Face aux sociétés de contrôle contemporaines, armées, à l'âge
d'internet, des cyborgs, des microchips, de dispositifs
technoscientifiques toujours plus sophistiqués, n'est-il pas nécessaire
aujourd'hui, plus qu'hier encore, de faire "retour à Freud" ?
L'inconscient, cette machine à rêver, ne constitue-t-elle pas le dernier
rempart de résistance face aux nouveaux panotiques et au discours qui
les gouvernent, le discours des marchés ? Telle est la thèse défendue
dans cet ouvrage. Repenser, après Freud, avec Lacan, mais aussi
Heidegger, Deleuze, Foucault, Mc Luhan, Stiegler et bien d'autres, les
formes nouvelles de ce "malaise dans la culture", selon l'analyse et le
diagnostic posé par le père de la psychanalyse en 1930. Il ne s'agit
pour autant de dénoncer vainement "la" technologie. Ce serait oublier
que l'espèce humaine, par la grâce du langage, a toujours été
technologique, que l'histoire de l'humanité est, d'abord, l'histoire des
techniques. Mais lorsque le nombre et le calcul semblent tout dominer,
lorsque les machines interconnectées en réseau font de chaque individu
un "terminal", un sujet "prédictible", la psychanalyse invite à opposer,
comme antidote, un autre discours, une autre scène, un autre
dispositif, celui inventé par Freud : le dispositif analytique. Car si,
dans nos sociétés contemporaine, dans notre culture technologique, le
maître a changé de visage, de nom et d'outil en même temps qu'il
multiplie ses prothèses, le discours psychanalytique reste "l'envers du
discours du maître" (Lacan), l'écoute de cette voix, la voix de
l'inconscient, qui est avant tout résistance et chemin pour dépasser la
censure. Bref pour résister aux maîtres.
Nestor Braunstein (Belville, Argentine, 1941), professeur au sein du
département de philosophie et de lettres de l'UNAM (Mexico), est un
auteur de référence et une figure majeure de la psychanalyse dans le
monde hispanophone, où il a notamment introduit la pensée de Lacan. Mais
son oeuvre, aujourd'hui largement discutée dans le monde anglo-saxon
ainsi qu'Europe, notamment en France, manifeste une ambition plus vaste
encore ; développer, dans le prolongement et l'actualisation de la
théorie critique de l'Ecole de Francfort, mais aussi dans un dialogue
constant avec le post-structuralisme français, une approche
psychanalytique de la culture contemporaine. Il a publié une vingtaine
d'ouvrages en nom propre, traduits notamment en portugais, en anglais
mais aussi, pour trois d'entre eux en français (La jouissance, un
concept lacanien (Erès, 1994, reéd 2006) ; Depuis Freud, après Lacan
(Stock, 2008) ; Les présages. Une nouvelle lecture des rêves et de la
mémoire (Stock, 2011). La traduction de cet ouvrage, Malaise dans la
culture technologique. L'inconscient, la technique et le discours
capitaliste, vient mettre à disposition du lecteur français les derniers
développements de ce travail théorique original qui, dans cet essai de
synthèse, réveille et renouvelle les enjeux politiques du questionnement
psychanalytique, notamment dans le contexte de la mondialisation. Il y
approfondit, sans guère d'équivalent, une réflexion précieuse sur les
nouvelles technologies de communication et le "discours des marchés".
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