Parce que l'infinité divine n'est pas une évidence théologique, Descartes travaille à lui donner un sens particulier : à la fois instauratrice des vérités créées dans les lettres du printemps 1630 et nom divin par excellence selon les exigences de la philosophie première en 1641, elle endosse des déterminations passablement contradictoires, non métaphysiques et pourtant au plus haut point métaphysiques. La détermination de la situation de l'infinité de Dieu chez Descartes au regard d'autres concepts du corpus (immensité, indéfini), de ses rapports au concept aristotélicien d'apeiron et de son histoire médiévale (Thomas d'Aquin, Bonaventure, Henri de Gand, Scot) et moderne (Suarez, Bérulle, Montaigne) doit permettre de faire voir la tension interne dont l'infinité grève la métaphysique cartésienne. Les analyses d'Emmanuel Levinas seront précieuses pour révéler les tensions ici à l'œuvre.
Ancien élève de l'ENS et ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, agrégé et docteur en philosophie, Dan Arbib enseigne à l'ENS. Secrétaire scientifique du Bulletin cartésien, membre de la commission scientifique des Œuvres d'Emmanuel Levinas (Grasset/Imec), il a publié un grand nombre d'articles d'histoire de la philosophie et de phénoménologie, ainsi qu'un ouvrage consacré à Levinas (La lucidité de l'éthique, Hermann, 2014).
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