Les belles lettres - Juin 2024
Les études rassemblées ici procèdent au départ d’une question simple. Par quels singuliers détours de l’histoire quelque chose, comme la foi ou comme une certaine compréhension du divin, a-t-il pu progressivement être mis en rapport avec une discipline comme la science, compte tenu de ce que cette dernière implique de rigueur et de lois ? En d’autres termes, qu’est-ce que la « science », banalement parlant, peut bien avoir de commun avec la « religion » ?
En réalité, l’on s’aperçoit qu’un rapport critique au sacré s’est instauré de longue date en Grèce antique ― sa spécificité peut-être ―, critique par exemple chez Xénophane de l’anthropomorphisme religieux, critique chez Platon du relâchement du discours sur les dieux ― d’où l’imposition nécessaire de certains topoi rectificateurs ―, des postures critiques dont la science théologique d’Aristote elle-même est l’héritière et que la théologie scientifique de Jamblique portera à un nouveau sommet par son entreprise de rationalisation absolue. Questionnement philosophico-théologique oblige, l’on comprend que la redéfinition non seulement du dieu ou des dieux, mais du rapport général au divin lui-même, s’est poursuivie sur des siècles à travers de très nombreuses étapes qui, dûment recensées et analysées ici ― volets grec (ancien et byzantin), latin (antique et médiéval), arabe, italien et français ―, offrent une vue sans précédent de l’ensemble du phénomène.
Quel chemin ce riche mouvement d’ambition scientifique a-t-il emprunté, comment s’est-il à un moment clôturé sans pour autant cesser de nous hanter jusqu’à aujourd’hui ? Les études qui composent le présent ouvrage, prenant en compte les meilleurs indices disponibles, scrutant et comparant les arguments, tentent de manière multiple de le dire.
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