Hermann - Juin 2024
Le parallèle beauté scientifique/beauté artistique peut être mieux saisi à partir de la question de la beauté naturelle. La beauté naturelle, avec l'idée de mesure, harmonie et proportion, a depuis toujours fonctionné comme mesure pour la formulation des critères esthétiques de beauté. Au milieu du XXe siècle, Aldo Leopold (1949) a forgé une pensée visionnaire où la beauté paysagère ne ferait plus appel aux critères classiques de définition de la beauté (couleurs, formes), mais à l’harmonie écologique des différents éléments d’un écosystème, définie par leur degré d’évolution (maturité) et les processus qui les relient. La beauté serait ainsi davantage fonctionnelle que perceptive et hautement dynamique, puisque fruit d’une histoire et tournée vers l’avenir. Le plaisir du spectateur contemplant la beauté d’un paysage ne vient alors plus de stimuli sensoriels, mais d’une compréhension intellectuelle de l’esthétique écologique du paysage observé. Mais dans le contexte actuel de crise écologique, de pollution grandissante et de réchauffement climatique, la beauté naturelle se voit prise dans des perspectives qui frôlent le registre apocalyptique.
Tania Vladova est professeur d’esthétique à l’École supérieure d’art et design Le Havre/Rouen et docteur de l’EHESS. Ses recherches portent sur la théorie des images XIXe-XXIe siècles et sur la science des images (Kunstwissenchaft, Bildwissenschaft, Visual Studies). Elle est membre fondateur du comité de rédaction des revues Fiction-Science et Images Revues, et membre du comité de lecture de la revue Critique d’art.
Samuel Étienne est directeur d'études à l'EPHE. Ses travaux s'inscrivent dans une tradition naturaliste de la géographie physique, notamment la géomorphologie.
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