mercredi 11 mars 2020

René Lévy : La Mort à vif. Essai sur Paul de Tarse

Verdier - Mars 2020


Paul, ou Saül de Tarse, ou saint Paul ; par la puissance spéculative et la vigueur du verbe, le vrai fondateur du christianisme. Jeune, c’était un Hébreu, citoyen de Rome. À Jérusalem, il fut l’élève du plus grand des maîtres, Rabban Gamliel. Zélateur farouche, persécuteur des nazaréens, il connaissait la Loi juive (Torah), et l’observait scrupuleusement. Mais sa ferveur cachait mal une inquiétude grandissante ; la crise éclata sur la route de Damas, puis ce fut la révélation. Paul avait vingt-cinq ans. De persécuteur, il devint l’apôtre de l’Église le plus ardent. En une dizaine d’épîtres, il posa les fondements du christianisme.
Nourri de culture hébraïque, spécialement pharisienne, parlant grec, Paul livre un texte souvent obscur, presque étrange, comme si l’hébreu, par une pression souterraine, en défigurait le sol. Son discours sur la Loi (Torah), crucial et si moderne, en est un exemple, mais encore ses doctrines de la mort et de la résurrection, et de la grâce. Par nombre d’obscurités, Paul de Tarse est demeuré mal compris. Dans notre essai, nous avons voulu, par-delà des siècles de théologie et d’études néo-testamentaires, remonter à la source ; la source pharisienne, le Midrach et la Michna. Nous nous sommes gardés autant que possible des erreurs rétrospectives et nous nous sommes, pour ainsi dire, transportés jusqu’à lui sans bagages. Qu’avons-nous découvert ? Que la crise était grave et profonde, qu’elle était la crise de la conscience pharisienne ; et nous avons pris la mesure de la dissidence de Paul à l’égard de Moïse, de son puissant désir d’arrachement à la religion. Nous avons découvert combien l’enjeu messianique fut et demeure, non seulement au cœur de l’histoire occidentale, mais encore au cœur de tout véritable humanisme.

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