Michel Collot
Septembre 2011 – Actes Sud – 25 €
Le développement rapide qu’ont connu les sociétés et les économies occidentales depuis la seconde guerre mondiale s’est accompagné d’un exode rural, d’une urbanisation massive et d’une dégradation de l’environnement qui pouvaient donner à penser qu’elles avaient perdu de vue le paysage. Et celui-ci semblait même avoir perdu la place qu’il avait conquise au XIXe siècle dans l’art et la littérature, de plus en plus tentées au XXe par l’abstraction et le formalisme. Or c’est au moment où il semblait ainsi menacé de déclin voire de disparition que le paysage a fait l’objet d’une attention nouvelle dans tous les domaines de la vie sociale, intellectuelle, littéraire et artistique. Tout se passe comme si nos sociétés avait pris soudain conscience de la valeur des paysages que leur croissance risquait de détruire.
L’intérêt qui se manifeste depuis quelques décennies pour le paysage n’est pas seulement une mode ni même un « phénomène de société », mais un véritable fait de civilisation, qui correspond à une évolution profonde des mentalités. En réaction contre la tendance à l’abstraction caractéristique du « mouvement moderne », il manifeste le besoin de renouer avec l’environnement et avec l’expérience sensible. Or cela suppose de réformer non seulement nos manières de faire et de vivre, mais notre façon de penser. Le paysage n’est pas seulement un terrain d’action ni un objet d’étude : il donne à penser, et à penser autrement. Il nous propose, entre autres choses, un modèle pour l’invention d’un nouvelle forme de rationalité, que Michel Collot propose ici d’appeler la pensée-paysage, et qu’il tente de définir et d’illustrer à travers ses expressions philosophiques, artistiques et littéraires contemporaines, en faisant dialoguer notamment poésie et phénoménologie, orient et occident, plasticiens et écrivains, tradition et modernité.
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