Dans une période postpandémique, marquée par de multiples crises écologiques, la nécessité de repenser le rapport de l’être humain avec la nature est au centre non seulement de l’actualité politique, mais aussi de la réflexion philosophique. Pourtant, la prise en compte de la place de l’humain dans la nature comme de celle de la nature dans l’être humain n’est pas totalement nouvelle au xxie siècle. Ce geste théorique a été l’horizon philosophique commun à trois courants de pensée du début du siècle précédent : le pragmatisme américain, la philosophie de la vie française et l’anthropologie philosophique allemande, dont respectivement John Dewey, Georges Canguilhem et Helmuth Plessner ont été des représentants éminents. En dépit de leurs différences, ces trois auteurs partagent la volonté d’élaborer un naturalisme alternatif, afin de penser l’entrelacement entre nature et culture sans réduire l’une à l’autre. Ainsi, ils ouvrent la possibilité d’une troisième voie entre deux positions symétriques, un naturalisme réductionniste et un antinaturalisme radical, qui manquent tous les deux la relation dynamique qui s’institue entre ces deux pôles. La conviction qui anime les contributions réunies dans ce volume est qu’un détour historique par les pensées de Dewey, Canguilhem et Plessner permet de faire émerger des outils théoriques et critiques féconds pour repenser la nature, outils que la réflexion contemporaine gagnerait à réactiver.
Sommaire
Introduction. Dewey, Canguilhem et Plessner : trois alternaturalismes, par Arto CHARPENTIER, Marco DALPOZZOLO et Matteo PAGAN
Première partie. Le « naturalisme culturel » de John Dewey
Repenser les rapports entre la nature et la culture. La révision du problème du corps-esprit chez John Dewey et ses implications pour l’idée de la philosophie, par Heike KOENIG
Comprendre le naturalisme de John Dewey comme une attitude à travers le problème de l’individualité, par Julie ARNAUD
Georges Canguilhem et John Dewey. La vie comme critique, invention et expérimentation, par Arto CHARPENTIER
Deuxième partie. La « biophilosophie » de Georges Canguilhem
Repenser le milieu par l’Umwelt. Les lectures croisées de Georges Canguilhem et Maurice Merleau-Ponty, par Marco DAL POZZOLO
Georges Canguilhem et Michel Foucault. « Philosophie biologique » et amphibolies de l’anthropologie moderne, par Ugo BALZARETTI
Philosophie biologique et naturalismes. Resituer la nature dans la théorie critique, par Andrea ANGELINI
Troisième partie. La « biologie philosophique » de Helmuth Plessner
Les Degrés de l’organique « à rebours ». De l’anthropologie philosophique à la philosophie de la nature de Helmuth Plessner, par Matteo PAGAN
La mort comme « non-être ». Plessner et Merleau-Ponty vers un naturalisme réaliste, par Paolo MISSIROLI
Limites et erreurs. Les dialectiques précaires de la vie chez Helmuth Plessner et Georges Canguilhem, par Thomas EBKE
Conclusion. Quand l’être humain est devenu vivant. L’Homo faber dans l’anthropologie philosophique, la philosophie de la vie et le pragmatisme, par Caterina ZANFI
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