Selon une ritournelle de la politique contemporaine, « l’écologie commence à la maison ». Du style de vie à la consommation raisonnée, nous serions, en tant qu’individus, les sujets de la transition environnementale. Voilà comment, d’un même geste, on instaure une gouvernementalité écopolitique et l’on masque les rapports de pouvoir qui structurent le désastre environnemental.
Les pauvres, récalcitrants à la transition, sont traités en barbares à civiliser ou en climato-négationnistes à combattre. A contrario, le pouvoir matériel de changer de vie et l’adhésion symbolique à l’écopolitique du capital dessinent une écologie réservée à de riches « terrestres », citadins éduqués qui continuent à profiter de la socialisation des grandes infrastructures polluantes. Le scénario de la rupture populaire avec l’écologie et le récit d’une écologie réservée aux riches se renforcent mutuellement.
Ce livre affirme à l’inverse que le travail, systématiquement absent des pensées écologistes, se trouve au cœur du désastre. De la plantation coloniale au foyer familial en passant par l’usine de l’ère industrielle, l’écocide est le résultat de différentes formes d’exploitation du travail (salarié, servile, domestique). Exploitation des humains, certes, mais aussi mise au travail généralisée des vivants. Replacer la production capitaliste et l’exploitation du travail au cœur de la crise, c’est rendre possibles de nouvelles alliances entre travailleurs et écologistes, entre humains et autres qu’humains.
Paul Guillibert est philosophe, auteur de Terre et Capital. Pour un communisme du vivant (Amsterdam, 2021).
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