La question de l’existence de Dieu est souvent réputée caduque dans la philosophie universitaire. Prétendre l’exhumer, n’est-ce pas ignorer Hume, Kant, Kierkegaard, Feuerbach, Comte, Nietzsche, Freud et Heidegger, Dennett et Dawkins? Pourtant, il n’est pas si aisé de soutenir que le monde existe par lui-même, ou d’affirmer que, la métaphysique étant morte, nous ne sommes plus en mesure d’instruire la question.
Prenant acte de la caducité d’une métaphysique théiste déductive qui prétendrait conclure nécessairement de l’existence du monde à celle de Dieu, Richard Swinburne entreprend de tester l’hypothèse métaphysique de l’existence de Dieu, comme on testerait n’importe quelle hypothèse, sans néanmoins jamais la confondre avec une hypothèse scientifique. D’une part, il entend évaluer la probabilité intrinsèque du théisme : le théisme est-il aussi incohérent, arbitraire et inutilement compliqué qu’on le suppose ordinairement, comparé à l’hypothèse naturaliste? D’autre part, Swinburne entreprend de tester le pouvoir prédictif du théisme : si Dieu existe, à quel genre de monde devons-nous nous attendre, quels états de choses, bons et mauvais, sont susceptibles d’être produits, quelle anthropologie sera la plus plausible? Dès lors, l’hypothèse Dieu cesse d’être « infalsifiable ». Elle se prête à nouveau à la discussion rationnelle.
Richard Swinburne a enseigné à l’Université d’Oxford, à Oriel College. Auteur marquant de la tradition analytique contemporaine, il a publié de nombreux ouvrages d’épistémologie et de philosophie de la religion.
Traduction de Paul Clavier
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