"Prends garde ! Il se pourrait que l'univers soit la proie de lois aveugles, de forces mécaniques vouées au hasard, que rien ne réponde aux exigences de ton esprit ; que par conséquent même ces grandes valeurs spirituelles auxquelles tu as assimilé ton moi, que tu tiens pour éternelles et inéluctablement victorieuses, si ce n'est aujourd'hui, du moins dans le futur, soient au contraire destinées à succomber durant une longue ère historique, voire pour toujours."
Ces lettres nous entraînent dans un véritable voyage philosophique. Chacune d'entre elles nous est adressée par la grâce d'un tutoiement de bon aloi et répond à des interrogations de tous ordres, sur le mystère de la pensée autant que sur notre perception du quotidien. La figure essentielle qui ressort de la philosophie de Rensi, et de ces lettres en particulier, est celle du joueur pariant sur le bien. Et le philosophe n'hésite pas à puiser parfois ses exemples dans la littérature. Telle cette femme pensant immoral de se soumettre à des liens légaux contre les exigences du cœur au point de quitter son mari pour retrouver son amant. Puis elle changea totalement de point de vue et quitta son amant pour retrouver son mari. Ce qui apporta à tous le malheur. Rensi en conclut qu'il faut à tout prix rejeter le devoir être. Les sujets abordés sont aussi universels que particuliers au point de faire oublier le socle philosophique sur lequel repose cette pensée ou, pour mieux dire, cette philosophie de la vie. Des philosophes comme Sénèque, Épictète, Malebranche, Spinoza, Leopardi ou Platon, ou de grands courants de pensée comme le bouddhisme, sont ici abordés, comme sans effraction, avec la clarté, la passion et la limpidité d’un pédagogue hors du commun.
Traduit de l'italien par Marie-José Tramuta
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