La réflexion de Frank Sibley se développe à partir d’une idée centrale, à ses yeux fondatrice : la distinction entre esthétique et non esthétique. Il soutient la thèse très forte selon laquelle les concepts esthétiques ne sont pas du tout gouvernés par des règles ou des conventions mais mobilisent l’exercice du goût. Aucune solution fondée sur des critères, même libéralisés, ne peut rendre compte de l’application d’une propriété esthétique sur la base de propriétés non esthétiques sous-jacentes, et on ne peut donc faire l’économie d’une preuve perceptuelle. Cette analyse l’a conduit à prêter une attention extrême aux formes de description esthétique.
Hostile au relativisme et au scepticisme si répandus en esthétique, il défend une position objectiviste et généraliste qui lui confère une forme de responsabilité épistémologique. Celle-ci n’exclut ni l’inventivité ni l’intérêt pour des objets familiers comme les visages ou ordinaires comme les galets. En revanche, elle refuse de surestimer l’art dont les raffinements nous fascinent mais qui présuppose tout le tissu de conduites plus élémentaires.
Usant d’un style sobre et rigoureux, Sibley mobilise une large variété d’exemples, tantôt très convenus, tantôt plus inattendus, sans souci de bâtir une théorie esthétique. Néanmoins, en dépit de la pluralité de ses thèmes, son œuvre manifeste une profonde unité d’inspiration qui s’alimente aux sources anthropologiques de l’esthétique.
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