À l’anesthésie du vivant qui frappe déjà nos sociétés modernes, vient dorénavant s’ajouter une amnésie sournoise, effet d’une glorification de l’instant présent (digitalisé et immédiatement ‘posté’), qui nous fait nous demander à partir de quand, désormais, peut-on dire que nous sommes déjà morts, alors que notre corps, décomposé en pixels, recomposé de mémoires artificielles, et bientôt même cryogénisé, doit répondre encore aux injonctions exclusives du présent, sans cesse rebooté, reseté, reformaté. L’aurait-on retrouvée, enfin, l’éternité ?
Ce leurre, parmi d’autres, profite aux dispositifs de pouvoir qui voient d’un œil mauvais les débrayages du cours du temps, les écarts et les lenteurs du devenir, les retours en arrière qui sont des avancées, d’une vie en profondeur, dans l’épaisseur du réel. Ce sont pourtant à ces débrayages, à ces écarts, à ces lenteurs qu’appelle Après la mort, portes ouvertes sur la vie.
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