jeudi 12 décembre 2019

Friedrich Nietzsche : Humain, trop humain I & II (traductions inédites)

GF - Novembre 2019


I : traduction de Patrick Wotling - II : traduction de Éric Blondel
À sa parution en 1878, Humain, trop humain laisse les lecteurs perplexes : on n’y reconnaît pas l’auteur de La Naissance de la tragédie. Pourtant, la rupture entre les deux ouvrages n’est pas aussi radicale qu’on a voulu le penser. C’est bien plutôt un mouvement d’affirmation de soi, profond etdéterminant, qui se manifeste dans ce nouveau livre. Libéré de ses influences passées, Nietzsche réinvestit ses interrogations sur un mode nouveau et, ce faisant, consolide sa propre manière de philosopher.
L’évolution la plus frappante est stylistique : Nietzsche adopte pour la première fois la forme aphoristique, conforme à sa pensée, anti-dogmatique, qui procède par essais, hypothèses, multiplication des points de vue. D’où un changement de méthodologie : à rebours de la tradition philosophique, il rejette les perspectives fixistes de la métaphysique et prône une logique interprétative. Se plaçant sur le terrain de la psychologie, il enquête sur les méandres de l’âme humaine, reconnaissant que tout ce qui se produit dans la réalité n’est pas entièrement imputable à la raison, mais bien davantage à des processus infra-conscients – instincts, pulsions, valeurs –, qui constituent le « trop humain » de l’humain.
Livre de la maturité, Humain, trop humain ouvre la deuxième période de la pensée nietzschéenne. Le philosophe a trouvé le style d’écriture qu’il n’abandonnera plus – la forme aphoristique – et l’objet qui l’occupera toujours – l’analyse des mœurs et de la culture.

Dans ce second volume, composé d’Opinions et sentences mêlées et du Voyageur et son ombre, Nietzsche aborde des sujets de tous ordres : l’enseignement, la mode, le christianisme, le châtiment, les Grecs… Au lieu de proposer un exposé dogmatique, il procède, tel le voyageur sans attaches, par essais et expérimentations. Mais derrière le caractère apparemment hétéroclite de l’œuvre, c’est bien à une étude des mœurs et, à travers elle, à une critique de la morale que Nietzsche s’emploie. Pour lui, en effet, la morale telle qu’elle s’est développée dans la tradition philosophique a masqué derrière les lumières de la raison ce qui est perçu comme une faiblesse : les pulsions, l’irrationnel, l’« ombre » en chacun de nous – ces choses injustement mises au rebut alors qu’elles constituent la réalité profonde de la vie et que Nietzsche appelle le « trop humain » de l’humain.


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