dimanche 30 janvier 2011

Tu dois changer ta vie !

Peter Sloterdijk

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Février 2011- Libella-Maren Sell – 29 €

Présentation de l’éditeur : « Tu dois changer ta vie ! » La voix que Rilke entendit au Louvre émanant d’un torse antique s’est détachée aujourd’hui de son origine.
En l’espace d’un siècle elle s’est amplifiée, mieux, elle est devenue l’impératif absolu qui résonne autour du globe. C’est indéniable : l’unique préoccupation dans le monde actuel est la compréhension croissante du fait que cela ne peut pas continuer ainsi. Et c’est la verticalité, opposée à l’horizontalité de la circulation matérialiste du système capitaliste, qui est le véritable défi. Pour sortir de la crise, l’homme doit se grandir.
Seulement en haut, il n’y a aucun dieu, aucune métaphysique qui peut nous aider. Nous devons nous sauver nous-mêmes en devenant, par des exercices d’ascèse, par l’entraînement assidu des muscles du cerveau et du corps, par des disciplines artistiques que nous nous imposons, davantage maîtres de notre destin. La visée est un développement spirituel et personnel, afin d’inaugurer un nouveau cycle de comportements responsables.
Pour survivre dignement, l’élaboration d’un système d’immunologie s’impose de plus en plus : un bouclier de protection pour l’individu, l’humanité, la terre et l’environnement technique. L’être humain est appelé à se débarrasser des fatalités et résignations réductrices, en se formant par lui-même, pour un autre mode d’existence. Tu dois changer ta vie propose, à travers la lecture de textes, un panorama des exercices requis pour être un homme et le rester.
Bienvenue dans le fitness center de la pensée du maître Peter Sloterdijk qui fait passer la pilule du dur labeur de l’exercice permanent (la rigueur) par l’invention abondante et jubilatoire des concepts. Une réponse à la crise : au lieu d’attendre un miracle (divin), il faut que chacun, l’individu, le collectif, s’efforce de changer sa vie. Seul un exercice permanent peut (r)établir la dignité humaine.

Cioran. Ejaculations mystiques

Stéphane Barsacq

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Parution : février 2011 – Seuil – Prix : 14 €

Présentation de l’éditeur : « Anti-prophète », « penseur crépusculaire » : l’excès pessimiste de Cioran fait oublier que son oeuvre est d’abord une méditation infinie sur Dieu.
Ce portrait incisif, enlevé et paradoxal montre que la vraie profondeur du penseur est celle d’un mystique contrarié. Rassemblant en lui le tact et l’enfer, Cioran, fils de pope, fut certes « l’aristocrate des vandales », le pessimiste extrême qu’on connaît. Mais ces images masquent la part la plus importante de ses écrits : tour à tour lyrique, polémique, explosive, son oeuvre est d’abord une méditation sur Dieu, Sa mort et l’impossibilité d’y conclure.
Lui-même ne confiait-il pas « prier par dégoût » ? Car telle est la vraie profondeur de Cioran : celle d’un mystique contrarié, disciple des Pères de l’Eglise et prophète de la théologie négative, dont le fond est religieux et l’expression, d’aphorisme en aphorisme, digne de ce que la tradition appelle les éjaculations mystiques. Cet essai, bref, dense et plein d’humour dresse le portrait d’un homme qui se voulait élève des Pères du désert, de Maître Eckhart et des bouddhistes.
En replaçant Cioran dans la lumière de la pensée qui l’a formé, celle des Pères grecs, des gnostiques autant que celle de Dostoïevski, il montre que le penseur a réussi à reprendre la plus vieille tradition chrétienne et à lui conférer sa modernité : celle d’une recherche de l’absolu, quitte à ne jamais le trouver, autrement que par et dans cette recherche même. Son Précis de décomposition n’est-il pas une réécriture des Arts de mourir médiévaux ? Des larmes et des saints une réinterprétation de Catherine de Sienne ? « Le RIEN même est mesure de DIEU », écrivit-il avant de sombrer dans la maladie.

Querelle sur le mal et la providence - Voltaire, Jean-Jacques Rousseau

Lisbonne, 1955

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Parution : janvier 2010 - Mille Et Une Nuits – 3 €

Le 1er novembre 1755, un séisme suivi d'un raz-de-marée et d'un incendie ravage la ville de Lisbonne (Portugal). On dénombre 50 000 victimes. Cette catastrophe marque les consciences et suscite un débat philosophique à travers toute l´Europe : un tel drame est-il le fruit de la colère divine, donc de la Providence ? Voltaire voit dans cette manifestation naturelle l'occasion de réfuter les thèses optimistes proposées par Leibniz dans la Théodicée, Tout est bien ! Or, pour Voltaire, non seulement la souffrance des hommes est inacceptable, mais cette thèse est synonyme d´un danger redoutable, le fatalisme et son cortège de superstitions ridicules. Voltaire envoie son poème sur la Loi naturelle et la Providence à un Rousseau qui vient de faire parler de lui avec son Discours sur l´origine et les fondements de l´inégalité. Rousseau est irrité passablement par le tableau misérabiliste. Par réaction, il se pique de défendre Leibniz. Il lui fait un procès en désespérance de l´humanité : l´homme souffre un destin injuste par la Nature. C´est le début de la brouille définitive et de la haine des deux hommes.

Traité des devoirs, de Cicéron

Traduction du latin par Henri Joly, révisée par Cyril Morana

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Parution : janvier 2011 - Mille Et Une Nuits – 5 €

Le Traité des devoirs (De Officiis) a été écrit en 44 avant J.-C., juste après la mort de César. Testament philosophique et politique adressé à son fils Marcus, qui étudiait alors la philosophie grecque à Athènes, il est le dernier ouvrage de Cicéron (106-43 avant J.-C.). Ce dernier s´inspire notamment du Traité sur le devoir de Panétius de Rhodes, philosophe stoïcien qui cherchait à concilier le stoïcisme et la philosophie de Platon. Impressionné par sa tentative de synthèse, Cicéron décide d´aller encore plus loin dans cette voie, que l´on peut qualifier d´éclectisme philosophique. Il propose à Marcus l´examen des principales théories morales contemporaines (stoïciens, épicuriens, sceptiques, platoniciens, etc.). Comme souvent chez cet auteur, son ouvrage est en réalité plus pratique que théorique : il s´agit de préceptes pour bien agir en toutes circonstances et d´une méthode. Cet essai de philosophie morale et politique se divise en trois livres. La première partie traite de l´honestum (le bien, le juste) et du decorum (principes éthiques grâce auxquels un homme peut, dans les diverses facettes de la vie civile, distinguer ce qu'il doit faire de ce qu'il ne doit pas faire) ; la seconde traite de l´utile (de la manière dont les hommes peuvent bénéficier du consensus et de la gloria dès qu'ils s´accordent avec l´honestum) ; la troisième traite de l´opposition toujours possible entre l´honnête et l´utile, il développe l´idée d´une opposition entre l´intérêt particulier et l´intérêt collectif, en précurseur de Rousseau.

vendredi 28 janvier 2011

Le contrat sexuel

Carole Pateman

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Novembre 2010 – La Découverte – 26 €

Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'« individus » émancipés ?
Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage de référence enfin traduit en français, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le « contrat sexuel », qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes. Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'auteure en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats qui touchent à la propriété de la personne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel.

Réévaluer l’art moderne et les avant-gardes. Hommage à Rainer Rochlitz

Esteban Buch, Denys Riout, & Philippe Roussin (eds.)

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Janvier 2011 – Editions de l’EHESS – 22 €

Spécialistes des arts plastiques, de la photographie, de la musique, de la littérature ou de l’esthétique, proposent une réflexion sur les modes d'attribution de sens et de valeur à l’art moderne et aux avant-gardes historiques.

L’irruption du postmodernisme a favorisé la critique des avant-gardes artistiques du XXe siècle, des idéologies qui les avaient portées et même des œuvres qu’elles avaient produites. Ces mises en cause ont occulté autant que révélé un ensemble de questions théoriques et historiographiques. Que signifie la fin des avant-gardes ? De quelle histoire celles-ci relèvent-elles ? Comment évaluer la force durable des œuvres, indépendamment des discours qui ont accompagné leur création ? Que nous disent-elles de notre modernité ?
Ce livre prolonge l’ultime préoccupation du philosophe Rainer Rochlitz (1946-2002) dans le domaine de l’esthétique : repenser les relations entre l’art, la société et le politique. Réunis initialement au sein d’un séminaire à l’EHESS, les auteurs de ce volume, spécialistes des arts plastiques, de la photographie, de la musique, de la littérature ou de l’esthétique, proposent une réflexion sur les modes d'attribution de sens et de valeur à l’art moderne et aux avant-gardes historiques.

SOMMAIRE

Avant-propos
Esteban Buch, Denys Riout, Philippe Roussin
– Introduction. Un débat inachevable
Rainer Rochlitz – Art moderne et société moderne
Georges Roque – Abstraction et modernisme
Valérie Pozner – Les avant-gardes russes. Cangement de regard ?
Esteban Buch – Réévaluer l'histoire de l'avant-garde musicale
Michel Frizot – Le régime photographique, vecteur de la modernité et des avant-gardes
Nadia Podzemskaïa – La « nouvelle science de l’art » face aux avant-gardes dans la Russie soviétique des années 1920
Yann Rocher – Faut-il brûler le Louvre ? Pensées de la destruction dans une enquête de L’Esprit Nouveau
Philippe Roussin – Surréalisme et Esprit nouveau. Antinomies des avant-gardes et réévaluations de la critique artiste après 1945
Annick Louis – L’aventure et l’ordre. Du rôle des avant-gardes dans la culture argentine
Denys Riout – Néo-dada. Des artistes acteurs d’une réévaluation
Jean-Pierre Cometti – Que signifie la « fin des avant-gardes » ?

Critique n°764-765 : Bodybuilding. L’évolution des corps

Février 2011

Puvoirs_N° 119

Editions de Minuit – 13,50 €

De récentes commémorations l'ont montré : il est peu de sujets scientifiques aussi brûlants que l'évolution et la querelle autour de Darwin est un feu de prairie qui n’est pas près de s’éteindre. Mais son écran de fumée tend à masquer les extraordinaires transformations (scientifiques, anthropologiques, sociales et morales) survenues dans ce qu’on peut appeler la « construction des corps ». C’est ce paysage bouleversé par de nouvelles théories, de nouvelles technologies et de nouvelles manières de vivre qu’explore ce numéro. Son titre, bodybuilding, est à prendre littéralement et dans tous les sens. La « prise de forme » dont il est question dans ces pages n’est pas seulement l’évolution, que les scientifiques travaillent à élucider : c’est aussi la transformation du corps à laquelle s’efforcent ou se soumettent tant de nos contemporains.

Présentation : Prendre forme
Thierry HOQUET : Beefcake. Corps gays hystériques et érotiques
Elsa DORLIN : Homme / Femme ©. Des technologies de genre à la géopolitique des corps
Beatriz Preciado, Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique
Patrice BLOUIN : Le corps sportif à l’ère de son épuisement
Xavier GUCHET : Nanotechnologies et prise de forme
Laurence HÉRAULT : Le mari enceint. Construction familiale et disposition corporelle
Thomas Beatie, Labor of Love. The Story of One Man’s Extraordinary Pregnancy
Martine de GAUDEMAR : Métamorphoses organiques. Une approche monadologique
Judith BUTLER : « Le corps est hors de lui »
Entretien réalisé par Sylvie DUVERGER et Thierry HOQUET
Priscille TOURAILLE : L’indistinction sexe et genre, ou l'erreur constructiviste
Frank CÉZILLY : Morphologie, sélection et mythe du corps idéal
Thomas HEAMS : D'Arcy Thompson et les formes déjà prises
D'Arcy Thompson, Forme et Croissance
Antonine NICOGLOU : Expliquer la forme
Mary Jane West-Eberhard, Developmental Plasticity and Evolution
Silvia CAIANIELLO : Les modules de la variation. L’évo-dévo ou la nouvelle genèse des formes
Lucie LAPLANE : Le mystère de la genèse des individus
Jean-Jacques Kupiec, L’Origine des individus
Michel MORANGE : Les mirages de l’épigénétique
Eva Jablonka et Marion J. Lamb, Evolution in Four Dimensions. Genetic, Epigenetic, Behavioral, andSymbolic Variation in the History of Life

mardi 25 janvier 2011

Sur la science des oeuvres questions à Pierre Bourdieu (et à quelques autres)

Geoffroy de Lagasnerie

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Janvier 2011 - Editeur : Cartouche, Paris – 15 €

Tout au long de sa vie, Pierre Bourdieu s’est affronté à la question de l’art, de la littérature, de la philosophie. Il a révolutionné la sociologie de la culture en y introduisant l’un de ses concepts les plus célèbres et les plus féconds : la notion de champ. Ce livre retrace les grandes étapes de la formation de cette théorie. Il montre comment et contre quoi elle s’est constituée et met en lumière la nouveauté radicale qu’elle a apportée. Mais il souligne également qu’il n’y a pas de nouvelles visions sans nouvelles cécités. Il se propose dès lors de repenser certaines des  questions majeures de la science sociale avec un objectif essentiel : arracher les œuvres à toutes les formes d’interprétations neutralisantes et dépolitisantes.

Geoffroy de Lagasnerie est sociologue.
Chargé de cours à l'Université Paris I-Panthéon Sorbonne, il est l'auteur notamment de Logique de la création (Fayard, 2011) et de L'Empire de l'Université. Sur Bourdieu, les intellectuels et le journalisme (Amsterdam, 2007). Il a déjà publié, aux éditions Cartouche, un livre avec René Schérer, Après tout. Entretiens sur une vie intellectuelle, en 2007.

Pourquoi le monde arabe n'est pas libre : Politique de l'écriture et terrorisme religieux

Moustapha Safouan

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Avril 2008 - Denoël – 16 €

On sait que depuis le début de l'histoire le pouvoir politique au Moyen-Orient a toujours tiré sa légitimité de la religion. Ce fait va de pair avec la sacralisation de la langue de l'écriture opposée à la langue vernaculaire et quotidienne et, par là, avec la subordination de l'écriture à des fins de prestige et d'exploitation. L'État islamique ne fait pas exception. Or, comme l'a démontré d'une façon irrécusable le sheikh Ali Abdelrazek, le fait est que ni le Coran ni les dires du Prophète ne contiennent la moindre indication concernant les principes de gouvernement. Par une imposture rarement égalée dans l'histoire politique de l'humanité, on s'est servi de l'ambiguïté de l'expression " successeur du Prophète " pour revendiquer le pouvoir absolu et pour mettre la religion sous la férule de l'Etat. Le résultat est un mode de gouvernement qui repose d'une façon intrinsèque, et non pas par accident, sur la corruption, la répression et la censure incarnée dans ladite politique de l'écriture. Tant que l'Etat réussit dans l'accomplissement de ses tâches, le régime théocratique paraît conforme à l'ordre des choses. Son échec ne donne pas lieu à une révolution mais à un terrorisme qui conteste sa légitimité même. De fait, les terroristes de notre époque appuient leur contestation sur un dogme meurtrier dont ils s'autorisent pour s'ériger en juges en matière de foi religieuse, s'octroyant ainsi un savoir que le Coran réserve expressément à Dieu. Ce livre sans compromis est un appel non seulement à l'usage du vernaculaire comme langue de culture mais encore, plus décisivement, à la libération de l'Islam du joug du pouvoir temporel. Ce faisant, il brosse un tableau saisissant de l'état actuel de la culture dans les pays arabes.

> On peut lire un entretien avec Moustapha Safouan ici

dimanche 23 janvier 2011

Spéculations spéculaires. Le reflet du miroir dans l'image contemporaine

Eric Van Essche (dir.)

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Janvier 2011 - Editeur : La Lettre volée – 24 €

La question du miroir est centrale dans l'histoire des arts visuels et de la pensée occidentale : les artistes comme les philosophes et les psychanalystes n'ont cessé de questionner cet objet magique, fidèle et trompeur à la fois. Le mythe grec de Narcisse perdu dans la contemplation de son propre reflet à la surface de l'eau miroitante, de même que la condamnation platonicienne de la mimésis - réduisant la figure du peintre à celle d'un illusionniste armé d'un miroir trompeur-, révèlent dès l'origine un sentiment mêlé de fascination et de défiance envers ce prodigieux outil. Or, l'histoire de l'art est remplie de miroirs, du classicisme pictural aux dispositifs les plus actuels. Cet ouvrage aborde le statut de ces images reflétées tout autant que le processus de représentation en général-entre imaginaire et réalité. Favorisant primitivement l'introspection méditative du sujet contemplant, débouchant sur la pratique de l'autoportrait, le miroir doit également se concevoir comme le déclencheur de diverses transgressions : qu'en est-il finalement de notre rapport au réel, et comment se tenir face à une oeuvre d'art qui nous regarde de son oeil spéculaire ?

Contributions de : Olivier Belon, Pascale Borrel, Denis Briand, Éric Clemens, Thierry de Duve, Florence de Mèredieu, Olivier Duquenne, Sandrine Ferret, Dominique Lamy, Denis Laoureux, Danielle Leenaerts, Marie- France et Patricia Martin, Véronique Mauron, Soko Phay-Vkalis, Éric Vandecasteele, Éric Van Essche, Christophe Viart et Simon Welch.

La philo en BD n°1 : Descartes

Descartes, extrait des Méditations métaphysiques, méditation I et début de méditation II

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Dans ce texte, René Descartes est en quête de vérité : peut-on raisonnablement douter de tout ?     Ou existe-t-il nécessairement quelque chose de vrai ?

Dessin : Clarisse Galan. Adaptation : Lia Duboucheron

Le projet

les raccourcis, c'est une revue.

Son projet :  à partir d'un extrait choisi parmi les grands textes de la philosophie, restituer l'essentiel du raisonnement d'un philosophe en un scénario simple et rigoureux. Ce scénario est mis en scène par un dessinateur sous la forme d'une BD.

Sur la couverture : à l'avant, le sujet dont il est question en quelques mots. À l’arrière, la biographie en raccourci du philosophe.
À l’intérieur : 10 pages de BD en couleur, pour comprendre de façon dynamique le cheminement d'une pensée éminente.

Son signe : le rat. Rapide et malin, il court dans le caniveau, ce petit espace vide entre les cases d'une BD.  Le rat effraie... comme la philosophie.

les raccourcis  c’est "La Redoute" de la philosophie : uniquement vendu par correspondance, pour un large public de 7 à 77 ans, ignorant ou savant.

Revue éditée par l’association loi de 1901 les raccourcis, créée en avril 2010, dont le but est la promotion de la culture.  Directeur de la publication : Lia Duboucheron. Maquette : Jean-Luc Walet. Logo : Jun Yasumoto.

Renseignements : philo@lesraccourcis.fr
Téléphone  : 09 53 60 73 11

La relation énigmatique entre politique et philosophie

Alain Badiou

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Janvier 2011 – Germina – 12 €

Comment éclairer l'étrange connexion entre philosophie et politique ? Le noeud énigmatique qui les relie nous renvoie en particulier au statut du fait démocratique en philosophie. Cette dernière est par principe une activité démocratique, elle est une adresse faite à chacun, particulièrement à une jeunesse qui ne recule pas devant les « révoltes logiques » et les révoltes tout court. Il se trouve que la philosophie n'est pourtant pas démocratique dans ses objectifs et sa destination. Sans doute parce que la vérité, dont elle s'occupe, se nomme justice dans le champ politique.
« La relation énigmatique entre philosophie et politique » constitue le texte d'une conférence prononcée par Alain Badiou dans le cadre des Journées Alain Badiou d'octobre 2010 à Paris. Deux autres textes ouvrent des aperçus complémentaires sur l'enjeu politique d'aujourd hui. Si la figure du soldat démocratique, comme celle du guerrier héroïque, sont dépassées, il reste désormais à créer les nouvelles figures de la lutte collective. De même, la vérité étant dans une structure de fiction, nous avons à trouver une nouvelle fiction. Elle nous donnera l'élan de soutenir comme Wallace Stevens : « C'est possible, possible, possible, ce doit être possible. »

vendredi 21 janvier 2011

Les Ordres de l’Histoire. Origine, discontinuité, nouveauté

Nicolas PIQUE

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Novembre 2010 – CNED / PUF – 19 €

À partir d’une présentation des principaux courants de la philosophie de l’histoire, cet ouvrage se propose de dégager les caractéristiques du régime de temporalité proprement historique.

À l’inverse du régime traditionnel, qui analyse la temporalité historique à partir d’une origine normative ou de principes anhistoriques, la reconnaissance de l’historicité du monde humain conduit à privilégier comme objet de pensée la nouveauté, la rupture.

Dès lors, analyser l’histoire ne consiste plus à l’indexer sur le stable, le pérenne, mais au contraire à chercher les termes d’une pensée de la catastrophe — seule pensée à même de pouvoir saisir le surgissement incessamment renouvelé d’institutions de sens que constitue l’histoire.

mercredi 19 janvier 2011

De la croyance

Slavoj Zizek

9782742794850

Février 2011 – Editions Jacqueline Chambon - “Rayon Philo” – 22 €

Les spiritualités new âge si en vogue aujourd'hui, derrière lesquelles se dissimule une recherche futile et païenne de la perfection, constituent le supplément d'âme idéologique idéal pour le néo-libéralisme qui régit nos sociétés. Slavoj Zizek, qui leur préfère de beaucoup les grandes traditions monothéistes, défend ici l'idée d'imperfection.

4è de couverture :

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mardi 18 janvier 2011

Bourdieu Théoricien de la pratique

Michel de Fornel & Albert Ogien (dir.)

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Janvier 2011 – Ed; EHESS – Coll. Raisons pratiques – 24 €

Ce livre propose une clarification inédite du cœur de la théorie sociale de Bourdieu : sa conception de la pratique. Sociologues, philosophes et linguistes suivent son raisonnement, le confrontent aux nouvelles approches sociologiques.
Alors que le « moment Bourdieu » et les débats passionnels qu’il a suscités commencent à s’estomper, ce livre examine l’usage des notions que Bourdieu a introduites dans le lexique de la sociologie et de l’anthropologie et qui en font désormais partie : champ, habitus, capital, réflexivité, familiarité, intérêt, désintéressement, critique, position scolastique. Sociologues, philosophes et linguistes s’attachent ainsi, chacun à leur manière, à rendre compte d’un aspect de la théorie de la pratique de Bourdieu, en ouvrant une réflexion sur sa pertinence et sur les lacunes et contradictions qui ont provoqué sa remise en cause ou son rejet.
Ce livre n’est pas un plaidoyer pour ou contre Bourdieu. Il cherche plutôt à présenter une confrontation raisonnée de ses thèses avec celles qui ont été élaborées par les approches qui, depuis une vingtaine d’années maintenant, ont renouvelé l’enquête en sciences sociales, en l’orientant résolument vers l’analyse empirique de la pratique, dont la collection « Raisons pratiques » a été l’un des lieux majeurs de développement en France.

dimanche 16 janvier 2011

Leçons sur la volonté de savoir. Cours

Michel Foucault


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Février 2011 – Ed. du Seuil – 30 €


Voici la transcription de la première année des cours de Michel Foucault au Collège de France. Sa publication marquera une date dans la « réception » de Foucault. On ne pourra plus le lire comme avant.
On y découvrira la profonde unité du projet qui va de Surveiller et Punir ( 1975), dominé par les thèmes du pouvoir et de la norme, à L’Usage des plaisirs et Le Souci de soi(1984), consacrés à l’éthique de la subjectivité.
Ces Leçons sur la volonté de savoir rappellent que le travail de Michel Foucault n’a jamais eu qu’un objet : la vérité. Surveiller et Punir achève une enquête sur le rôle des formes juridiques dans la constitution du dire vrai, dont on découvre ici les premiers jalons. La vérité naît dans des conflits, la concurrence des prétentions qui trouvent dans les rituels du jugement judiciaire la possibilité de départager qui a raison et qui a tort.
Au sein même de la Grèce antique se succèdent et s’affrontent différentes formes juridiques, différentes manières de partager le vrai et le faux, où viendront bientôt s’inscrire les querelles des sophistes et des philosophes. Sophocle, dans Œdipe roi, met en scène la puissance propre des formes du dire vrai : elles instituent le pouvoir comme elles le destituent. Contre Freud, qui fera d’ Œdipe le drame d’un inavouable désir sexuel, Michel Foucault montre que la tragédie articule les rapports de la vérité, du pouvoir et du droit. L’histoire de la vérité est celle de la tragédie.
Au-delà de l’irénisme d’Aristote qui plaçait la volonté de savoir dans le désir de connaissance, Michel Foucault approfondit la vision tragique de la vérité inaugurée par Nietzsche, qu’il arrache dans un dialogue souterrain avec Deleuze à la lecture heideggerienne.
Qui osera parler, après ce cours, d’un Foucault sceptique ?

Merleau-Ponty. Philosophie et mouvement des images

Chiasmi International n° 12

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Janvier 2011 - Vrin / Mimesis / Penn State University, « Chiasmi International » / 30 €

Chiasmi international 12 présente un inédit exceptionnel : un extrait du premier cours donné par Merleau-Ponty au Collège de France, l’une des très rares occurrences où il analyse le cinéma en son sens littéral d’art du mouvement. C’est pourquoi un dossier spécifi que, « Cinéma et philosophie du mouvement », est ensuite consacré à cette question. Il contient six études, dont celles de deux co-directeurs de Chiasmi international, Mauro Carbone et Pierre Rodrigo. Cette livraison recueille en outre des essais explorant l’ontologie de Merleau-Ponty et sa réfl exion sur la danse et la peinture. On y trouvera aussi deux textes particulièrement remarquables : un article de Renaud Barbaras, directeur honoraire de notre revue, et un entretien avec Andrea Camilleri, le célèbre écrivain italien de nouvelles policières dont le travail a été infl uencé par Merleau-Ponty.

TEXTES DE: Renaud Barbaras, Andrea Camilleri, Mauro Carbone, Anna Caterina Dalmasso, Caterina Di Rienzo, Antonino Firenze, Simone Frangi, Koji Hirose, Takashi Kakuni, Tetsuya Kono, Stefan Kristensen, Maurice Merleau-Ponty, David Morris, Søren Gosvig Olesen, Pierre Rodrigo, Claudio Rozzoni, Davide Scarso, Eva-Maria Simms, Tanja Staehler, Luís António Umbelino, Luca Vanzago, Keith Whitmoyer.

vendredi 14 janvier 2011

Logique de la création

Geoffroy de Lagasnerie

9782213655840

Janvier 2011 - Editions Fayard – “Histoire Pensee” – 15 €

Quels sont les conditions, les moments et les lieux qui favorisent l’innovation intellectuelle ?
Pour répondre à ces questions essentielles, Geoffroy de Lagasnerie retraverse l’histoire des idées et des institutions au cours des années 1950-1980. Il réinterprète les œuvres et les trajectoires de Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, mais aussi Sartre et Lévi-Strauss, et discute les grandes théories qui ont cherché à comprendre les mécanismes de la création artistique, littéraire ou scientifique. Il montre ainsi comment l’invention surgit presque toujours en dehors de l’Université ou dans ses marges, au terme de démarches qui s’attachent à brouiller les frontières disciplinaires, à déjouer les normes et les pratiques académiques. Penser, c’est nécessairement s’affranchir de l’image de la recherche que l’Université tend à imposer.
À l’heure où un consensus s’installe pour défendre le champ académique contre tout ce qui menacerait son autonomie, Geoffroy de Lagasnerie s’inquiète de l’uniformisation de la vie intellectuelle qu’entraîne ce repli sur soi. À rebours d’une telle tendance, il appelle à élaborer une nouvelle politique des savoirs ouverte à la pluralité, aux hérésies, et donc à l’arrivée de l’inédit.

Geoffroy de Lagasnerie est sociologue. Il est chargé de cours à l’université Paris I – Panthéon Sorbonne. Il est l’auteur de L’Empire de l’Université. Sur Bourdieu, les intellectuels et le journalisme (Amsterdam, 2007).

jeudi 13 janvier 2011

Aglaïa. Autour de Platon. Mélanges offerts à Monique Dixsaut

Aldo Brancacci, Dimitri El Murr, Daniela Patrizia Taormina

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Décembre 2010 – Vrin – 52 €

Directement ou indirectement, tous les articles rassemblés ici traitent de la philosophie de Platon. Qu’elle soit consacrée à l’étude d’un passage difficile, à l’examen d’une question générale ou encore à la réception d’une thèse ou d’un Dialogue chez un philosophe ultérieur, chaque contribution poursuit à sa manière le travail de lecture et d’interprétation qui occupe Monique Dixsaut depuis plus de quarante ans.
L’importance de son œuvre dans le paysage français et international des études platoniciennes justifie à elle seule le présent recueil, mais celui-ci porte aussi témoignage de l’affection profonde et de la reconnaissance qu’ont voulu lui exprimer ses amis, ses collègues et bon nombre de ses anciens étudiants.
Car ce n’est pas seulement l’œuvre de Monique Dixsaut qui a fait de Platon la voix principale du philosopher, c’est aussi son enseignement, lui qui a marqué plusieurs générations d’étudiants et a toujours su rester fidèle à cette règle : lire Platon en philosophe, comme il demande à être lu, c’est en pâtir. Parler de lui ne peut se faire que du dedans, depuis cette passion.
Le nom de la plus éclatante des trois Grâces, Aglaïa, était celui qui convenait le mieux à un volume consacré à Monique Dixsaut et au rayonnement de ses travaux.

mercredi 12 janvier 2011

Composer au XXIe siècle. Pratiques, philosophies, langages et analyses

Sophie Stévance (dir.)


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Décembre 2010 – Vrin - « MusicologieS – 26 €


Ce livre rassemble les réflexions de musicologues, sociologues, créateurs et chercheurs-créateurs s’interrogeant sur les conditions d’existence liées au métier du compositeur dans la société d’aujourd’hui. Y sont confrontées différentes analyses et investigations du domaine musical par le compositeur en caractérisant des tendances, des profils individuels d’activité et des identifications au métier. Le mot « compositeur » est donc envisagé dans ses différentes acceptions : les chercheurs tiennent compte des traditions (et de leur poids) qui accueillent les compositeurs, du renouvellement d’une grande part de leur univers sonore grâce au progrès technologique, des transformations et des stratégies compositionnelles à l’œuvre; ils restent également attentifs au tracé d’une réelle volonté discursive. Les travaux publiés dans le présent volume posent donc les jalons de « l’état » et de « l’être » compositeur, montrant ainsi que composer à notre époque révèle un objet d’étude bien plus complexe qu’une simple grille de classification des tâches prescrites par les institutions.
Ont collaboré à ce volume : S. Altier, M.-H. Bernard, J. Blais, B. Bossis, R. Bricault, P. A. Castanet, A. Couture, G. Dimitrov, H. Dufourt, J. Goldman, Ph. Leroux, I. Panneton et H. Ravet

La syllogistique d'Aristote - Dans la perspective de la logique formelle moderne

Jan Lukasiewicz

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Paru le : 21/12/2010 – Editeur : Vrin – Collection : Histoire de la philosophie – 28 €

Les Premiers Analytiques sont pour Lukasiewicz un livre de logique et non de philosophie.
Il dit même que cet ouvrage de pure logique ne contient aucune " contamination philosophique ". Mais cela ne veut pas dire qu'il n'a rien à apprendre aux philosophes et aux métaphysiciens sur les formalismes et sur les modalités. Comme le dit Lukasiewicz : " Il reste encore des philosophes en activité auxquels il ne serait peut-être pas impossible de suggérer qu'ils devraient acquérir une bonne connaissance de la logique dite mathématique avant de traiter de la logique et de son histoire ; ils éviteraient ainsi de perdre leur temps, leurs lecteurs de même, ce qui n'est peut-être pas dénué d'importance pratique ".
Lukasiewicz est l'un des philosophes de l'École de Lvov-Varsovie, courant philosophique majeur du XXe siècle. Son premier livre portait sur le principe de contradiction chez Aristote. Il en montrait l'importance, mais aussi la fragilité logique. Son dernier livre, consacré à la syllogistique, une partie de la logique, porte de nouveau sur Aristote. Pour peu qu'elle n'ignore pas Frege, les matrices logiques de Peirce, les Principia Mathematica de Russell et Whitehead ainsi que les apports considérables des logiciens polonais, comme Lesniewski, Slupecki, et Lukasiewicz lui-même, l'histoire de la logique, et en l'occurrence l'étude des Premiers Analytiques, constitue une voie d'accès privilégiée pour comprendre ce que sont les formalismes.
Toute la deuxième partie du livre est une exploration de la syllogistique modale. Elle participe à la renaissance de la logique modale au XXe siècle, et anticipe les travaux des métaphysiciens analytiques actuels.

lundi 10 janvier 2011

D’un ton guerrier en philosophie. Habermas, Derrida & Co

Pierre Bourtez

9782070129478

Janvier 2011 – Gallimard – “Essais” – 24 €

Autrefois, Kant s’était étonné dans un opuscule « d’un ton grand seigneur adopté naguère en philosophie ». En 1983, Jacques Derrida s’en était inspiré pour publier D’un ton apocalyptique adopté naguère en philosophie. Nous étions alors à l’aube d’une guerre de quinze ans qui déchira l’Europe philosophique à la fin du siècle dernier. Il était question, à travers le brutal conflit qui opposait Jürgen Habermas et Jacques Derrida, de déconstruction et de reconstruction de la raison, de l’héritage de l’Aufklärung et même du destin de la philosophie, sur une ligne de front dessinée entre l’époque de Hegel et celle de Nietzsche, puis légèrement retouchée à celle de Husserl, Heidegger et Adorno.

Cela se passait entre Francfort et Paris, mais Derrida avait déjà été engagé dans d’autres guerres dessinant une géographie plus complexe. À Paris même, où Michel Foucault et Pierre Bourdieu l’avaient accusé d’être trop conventionnel et pas assez politique, ce qui remet sérieusement en cause la représentation d’une French theory censée être née au Quartier latin vers 1968 avant de s’exporter comme pensée tout uniment « post-moderne ». Entre Paris et la Californie, où John R. Searle l’avait attaqué pour mécompréhension de la révolution dans la théorie du langage née à Oxford sous les auspices de John Austin, ce qui éclaire différemment les relations entre philosophies dites « analytique » et « continentale ». En Amérique enfin, entre divers départements de philosophie et de littérature, ce qui permet de découvrir, grâce à des médiateurs comme Richard Rorty, une réception de son œuvre plus contrastée qu’il n’y paraît. Les belligérants se sont cependant réconciliés au point de devenir amis, en sorte que l’on peut méditer ces deux propos : « Philosopher, c’est aussi douter du sens de la philosophie » (Habermas) ; « Un philosophe est toujours quelqu’un pour qui la philosophie n’est pas donnée » (Derrida). À l’aune de telles convictions convergentes, il était peut-être inutile de faire un drame d’un désaccord. Mais c’est ainsi : une affaire exemplaire de guerre et de paix en philosophie offre une occasion de revenir sur son histoire, ses territoires et les manières de la pratiquer.

dimanche 9 janvier 2011

Philosophies de la Fable. Poésie et pensée dans l'oeuvre de La Fontaine

Jean-Charles Darmon

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Janvier 2011 - Éditions Hermann, collection "Savoir Lettres" – 29 €

On a voulu, en cet essai, s'interroger sur les passages reliant poésie, fable et philosophie dans le devenir singulier de l'oeuvre de La Fontaine. Sous les images amusantes et gaies du « Fablier » diffusées par toute une tradition, surgissent alors des paysages plus sombres et plus secrets, l'appropriation de la fable ayant lieu ici sur fond de crises diffuses affectant le statut même de l'imagination poétique et les pouvoirs de la parole.

Entre Clymène, comédie insolite des débuts, qui offre le spectacle de l'ennui des Muses pressentant l'usure, voire la mort d'une certaine poésie lyrique, et, à l'autre bout du labyrinthe, les fables du plaisir pur et de l'évidence reconquise, que purent apporter certaines formes de pensée à l'activité poétique de La Fontaine, en cette longue lutte avec l'ennui qui menace désormais le lyrisme ? Il apparaît alors qu'en cette trajectoire complexe des variations philosophiques d'une grande subtilité ont pu aider La Fontaine à inventer certaines réponses fabuleusement vivaces, donnant à l'antique genre de l'apologue un potentiel heuristique, éthique et esthétique sans précédent.

À l'occasion d'une nouvelle édition, enrichie, du présent ouvrage, on s'est attaché à réexaminer de ce point de vue la vitalité déconcertante des petites expériences de pensée proposées par la Fable dans le « Jardin imparfait » de Jean de La Fontaine. Expériences qui nous situent aux antipodes des leçons de morale plus ou moins conformistes que l'on a cru si souvent y trouver ; exercices de lecture qui peuvent constituer autant d'antidotes puissants à ce prêt-à-penser en matière de morale que Nietzsche nommait la « moraline ».

Qu'est-ce qu'une photographie ?

Jiri Benovsky

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Décembre 2010 – Vrin – 8 €

Qu'est-ce qu'une photographie ? Une photographie représente-t-elle fidèlement le monde ? Photographier, est-ce un processus purement mécanique ? Quelle est la nature ontologique des photographies ? Les photographies ont-elles un contenu narratif ? Comment la durée temporelle est-elle dépeinte par une photographie ?

L’auteur : “Dans ce livre sur les photographies, je défends l'idée que les photographies n'existent pas. En effet, pour le philosophe, la nature des photographies est assez évasive. Quel type d'entités sont-elles ? Des objets matériels concrets comme des tirages papier ? Des 'types' abstraits qui peuvent être instantiés dans de nombreuses formes très diverses (tirages, fichiers, images à l'écran, ...) ? Nous allons voir qu'aucune catégorie métaphysique traditionnelle ne parvient à rendre compte de la nature des photographies, et je soutiendrai alors la thèse que les photographies n'existent pas.
Mais qu'elles existent ou pas, les photographies soulèvent un certain nombre de questions philosophiques importantes. En particulier, on peut se demander de quelle manière une photographie représente le monde et en quoi la représentation consiste. Nous allons voir que les photographies ont (ou peuvent avoir) un contenu narratif qui joue un rôle central dans la manière dont elles représentent. Nous allons également aborder le cas particulier de représentation de la durée temporelle : une image statique, telle qu'une photographie, comment peut-elle représenter un intervalle temporel non-instantané ?
Ce livre contient également deux traductions inédites d'extraits de textes de Noël Carroll, "The philosophy of motion pictures" et de Robin LePoidevin "Time and the static image". “

Critique n° 763 : Yerushalmi, historien de la mémoire et de l'oubli

Editions de Minuit – 2011 – 11 €

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Gamin du Bronx devenu professeur aux Universités de Harvard et Columbia, Yosef Hayim Yerushalmi est une figure intellectuelle peu ordinaire en même temps qu'exemplaire. Son livre Zakhor, paru en 1982 et traduit en français en 1984 fit époque : pour l’histoire du judaïsme, mais aussi et bien au-delà, pour l’historiographie contemporaine tout entière. Le nom de Yerushalmi est désormais indissociable du débat entre histoire et mémoire. Un an après sa mort, Critique évoque le parcours de Yerushalmi et le retentissement de son oeuvre grâce à trois de ses meilleurs connaisseurs : Sylvie Anne Goldberg, Yosef Kaplan et Nicolas Weill, qui a réuni ces textes dédiés à la mémoire de l'historien disparu.

Sommaire

Yosef KAPLAN : Yosef Hayim Yerushalmi, historien des ruptures

Nicolas WEILL : Paul Ricoeur, Yosef Hayim Yerushalmi : lectures croisées

Sylvie Anne GOLDBERG : L’histoire sans enchantement

Dork ZABUNYAN : Solitude du cinéma ?
Raymond Bellour, Le Corps du cinéma. Hypnoses, émotions, animalités

Pascale PRIVEY : Mon Troisième Reich pour une moustache !
Jean Narboni, Pourquoi les coiffeurs ?

Marc CERISUELO : Cet instant qui nous échappe
Jean-Loup Bourget, Fritz Lang, Ladykiller

Maja BRICK : Ni sexe, ni armes, ni portables
Jim Jarmusch, The Limits of Control

Patrizia LOMBARDO : Étonnement et souvenir chez Scorsese
Martin Scorsese, Shutter Island

jeudi 6 janvier 2011

Revue “Le sujet dans la Cité” : n°1 / décembre 2010

Ecouter la souffrance, entendre la violence

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Numéro sous la direction
de Christine DELORY-MOMBEREGER
et Christophe NIEWIADOMSKI
Edition Téraèdre
22 €

Depuis les années 1990 s’est développée une « sensibilité » collective à l’endroit de la souffrance d’origine sociale : de manière diffuse dans l’espace public, de manière plus précise et instrumentée dans différents secteurs de la vie sociale (action sociale, entreprise, « humanitaire », santé, formation), où se sont multipliés les lieux et les pratiques d’accueil et d’accompagnement faisant droit à la souffrance et à son écoute. Les dispositifs ainsi mis en place répondent à la reconnaissance institutionnelle de la souffrance comme symptôme individuel d’un mal-être social et, plus largement, comme indicateur de difficultés ou de contradictions structurelles dans l’organisation sociale et politique, affectant la « santé mentale » des personnes dans leurs rapports à elles-mêmes et à leurs environnements...

> le site de la revue

mercredi 5 janvier 2011

Deep water horizon. Ethique de la nature

Stéphanie Ferret

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Févier 2001 – Seuil – Collection : l'ordre philosophique – 18 €

La nature a-t-elle des droits ? Alors que les livres de scientifiques consacrés à la crise écologique foisonnent, rares sont les philosophes français qui osent affronter le sujet.
Et pourtant, notre conduite vis-à-vis de la nature soulève d’authentiques questions philosophiques : les êtres naturels (les animaux, les plantes, l’eau...) ont-ils des droits ? Et si oui, ces droits renvoient-ils à des espèces ou à des individus ? Pour répondre à ces questions, Stéphane Ferret puise dans la tradition philosophique occidentale, opposant les discours anthropocentrés (le christianisme, le cartésianisme, l’humanisme) à ceux qui soit ne valorisent aucun centre soit en valorisent plusieurs (le spinozisme, le darwinisme).
Nourris que nous sommes de ces traditions, quelles sont les armes dont nous disposons pour penser les droits de la nature ? Tout en soulignant les apports récents de la philosophie anglo-saxonne à ce débat, Stéphane Ferret livre une argumentation d’une remarquable clarté.

Chine. La dissidence de François Jullien

François Jullien, Nicolas Martin

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Février 2011 – Seuil – Coll. Philo – 19 €

De livre en livre, François Jullien s’est installé dans une position intellectuelle originale.
En abordant la philosophie par la Chine, il a développé une perspective singulière, neuve et créatrice, qui fait de lui un dissident philosophique, parfois inaperçu par une critique qui l’a trop souvent classé dans les marges du débat philosophique alors qu’il travaille au centre. Sinologue et philosophe, François Jullien ouvre ici une piste nouvelle : ses allées et venues entre les pensées chinoise et européenne lui ont permis d’élaborer une philosophie du « vivre », dans la lignée de Montaigne.
Tout à la fois introduction à l’oeuvre de François Jullien (dans sa première partie) et dialogue sans concession avec l’auteur (deuxième partie), cet ouvrage devrait s’imposer comme un essai de référence.

dimanche 2 janvier 2011

Langage et silence

George Steiner

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Novembre 2010 – Les Belles Lettres – 15 €

On a pu dire de l'œuvre considérable de George Steiner qu'elle tourne tout entière autour du langage, de son sens et de ses conséquences morales et religieuses. On le verra en lisant cet ouvrage écrit voici quarante ans par l’auteur de Après Babel et Réelles présences et qui, dans un style clair et rigoureux, analyse les menaces qui pèsent sur le langage, sur la position du poète face à la barbarie et la survie d’un sens lié à la culture occidentale. Les humanités survivront-elles ? Chacun sait que la réponse est un combat qui ne cessera jamais.

Sommaire

Vers une culture plus humaine
La retraite du mot
Le silence et le poète
Mots de la nuit
Le miracle creux
Réflexions sur Günter Grass
K
Je suis une sorte de survivant
Post-scriptum
Trotski et l'imagination tragique
Littérature et post-histoire
Le genre pythagoricien (1965)
Le « Moïse et Aaron » de Schoenberg (1965)
Georg Lukács et son pacte avec le Diable (1960)
D'Europe centrale (1964)

Postface.
Steiner et son sous-main : l'École de Francfort

Fortune et calcul

Hans Magnus Enzensberger

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Novembre 2010 -  Editions Jacqueline Chambon – 12 €

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Addiction générale

Isabelle Sorente

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Janvier 2011 – JC Lattès – 16 €

Nous vivons sous l’emprise du calcul permanent. Du poids idéal en passant par le taux de fer dans le sang, le quotient intellectuel, la surface de l’appartement, la haute résolution de l’écran, l’extension de mémoire, le forfait 12h illimité le week-end, jusqu’aux milliards d’euros du réchauffement climatique, tout ce que nous touchons se transforme en chiffres. Qu’un nuage de cendres traverse le ciel d’Europe, voilà que des centaines de calculateurs sont lancés. Partout les algorithmes se mettent à tourner pour calculer le manque à gagner des compagnies aériennes. Que cette activité se justifie par une raison économique ne doit pas cacher l’autre vérité, celle qui sort du champ calculable : la transformation instantanée d’un nuage en série de chiffres. Nous transformons le corps en poids, l’intelligence en performance, le passé en code génétique et nos angoisses d’avenir en polices d’assurance et en calcul de risques.
Voilà ce qu’on appelle à tort le réalisme, la référence obligatoire à des valeurs numériques, sans lesquelles nos perceptions comme nos pensées paraissent invalides. La raison dépend d’un résultat, la raison est devenue dépendante.