Si l'oxymore désignant Spinoza comme " athée vertueux " est attribué à Bayle, le philosophe fait très tôt l'objet d'une singulière réputation, mélange de fascination et de répulsion. L'accusation d'athéisme, dont il se défend énergiquement, est et sera formulée de toute part : au sein de la communauté juive, chez les chrétiens et chez les philosophes, à commencer par Leibniz. Dans le même temps, les témoignages concernant la vie de Spinoza sont unanimes : même ses ennemis les plus acharnés lui reconnaissent une existence moralement exemplaire. Voilà l'énigme. Ou bien, en effet, on nie l'existence de Dieu et, par conséquent, on est immoral ; ou bien on se conduit de manière irréprochable et l'on n'est pas athée. Or beaucoup s'accordent à dire que Spinoza est athée et, en même temps, vertueux. La présente étude ambitionne de résoudre l'énigme. La première difficulté réside dans son athéisme ou prétendu tel. La seconde dans sa " doctrine de la vertu ", pour parler comme Kant. Il s'agira d'essayer de comprendre s'il y a une unité et, si oui, comment elle se conçoit, entre sa conception de l'Etre, celle de la vertu et le comportement quotidien de l'individu Baruch Spinoza. Chez un philosophe, l'écart entre la pensée et la vie ne serait-il pas insupportable ?
Alain Billecoq est Inspecteur Pédagogique Régional de Philosophie honoraire, ancien professeur agrégé en classes terminales et préparatoires. Il est actuellement rédacteur en chef des Cahiers rationalistes. Outre des articles repris dans les actes de nombreux colloques et ouvrages collectifs, il a publié plusieurs études : Spinoza, 25 Lettres philosophiques, Hachette, 1982 ; Spinoza et les spectres, PUF, 1987 ; Les combats de Spinoza, Ellipses, 1998 ; Spinoza, questions politiques. Quatre études sur l'actualité du Traité politique, L'Harmattan, 2009 ; Baruch Spinoza. La politique et la liberté, SCEREN, 2013.
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