Parole et Silence - Juillet 2023
La thèse cherche à montrer que l’argument ontologique joue un rôle structurant de la phénoménologie radicale de la vie. Michel Henry refuse l’argument ontologique, qu’il désigne par « preuve de l’être », dans la mesure où la conception du Dieu transcendant en tant que « l’être au-delà de tout ce qui peut être pensé » reste dans un horizon absolument extra-phénoménal. Autrement dit, la « preuve de l’être » affirme l’existence d’un Dieu dont l’essence, ineffable, inconcevable, impensable, reste à jamais inaccessible au sujet qui la pense. À partir du rejet de cette démonstration, il convient de faire apparaître l’accès à la divinité elle-même. Telle est l’approche henryenne qui thématise « l’épreuve de la vie » comme l’épreuve de Dieu lui-même et comme l’alternative à l’argument ontologique. Ce faisant, Michel Henry aboutit à une conception de Dieu en tant que Vie absolue, entièrement immanente, et à une anthropologie où la personne humaine apparaît comme un vivant engendré. Accéder à Dieu consiste à éprouver la dépendance de la Vie absolue. Cela signifie qu’il n’apparaît pas comme un sujet créateur et autonome. Michel Henry se démarque ainsi d’autres auteurs de la phénoménologie dite française. Son approche est phénoménologique dans la mesure où la thématisation de l’épreuve de la vie nous conduit, performativement, à ressentir affectivement la plénitude de Dieu en soi.
Andreas Lind. Après une formation en théologie et en philosophie à l’Université Catholique Portugaise de Braga, à la Pontificia Universitas Gregoriana à Rome et au Centre Sèvres, il est reçu comme Docteur en Philosophie par l’Université de Namur (Belgique), comme boursier de la FCT – Fundação para a Ciência e Tecnologia (Portugal). Il est Professeur Auxiliaire de Métaphysique, de Philosophie de la Religion et de Phénoménologie à l’Université Catholique Portugaise.
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