vendredi 23 décembre 2016

Hervé Juvin : Le gouvernement du désir

Gallimard 6 novembre 2016 - Collection : Le Débat


"Le désir est le nouveau pouvoir. Il gouverne nos vies. Son autorité à peu près insensible s'exerce partout. Du lit à la table et du corps aux songes, elle se nourrit du consentement qu'elle suscite et du contentement qu'elle assure. Il fallait analyser ce mode inédit de gouvernement. Provoquer et orienter le désir est le moyen de tenir l'individu, de le diriger et de disposer de lui, au plus intime et au plus profond. En apparence, ce système du désir nous tient plus étroitement qu'aucune idéologie, qu'aucune religion n'a pu le faire. Mais les promesses s'épuisent. Mais la déception délie ceux que leur désir des mêmes choses réunissait. Quand la croissance n'est plus là, quand le progrès n'est plus partagé par tous, le désir de richesse, de confort, de plaisir apparaît pour ce qu'il est : le simulacre du désir vital, celui du pouvoir sur soi, de la liberté politique, de la survie de la communauté. Nous vivons ce moment extraordinaire où il s'agit de se libérer de nos libérations, où l'instinct de survie appelle à la renaissance du désir politique et du choix de notre destin". Hervé Juvin.

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Charles Joussellin : L'Homme de la douleur

Connaissances et Savoirs - Décembre 2016 - Collection : Sciences humaines et sociales


Rencontrer ""l'homme de la douleur"" soulève de nombreuses questions : qu'est-ce qui différencie la souffrance de la douleur ? Comment évaluer l'expérience douloureuse alors que celle-ci se montre à autrui plus facilement qu'elle ne se raconte ? Comment se fait-il que la douleur puisse saisir l'homme jusqu'à l'entraîner dans une expérience proche de la mort ? A contrario, comment celle-ci peut-elle s'oublier d'un instant à l'autre à la faveur d'un détournement de l'attention ? Bien d'autres questions sont abordées et illustrées ici par deux cliniciens dialoguant au chevet des malades. Chemin faisant, le plus jeune découvre et apprend de son aîné que le savoir et le savoir-faire ne suffisent pas pour approcher ""l'homme de la douleur"". Au cur de l'humanité, chacun soigné et soignant recherche aussi chez l'autre ce qui lui permet d'être reconnu, accueilli et écouté afin de trouver ensemble les traitements les mieux adaptés et par conséquent les plus efficaces : un chemin audacieux au cours duquel celui qui se plaignait de douleur pourra enfin s'apaiser.

Charles Joussellin, praticien hospitalier et docteur en philosophie, ancien président de la société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), est responsable de l'équipe mobile d'accompagnement et de soins palliatifs du centre hospitalier universitaire Bichat-Claude Bernard à Paris.

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Jean-Philippe Pierron : Paul Ricoeur

Vrin - Décembre 2016 - Bibliothèque des philosophies


Paul Ricoeur n'a cessé de dialoguer avec les grands courants de pensée de son temps, de notre temps ; il reste notre contemporain. A ce titre, exposer sa philosophie, c'est nécessairement penser de conserve avec lui. Les dialogues auxquels elle nous invite ont pour matière les grandes questions d'aujourd'hui : l'épistémologie des sciences historiques, l'identité narrative, la poétique, la métaphore vive, la sagesse pratique, la dialectique de la morale et de l'éthique, l'herméneutique juridique, etc. Tous, ils prennent leur racine commune dans une pensée née au croisement de la philosophie réflexive, de la phénoménologie et de l'herméneutique. Il faut prendre le temps de déchiffrer le monde comme on déchiffre un texte, quoiqu'il faille compter avec les résistances vives qui émergent dans le monde contre l'entreprise de narration. Ricoeur nous amène ainsi à dépasser l'opposition dylthéenne entre l'explication et la compréhension pour réinstaller celle-là au coeur de celle-ci.

Jean-Philippe Pierron, professeur de philosophie à l'Université Jean Moulin-Lyon 3, travaille sur l'éthique en contextes.

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mercredi 21 décembre 2016

Monia Sanekli : L'Inconscient. Freud : Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche

Connaissances et Savoirs - Décembre 2016


Le génie de Freud n'est pas d'avoir découvert l'inconscient mais plutôt d'avoir fait d'une intuition philosophique et anthropologique bien ancienne une composante de l'industrie médicale. Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche ont déjà bien perçu et bien décelé l'importance de l'inconscient comme prédicat ontologique fondamental intrinsèquement lié aux pulsions de la vitalité, de l'énergie, du biologique et du généalogique. L'inconscient n'est non seulement pas une découverte scientifique mais surtout pas pathologique, il ne se traite pas et n'obéit à aucune structure thérapeutique universelle. Il n'est ni personnel ni familial ni subjectif. Il est impersonnel, ontologique, généalogique et biologique. La mémoire et la conscience ne sont pas des thérapies mais des préjudices, il est saisi scientifiquement par l'investigation et individuellement par l'intuition et la sensibilité, l'oubli est sa force. L'homme malade n'est pas celui qui ne se rappelle de rien mais celui qui se rappelle de tout, c'est celui qui a tout perdu sauf la mémoire. Toute intervention extérieure lui est nuisible dans la mesure où elle l'engage dans des manipulations et des interactions et des projections qui lui sont totalement étrangères et parfois destructrices. L'inconscient est individuel sans être subjectif, ontologique sans être de structure universelle, c'est une puissance créatrice non pathologique. La conscience n'est qu'un détail dans l'inconscient et ne peut lui servir ni de révélateur ni de purificateur. La science de l'inconscient est à inventer, elle ne suppose point une analyse mais une investigation anthropologique, archéologique, étymologique, généalogique et politique.

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Arnaud Tomès et Philippe Caumières : Cornelius Castoriadis. Réinventer la politique après Marx

PUF; Édition - Décembre 2016 - Fondements de la politique


Trop mal connue encore, la pensée de Castoriadis s'articule entièrement à la question de l'autonomie. Signifiant la capacité pour les hommes de se donner la loi, celle-ci n'engage pas seulement le gouvernement de soi, mais l'institution même de la société. C'est là une exigence qui invite tout autant à la mise en cause des pensées politiques modernes qui appellent démocraties ce que Castoriadis nomme volontiers des oligarchies libérales qu'à une prise de distance vis-à-vis de la tradition critique issue du marxisme. 
Penser l'autonomie et ses conditions de possibilité conduit ainsi à une reprise critique l'ensemble de la pensée héritée pour faire retrouver la force d'un projet émancipateur à l'origine de la philosophie comme de la politique en leur sens authentique.

Philippe Caumières et Arnaud Tomès enseignent tous deux la philosophie. Ils s'intéressent à la pensée contemporaine et aux problèmes de la philosophie politique. Philippe Caumières a publié Castoriadis : le projet d autonomie (Michalon, 2007) et Arnaud Tomès est l'auteur d'une présentation d'un texte inédit de Castoriadis, L'Imaginaire comme tel (Hermann, 2009).

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Yves Charles Zarka : La destitution des intellectuels

PUF - Décembre 2016 - Intervention philosophique


Il fut un temps où l'intellectuel était un écrivain, un savant ou un philosophe qui intervenait dans les affaires de la cité, au nom dune autorité morale fondée sur une oeuvre importante, voire considérable, pour rappeler ses concitoyens ou le pouvoir à leurs responsabilités. D'Émile Zola à Michel Foucault, en passant par Albert Camus et Jean-Paul Sartre, et quelles que soient leurs divergences sur le rôle de l'intellectuel, tous correspondaient à ce modèle. Ce temps est révolu et ce, depuis le milieu des années 1970. Non qu'il n'y ait plus d'écrivains, de savants ou de philosophes, non qu'il n'y ait plus d'intellectuels intervenant dans la cité, mais parce qu'il y a désormais discordance entre les premiers et les seconds. L'oeuvre n'est plus ce qui donne l'autorité. Quelque chose s'est donc passé : la découverte de la puissance des médias et en particulier de la télévision non seulement sur les plans de la politique, de la communication et du divertissement mais aussi sur le plan intellectuel. C'est là que les positions se sont changées en postures. L'apparence, la semblance, la mimique sont devenues des clés pour entrer sur la scène publique. L'essentiel n'est plus de faire une oeuvre, mais de faire croire qu'on en a une. Les ego surdimentionnés peuvent cacher la vacuité de leur pensée. Mais ces intellectuels d'apparat n'ont pu s'emparer de l'espace public qu'avec la complicité de ceux qui avaient pour fonction de l'organiser : les journalistes. Ceux-ci sont devenus les voies de passage obligées et des instances d'accréditation des oeuvres et de statuts. Les intellectuels sont ainsi devenus à leur tour des people comme les autres. Ils fonctionnent selon la loi générale de la « peoplisation » : plus on vous entend, plus on vous voit, plus vous êtes célèbre, plus vous êtes célébré, plus vous êtes un grand écrivain, un grand savant, un grand philosophe. Cette logique de la « peoplisation » a transformé les intellectuels en marionnettes dérisoires qu'on écoute éventuellement parce qu'ils ont leur place marquée dans le paysage audiovisuel. Tout le monde aura compris de qui je veux parler. Il serait de mauvais goût de ma part de citer qui que ce soit. L'espace public est désormais aux mains des bateleurs, des pantins à ressorts qui réapparaissent à chaque fois qu'un malheur frappe. Ils s'alimentent du malheur des autres. Ils en tirent de la jouissance et de la gloire. L'espace public est désormais saturé. Il n'y a plus de place pour vous ! D'ailleurs qui vous connaît ? Qui vous réclame ? Vous ne serez pas entendu ! Ceux qui refusent de se laisser prendre à ce marché de dupes se retirent silencieusement : ils enseignent, écrivent, cherchent ou font autre chose en cercles restreints et interviennent parfois dans la cité, mais localement, loin des grands prédateurs de l'espace public médiatique"". Y.C. Zarka

Yves Charles Zarka est professeur de philosophie politique à l'Université Paris V René Descartes. Fondateur et directeur de la revue Cités, il est également directeur des collections « Intervention philosophique » et « Débats philosophiques » aux PUF et auteur de nombreux ouvrages.

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mardi 13 décembre 2016

Ludwig Binswanger : Le Cas Ellen West. Schizophrénie. Deuxième étude

Gallimard - Novembre 2016 - Collection : Bibliothèque de philosophie


L'oeuvre du psychiatre Ludwig Binswanger (1881-1966) reste mal connue dans l'aire francophone. Elle illustre pourtant une rencontre entre la psychiatrie et la philosophie d'un intérêt exceptionnel. Créateur de "l'analyse existentielle", inspirée de Martin Heidegger, Binswanger met en oeuvre une approche phénoménologique de la folie qui s'attache à en saisir la signification de l'intérieur et à faire ressortir ce qu'elle éclaire de la condition humaine. Le Cas Ellen West est extrait du recueil intitulé Schizophrénie, paru en 1957, qui regroupe cinq études destinées à explorer chacune un aspect fondamental de l'expérience schizophrénique. Deux autres de ces études ont été traduites en français, Le Cas Suzanne Urban et Le Cas Lola Voss. Ce qui donne son relief fascinant au Cas Ellen West, c'est la capacité d'auto- observation et d'autodescription dont fait montre la jeune femme. Rarement aura-t-on pu entrer à ce point dans l'intimité de ce que Binswanger caractérise comme "l'évidement de la personnalité" du processus schizophrénique. Au-delà du savoir clinique, cette étude se lit comme un document qui fait entrer le lecteur au coeur de l'univers de la folie.

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Marie-Anne Vannier : Intellect, sujet, image chez Eckhart et Nicolas de Cues

Cerf-Alpha - Novembre 2016


Les trois concepts d'intellect, de sujet et d'image ont eu une place centrale dans l'oeuvre d'Eckhart et de Nicolas de Cues, mais il n'y avait aucune étude jusqu'ici sur la manière dont ils s'articulent, pas plus que n'avait a été étudiée l'influence d'Eckhart sur le Cusain. Aussi avons-nous développé un projet franco-allemand, mené dans le cadre de la MSH Lorraine, projet qui est unique en son genre. Il visait, d'une part, à mettre en évidence le caractère décisif du rapport entre les trois concepts pour l'anthropologie et pour la théorie de la connaissance dans la modernité et, d'autre part, à montrer comment Eckhart et Nicolas de Cues ont revisité la métaphysique, en pionniers de la postmodernité. Le point de départ a été le concept de sujet, qui a permis de voir comment Eckhart et Nicolas de Cues étaient précurseurs des philosophies du sujet, comment celui-ci se situe dans le cadre de la noétique et quelle place est donnée à l'image, à la Bild qui, dans sa polysémie, amène à une relecture de l'oeuvre d'Eckhart et de Nicolas de Cues.

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Collectif : Université ou anti-université. Les Humanités dans l'idée de formation supérieure

Editions L'Harmattan - Décembre 2016 - Collection : La philosophie en commun


Cet ouvrage questionne le rôle des humanités dans la construction des idées d'université qui ont marqué le développement de l'enseignement supérieur en Europe. Il est le résultat d'un projet de recherche, à la fois culturel et politique, qui tente de répondre aux défis du scénario actuel de l'université, où les humanités vivent un moment de crise très problématique, surtout face à l'affirmation d'une vision de l'enseignement supérieur centrée sur la rentabilité de la recherche et de l'instruction. Les essais ici réunis et présentés sont les actes du colloque organisé par le Collège international de philosophie, qui a eu lieu les 14 et 15 octobre 2015 à la Maison Heinrich Heine de la Cité universitaire de Paris. Les différents essais mettent à l'épreuve une approche fondée sur l'analyse conceptuelle des idéaux éducatifs qui ont nourri les idées d'université pendant plusieurs siècles, en cherchant à comprendre de façon critique la richesse possible de notre tradition humaniste. Dans son ensemble polyphonique, le volume s'offre comme un projet structurellement in fieri : la présentation de pistes de recherche sur le rôle des humanités, de la philosophie et des arts dans l'enseignement supérieur, pour redécouvrir, à partir des textes et des réflexions qui ont fondé et transformé leur statut, les possibilités positivement critiques de ces disciplines dans le scénario problématique et en changement vertigineux de l'éducation européenne.

Dirigé par : Paolo Quintili, Carlo Cappa, Donatella Palomba

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lundi 12 décembre 2016

Louis Carré et Alain Loute (dirs.) : Donner, reconnaître, dominer. Trois modèles en philosophie sociale

Presses Universitaires du Septentrion - Décembre 2016


Quand il s'agit de rendre compte, par-delà les calculs intéressés de l'homo oeconomicus, de la manière dont tiennent les sociétés humaines, donner et reconnaître apparaissent comme deux dimensions constitutives de l'agir social. Mais du don et de la reconnaissance, il convient aussi, avant d'en appeler à leur syncrétisme, d'en interroger les proximités et les distances, ainsi que leurs consistances respectives. Par exemple, dira-t-on d'un don sans retour ou d'une reconnaissance sans réciprocité qu'ils sont encore dignes de ces noms ? Les activités de don et de reconnaissance se confrontent alors à une tierce dimension qui les taraude de l'intérieur : la domination. Cet ouvrage propose d'examiner plus précisément la façon dont se répondent et s'entremêlent les trois modèles du don, de la reconnaissance et de la domination, sur des enjeux contemporains situés au croisement de plusieurs horizons théoriques (la théorie critique, l'anthropologie, la phénoménologie sociale, la psychanalyse).

Alain Loute, docteur en philosophie, est maître de conférences au Centre d'éthique médicale, EA 7446 "ETHICS : Ethics on Experiments, Transhumanism, Numan Interactions, Care and Society", de l'Université Catholique de Lille. Il travaille dans le domaine de l'éthique de l'innovation technologique, l'éthique du care et l'herméneutique. Louis Carré est actuellement chercheur post-doctoral à l'Université de Namur dans le cadre du projet interuniversitaire "Philosophie critique de l'à-venir". Ses travaux portent sur Hegel, les théories de la reconnaissance, la philosophie sociale et politique contemporaine.

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Frédéric Nef : L'anti-Hume. De la logique des relations à la métaphysique des connections

Librairie Philosophique Vrin - Décembre 2016



Cet ouvrage complète L’objet quelconque (1998) et Les propriétés des choses (2006), et il mène à son terme une recherche qui, traitant des liens qui existent ou subsistent entre les objets et les propriétés, s’efforce d’établir la consistance et la cohérence ultime de la réalité physique et mentale.À cette fin, le concept classique de relation, omniprésent en logique, ne paraît pas pouvoir remplir un rôle métaphysique. De Nicolas de Cues à Gustav Bergman en passant par Baumgarten, c’est la connexion, le nexus, qui remplit cette fonction. Il convient donc de suspendre localement l’empire de la relation et de décrire de la manière la plus fine possible les propriétés formelles et ontologiques de la connexion, afin de comprendre comment la réalité est quelque chose d’uni.
Cette description passe par une discussion de la causalité, entendue à travers sa critique humienne, qui en rejette l’essence connective et conduit à l’atomisme métaphysique, à un univers fait de points sans dépendance les uns vis-à-vis des autres. Cet atomisme métaphysique doit être écarté si nous voulons comprendre comment la réalité est quelque chose d’uni et de connecté. Quant à l’atomisme métaphysique de Russell qui tend vers un monisme, c’est-à-dire vers un idéalisme radical, affirmant l’unité absolue de ce qui existe, ou même l’existence unique d’un absolu, il n’apparaît pas, quoiqu’il soit utile d’en examiner la force réelle, qu’une métaphysique de la connexion y conduise nécessairement.

Frédéric Nef, ancien directeur d’étude à l’EHESS, est membre de l’Institut Jean-Nicod. Il est l’auteur de nombreux livres et articles dans le domaine de la sémantique, de la logique et de l’ontologie.

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Nicolas Tertulian : Pourquoi Lukács ?

Maison des Sciences de l'Homme - Décembre 2016


L'ouvrage se présente comme un formidable document d'histoire des idées, donnant à connaître le parcours de Lukács à travers sa réception en Europe de l'Est et de l'Ouest au fil du XXe siècle, en grande partie grâce aux efforts de l'auteur pour étudier et diffuser sa pensée. Les digressions biographiques donnent chair à l'ensemble. L'ouvrage se propose de situer la pensée de Lukács dans le paysage de la philosophie européenne du XXe siècle, en la confrontant avec les promoteurs de l'Ecole de Francfort, Adorno, Horkheimer et Marcuse, ou en consacrant un chapitre à un entretien avec Martin Heidegger, ou en développant un dialogue entre l'esthétique et la philosophie de Lukacs et la pensée d'un autre grand hégélien du siècle, Benedetto Croce. Sont évoquées aussi dans la même perspective des personnalités aussi différentes que Hans-Georg Gadamer, George Steiner, E. M. Cioran ou Pierre Bourdieu. Conçu comme une autobiographie intellectuelle, l'ouvrage développe une radiographie implacable de la situation de la pensée marxiste dans les pays de l'Est, en illustrant par l'exemple de la Roumanie la dégénérescence de la pensée communiste en une idéologie totalitaire du pur type néo-stalinien. La personnalité et l'oeuvre de Lukács sont évoquées dans ce contexte comme une des grandes alternatives offertes à la pensée de gauche pour faire revivre l'authentique pensée de Marx.

Nicolas Tertulian (né à Iasi en Roumanie le 12 mars 1929) est philosophe, esthéticien et essayiste. Il a enseigné pendant presque trente ans, en tant que directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales "L'Histoire de la pensée allemande (XIXe-XXe siècles).

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samedi 10 décembre 2016

Gilles Barroux : Les sources médicales de la connaissance de l'homme

L'harmattan - Novembre 2016



Médecine et philosophie n'ont cessé de mêler leur histoire, depuis l'Antiquité, autour d'un objet commun : l'homme, une liaison qui se poursuit encore vingt-cinq siècles plus tard. S'intéresser aux pensées et aux pratiques médicales à partir de leur histoire suscite de nombreux questionnements : soigner consiste-t-il à retrouver une santé et une existence identiques à celles qui précédaient l'émergence de la maladie ? Que vaut et que peut le savoir du malade face à celui du médecin ? Comment penser une éthique et une philosophie médicales aujourd'hui sans en interroger l'histoire . Ce livre restitue six années de séminaires au sein du Collège international de philosophie faisant dialoguer philosophes, médecins et soignants, psychologues, historiens ou encore sociologues. Y sont reprises plusieurs thématiques abordées dans le cadre de ces rendez-vous : les critères d'évaluation de la maladie, les relations humaines au sein du monde médical et leurs enjeux historiques et contemporains, quelques mythes et idéaux qui ont imprégné la physiologie et la médecine, ou encore la quête d'une santé parfaite. 

Gilles Barroux est enseignant et docteur en philosophie. Il a publié aux éditions Honoré Champion Philosophie, maladie et médecine au dix-huitième siècle ; a codirigé La clinique. Usages et valeurs, chez Séli Arslan, et Le chevalier de Jaucourt. L'homme aux dix-sept mille articles, à la Société Diderot ; et, dans la présente collection, Philosophie de la régénération : médecine, biologie, mythologies.

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Thibaud Zuppinger : Agir en contexte. Enquête sur les pratiques ordinaires de l'éthique

Editions Kimé - Novembre 2016



Agir en contexte est une enquête sur les pratiques ordinaires de l'éthique, en se donnant pour objectif de saisir l'aspect épistémologiquement douteux des valeurs engagées dans nos pratiques. Cette étude de la pratique ordinaire s'appuie sur deux traditions : d'une part les travaux sur l'ordinaire de filiation wittgensteinienne et d'autre part la phénoménologie husserlienne du monde de la vie. En empruntant cette double approche, nous pouvons alors saisir comment la philosophie peut conduire à perdre le monde et à manquer, dans le même mouvement, l'éthique. La mise à jour de cette dynamique sceptique n'est pas une impasse, mais au contraire indique le véritable enjeu : les besoins anthropologiques. L'hypothèse centrale qui est développée est que ce sont bien ces derniers qui mettent en forme les pratiques ordinaires. C'est autour de la thématique de l'anthropologie philosophique que s'articule le coeur de cet ouvrage. C'est à la suite de l'anthropologie philosophique développée par Hans Blumenberg dans le dialogue entre Husserl et Wittgenstein que nous cherchons à articuler l'aspect théorique et pratique de l'éthique. L'anthropologie philosophique, par sa nature transversale, apparaît comme une posture essentielle pour saisir la nature de nos pratiques ordinaires, mais également pour penser ce qui est du ressort de l'inacceptable. L'attention à l'important et les travaux sur le soin constituent le prolongement naturel de ces réflexions. A l'horizon de ces travaux, c'est aussi de la question de la place de l'homme dans la philosophie dont il est question.

Thibaud ZUPPINGER est chercheur et directeur de la revue électronique Implications philosophiques. Docteur en philosophie, son travail de recherche porte sur l'éthique telle qu'elle s'exprime dans les pratiques ordinaires. A l'articulation de la pensée wittgensteinienne et du pragmatisme, ces recherches entendent faire droit à la complexité de nos pratiques ordinaires interrogées à la lumière de l'anthropologie philosophique.

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Incidence 12 : La mesure de la valeur humaine

Editions du Felin - Novembre 2016


La notion de valeur humaine est envisagée dans ce numéro d'Incidence comme l'un des opérateurs par lesquels la société, à travers un certain nombre d'instances spécifiques, s'autorise à placer en comparaison les unes avec les autres des personnes et des populations, et à établir entre elles des hiérarchisations. Ces opérations de mesure peuvent préluder à des logiques de préférence, de discrimination, de priorisation dans l'allocation de ressources limitées, voire de sélection, déterminantes pour le destin des unes et des autres. Se trouve ainsi posée la question de la justice distributive et, plus profondément, de la détermination des principes qui fondent ou légitiment l'ordre social. La différenciation des statuts du travail en contexte esclavagiste et colonial, les tris eugénistes, les variations sur le thème du « capital humain », mais aussi la psychotechnique, l'évaluation professionnelle et le diagnostic médical comptent parmi les champs d'application de la mesure de la valeur humaine qui seront abordés ici.

Ce numéro réunit les contributions de Roberto Brigati, Fabrice Cahen, Catherine Cavalin, Patrick Lacoste et Jérôme Loiseau, Roland Masse, Denis Pelletier, Paul-André Rosental, Alessandro Stanziani et Soline Vennetier. Il propose également une édition critique de deux articles de Dagmar Weinberg et Robert Ranc, et une traduction inédite de "The Life You Save May Be Your Own" de Thomas C. Schelling.

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dimanche 4 décembre 2016

Agnès Sinaï : Walter Benjamin face à la tempête du progrès

Le Passager Clandestin - Novembre 2016


Walter Benjamin (1892-1940) est un témoin précoce du basculement du monde vers le règne des machines et l’effacement de la magie. Son matérialisme historique inspiré de Marx, doublé d’une vision quasi mystique puisée dans la théologie juive, le conduit à explorer l’envers des objets et des villes, dans lesquelles il promène son regard de flâneur en exil. Il y pressent le caractère démesuré du XXe siècle, traversé par des champs de forces aussi puissantes que des entités cosmiques.

Formulée dans les « sombres temps » de l’entre-deux guerres, son œuvre contient aussi des ferments d’utopie et de résistance à la grande accélération qui s’annonce : le refus de l’utile, la possibilité permanente de renverser le cours des choses, l’émancipation des classes opprimées, les instants d’intensité arrachés à l’uniformisation du monde. Sa philosophie s’apparente à une constellation de pensée, un arrêt de l’histoire, un mode d’expérience du monde qui permettent de retrouver l’ici et maintenant, par-delà la catastrophe et la démesure des forces industrielles.

Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de Walter Benjamin à cette pensée est présenté ici par Agnès Sinaï ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre.

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Isabelle Queval : Du souci de soi au sport augmenté. Essais sur le corps entraîné, dopé, appareillé

Presses des Mines - Novembre 2016


L’objet de cet ouvrage est d’explorer ce qui mène du «souci de soi», tel que défini par l’Antiquité grecque, au «corps augmenté», dont le sport de haut niveau propose aujourd’hui une version expérimentale. Ce trajet n’est pas seulement un reflet historique, celui d’une histoire des pratiques corporelles qui inclurait la médecine, les gymnastiques, l’éducation physique et le sport, dans leurs acceptions et finalités variées, et parfois antagonistes, au cours des siècles. Il traduit aussi le noeud problématique qui lie l’exercice physique à la thématique du dépassement : dépassement de soi lorsqu’il s’agit de s’améliorer, de s’entraîner pour «performer» ; dépassement des limites lorsqu’il s’agit de rendre effective la croyance moderne – et sportive – dans l’idée de progrès infini ; dépassement de la nature aussi lorsqu’il s’agit de mettre en question le « corps naturel », tout autant que l’« identité humaine» et ses contours, par l’usage de substances chimiques ou de prothèses.

Si l’évolution humaine se définit comme un arrachement permanent à la nature, la question du dopage et celle des exosquelettes pose celles des limites éthiques de la science, du prolongement du corps par la technique et d’un corps-machine d’un nouveau genre. L’impératif de performance pèse sur chacun et croise l’obsession de la santé parfaite, de la jeunesse et de la beauté éternelles. Cette quête s’empare du corps comme d’un prétexte pour viser une transcendance hypothétique, qui fait défaut par ailleurs. Améliorer, augmenter – la forme, les performances, l’apparence – semble toujours possible, occultant les questions de la souffrance et de la mort, du handicap, reléguant la vieillesse dans l’impensé. La chirurgie esthétique, l’entraînement sportif, la diététique, le(s) dopage(s) n’ont pas le même rapport à la temporalité, mais postulent un corps idéal dont la perfection est toujours différée. L’hypercorps entraîné, remodelé, esthétisé, médicalisé, technicisé du sportif d’élite, avec sa valeur d’objet marchand et fantasmatique, est à ce titre exemplaire.

Isabelle Queval est philosophe, maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches au département des sciences de l’éducation de l’Université de Paris Descartes et membre du Centre de recherches sur les liens sociaux (CERLIS-UMR 8070).

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Renaud Barbaras : Le désir et le monde

Hermann - Novembre 2016


Cet ouvrage prend pour point de départ une analyse phénoménologique du désir comme tel, que nous comprenons aujourd'hui d'abord comme désir sexuel. Le propre du désir, par différence avec le besoin, est que l'accès à ce qu'il vise l'exacerbe au lieu de le combler, comme si son véritable objet, le désiré, était toujours au-delà de ce que le désir est susceptible de rencontrer. C'est que le désiré n'est justement pas un objet mais cela qui transcende tous les objets au titre de leur fond ontologique commun, à savoir le monde lui-même. Tout désir est désir du monde, non pas au sens où il se rapporterait à un monde déjà là, mais bien parce qu'il en est la condition d'apparition, qu'il est donc désir transcendantal. C'est à l'analyse de ce désir transcendantal que cet ouvrage se consacre, en montrant notamment que sa dynamique propre implique à la fois une communauté ontologique entre le sujet et le monde et une séparation radicale. À la lumière de ces résultats, l'ouvrage revient enfin sur le désir empirique pour conclure qu'il procède d'une désublimation du désir transcendantal, comme si l'autre désiré était ce point du monde où le monde même se replie sur lui-même et transparaît.

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samedi 3 décembre 2016

Anne Boisssière : Chanter, Narrer, Danser. Contribution à une philosophie du sentir

Delatour - Novembre 2016


La musique s’éprouve et se vit, et ne se laisse pas seulement analyser et com- prendre. Active, dominatrice, source en même temps d’une passivité unique, elle atteint des couches profondes qui dessinent le mystérieux domaine du pré-verbal, directement en prise sur le vivant du corps. À preuve son aptitude à induire immédiatement du mouvement, dilater l’espace et donner une énergie incomparable, ou encore suspendre le temps. La musique plus que tout autre art instruit sur le « sentir », pour autant qu’on ne la cantonne pas à une autonomie ou à une pureté qui l’ampute du chanter et du danser, lesquels manifestent cette part irréductible.

Le sentir obéit à une autre logique que celle du sens et de la vérité. C’est un être-au-monde que les couplages traditionnels comme ceux de l’émotion et de la raison, ou de l’expression et de la forme, échouent à cerner. Sa complexité, son maillage interne, sa structuration dynamique, plaident en faveur de notions qui trouvent dans ce contexte une teneur philosophique renouvelée, comme celles de rythme et de symbole, également d’un art de narrer.

L’approche phénoménologique, attentive au corps vécu, et l’orientation de la théorie critique soucieuse de toutes les formes de réification, y compris de la perception et de ses gestes, sont conjointement mobilisées pour explorer le sentir à partir de la musique. Erwin Straus d’une part, en son approche du pathique, Walter Benjamin et Theodor W. Adorno d’autre part, sont les principaux acteurs de ce croisement. Celui-ci s’ouvre à d’autres penseurs, dont André Schaeffner et Susanne Langer. Le premier, à propos de l’instrument de musique, la seconde à propos du symbole non-présentationnel, se montrent en effet particulièrement appliqués à ne pas séparer l’expérience de la musique des processus corporels et physiologiques qui sont en jeu dans le rythme et dans l’écoute.

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Isabelle Drouet (dir.) : Le bayésianisme aujourd'hui. Fondements et pratiques

Editions Matériologiques - Novembre 2016


Le bayésianisme connaît un succès croissant dans des domaines du savoir toujours plus nombreux. Le présent- ouvrage vise d'abord à présenter l'état actuel du bayésianisme dans ses différentes dimensions, de la logique et la philosophie des probabilités jusqu'à la pratique des sciences empiriques, en passant par la théorie statistique. Il prétend également interroger l'unité des approches bayésiennes, entre les disciplines et dans le temps. Enfin, il aborde la question de savoir quelle est la portée de ces approches et comment il convient d'interpréter leur succès. Faut-il, en particulier, considérer que la fécondité d'un modèle bayésien signifie que ce dont il est un modèle est bayésien (en un sens qui resterait à préciser) ? L'ouvrage se veut abordable par un lectorat certes motivé, mais pas nécessairement spécialiste. L'exposé est pluridisciplinaire et tous les auteurs sont familiers ou acteurs, en leur domaine, des développements les plus contemporains du bayésianisme. Il s'agit de faire comprendre l'intérêt des approches bayésiennes, parfois en les comparant aux méthodes plus classiques avec lesquelles elles viennent rivaliser, et en explorant un éventail de projets et de disciplines qui soit aussi large que possible. Un tel projet éditorial est inédit en français.

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Tumultes N° 47, octobre 2016 : Utopia Nova - La démocratie, radicalement

Kimé - Novembre 2016



SOMMAIRE

Partie 1: Utopie et conflictualité

Patrice Vermeren : La carte du monde et le cercueil de l’utopie

Ricardo Peñafiel : Espaces utopiques, ou l’eutopie concrète de l’action transgressive

Étienne Tassin : Le rêve, le désir et le réel. Marx ou Cabet

Lewis Gordon : Toujours plus haut : Mohammed Ali

Partie 2: Exploration de l’ailleurs

« Utopier le désir ! ». Entretien avec Alain Damasio

Sylvia D. Chrostowska : La réparation somatique. Utopie, corps, politique

Éric Fabri : Socialisme et utopie. L’autonomie de Fourier à Castoriadis

Alice Carabédian : Circonstances Spéciales ou l’utopie radicale

Partie 3 : Insuffler l’utopie au cœur de la démocratie ?

Manuel Cervera-Marzal : La démocratie sous tension. Radicalité et utopie, sœurs ennemies de l’aventure démocratique

Anders Fjeld : Repenser l’utopie avec Rancière. Expérimentations et suridentification au Familistère de Guise

Brice Nocenti : Vers un dépassement de la critique radicale-démocratique de l’utopie ?