dimanche 1 avril 2012

NON PAS : VOTER POUR QUI, MAIS : POURQUOI VOTER ?

Revue lignes n°37


Février 2012 - Editions Lignes - 20 €

Contributeurs: Charles Alluni, Jean-Loup Amselle,François Athané, Véronique Bergen, Gérard Briche,Jacques Brou, Cécile Canut, Robert Cantarella, Hervé Carn, Jean-Paul Curnier, Yves Dupeux, Isabelle Garo,Philippe Hauser, Rémi Hess, Alain Hobé, Pierre-Damien Huyghe, Olivier Jacquemond, Anselm Jappe, Alain Jugnon, Jérôme Lèbre, Laurent Margantin, Serge Margel, Gérard Mauger, Alain Naze, Jean-Luc Nancy,Frédéric Neyrat, Bernard Noël, Catherine Paoletti, Plínio Prado, Rodolphe Bruneau-Boulmier, Jacqueline Risset,Louis Sala-Molins, Pierre Sauvêtre, René Schérer,Michel Surya, Fabien Tarby, Sébastien Thiery, Stavros Tombazos, Christiane Vollaire, Sophie Wahnich

À l’approche de l’élection présidentielle, Lignes consacre ce numéro à une enquête menée auprès d’intellectuels et d’écrivains sur l’opportunité même du vote. Présentation de l'éditeur

Comment pour Lignes intervenir dans l’élection présidentielle ? Pas, certes, en soutenant tel ou tel candidat, seule façon pourtant d’y intervenir suivant la règle qui est la sienne. Non, mais en entreprenant une vaste enquête, sollicitant tout ce que la revue compte d’amis et de collaborateurs. Et en leur posant la question qu’annonce, non sans provocation, son titre : « Non pas : voter pour qui ? Mais : pourquoi voter ? » En les invitant à supposer que, pour eux aussi, la question n’est pas tant celle de savoir pour qui ils voteront (et la plupart voteront sans doute) que celle de savoir pourquoi ils voteront une fois encore. Ce que cela peut dire pour eux de voter. Quelle croyance ils placent encore dans le processus par lequel l’occasion et le moyen leur seront ou non donnés de placer à la plus haute place de l’exécutif (en régime présidentialiste) l’homme ou la femme (et la majorité législative qui va avec) qui appliquera la politique de leurs vœux.

La question semble pourtant tranchée : les élections fondent la démocratie. Ce qu’on peut dire autrement : il n’y a de démocratie qu’élective. Une telle affirmation ne va pas de soi pourtant. Elle compte par exemple pour rien ceux qui ne votent pas (s’abstiennent) ou votent blanc ; lesquels ne sont pas pour autant hostiles à la démocratie ; elle fait fi de ceux qui votent contre (on se souvient du « Tout sauf Sarkozy » de 2007, succédant au « Tout sauf Le Pen », de 2002), lequel vote fait moins une démocratie qu’elle ne cherche à empêcher qu’elle se défasse. Surtout, elle présuppose que le choix entre les personnes établit une distinction sensible entre des politiques. Que ce n’est pas du tout la même chose selon qu’on vote pour l’un ou pour l’autre (par exemple pour l’un ou l’autre des deux grands partis majoritaires, ceux autour desquels se constituent les alliances de second tour). Or l’expérience à durablement démontré que tel était loin d’être le cas : dans les grandes lignes, la politique conduite par la gauche à chaque fois qu’elle fut en mesure de gouverner (président plus Premier ministre, ou Premier ministre contre président) était la même que celle dont elle avait pris la place – de la droite. La promesse est une nouvelle fois faite du contraire. Mais qui peut la croire ? qui croira que se décide « dans un seul pays » (comme on disait jadis du socialisme) une politique que ne contraignent pas, que n’impartissent pas les pactes, les traités, les alliances, etc. Les marchés, surtout.

Supposons donc que c’est une forme imprévue de croyance. Cette enquête ne cherchera pas autre chose que de savoir qui la partage encore et qui ne la partage plus. Une centaine d’intellectuels sera pour cela sollicitée.

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