mercredi 15 novembre 2017

Aurélie Mure : La question de la mort dans la philosophie de Schopenhauer

Dharma - Novembre 2017


De toutes les formes de vie sur Terre c'est sans conteste la vie humaine qui est la plus douloureuse, la plus misérable. L'homme paie au prix fort son privilège de la conscience. Toute grandeur a ses dépendances, toute exception ses misères. De cette analyse de l'impossibilité de la satisfaction il ressort qu'à la limite tout contentement serait interdit à l'homme comme si les aliments, une fois en bouche, perdaient leurs saveurs, devenaient insipides. Ce jeu sempiternel entre souffrance et ennui, sans réelle alternative pour celui qui éprouve seulement la règle des apparences, en vaut-il la chandelle ?
Avec son analyse SCHOPENHAUER retrouve l'enseignement du Bouddha, dans son " Sermon de Bénarès " :
1. Toute vie est souffrance.
2. L'origine de la vie et de la souffrance est le désir.
3. L'abolition du désir entraîne l'abolition de la souffrance.
Dès lors, de deux choses l'une : soit nous continuons instant après instant à nourrir les supplices rémanents issus du désir soit nous choisissons de tirer notre révérence au monde ordinaire. Devrions nous comprendre trop rapidement que Schopenhauer nous encourage à ne plus vivre, à nous suicider puisque la vie n'est que souffrance et la mort insignifiante ? Ou bien ne s'agirait-il pas d'une invitation à trouver le trésor caché par cette existence ?
C'est à partir de la question de la mort (ce qu'elle est, ce qu'elle représente à nos yeux) que nous découvrirons que Schopenhauer tente de formuler une sotériologie, un art de vivre proposant un salut (inspiré, pour la première fois dans l'histoire de la philosophie, de la religion bouddhique), une eschatologie susceptible de faire le pendant à ce que la raison permet de constater : la nature désespérément tragique du réel immédiat. Schopenhauer est un pessimiste de conviction et de raison, c'est pourquoi il est un optimisme d'aspiration et de volonté, si l'on peut utiliser un mot tout autant explosif que maudit sous sa plume.

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