Jean-Pierre Cometti
Septembre 2011 – Vrin – Coll. « Chemins Philosophiques » – 8 €
Les représentations auxquelles la notion de règle est associée déterminent pour une large part notre approche de toutes sortes de questions propres à la sphère de la rationalité, de la logique, de la morale ou du droit. On appelle règle un principe supposé diriger le raisonnement ou la conduite; la signification en est fondamentalement normative, que la fin en soit le vrai ou juste, quelque place qu’elle occupe dans le vaste champ des valeurs.
Historiquement, dans l’histoire de la philosophie tout au moins, cette représentation de la règle trouve sa contrepartie dans la contingence qui semble frapper l’empiricité; elle s’illustre, pour la pensée moderne, dans l’opposition, d’apparence insurmontable, du « est » et du « dois ». Sous ce rapport, la question des règles constitue une question cardinale, et la philosophie peut être considérée comme une science normative, en ce sens du moins qu’elle ne peut statuer que sur des normes et non pas sur des faits, lesquels relèvent de la science empirique qui, elle-même, ne peut s’en remettre à la seule « expérience ». La métaphysique, autant que les entreprises fondationnelles trouvent leur source et leur justification dans cette opposition et dans les conséquences qui en ont été tirées. C’est dire toute l’importance de la notion de règle, de ce qu’elle recouvre et de l’idée que nous sommes autorisés à nous en faire. La portée n’en est toutefois pas exclusivement théorique ou métaphilosophique. Elle touche à la question plus générale des normes, du langage, et de ce qui se trouve ainsi impliqué dans les situations d’apprentissage, tant d’un point de vue technique que psychologique ou social. C’est à débrouiller une partie de ces questions que ce petit ouvrage est consacré, dans une perspective de clarification qui vise à soustraire la règle à sa hauteur, c’est-à-dire à toute vision qui tend à la dissocier de ses applications.
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