Prenant pour point de départ le séminaire inédit « Le parjure et le pardon » de Jacques Derrida, cet essai propose une lecture des trois séances qu'il a données à l'École des hautes études en sciences sociales, à Paris, en 1998-1999. Après avoir rappelé les principales apories du pardon élaborées par le philosophe, Ginette Michaud souligne les implications performatives de ce geste d'« offrande oblique » du point de vue du témoignage poétique auquel le pardon doit se mesurer, ainsi que l'importance des enjeux de traduction à l'endroit de l'idiome du pardon. Elle analyse en profondeur la question de la différence sexuelle et du genre dont Derrida a traité en s'attachant non seulement à la question spécifique du viol, mais également à celle du témoignage et, au-delà, à la violence extrême, la « pire violence ». Ce séminaire ouvre aussi de nouvelles perspectives sur le texte testamentaire de Jacques Derrida du 16 août 2004, où il accorde une place déterminante à la parole des femmes - de Sarah Kofman et Antjie Krog en passant par celles qui ont témoigné devant la Commission Vérité et Réconciliation jusqu'à la figure de la Justice aux yeux bandés de la cathédrale de Strasbourg - pour penser autrement la question du pardon.
Ginette Michaud est professeure à l'Université de Montréal. Membre du comité international responsable de l'édition des séminaires de Jacques Derrida, elle a coédité les deux volumes du Séminaire La bête et le souverain (Galilée, 2008 et 2010) de même que ses écrits sur l'art et l'architecture dans Penser à ne pas voir et Les arts de l'espace (La Différence, 2013 et 2015). Elle a consacré plusieurs essais au philosophe et a codirigé en 2014, avec Danielle Cohen-Levinas, Appels de Jacques Derrida, aux éditions Hermann où a paru son essai Derrida, Celan. Juste le poème, peut-être (2017).
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