Yves Cusset
Parution : mai 2010
Edition : Les Editions de La Transparence
Prix : 20 €
◊ L’incident avait été largement couvert par la presse et un comité de soutien s’était rapidement constitué.
Le 16 décembre 2008, trois professeurs de philosophie embarquent dans un avion d’Air France pour se rendre à Kinshasa (Congo). Ils doivent participer à un colloque sur « La culture du dialogue et le passage des frontières ». Sensibles à la présence de « sans papiers » en voie d’expulsion qui voyagent avec eux, les trois philosophes interrogent les policiers dans le souci de comprendre les motifs de cette reconduite à la frontière. Cette initiative n’est guère appréciée… L’un deux – Pierre Lauret – est débarqué manu militari ; les deux autres – Sophie Foch-Rémusat et Yves Cusset – seront arrêtés à leur retour, le 22 décembre.
◊ Il ne s’agit pas pour Yves Cusset de revenir sur cet épisode sous la forme d’un récit ou d’un « document ». Son objectif est plutôt d’ordre philosophique. En faisant du thème de l’accueil une question centrale de la pensée politique, l’auteur montre que cette question nécessite de reconsidérer les fondements mêmes de la philosophie politique, en ce qu’elle permet de penser à nouveaux frais la société et la communauté, l’appartenance et le bien publique, le droit d’asile, l’identité nationale… autant de sujets qu’il est indispensable d’élucider après un confus « Grand Débat sur l’identité nationale ».
◊ Le titre fait référence à Michel Rocard déclarant en 1990 : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. » Cette formule est le point de dé- part de l’essai d’Yves Cusset, car elle permet de s’interroger philosophiquement sur la tension qui existe entre, d’une part, l’exigence ou la nécessité éthique de l’hospitalité et, d’autre part, les conditions dans lesquelles cette hospitalité peut être mise en œuvre politiquement et juridiquement.
◊ Quels sont donc les critères qui permettraient de déterminer la « part » de misère qu’il « nous » revient de prendre ? En se fondant sur Levinas, Arendt, Walzer, Derrida, Rémi Brague, entre autres, Yves Cusset revient de façon critique et dans une grande fluidité de style aux concepts fondamentaux de la philosophie politique sans les isoler de leurs lieux d’application pragmatique : la ville, l’école, l’Europe…
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