Luisa Valente
Paru le 27/08/2008
Editeur : Vrin
Collection : sic et non
Prix : 48 euros
Parler de Dieu est impossible - mais nécessaire.
Les maîtres des écoles de théologie du XIIe siècle ont affronté cette question en utilisant des instruments logico-linguistiques élaborés par les arts du discours de l'époque, mais aussi en menant une réflexion originale, fondée sur des éléments qu'ils trouvaient dans la patristique, le Pseudo-Denys, Augustin, Boèce. En quel sens le discours sur Dieu - le Dieu ineffable - est-il énonçable ? Les énoncés du langage ordinaire sont-ils radicalement impropres à parler de Dieu, en raison de leur nature même, leur caractère composé, leurs implications temporelles, la division même en sujet et prédicat ? Il fallait alors penser les conditions du " transfert " de ces énoncés à la divinité et l'écart existant entre le discours ordinaire et le discours sur Dieu.
Sont-ils dans une équivocité totale, ce qui mine toute possibilité de connaissance, ou dans une univocité supposant un minimum de sens partagé ? L'analyse des énoncés théologiques a également conduit à distinguer la " signification " d'un terme de sa " référence " (suppositio). Cette distinction médiévale, dont on savait qu'elle se développait à la même époque dans la logique terministe, avec la même attention à la variation en contexte, s'est aussi construite au sein de la théologie trinitaire, dans le but de justifier et d'engendrer les énoncés orthodoxes.
L'étude, qui part des sources antiques pour parcourir les grandes élaborations des théologiens du XIIe siècle, aboutit à une cartographie nouvelle mettant l'accent sur l'apport de l'école de Gilbert de Poitiers. Le caractère novateur et sophistiqué des notions et analyses menées dans les écoles du XIIe siècle se voit ainsi mis en lumière, à la fois pour lui-même et en tant qu'héritage pour la scolastique du XIIIe siècle, qui partagera les mêmes interrogations sur la véracité et la possibilité d'un discours sur Dieu, condition même de la théologie.
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