Un monde dans lequel des innocents souffrent peut-il avoir un sens ? Si la question du mal est éminemment philosophique, c'est qu'elle n'est pas seulement morale : elle interroge l'intelligibilité du monde. S'intéresser aux réponses qui y ont été apportées par les philosophes, c'est comprendre intimement leur manière de voir le monde, en écho à celle de leur époque. C'est aussi saisir que nous sommes toujours pris dans des carrefours de postulats qui nous dépassent.
Lorsqu'en 1755 Lisbonne est détruite par un tremblement de terre, l'événement provoque une onde de choc parmi les philosophes européens. Ce que l'on qualifierait aujourd'hui de catastrophe naturelle est considéré comme l'incarnation du mal. Deux siècles plus tard, la découverte des camps de la mort nazis agit comme une dévastation conceptuelle : la plupart des philosophes s'accordent à dire que nous manquons de ressources pour aller au-delà du témoignage. De " mal naturel ", le mal est devenu " mal moral " ; une bascule a eu lieu. Penser le mal fait le récit de cette bascule.
Pour Susan Neiman, la philosophie n'est pas affaire de spécialistes ; elle doit poser des questions universellement partagées. En retraçant la manière dont les philosophes modernes – depuis Bayle et Voltaire jusqu'à Arendt et Rawls, en passant par Hegel et Nietzsche – ont répondu à ces questions, elle retourne aux racines du questionnement et de l'émerveillement philosophiques.
Philosophe, Susan Neiman a d'abord enseigné à l'université de Yale, puis à Tel Aviv, avant de s'installer à Berlin, où elle dirige le prestigieux Einstein Forum. On lui doit de nombreux essais de philosophie, traduits dans le monde entier. Elle a récemment publié Grandir. Éloge de l'âge adule à une époque qui nous infantilise (Premier Parallèle, 2021).
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