samedi 30 novembre 2024

Marc Feix, Jean-François Bour (dir.) : États, religions et sociétés. Le défi géopolitique

 Cerf - Novembre 2024


L'actualité en apporte chaque jour confi rmation : le levier religieux est abondamment utilisé dans les dynamiques socio-politiques. Dispositifs de sens, cadres éthiques, normatifs ou coercitifs pour déterminer l'action individuelle et collective... Les religions courent ainsi souvent le risque d'être réduites à une « idéologie » ou un « récit » pour fonder l'enracinement historique et l'identité, voire pour délimiter et justifi er les sphères d'infl uences et d'expansion. Alors que la dimension religieuse de divers confl its ne peut être ignorée, cet ouvrage entend dresser l'état des lieux de la question, en l'envisageant sous une perspective plurielle : les États et les religions sont-ils en concurrence dans l'espace politique et socioculturel ? Les religions sont-elles instrumentalisées dans un but politique - sinon hégémonique - ou sont-elles parfois complices ? Le dialogue interreligieux peut-il promouvoir de nouvelles dynamiques dans les relations internationales ?
Tels sont les sujets traités dans cet ouvrage, qui est le fruit de deux Journées interdisciplinaires annuelles de la faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg, organisées en partenariat avec l'association DECERE (Démocratie, construction européenne et religions), coanimée par les dominicains de la province de France et le diocèse de Strasbourg.

Marc Feix, professeur des universités en éthique sociale, est doyen de la faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg. Jean-François Bour est dominicain. Il est délégué national de la Conférence des évêques de France pour les relations avec les musulmans et directeur de DECERE (Démocratie, construction européenne et religions).
Ont également contribué à cet ouvrage : Antoine Arjakovsky, Blandine Chélini-Pont, Vincent Feroldi, François Mabille, Francis Messner, Claudio Monge, Kathy Rousselet, Haoues Seniguer et Costas Zorbas.

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Benjamin Deruelle et Michel Hébert (dir.) : Arbitraire et arbitrage. Les zones grises du pouvoir (XIIe-XVIIIe siècle)

 Septentrion - Novembre 2024


Dans un monde régi par le droit et la loi, l’idée d’un arbitraire du pouvoir est surprenante, voire choquante. On ne retient souvent du mot que sa connotation négative, celle du bon plaisir d’un maître dont l’appétit de puissance serait sans frein. Pourtant, la notion d’arbitraire est intimement liée à celles de prudence et de discernement. Elle est chargée de valeurs morales d’intelligence et de sensibilité que l’on réserve volontiers aux juges dans l’exercice de leurs fonctions. Le pouvoir arbitraire, dès lors, est un pouvoir d’arbitrage, dans le règlement des conflits et l’administration de la justice mais aussi face aux carences, aux incertitudes ou à l’incomplétude des normes établies. En Occident, entre le XIIe et le XVIIIe siècle, la notion d’arbitraire, zone grise du pouvoir, plutôt technique et neutre à l’origine, se charge progressivement de connotations négatives aboutissant à son rejet par les philosophes des Lumières. Le présent ouvrage aborde sous différents angles des aspects jusqu’ici méconnus d’une histoire conceptuelle du pouvoir dans la longue durée.

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Barbara Cassin : L'Odyssée au Louvre. Un roman graphique

 Flammarion - Novembre 2024


"Ulysse aux mille tours est un héros contemporain, naufragé et inventif, nostalgique d’un ailleurs et nostalgique de chez lui. C’est un héros grec, bien sûr, qui choisit d’être mortel, d’avoir un nom, d’être un soi-même racontable, d’inventer un discours qui gagne, et d’être reconnu.
Les mots de l’ Odyssée sont mis devant nos yeux par les vases qui écrivent au Louvre, galerie Campana, un roman graphique. Nous comprenons alors ce qu’est un monde païen, et comment Homère, la Bible ou la science ne nous tyrannisent pas de la même manière.
Au terme de ces conférences de la Chaire du Louvre, j’ai cru voir comment nous étions grecs." — B. C.

Barbara Cassin, philologue et philosophe, est directrice de recherches au CNRS. Spécialiste de philosophie grecque, en particulier de rhétorique et de sophistique, elle anime deux collections chez Fayard. Elle a dirigé Le Vocabulaire européen des philosophes : dictionnaire des intraduisibles (Le Seuil, 2004). Barbara Cassin a reçu en 2012 le Grand Prix de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.

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Francis Guibal : Existence, langage(s), sens

Editions de Corlevour / Revue La Forge - Décembre 2024



Les essais rassemblés dans ce livre tentent d'écouter et de laisser résonner un certain nombre de voix contemporaines en quête du sens de l'existence. Philosophiques, théologiques ou poétiques, les jeux de langage à travers lesquels elles s'expriment se révèlent d'autant plus irréductiblement distincts qu'ils renvoient à des formes de vie et/ou à des engagements existentiels spécifiques. Mais la cohérence vigilante de la raison, l'écoute intelligente de la foi et la créativité lucide de la poésie se concurrencent moins qu'elles ne se provoquent et ne se répondent dans une attention commune à ce qui les mobilise, les traverse et les dépasse : l'élan éthique qui emporte l'existence douée de langage vers une réalisation sensée, inséparable du respect des autres, de l'exploration du monde de la vie et de la participation aux luttes de l'histoire.
Agrégé et docteur en philosophie, Francis Guibal est professeur émérite de l'Université de Strasbourg. Spécialiste de Hegel, attentif aux pensées contrastées d'Eric Weil et d'Emmanuel Lévinas, il s'intéresse particulièrement aux rapports de la philosophie contemporaine avec la politique et l'histoire, la culture et la religion.

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Dominique Berthet : L’imprévisible rencontre. L’autre, le lieu, l’art

 PU Antilles - Décembre 2024


Qu’est-ce qu’une rencontre ? S’il en est qui sont insignifiantes, d’autres au contraire sont marquantes. On imagine mal à quel point certaines peuvent avoir un impact et produire des effets importants. Cet ouvrage s’interroge sur celles qui méritent réellement le terme de rencontres parce qu’elles bouleversent une situation, un contexte, un ordre des choses, la vie d’une personne, d’un groupe, d’un peuple. Ces rencontres peuvent être désastreuses et dramatiques, tandis que d’autres sont magnétiques et fascinantes. Dans un cas comme dans l’autre ce sont des rencontres déterminantes dont les conséquences sont imprévisibles.
La rencontre concerne à la fois la relation avec l’Autre et ce qui en découle, la découverte d’un lieu particulier auquel on accorde la valeur de haut-lieu, l’expérience esthétique éprouvée face à des œuvres singulières. Certains artistes sont particulièrement sensibles et réceptifs à cette question de la rencontre de l’Autre à laquelle ils donnent des traitements divers, ainsi qu’à la puissance de certains lieux qui les inspirent ou dans lesquels ils s’immergent. Le public, quant à lui, fait l’expérience de la rencontre avec des œuvres qui suscitent en lui, selon le cas, plaisir, déplaisir, choc.

Dominique Berthet est professeur des universités, il enseigne l'esthétique et la philosophie de l'art à l'université des Antilles. Fondateur et responsable du CEREAP. Fondateur et directeur de la revue Recherches en Esthétique. Membre du CRILLASH (Université des Antilles). Il est également critique d'art (membre de l'AICA-France) et commissaire d'exposition. Il a publié une douzaine d'ouvrages et de nombreux articles sur l'esthétique, l'art et la critique d'art.

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vendredi 29 novembre 2024

Jean-François Caron, François Boucher (dir.) : Multicultural Citizenship. Legacy and Critique

Routledge - Novembre 2024


Multicultural Citizenship: Legacy and Critique allows the philosopher an opportunity to consider the evolution and transformation of Will Kymlicka’s theories from Multicultural Citizenship: A Liberal Theory of Minority Rights.
Canonical in the field of multiculturalism, Will Kymlicka’s work developed an original way of recognizing and accommodating ethnic groups and national minorities through liberal democratic principles. This new volume brings together expert scholars to evaluate the impact of Kymlicka’s book on their own views and the field’s general progression over the past three decades and brings Kymlicka to face new questions challenging multiculturalism and re-evaluate the main ideas of his original theory by reflecting on its development. Through engagement with the contributors’ chapters, Kymlicka ends this edited collection with proposals for new ways of understanding multiculturalism at a time of rising anti-immigration populism and natalist movements.
This book offers a modern outlook on multiculturalism with contributions from a diverse group of authors as well as Will Kymlicka himself and will be of great interest to scholars and students of migration, nationalism, minority rights, sociology, law, and politics.

Jean-François Caron is Associate Professor in the Department of Political Science and International Relations at Nazarbayev University and Research Fellow at the Institute of Political Science and Administration at the University of Opole.
François Boucher is Postdoctoral Research Fellow at the Centre for Ethics, Social and Political Philosophy of the Institute of Philosophy at the KU Leuven. He has been part of the Justice and Migration project since the Fall of 2019.

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Alexandre Chèvremont (dir.) : La Polyphonie. Des Lumières à Adorno

 Classiques Garnier - Novembre 2024


Questionner la polyphonie sous un angle philosophique comme musicologique, tel est le pari de cet ouvrage. Si la polyphonie semble au siècle des Lumières obéir au processus de rationalisation de la musique qu'avait décrit Max Weber, puis Theodor Adorno, elle est surtout débordée par la modélisation d'une nouvelle forme de musique instrumentale qui tente à nouveau de faire droit à la pluralité des voix. Regroupant musicologues, philosophes et germanistes, le présent ouvrage voudrait faire droit à une question moderne : de ce schéma pluraliste, que fait, au juste, notre temps, sur le plan de la voix, mais aussi de l'écoute ? La pluralité du public auditeur s'est-elle effacée au profit d'une écoute uniforme et sourde car technologiquement assistée ?

Alexandre Chèvremont est professeur en esthétique et philosophie des arts contemporains à l'université de Lille et chercheur au CEAC. Il a publié L'Esthétique de la musique classique (Rennes, 2015) et Donner lieu au son (Dijon, 2024). Ses recherches portent sur l'écologie sonore, l'acoustique architecturale et la phénoménologie de l'écoute. Il dirige la collection « Esthétique et sciences des arts » aux Presses universitaires du Septentrion.

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Hélène Vérin : Construire une science de l'homme. Antoine Raucourt, un polytechnicien engagé (1789-1841)

 Classiques Garnier - Novembre 2024


Suivre l'histoire d'Antoine Raucourt, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, éducateur, réformateur qui voulut fonder une science de l'homme, n'est pas seulement s'intéresser au parcours d'un personnage hors normes, si passionnant soit-il. L'intérêt qu'il peut susciter tient à ce qu'il est un homme présent à son temps. Il l'est à plusieurs titres et nous ouvre à toutes sortes de points de vue et d'horizons différents, intervenant dans des domaines divers, tous essentiels. Celui du bagne, de l'organisation du travail, de l'aménagement des ports, de l'entretien des routes. Celui d'un ordre politique fondé dans la raison publique. Entre les idéologues et Auguste Comte, il sollicite une vision renouvelée de la science et de la philosophie positive.

Hélène Vérin est docteur d'État en philosophie, chargée de recherche au CNRS en économie, philosophie puis histoire. Ses recherches, centrées sur l'époque moderne en Europe, portent sur l'émergence et les transformations de l'idée d'entreprise sous l'Ancien Régime, sur la formalisation des outils de décision par les ingénieurs, sur le vaste mouvement de « réduction en art et méthode » des pratiques.

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Dominique Marin : Ça parle

 Editions Nouvelles du Champ Lacanien - Novembre 2024


Cette étude s’appuie sur des données historiques et sur des éléments cliniques contemporains. Elle prend sa source dans une première thèse intitulée "La parole intérieure", celle de Victor Egger publiée en 1881, qui considère le discours intérieur comme le phénomène psychique le plus important de l’existence de l'être parlant et le moins étudié. Jusqu’à présent, la psychanalyse s’est peu intéressée à ce phénomène tant il est banal et commun.
La première partie, "Études du discours intérieur", propose des allers-retours entre la thèse d’Egger et diverses recherches, certaines récentes et menées dans une approche neurolinguistique, d’autres de la fin du dix-neuvième siècle. Le recours à un terme générique, endophasie, contribue à sous-entendre que le discours intérieur pourrait être rangé sous ce mot, mais aussi être réduit à une pure activité cérébrale. Il semble important de s’attarder sur ces conceptions neurologiques naissantes, même si elles ne revêtent pas une grande valeur au regard de la psychanalyse, étant donné qu'elles mettent en évidence des conceptions déjà très opposées du phénomène étudié. Le choix en faveur du vocable discours intérieur, au lieu d’endophasie, rend plus net l'abîme qui sépare la psychanalyse des sciences neuropsychologiques actuelles. Quand ces dernières veulent prouver l’utilité du discours intérieur pour éclairer le fonctionnement du cerveau, la psychanalyse interroge les étrangetés du ça parle à l’aide de l’hypothèse de l’inconscient.
La deuxième partie, "Discours intérieur et psychopathologie de la vie ordinaire", mène une exploration systématique de divers phénomènes cliniques. L’abord psychanalytique du discours intérieur permet en effet d’éclairer selon une même logique des phénomènes aussi disparates que l’oubli, le refoulement, les problématiques liées à l’assignation sexuelle et au phénomène d’emprise, sans oublier les diverses manifestations du surmoi, en passant par l’inspiration créatrice.
La dernière partie, "Discours intérieur et psychanalyse", tout en restant ancrée dans la clinique, propose les prémisses de fondements théoriques du discours intérieur. Grâce à l’enseignement de Lacan, il s’agit en effet de rendre raison de ce « ça parle dans l’au-delà intérieur » de tout sujet mais aussi des voix hallucinées que Lacan conçoit comme un élément autonome coupé du monologue intérieur.
L’enjeu de cet essai est de démontrer ce que le concept d’inconscient doit au discours intérieur et d’ouvrir ainsi quelques perspectives cliniques plus larges, en particulier sur le fantasme.

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jeudi 28 novembre 2024

Michel Tozzi : Diversifier les pratiques philosophiques. Éloge des temps longs

 Chroniques sociales - Décembre 2024


Dans ce nouveau livre, Michel Tozzi nous propose ses réflexions sur les nombreuses activités qu'il mène, notamment dans des ateliers diversifiés d'écriture philosophique et littéraire, de lecture filmique et de philosophes, de discussions philosophiques au sein de cafés philo, de séminaires de philosophie ou de l'Université populaire de la Narbonnaise. Il interroge le métier de professeur de philosophie au secondaire, puis de professeur à l'université, et retrace son activité éditoriale dans Diotime. Il articule toutes ces activités personnelles sur des mouvements collectifs plus larges, qui élargissent leur sens... Un des intérêts de l'ouvrage, outre une approche diversifiée des pratiques philosophiques est, par rapport à la vitesse et l'accélération qui caractérisent notre temps, de saisir l'intérêt de ce que Hannah Arendt appelait des « oasis de pensée », des pauses réflexives dans l'activité quotidienne, dont l'engagement dans la durée ajoute une plus-value, à contre-courant de l'effervescence contemporaine, pour pratiquer la philosophie.

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Alexander Schnell : Les sombre reflets du temps. Essai sur Black Mirror

Les éditions des Compagnons d’humanité - Décembre 2024


Black Mirror est une série télévisée aussi ambitieuse que populaire, consacrée aux bouleversements sociaux et interhumains engendrés par l’avenir numérique. Cet essai aborde les six premières saisons dans une perspective philosophique. La question soulevée est celle du statut de la réalité à l’ère du digital. En suivant les différents thèmes de la série, l’ouvrage se demande comment cette nouvelle conception de la réalité se répercute sur des aspects fondamentaux de l’existence humaine – par exemple en ce qui concerne le temps, l’amour et la mort. Il apparaît que la série traite de thèses philosophiques parfois complexes, établies d’abord par Kant et prolongées jusqu’à nos jours, notamment dans la phénoménologie. La réflexion livrée dans cet ouvrage jette ainsi un éclairage original sur la philosophie à partir d’une matière extra-philosophique.

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Thomas Bénatouïl, Charlotte Murgier (dir.) : Philosophie de l’action

 Vrin - Décembre 2024


Si on doit à la philosophie contemporaine d’avoir forgé la notion de philosophie de l’action, les philosophes antiques, lorsqu’ils se demandent par exemple à quelles conditions un agent est responsable de ses actes, lorsqu’ils distinguent action et contemplation, ou encore lorsqu’ils entreprennent d’élucider la spécificité de la rationalité pratique, n’en fournissent pas moins d’importantes analyses relevant de plein droit d’un tel champ. Leurs réflexions éthiques, physiques ou ontologiques sont ainsi l’occasion d’explorer certaines déterminations fondamentales de l’action, humaine comme non-humaine. Ce numéro met en lumière quelques-unes des contributions antiques à l’analyse de l’action, non seulement de la part de philosophes déjà bien étudiés de ce point de vue, tels Aristote et les stoïciens, mais aussi d’auteurs moins attendus, comme Héraclite et Diogène de Sinope. Pour les premiers, sont abordés des thèmes centraux comme la nature des actions permettant d’acquérir la vertu morale, l’extension du volontaire aux actions animales ou l’articulation entre destin et action volontaire. Quant aux seconds, ils ne proposent pas une théorie explicite de l’action, mais n’en élaborent pas moins une réflexion sur les conditions de l’action réussie, sur sa représentation par des exemples et son enseignement.

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Charles Bobant, Elodie Boublil, Charles-André Mangeney (dir.) : La phénoménologie, l’homme et les sciences humaines (Biennale I/2023)

Editions des Compagnons d'humanité - Décembre 2024


Il suffirait de porter attention aux événements éditoriaux de ces dix dernières années pour s’apercevoir que, dans le champ de la phénoménologie française et francophone, ce que l’on pourrait nommer trop approximativement encore la « question anthropologique » a pris une place prépondérante, dénotant par là une préoccupation, sinon une inquiétude, quant à la capacité de la phénoménologie contemporaine de se doter d’un concept ou d’un eidos satisfaisant de l’homme. En effet, par-delà l’impression au demeurant tout à fait trompeuse de l’édification récente d’un “front” ou d’une “cause” anthropologique commune, un grand nombre de divergences et de controverses quant à la place de l’homme dans la phénoménalité se sont fait jour, relativement, notamment, au sens et à la valeur qu’il convient de conférer phénoménologiquement à ce que Blumenberg à pu nommer l’“interdit anthropologique” frappant la phénoménologie husserlienne classique. Est-il possible de rassembler la phénoménologie sous la bannière d’un paradigme anthropologique cohérent ou faut-il, au contraire, préserver la phénoménologie de toute immixtion anthropologique? Comment, dès lors, devrions nous penser le rapport de la phénoménologie et des sciences humaines? Est-ce dans une relation de complétion critique, de distanciation réfutative, ou dans un autre rapport, encore à déterminer? Peut-on, par ailleurs, estimer que les problèmes traditionnels tels les problèmes du rapport entre ego empirique et ego transcendantal ou les problèmes induits par l’humanisme, qu’il soit métaphysique ou non, sont de vieux problèmes qu’il nous faut enterrer, ou doit on considérer au contraire qu’ils ont encore une pertinence phénoménologique? Ce sont à ces questions, et à bien d’autres encore, que les interventions prononcées lors de la première biennale internationale de la Société Francophone de Phénoménologie consignées dans cet ouvrage s’efforcent de répondre.

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Biagio D'Angelo, Gilles Picarel (dir.) : Penser le verre. La création au tournant de la transparence

L'Harmattan - Novembre 2024


Penser le champ artistique du verre plonge la réflexion dans une histoire millénaire qui consacre au verre une réalité plurielle.
D’abord naturel avec l’« obsidienne », le verre est ensuite artificiel comme l’émail, la faïence, le vitrail, etc. Les techniques de la faïence et de l’émaillage apparaissent au IIIe millénaire avant J.-C., en Mésopotamie et en Égypte.
Au regard de la tension entre l’idée de transparence et celle d’une opacité troublante qui anime le verre, ce livre propose une approche pluridisciplinaire permettant de penser une esthétique du verre. À partir du rapport que le verre permet d’expérimenter – entre opacité et transparence, fixité et déplacement, instantanéité et virtualité, fluide et solide, minceur et profondeur, réalité et déréalisation, etc. –, la réflexion permet d’interroger ce tournant de la transparence dans les arts comme possible élargissement de notre sensibilité à l’autre, un autre entendu dans sa radicale extériorité.

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Félix Resch, Marie Girard (dir.) : Violence et Révélation. René Girard, lecteur de l'Ecriture

 CLD éditions - Novembre 2024


Quel est le sens du « bouc émissaire » dans les récits bibliques ? La passion du Christ équivaut-elle à un sacrifice ? Comment la théorie mimétique de René Girard (1923-2015) peut-elle éclairer notre compréhension du message évangélique ? À l'occasion du centenaire de la naissance de René Girard, le collège des Bernardins et la Faculté Notre-Dame ont organisé, avec la Société des Amis de Joseph & René Girard et sous le parrainage de l'Académie française, une journée d'étude afin d'honorer la pensée de cet éminent anthropologue. Ce volume met ainsi en lumière le rapport girardien à la révélation judéo-chrétienne.

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mercredi 27 novembre 2024

Les Cahiers philosophiques de Strasbourg n°56/2024 : L’université résistante – Strasbourg, 1930-1945

 PU de Strasbourg - Décembre 2024


Y aurait-il jamais eu une résistance par les armes, et tant de sacrifices héroïques, s’il n’y avait pas eu d’abord une résistance intellectuelle ? Y aurait-il eu de si nobles exemples d’engagement, s’il n’y avait eu d’abord des convictions ancrées dans la perception commune de « valeurs », qui valaient tant qu’on était prêt à leur sacrifier jusqu’à sa propre personne et sa vie en leur nom ? L’université de Strasbourg a-t-elle eu, par son histoire, une position remarquable, qui permette de trancher cette question ?
Sans doute faut-il, pour répondre à ces questions, que les philosophes se fassent un peu historiens, et les historiens un peu philosophes. Lorsque René Capitant affirme que les universitaires strasbourgeois furent, nonobstant leurs dissensions, d’emblée et majoritairement résistants, et que le noyau de la résistance fut avant tout celui d’une résistance intellectuelle, il reste à comprendre ce qui a effectivement déterminé cette attitude collective : c’est ce que l’on tente de faire ici.

Dossier

Dilexerunt veritatem. L’esprit de résistance et l’université française — Édouard Mehl
Le « je suis spinoziste » de Cavaillès — Hourya Benis-Sinaceur
Cavaillès et la « logique de la résistance » — Romain Peter
Georges Canguilhem, acteur et témoin dans l’histoire — Claude Debru
Georges Canguilhem, 1942-43, 1962-63 : « La philosophie est […] philosophie des valeurs » — Michel Fichant
Résistance au réductionnisme : de la théorie de la biologie à la théorie de l’action avec Kant et Canguilhem —David Espinet
Julien Freund, philosophe Résistant et philosophe de la résistance — Laurent Fedi
L’engagement dans la philosophie française des accords de Munich à la guerre de Corée — Vincent Gérard
René Capitant et ses écrits sur le nazisme (1934-1939) — Olivier Beaud

Un usage à fronts renversés ? René Capitant, Carl Schmitt et la fin de la République de Weimar — Jean-Claude Monod
Une résistance intellectuelle ? La Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg (1930-1945) — Matthieu Arnold
L’enjeu philosophique et politique du Congrès Descartes (1937) — Édouard Mehl
Henry Corbin et la conception heideggerienne de l’histoire au Congrès Descartes (1937) — Raphaël Authier

Varia
Le sublime comme possibilité éthique chez Schopenhauer — Melis Hermann

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Elodie Gallet, Geneviève Guétemme, Sylvie Pomiès-Maréchal (dirs.) : Décentrement(s). Théories et pratiques d un concept nomade

 Hermann - Novembre 2024


Le « décentrement » est un outil central de notre modernité, servant à interroger les limites des disciplines, des savoirs et des discours. Comment se manifeste le décentrement ? Que fait gagner la perte du centre ? Quelles traces concrètes ou symboliques restent après la relégation d’un centre ? Nous faisons l’hypothèse que le décentrement, pris indifféremment dans des formes matérielles, mais aussi mémo-rielles et monumentales, permet de penser le transculturalisme et l’interdisciplinarité.
Le concept de décentrement est ici successivement envisagé comme un changement de perspective, pour mieux comprendre. Puis il est défini comme une façon de s’affranchir d’un centre pour créer un ou plusieurs nouveaux centres. D’un point de vue linguistique, nous voyons comment il met en travail la traduction, pour introduire un nouveau regard et raconter différemment en prenant de la hauteur. Enfin, il s’agit d’aborder le décentrement dans sa capacité à déconstruire et reconstruire le rapport à l’espace à travers un ensemble de délocalisations, de déplacements en périphérie, dans le but de trouver un nouveau centre.
Tous ces décentrements – géographiques, conceptuels, culturels, lin-guistiques, artistiques – offrent une image, révélatrice dans sa diversité d’un concept proprement insaisissable, mais essentiel à la compréhension des espaces contemporains.

Avec les contributions de :
Manola Antonioli, David Arbulu Collazos, Joseph Armando Soba, Michael Boylan, Marcos Eymar, Samuel Fasquel, Cynthia Gabbay, Élodie Gallet, Geneviève Guétemme, Catherine Guillaume, Jacques Jouet, Yoo-jung Kim, Jimena Larroque, Sylvie Maréchal, Sophie Marty, Dean-Liathine McDonald, Christiane Montandon, Léa Peltier, Louis Pichot, Maria Simota, Erwan Sommerer, Delphine Wibaux.

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Stephen Mumford : La métaphysique. Une brève introduction

 Eliott - Novembre 2024


Traduit de l’anglais (GB) par Mathieu Mulcey.

Si la métaphysique ne cesse de susciter curiosité et fascination, nombreux sont ceux qui la confondent avec les aspirations mystiques ou redoutent son caractère trop abstrait. La métaphysique débute souvent par des questions enfantines mais désarmantes: Qu’est-ce qu’un objet? Les couleurs et les formes existent-elles vraiment? Est-ce que le temps passe? Qu’est-ce que l’identité d’une personne? En dix courts chapitres, Stephen Mumford aborde certaines des questions les plus fondamentales de la métaphysique et présente de façon claire et vivante les débats et les théories au cœur de la métaphysique contemporaine.

Stephen Mumford est l’auteur de nombreux livres en métaphysique, parmi lesquels Dispositions (2003) ; Laws in nature (2004) ainsi que deux essais originaux sur le sport, Watching Sport: Aesthetics, Ethics and Emotion (2011) et Football: la philosophie derrière le jeu (2020).

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Ulrich Metende : Critique de la bioéconomie. Essai sur le statut politique des corps et du vivant au XXIe siècle

 Hermann - Novembre 2024


La rationalité instrumentale consacre la subordination du politique, du social et du culturel à l’économie, configurant ainsi de nouvelles dynamiques au sein du vivant à partir de l’économisme, qui accentue l’extractivisme. Toutes les sphères de l’existence sont pénétrées par une forme de bio-capitalisme, dans la mesure où le désir d’artificialisation de l’humanité combiné au devenir-objet des vivants impulse des transformations spectaculaires des corps, des vies, des existants et de la Terre. Le sujet ne se représente plus désormais qu’à partir de sa force de travail, de son apparence et du rôle qu’il joue dans le développement des économies de la production. Cependant, du fait de l’unification tendancielle du sujet au monde, la planète entière se métamorphose, donnant lieu à une forme de réductionnisme qui érige le capital, la matière, l’énergie et le flux informationnel en matrices de notre rapport au monde et à l’avenir sous la houlette d’une forme d’anthropocentrisme despotique.
Cet essai invite au changement de notre perspective ontologique de l’extraction, de la prédation, de l’exploitation et de la domination, en envisageant une ontologie rénovée, fondatrice d’un co-existentialisme écologique de la pluralité des êtres. Cela implique par conséquent de repenser la bioéthique et l’écologie comme des politiques du quotidien, si nous voulons sortir du culte de la performance et de la rentabilité, en inaugurant une perception des corps, des êtres et du monde qui nous rendrait responsables du devenir de la Terre comme lieu commun. Ce livre plaide en faveur de la construction d’une démocratie élargie, c’est-à-dire capable de prendre en compte les intérêts de tous les êtres – les humains, les animaux, les plantes, la Terre, la mer, le monde invisible, etc. – dans la perspective d’une anthropo-relationnalité intégrale.

Ulrich Metende est philosophe et universitaire. Il a été Gertrude F. Wheathers Fellow en French and Francophone Studies à l’Indiana University Bloomington (USA). Il élabore une critique de l’habiter colonial à partir d’une histoire du plantationocène et de la racialisation des corps. Il est l'auteur de : Du désir de vie. Essai sur une écologie de libération en postcolonie (2024).

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Jeanne Diouma Diouf : Bergson, la métaphysique de l'amour

 Hermann - Novembre 2024


Cet ouvrage se focalise autour d’une thèse, à la fois éthique, théologique et métaphysique : l’amour serait à la fois l’origine, l’essence et la destinée de l’humanité. Selon Bergson, il existe en effet un lien interne, intrinsèque, entre l’amour et la vie, et l’humain occuperait une position particulière en ce sens : il serait, plus que toute autre espèce vivante, l’expression de ce lien, et serait le seul capable d’en saisir le sens véritable.
Parmi les hommes, la figure du mystique occupe chez Bergson un statut particulier : animé par un élan d’amour qui ne vient pas de lui-même et le dépasse, la volonté du mystique le porte vers une dilatation de soi qui n’est autre que la charité envers l’autre. C’est cette dilatation de soi qui diviniserait l’humanité à travers lui, et la rendrait plus spirituelle. Cette même dynamique se retrouverait à l’œuvre au sein de l’histoire humaine, et cet élan d’amour aurait permis de dépasser progressivement l’égoïsme individuel vers la fraternité universelle, aussi bien envers les humains que les autres êtres vivants.
Ainsi, dans la lignée de Bergson, dans quelle mesure ce dépassement de soi, ce principe de charité, pourrait-il s’étendre aux animaux, aux plantes, à la nature tout entière?? À l’ère de l’anthropocène, l’humanité ne pourrait-elle pas se rassembler, plutôt que privilégier le conflit et la haine?? Tel est le message de la métaphysique de l’amour.

Jeanne Diouma Diouf, enseignante-chercheuse à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, est docteure en philosophie de l’Université Toulouse 2 Jean-Jaurès et membre de la Société des Amis de Bergson (SAB). Spécialiste de Bergson, ses travaux portent sur les questions épistémologiques, métaphysiques et éthiques, sur le posthumanisme et le transhumanisme.

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Jan Miernowski : Laughing on the Brink of Humanity. An Exercise in Epihumanism

State University of New York Press - Novembre 2024


What does it mean to be human? And, more precisely, what does it mean to be human now, with both humanism and the humanities in crisis? In answer to these questions, Laughing on the Brink of Humanity seeks not some essence of the human but rather an epiphenomenal manifestation--a sign of the human. The book finds such a sign in the joyless, painful, and often deadly laughter that resonates when we cross the barrier between what is human and what is not: animality, machinery, divinity. Jan Miernowski brings together a wide swath of discourses and figures, from Plato and the Bible through early modern humanism, to Friedrich Nietzsche, Georges Bataille, Hannah Arendt, Claude Lanzmann, Spike Jonze, Tom Stoppard, and Michel Houellebecq. Looking for laughter on the brink of humanity--in literature and philosophy, natural science and film, theology and computer science--the book offers an exercise in epihumanism appropriate to our posthuman age.

Jan Miernowski is the Douglas Kelly Professor of French at the University of Wisconsin-Madison and the University of Warsaw. He is the author of La Beauté de la haine: Essais de misologie littéraire and the editor of Early Modern Humanism and Postmodern Antihumanism in Dialogue.

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mardi 26 novembre 2024

Odile Gilon, Giulio Gisondi, Guillaume Coissard, Arnaud Pelletier (dirs.) : L'activité de la matière

 Vrin - Décembre 2024


L’agentivité de la matière est au cœur du développement des « Nouveaux matérialismes ». Ces ontologies, développées depuis le milieu des années 2000, font droit aux agents matériels non-humains, contre la représentation – supposément constitutive de la modernité – d’une matière morte et prête à être exploitée. L’idée de matière active sert ainsi à renverser l’anthropocentrisme, le dualisme nature / culture et la représentation de l’être humain comme seul acteur de l’histoire. Toutefois, l’activité de la matière est loin d’être une idée nouvelle. De l’atomisme antique au marxisme soviétique, en passant par Roger Bacon, Giordano Bruno, ou Diderot; des réflexions de Leibniz sur les corps étendus aux relectures d’Aristote par Simondon, elle a été défendue, discutée et pensée de manière récurrente. Ce livre fait le pari que la tradition philosophique fournit des ressources fécondes pour éclairer les débats contemporains autour de l’activité de la matière.

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Yoann Hervey-fortunet (dir.) : Lectures de Deleuze

 Ellipses - Décembre 2024


Le présent ouvrage rassemble les contributions de neufs chercheurs et chercheuses internationaux – Brent Adkins, Manola Antonioli, Jean-Pierre Cléro, Maël Guesdon, Yoann Hervey, Viviana Lipuma, Léo Pinguet, Marc Rölli et Caroline San Martin – qui, chacun à leur manière, entendent rendre compte de cet idiome original qu’est la philosophie de Gilles Deleuze.
Ces contributions sont organisées autour de quatre grandes thématiques : l’esthétique, la politique, la linguistique et la métaphysique.

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Philippe Pradelle (dir.) : Lectures contemporaines de l'Origine de la géométrie de Husserl

 CNRS éditions - Décembre 2024


Ce numéro de la Revue germanique internationale est consacré aux actes du colloque " Lectures contemporaines de L'origine de la géométrie de Husserl ", qui s'est tenu en Sorbonne les 19 et 20 juin 2023. Cette rencontre a convié chacun des intervenants à prendre le court texte husserlien comme prisme d'analyse des problèmes qui traversent la phénoménologie contemporaine et ses héritages multiples.
Texte clé de l'œuvre husserlienne et de sa réception dans la philosophie française – comme en témoignent les commentaires célèbres de Jacques Derrida et Maurice Merleau-Ponty –, L'origine de la géométrie ne cesse de se poser comme un point d'entrée privilégié pour aborder plusieurs enjeux fondamentaux de la pensée tardive de Husserl. À travers les neuf articles qui le composent, ce numéro réunit des perspectives variées – de la philosophie des mathématiques, à la philosophie de la technique en passant par les questions de l'écriture et du platonisme –, soulignant l'intérêt toujours vif de cet ouvrage pour la phénoménologie contemporaine.

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Cahiers de l'Herne : Philippe Descola

 L'Herne - Octobre 2024


Dirigé par Grégory Delaplace et Salvatore D’Onofrio

Philippe Descola a participé à renouveler en profondeur la pensée anthropologique du XXIe siècle, mettant en lumière la complexité des rapports entre humains et non-humains. Sa tentative sincère de décrire le monde dans les termes de celles et ceux qui l’habitent, traverse le domaine des sciences sociales pour toucher un très large public. Autant que Claude Lévi-Strauss, dont il a été l’élève, Descola a su tisser un dialogue qui non seulement a enrichi toutes les disciplines, mais a permis de questionner les méthodes de l’anthropologie. Dans toute son œuvre, Descola développe ainsi une anthropologie comparative ouvrant le débat sur des questions contemporaines, notamment celles liées au changement climatique.
Les contributeurs de ce Cahier discutent ainsi les apports théoriques de ses propositions, non sans faire droit à certaines critiques (Jacques Rancière, Tim Ingold,…), s’attachent à souligner son engagement et les applications concrètes auxquelles sa pensée se prête (Jérôme Baschet, Pierre Charbonnier,…), ou bien livrent des témoignages personnels revenant sur des moments majeurs de sa carrière (Eduardo Viveiros de Castro, Bruno Latour,…). Des textes, des discours et des conférences inédites mais aussi un important extrait du carnet de terrain tenu par Philippe Desocla lors d’une visite chez les Achuars dans les années 1970, et etayé de facsimilés du manuscrit et de photographies, nous donnent à voir l’importance d’une œuvre qui s’attache à montrer l’irréductible pluralité des manières de peupler le monde que nous habitons.

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Eric Benoit (dir.) : Poétiques de l'incomplétude

 PU de Bordeaux - Novembre 2024 - Modernités n°89


Ce volume est le premier d’une série qui sera consacrée à des poétiques de la négativité. Il ne s’agira pas de traiter en elles-mêmes ces problématiques de la négativité, mais de nous situer dans le fonctionnement du retournement dialectique par lequel la négativité est à l’origine d’un processus de création.
Les poétiques de l’incomplétude qui sont examinées ici concernent non pas des œuvres laissées inachevées par accident (par exemple du fait de la mort de l’auteur) ou par abandon, mais des œuvres achevées intégrant un principe d’incom­plétude dans leur définition même, constitutivement, comme dans l’esthétique de « l’œuvre ouverte » au sens d’Umberto Eco.
La réflexion qui sert de fil conducteur à ce volume, et qui a déterminé son plan, est partie d’une nécessaire historicisation de la problématique : en effet, un certain nombre d’événements esthétiques (la mise en question du classicisme au milieu du XVIIIe siècle) et d’événements historiques (la Révolution Française, les guerres mondiales), ainsi que certains bouleversements dans les représentations scientifiques et philosophiques du monde, ont entraîné des changements de régime d’historicité (pour reprendre l’expression de l’historien François Hartog) et des changements de régime de subjectivité qu’on peut percevoir à l’origine de la part de plus en plus grande que ces marqueurs d’incomplétude ont prise dans la forme des œuvres littéraires depuis bientôt trois siècles.

Parmi les auteurs qui seront abordés dans ce volume, on trouvera Sterne, Diderot, Wezel, Hoffmann, Nodier, Balzac, Flaubert, Amiel, Baudelaire, Villiers, Mallarmé, Fénéon, Proust, Valéry, Kafka, Pessoa, Artaud, Michaux, Beckett, Barthes, Jabès, Schwarz-Bart, Perec, Duras, Cixous, Novarina, Bergounioux, Emaz, Tarkos, Ferrari, Balpe…

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