Contributeurs : Michel Surya, Véronique Bergen, Philippe Hauser, Alain Hobé, Jacques Brou, Mathilde Girard,Mathieu Bénézet, Philippe Lacoue-Labarthe, Jacob Rogozinski, Sylvain Santi, Michael Trahan, Gisèle Berkman, Boyan Manchev, Jean-Paul Michel, Alain Jugnon, Olivier Jacquemond, Léa Veinstein, François Brémondy, Michèle Cohen-Halimi, Laurent Evrard,Emmanuel Laugier, Marc Nichanian, François Athané
Présentation
Poser la question de la littérature et de la pensée, ce n’est pas faire d’elles deux questions que poserait la situation faite à l’une et à l’autre. C’est faire de l’une pour l’autre une question, la question que poserait leur rapport, quelle que soit la situation (à quelque époque que ce soit, mais à la nôtre, tout de même, principalement). Rapport dont il arrive – le plus souvent – qu’il n’existe pas. Formes, enjeux, objets, etc. les différencieraient par principe. La littérature, dans sa masse, ignore d’ailleurs la pensée (s’en passe, ne veut pas avoir affaire avec). La pensée, moins, qui cite volontiers la littérature, s’en sert, y trouve de quoi alimenter ses représentations, auxquelles la littérature peut en effet tenir lieu d’exemple, de « preuve ». Pas cependant au point que leur distinction doive s’effacer. D’un tel effacement, une confusion résulterait que l’une ne craint apparemment pas moins que l’autre, même si c’est pour des raisons en partie opposées.
Faisons cependant comme s’il ne suffisait pas de penser ce que la littérature donne à penser, entre autres à la « pensée » (par exemple à la philosophie), mais ce qu’elle-même pense en tant qu’elle ne cesse pas d’être la littérature. Les noms sont nombreux qui y prêtent, de ceux qui se tiennent à l’articulation de l’une et de l’autre : Proust, Kafka, Musil, Joyce, Borges, Broch, Artaud, Beckett, Celan, etc. ; ou de ceux qui ont porté plus loin la possibilité de leur indisctinction : Blanchot, Bataille, Klossowski, etc. ; de ceux enfin qui se sont illustrés aussi bien dans le registre de la littérature que dans celui de la philosophie (Sartre, pour n’en citer qu’un, lequel n’a pas écrit que de la littérature et de la philosophie, mais encore de la philosophie à partir de la littérature – à partir de Genet, Flaubert) ?
Des rapports de la pensée à la littérature, tout le monde semble donc à peu près savoir ce qu’il en est, a fortiori si c’est à des « penseurs » que la question est posée (c’est le cas de la plupart ici). Mais est-ce si sûr ? Qu’en est-il donc pour la pensée que la littérature elle-même pense, comme par surcroît ? Et que pense-t-elle que la pensée ne penserait pas, ou pas assez ? Qu’est-ce qu’une pensée qui ferait réellement l’expérience de la littérature, la lisant réellement pour ce qu’elle est ? Se peut-il que la littérature ait possiblement quelque chose en propre que la pensée n’aurait pas, même du point de vue de la pensée ? Qui sait, que celle-ci fuirait ? Que son histoire lui ferait fuir (ce que la littérature a volontiers de « bas », de tragique ou de trivial, que la pensée n’a pas) ? Questions que posait l’invitation à collaborer à ce numéro ; d’autres naissent des réponses elles-mêmes.
Faisons cependant comme s’il ne suffisait pas de penser ce que la littérature donne à penser, entre autres à la « pensée » (par exemple à la philosophie), mais ce qu’elle-même pense en tant qu’elle ne cesse pas d’être la littérature. Les noms sont nombreux qui y prêtent, de ceux qui se tiennent à l’articulation de l’une et de l’autre : Proust, Kafka, Musil, Joyce, Borges, Broch, Artaud, Beckett, Celan, etc. ; ou de ceux qui ont porté plus loin la possibilité de leur indisctinction : Blanchot, Bataille, Klossowski, etc. ; de ceux enfin qui se sont illustrés aussi bien dans le registre de la littérature que dans celui de la philosophie (Sartre, pour n’en citer qu’un, lequel n’a pas écrit que de la littérature et de la philosophie, mais encore de la philosophie à partir de la littérature – à partir de Genet, Flaubert) ?
Des rapports de la pensée à la littérature, tout le monde semble donc à peu près savoir ce qu’il en est, a fortiori si c’est à des « penseurs » que la question est posée (c’est le cas de la plupart ici). Mais est-ce si sûr ? Qu’en est-il donc pour la pensée que la littérature elle-même pense, comme par surcroît ? Et que pense-t-elle que la pensée ne penserait pas, ou pas assez ? Qu’est-ce qu’une pensée qui ferait réellement l’expérience de la littérature, la lisant réellement pour ce qu’elle est ? Se peut-il que la littérature ait possiblement quelque chose en propre que la pensée n’aurait pas, même du point de vue de la pensée ? Qui sait, que celle-ci fuirait ? Que son histoire lui ferait fuir (ce que la littérature a volontiers de « bas », de tragique ou de trivial, que la pensée n’a pas) ? Questions que posait l’invitation à collaborer à ce numéro ; d’autres naissent des réponses elles-mêmes.
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