Les Belles lettres - Juin 2024
Ces deux suites de questions sur la sphère, au début des années 1340, témoignent des premiers pas de Nicole Oresme dans sa carrière intellectuelle. Encore étudiant, puis jeune maître de la faculté des Arts de Paris, il commentait par questions le petit traité De spera mundi de Jean de Sacrobosco, au croisement de la géométrie et de l’astronomie. Rédigé vers 1230, le traité de Sacrobosco constituait le manuel de cosmographie le plus diffusé dans les universités jusqu’à la révolution copernicienne (et même au-delà). Il fut souvent mentionné dans différents statuts universitaires comme texte imposé dans l’enseignement. Rappelons que l’astronomie constituait l’une des quatre disciplines du quadrivium, de l’enseignement scientifique dans les facultés des Arts.
La première suite de 17 questions, qui restait encore proche du texte de Sacrobosco, tout en se confrontant déjà à l’astrologie, était inédite et a même été inconnue jusqu’à une date récente, car on la prenait pour une version de la seconde suite de 13 questions, bien plus générale, qui, elle, n’a été transcrite que dans une thèse ronéotée, non revue ni corrigée.
Le thème de la sphère ne cessa de hanter la pensée d’Oresme qui, une vingtaine d’années plus tard, rédigea en français un Traité de l’Espere, mais la précoce série des présentes questions inaugurait une réflexion de Nicole Oresme, qui, par la suite, a planté les fondations de ce qui devint l’astrophysique, en travaillant sur la dynamique des mouvements qui parcouraient les choses de l’Univers, ainsi que sur leur luminosité. Avec cette astrophysique avant la lettre, pourrait se manifester une continuité longue dans l’oeuvre si variée d’Oresme qui pensa en philosophe, en mathématicien, en musicien, en poète et en citoyen.
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