au lieu de celle qu’il n’y a pas, l’inceste et son interdit concourent à y suppléer par d’autres voies, et ce qui se conserve de l’Œdipe initie chacun à une fonction phallique organisatrice de l’Un du sexe, au lieu du deux. Le rêve sans cesse fait passer à l’inconscient, formant les images en lettres, ce qui vient des jouissances inassimilables, il noue continûment entre eux ces différents registres, en produit une écriture. Autant de points-nœuds qui tiennent corps et langage arrimés l’un à l’autre par ce mode de jouir qui est celui du corps parlant. Ce livre déploie ainsi quelques clés décisives pour penser le corps et la psyché autrement qu’en territoires séparés.

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Giorgio Agamben : Nudités

Rivages - Janvier 2019 - Poche


Depuis la fête qui entretient une relation contemporaine avec la boulimie, jusqu'à la nudité ; depuis le problème du corps glorieux des béats, qui ont un estomac et des organes sexuels mais qui ne mangent pas et ne font pas l'amour, jusqu'à la figure nouvelle d'une identité impersonnelle imposée à l'humanité par les dispositifs de la biométrie ; le point de fuite vers lequel convergent tous ces thèmes est le désœuvrement. Il ne faut pas entendre ce terme comme oisiveté ou inertie, mais comme le paradigme de l'action humaine et celui d'une nouvelle politique. C'est la pratique même de ce désœuvrement qui définit le no man's land où se meut une écriture qui est tout à la fois, pensée et littérature, divagation et fiche philologique, traité de métaphysique et note sur les mœurs.

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Ginette Michaud : La vérité à l'épreuve du pardon. Une lecture du séminaire "Le parjure et le pardon" de Jacques Derrida

PU Montréal - Janvier 2019 - Collection : Humanités à venir


Prenant pour point de départ le séminaire inédit « Le parjure et le pardon » de Jacques Derrida, cet essai propose une lecture des trois séances qu'il a données à l'École des hautes études en sciences sociales, à Paris, en 1998-1999. Après avoir rappelé les principales apories du pardon élaborées par le philosophe, Ginette Michaud souligne les implications performatives de ce geste d'« offrande oblique » du point de vue du témoignage poétique auquel le pardon doit se mesurer, ainsi que l'importance des enjeux de traduction à l'endroit de l'idiome du pardon. Elle analyse en profondeur la question de la différence sexuelle et du genre dont Derrida a traité en s'attachant non seulement à la question spécifique du viol, mais également à celle du témoignage et, au-delà, à la violence extrême, la « pire violence ». Ce séminaire ouvre aussi de nouvelles perspectives sur le texte testamentaire de Jacques Derrida du 16 août 2004, où il accorde une place déterminante à la parole des femmes - de Sarah Kofman et Antjie Krog en passant par celles qui ont témoigné devant la Commission Vérité et Réconciliation jusqu'à la figure de la Justice aux yeux bandés de la cathédrale de Strasbourg - pour penser autrement la question du pardon. 

Ginette Michaud est professeure à l'Université de Montréal. Membre du comité international responsable de l'édition des séminaires de Jacques Derrida, elle a coédité les deux volumes du Séminaire La bête et le souverain (Galilée, 2008 et 2010) de même que ses écrits sur l'art et l'architecture dans Penser à ne pas voir et Les arts de l'espace (La Différence, 2013 et 2015). Elle a consacré plusieurs essais au philosophe et a codirigé en 2014, avec Danielle Cohen-Levinas, Appels de Jacques Derrida, aux éditions Hermann où a paru son essai Derrida, Celan. Juste le poème, peut-être (2017).

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lundi 28 janvier 2019

Jean-Michel Charrue : La philosophie néoplatonicienne de l'éducation. Hypatie, Plotin, Jamblique, Proclus

L'Harmattan - Janvier 2019


Qu'enseignaient ces professeurs du IIIe au VIe siècle ? Ce qui est à l'origine de notre civilisation. Hypatie avait eu le courage de la vérité jusqu'au martyre. Dans ses recherches sur la science, sa philosophie, ses cours et ses commentaires de Plotin, elle gardait sa liberté de parole. A Rome, Plotin enseignait une psychologie, et en plus de l'idée platonicienne d'homme ajoutait celle d'individu, le faisant progresser par l'éducation libre vers le Bien. Jamblique lui retourne à Pythagore : dans la sagesse, une vie libre allant vers la vérité. Proclus, commentant Platon, suit l'éducation d'Alcibiade, dans la dialectique socratique, et lui apprend la science nécessaire avant d'envisager l'action politique.

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Roselyne Koren : Rhétorique et Éthique : Du jugement de valeur

Classiques Garnier - Janvier 2019


Les valeurs faisant sens pour le locuteur jouent un rôle central dans la justification des décisions. Le jugement de valeur est cependant suspect d’être prescriptif et inique. Sa réhabilitation est l’objet de cet ouvrage. On y démontre que rhétorique et rationalité axiologique sont indissociables.


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Joseph Priestley : Recherches sur la Matière et l'Esprit

Champion - Novembre 2018


Priestley fut un acteur célébré des Lumières. Pasteur et théologien, expérimentateur et philosophe, intellectuel engagé en faveur de la Révolution française, auteur de plus de cent cinquante ouvrages, celui que ses contemporains qualifient de « furieux libre penseur » est également celui en qui Kant reconnaît une incarnation rare de la vertu philosophique cardinale : la conséquence.
Les Recherches sur la Matière et l’Esprit (1777) constituent son ouvrage métaphysique fondamental. Il y défend un matérialisme dynamique dont il assume les implications mortalistes et nécessitaristes radicales. Son discours s’alimente à l’histoire – de la philosophie et des sciences – et appelle une herméneutique des textes religieux soutenue. Ce texte esquisse l’un des possibles saisissants de cette métaphysique post-newtonienne qui constituait, pour beaucoup, le destin de la philosophie au XVIIIe siècle.

Cette traduction, réalisée et annotée par Antoine Grandjean et précédée d’une présentation de Pascal Taranto, offre la première édition critique de ce texte.

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dimanche 27 janvier 2019

François Rastier : Heidegger, Messie antisémite. Ce que révèlent les Cahiers Noirs

Le bord de l'eau - Octobre 2019



À partir des premiers Cahiers noirs, cet ouvrage est le premier à montrer comment l'antisémitisme exterminateur de Heidegger éclaire sa réception actuelle et son succès international.
Malgré son nazisme notoire, Heidegger passe toujours pour le plus grand philosophe contemporain et l’on invoque ses disciples et commentateurs juifs pour justifier ce préjugé et banaliser son antisémitisme.
Cependant, la publication des premiers Cahiers noirs et leur réception internationale précisent un double projet : légitimer « philosophiquement » l’extermination historique des juifs et détruire le judaïsme de l’intérieur.
Pour mettre en œuvre ce programme, trois courants principaux se concilient à présent : l’extrême droite, le radicalisme révolutionnaire et l’islamisme. Outre un antisémitisme et un antijudaïsme diversement assumés, ils trouvent chez Heidegger et chez ses disciples un messianisme apocalyptique qui s’exprime à travers le thème du retrait de Dieu et une prophétie nostradamique : le philosophe pose au prophète de la fin du monde. L’irrationalisme est leur principale matrice et dessine un nazisme dépouillé des pesanteurs de l’hitlérisme mais farouchement opposé à l’Occident, à la technique et à la mondialisation.
Enfin, comme Heidegger s’affirme comme un théoricien de l’identité ethnique et spirituelle, tous les courants identitaires, jusqu’aux populistes, peuvent s’appuyer sur lui.
Ce livre est le premier en France à analyser cette situation nouvelle, alors que les traductions françaises des premiers Cahiers noirs ont été annoncées.

François Rastier, directeur de recherche au CNRS, est un linguiste spécialisé en sémantique des textes. Auteur de nombreux ouvrages, son livre sur la poésie de Primo Levi, Ulysse à Auschwitz (Éditions du Cerf, 2005) a reçu le prix de la Fondation Auschwitz.

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Marcel Mauss : La Prière

PUF - Janvier 2019 - Quadrige


Marcel Mauss a 35 ans lorsqu’il fait imprimer ce premier volume de sa thèse avant de renoncer définitivement à la terminer. La prière est pourtant une clé de son œuvre, à la charnière de sa sociologie des religions et du célèbre Essai sur le don, dédié aux échanges entre les hommes et non plus aux échanges entre les hommes et les dieux. Comme le sacrifice, où le collectif agit par l’intermédiaire du prêtre, la prière est un rituel religieux. C’est un « rite oral », qui agit par l’intermédiaire de la parole et non du geste. Et celui qui prie peut prier seul ou en groupe, en s’adressant directement aux dieux, même si des professionnels peuvent accompagner les fidèles. Loin de relever de la magie, où un individu agit pour le compte d’un autre, la prière engage à la fois le collectif, présent dans toute formule consacrée, et l’individu, qui s’y exprime par l’intermédiaire du langage.

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Clément Rosset : Propos sur le cinéma

PUF - Janvier 2019


Ce recueil de divers textes que Clément Rosset a consacrés au cinéma est précédé d'un entretien avec Roland Jaccard. Ses goûts cinématographiques, souvent déconcertants et ironiques, permettent de mieux cerner la personnalité du philosophe. A la suite d'un entretien avec Roland Jaccard autour du cinéma sur le premier film de son enfance (Les naufrageurs des mers du sud, par Cecil B. de Mille), sur les grandes revues cinématographiques (Positif, Les Cahiers...) et sur des thèmes tels que "Psychanalyse et cinéma" ou "Philosophie et cinéma", des extraits de textes parus dans différentes revues ou ouvrages de Clément Rosset sont mis à la disposition du lecteur.

Clément Rosset (1939-2018) est une des grandes figures de la philosophie contemporaine. Il est notamment l'auteur de Schopenhauer, philosophe de l'absurde (Puf, 2013) et de Faits divers (Puf, 2014).

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samedi 26 janvier 2019

Cahiers critiques de philosophie nº 21: Jacques Poulain. La philosophie en acte

Hermann - Janvier 2019


V. LYSENKO : L’Eurocentrisme, un handicap pour la pensée occidentale moderne
G. IMBRIANO : Gentile, Heidegger et la technique
R. CAMARGO SA : Qu’est-ce que penser ?
W. GONZALEZ : L’anthropobiologie philosophique de J. Poulain
S. PANOV : L’anthropobiologie du langage de Jacques Poulain et la raison littéraire
S. AGUDELO : Actes de paroles et actes de machines : le destin la pragmatique technologique d’après J. Poulain
H. J. SANDKULHER : Quelle vérité ? Le problème de la justification du savoir
W. R. MENON : Expérience et Vérité. Aspects généraux de la théorie de la vérité de J. Poulain
J. C. QUINTERO CALVACHE : La Loi de vérité comme principe des règles juridiques
H. KRETS & S. AGUDELO : L’humanité comme culture de vérité. Entretien avec J. Poulain
A. GUALANDI : Inhumanités, Anthropobiologie et postmoderne
P. VERMEREN et M. CUILLERAI : La privatisation du monde, l’autisme à carapace de la démocratie libérale et de la civilisation, et le destin transculturel de l’homme selon J. Poulain
C. WULF : Quelle mondialisation ? L’hétérogénéité culturelle et la formation transculturelle : la recherche anthropologique
S. BRETON : J. Poulain ou la révolution du jugement
R. SCHERER : De l’homme, de l’aliénation à la communication

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Maxime Rovere : Que faire des cons ? Pour ne pas en rester un soi-même

Flammarion - Janvier 2019


Votre vie est encombrée d'une ou plusieurs créatures malfaisantes? Vous désirez surmonter cette odieuse expérience et savoir comment vous en défaire? Avec humour, bienveillance et sagesse, ce livre propose une nouvelle éthique pour penser et soigner ce fléau de notre temps, maladie du collectif et poison de nos vies individuelles.

Maxime Rovere a enseigné à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, puis à l'université PUC de Rio de Janeiro. Ecrivain et historien de la philosophie, il est notamment l'auteur du Clan Spinoza (Flammarion, 2017).

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Emmanuel Kant : Le droit de mentir suivi de Théorie et pratique (nouvelle traduction)

Cerf - Janvier 2019



Mentir peut-il devenir un droit ? Nos principes ont-ils une valeur pratique ? Que signifie avoir des droits ? Quelle justice peut-on attendre des rapports sociaux ? Les deux textes dont nous proposons une traduction rajeunie et une explication détaillée, révèlent un Kant en débat avec ses contemporains et en phase avec l'aspiration républicaine née de la Révolution française, moins préoccupé de théorie pure qu'attentif à montrer comment, en morale comme en politique, on ne peut affronter le cynisme ou l'opportunisme que si l'on a soigneusement instruit les valeurs qu'on entend maintenir. Sa réflexion rejoint l'individu engagé dans un choix moral compliqué, ou hésitant sur ses motivations pratiques, confronté à l'inégalité sociale ou inquiet du destin de l'humanité. En nous proposant une esquisse philosophique, c'est-à-dire problématique, de ce que serait une vie juste, Kant nous invite à penser l'idéal social dont nous avons besoin.

Traduction et explication : 
Eric Bories, agrégé et docteur en philosophie, est professeur en classes préparatoires aux lycées Fermat et Saint-Sernin de Toulouse. 
Stéphane Robilliard, agrégé et docteur en philosophie, est professeur en classes préparatoires au lycée Janson-de-Sailly à Paris.

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vendredi 25 janvier 2019

Giovanni Dotoli : L'honnête homme. Une philosophie du pouvoir

Hermann - Janvier 2019


L'expression quelque peu galvaudée, qu'on entend par "honnête homme" semble insaisissable. Qu'en est-il réellement ?
Personnage central du Grand Siècle français, l'honnête homme répond au contrôle absolutiste de l’ordre établi : en choisissant le paraître, il transfère dans l’illusion ses problèmes d’existence. Ses règles sont à la fois une forme de contrôle de la société et une méthode de lutte. L'"honnête homme" désigne avant tout celui qui est curieux, éduqué, lettré, cultivé, affranchi de toutes contraintes dans ses choix de lecture ou d'occupation. En somme, sa caractéristique première est la liberté. Le but de cet ouvrage est ainsi de montrer que l'honnête homme est une figure de la liberté, à travers laquelle une philosophie du pouvoir se construit.

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Revue des sciences philosophiques et théologiques 2018/2 (Tome 102) : Usages de l’histoire en politique au XVIe siècle (France, Italie)

Vrin - Janvier 2019


Page 201 à 204 : Dominique Couzinet - Présentation | Page 205 à 220 : Susanna Gambino Longo - La représentation des origines de la civilisation chez Francesco Patrizi de Sienne | Page 221 à 233 : Silvio Gabriel Serrano Nunes - Histoire profane et théorie politique dans le constitutionnalisme de Théodore de Bèze | Page 235 à 249 : Shingo Akimoto - La juridicisation de la politique chez Bodin, héritier de Machiavel | Page 251 à 262 : Diego Quaglioni - Le comparatisme historique d’Alberico Gentili (1552-1608) | Page 263 à 278 : Deborah Miglietta - L’histoire chez Tommaso Campanella | Page 279 à 298 : Marta Borgo - Un Moyen Âge de longue durée à l’école de Francesco Del Punta | Page 299 à 375 : Matthieu Cassin - Bulletin de patrologie | Page 377 à 383 : - Recensions et notices.

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Dinah Ribard : 1969 : Michel Foucault et la question de l'auteur

Honoré Champion - Janvier 2019


" Qu'est-ce qu'un auteur ? " est le texte d'une conférence donnée en 1969 à Paris, puis en 1970 aux Etats-Unis. Il existe plusieurs manières, fort différentes, de donner un contexte aux propositions avancées par Michel Foucault dans ce texte qui fit événement, de raconter l'histoire de l'impact de sa réflexion sur la théorie, la critique, l'histoire du fait littéraire, d'y réagir enfin. On s'efforce ici d'éclairer ces interprétations, ces récits, leurs évolutions et leurs enjeux, en s'intéressant notamment à leur caractère contradictoire, ainsi qu'à l'importance qu'ont eue, pour l'évolution des études littéraires, des choses que Foucault ne dit pas.

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jeudi 24 janvier 2019

L. Cahen-Maurel, J-N. Bret (dir.) : L'Œil de l'esprit. Caspar David Friedrich et le romantisme allemand

Hermann - Janvier 2019


Le peintre romantique Caspar David Friedrich fait aujourd’hui partie de nos classiques dans le champ de l’art. Ce livre propose les réflexions de certains des plus éminents spécialistes français et étrangers de son œuvre, comme du romantisme allemand, sur la manière de regarder et de percer un peu du prestige mystérieux d’une peinture connue pour être énigmatique. En un parcours à travers l’histoire de l’art et de la civilisation allemande, la philosophie, la politique, religion et la littérature, il interroge le lien de Friedrich au romantisme, et fournit une approche renouvelée de quelques-uns des enjeux fondamentaux d’un mouvement artistique en quête d’harmonie entre le monde extérieur et l’imagination qui le dépasse si facilement, en plongeant ses racines dans la pure intériorité accessible seulement à « l’œil de l’esprit ».

Contributeurs : Laure Cahen-Maurel, Maria Teresa Caracciolo, Augustin Dumont, Manfred Frank, Michael Fried, Joseph Leo Koerner, Isis von Plato, Julie Ramos, Lionel Richard, Olivier Schefer, David W. Wood

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Michel Eltchaninoff (dir.) : La ville rêvée des philosophes

Philosophie magazine éditeur - Janvier 2019


La ville et la vie urbaine sont des sujets qui, depuis ses débuts, animent la pensée philosophique. Cet ouvrage sera une nouvelle pierre à cet immense édifice. Des philosophes importants (Bernard Stiegler, François Jullien, Catherine Larrère) échangent avec d'importants architectes (Christian de Portzamparc, Antoine Picon, Ariella Masboungi) pour comprendre ce qu'est la ville d'aujourd'hui et ce qu'elle devient.

Rédacteur en chef à Philosophie Magazine, agrégé et docteur en philosophie, Michel Eltchaninoff est spécialisé en phénoménologie et en philosophie russe. Il a notamment publié Dostoïevski. Le roman du corps (Jérôme Millon, 2013), Dans la tête de Vladimir Poutine (Solin/Actes Sud, 2015), Les Nouveaux Dissidents (Stock, 2016) ou encore Dans la tête de Marine Le Pen (Solin/Actes Sud, 2017).

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Barbara Stiegler : « Il faut s'adapter. » Sur un nouvel impératif politique

Gallimard - Janvier 2019 - Essais


D'où vient ce sentiment diffus, de plus en plus oppressant et de mieux en mieux partagé, d'un retard généralisé, lui-même renforcé par l'injonction permanente à s'adapter au rythme des mutations d'un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation progressive du champ économique, social et politique par le lexique biologique de l'évolution ? La généalogie de cet impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources d'une pensée politique, puissante et structurée, qui propose un récit très articulé sur le retard de l'espèce humaine par rapport à son environnement et sur son avenir. Elle a reçu le nom de "néolibéralisme" : néo car, contrairement à l'ancien qui comptait sur la libre régulation du marché pour stabiliser l'ordre des choses, le nouveau en appelle aux artifices de l'Etat (droit, éducation, protection sociale) afin de transformer l'espèce humaine et construire ainsi artificiellement le marché : une biopolitique en quelque sorte. Il ne fait aucun doute pour Walter Lippmann, théoricien américain de ce nouveau libéralisme, que les masses sont rivées à la stabilité de l'état social (la stase, en termes biologiques), face aux flux qui les bousculent. Seul un gouvernement d'experts peut tracer la voie de l'évolution des sociétés engoncées dans le conservatisme des statuts. Lippmann se heurte alors à John Dewey, grande figure du pragmatisme américain, qui, à partir d'un même constat, appelle à mobiliser l'intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques, à inventer par le bas l'avenir collectif. Un débat sur une autre interprétation possible du sens de la vie et de ses évolutions au coeur duquel nous sommes plus que jamais.

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mercredi 23 janvier 2019

Giorgio Agamben : Création et anarchie. L'oeuvre à l'âge de la religion capitaliste

Rivages - Janvier 2019


Dans la culture occidentale, principe, création et commandement sont des notions étroitement liées. L'arche, l'origine, est aussi toujours déjà le commandement, et le commencement est toujours également le principe - "le prince" - qui gouverne et commande. C'est vrai aussi bien dans la théologie, où Dieu non seulement crée le monde, mais le gouverne et ne cesse de le gouverner par une création continue, que dans la tradition philosophique et politique, où principe et création, commandement et volonté forment ensemble un dispositif stratégique sans lequel s'écroulerait l'édifice de notre société. Les cinq textes rassemblés ici tentent de désamorcer ce dispositif au moyen d'une minutieuse enquête archéologique des concepts d'oeuvre (Archéologie de l'oeuvre d'art), de création (Qu'est-ce que l'acte de création ? ), de commandement et de volonté (Qu'est-ce que le commandement ? ). Le territoire de l'archè est parcouru et exploré en tout sens à la recherche d'une issue anarchique. Jusqu'à ce que, dans le texte qui clôt le livre, l'anarchie apparaisse comme le centre secret du pouvoir, qu'il s'agit de mettre en lumière, pour qu'une pensée qui a déposé le principe et son commandement devienne possible.

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