mardi 28 février 2023

Valentine Reynaud : Y a-t-il des tueurs-nés ? Essais sur la notion d'"inné"

 Eliott - Novembre 2023


Les tueurs ont-ils un penchant inné pour le meurtre? N'importe qui peut-il commettre un crime au gré des circonstances? Inversement, certains individus sont-ils par nature des génies ? In fine, nos compétences langagière, perceptive, cognitive, sont-elles prédéterminées par notre ADN ? Notre conduite morale est-elle inscrite dans la nature humaine? Sommes-nous destinés à être les individus que nous sommes? Et le comportement animal est-il, plus encore que le nôtre, biologiquement programmé ? Abordant tour à tour ces questions familières, Valentine Reynaud fait voler en éclats les distinctions du langage courant, traquant les différents préjugés associés à l'inné, notion commune dont l'usage est tiraillé entre idéologie et science, entre glorification de la singularité et acceptation de la diversité, entre prédétermination et ouverture au possible. Ce livre plaide pour une pratique éclairée du terme inné qui rende justice à la richesse des potentiels humains.

Valentine Reynaud, professeure agrégée et docteure en philosophie, enseigne au Pôle Supérieur de Design du lycée Léonard de Vinci à Villefontaine. Elle est l'auteur de Les idées innées. De Descartes à Chomsky (2018).

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Vivien Philizot : Images premières. Aux origines de la représentation visuelle

 Metis Presses - Février 2023


Comment les images sont-elles apparues dans notre histoire individuelle et collective ? Comment peuvent-elles naître d’une incroyable diversité de contextes et de situations ? Cet ouvrage interroge les origines de la représentation visuelle, au fil d’un parcours exploratoire de 12 récits à travers les siècles. Images premières aborde ces sites originels de production des images que sont les parois souterraines du paléolithique, la Caverne de Platon, ou les murs décrépis décrits par Léonard de Vinci, avant d’explorer d’autres images inaugurales, comme la première photographie, les premiers monochromes, les premières images produites par des réseaux de neurones artificiels, ou certaines visualisations scientifiques, qui sont autant d’occasions de réinventer la notion même d’« image ». La carte de l’océan de Lewis Carroll côtoie le nuage ; le cheval de bois d’Ernst Gombrich, les images télévisuelles ou les photographies satellites dans 12 chapitres qui offrent un point de vue singulier sur les «images premières», aussi familières qu’insaisissables. Œuvres peintes, diagrammes, cartes, images scientifiques, ombres, dessins pariétaux font ainsi cheminer le lecteur dans cette zone liminaire et fragile où les images naissantes sont à peine définies, dans un voyage interdisciplinaire aux origines de la représentation visuelle.

Table des matières

Introduction

Définitions, 8

Chapitre 1

Les ombres de la caverne de Platon, 22

Chapitre 2

Les nuages de Léonard de Vinci, 38

Chapitre 3

Les animaux de la caverne de Chauvet, 56

Chapitre 4

Le tableau des températures de Jean-Henri Lambert, 74

Chapitre 5

La carte de l’océan de Lewis Carroll, 92

Chapitre 6

Le cheval de bois de Ernst Gombrich, 110

Chapitre 7

Le « Point de vue de la fenêtre » de Nicéphore Niépce, 124

Chapitre 8

« A Pale Blue Dot » de Carl Sagan, 146

Chapitre 9

Les Jeux olympiques de Berlin sur l’écran du Dr Arroway, 170

Chapitre 10

Deep Dream de Google, 190

Chapitre 11

Les atomes d’IBM, 214

Chapitre 12

Le fond diffus cosmologique, 238

Conclusion

L’horizon des images, 260

Remerciements et crédits, 274

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Charles W. Mills : Le contrat racial

 Mémoire d'encrier - Mars 2023


Publié originalement en 1997 aux États-Unis, Le contrat racial du philosophe Charles W. Mills expose les failles du contrat social, qui est avant tout un contrat racial. Ce contrat a façonné le système de domination européenne qui fait exister les Blanc·he·s en tant que personnes à part entière et les non-Blanc·he·s en tant que sous-personnes. Charles W. Mills place la justice raciale au centre de ses analyses. Réfutant l’idée du contrat social, Mills évoque plutôt le contrat racial où l’ordre racial crée les assises de nos sociétés, la reconduction des privilèges et la domination. La présente édition a bénéficié d’une nouvelle préface de l’auteur, rédigée à l’occasion du 25e anniversaire de la parution du livre.

Charles Wade Mills est un des philosophes contemporains les plus influents. Connu pour sa contribution à la philosophie sociale et politique, en particulier à la théorie politique critique centrée sur la classe, le genre et la race, Charles W. Mills est décédé en 2021 aux Etats-Unis. Mills était professeur émérite de philosophie à la City University of New York (CUNY). 

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Le Télémaque 2022/2 (N° 62) : Modernes, antimodernes : littérature et éducation

 PU de Caen - Février 2023


La question du rapport à la modernité – rupture ? continuité ? défiance ? réflexivité critique ? réorientation plus ou moins radicale ? – anime désormais le débat public en Occident.

Cette question est ravivée par les débats sur les problèmes de la démocratie et de l’écologie.

Toutes ces préoccupations s’expriment dans la littérature, du XIXe siècle à nos jours, qui trouve ici une nouvelle occasion de montrer les ressources éducatives qu’elle recèle.

Page 7 à 10 : Hélène Merlin-Kajman - Ouverture | Page 11 à 19 : Alain Vergnioux - Godard et l’archive | Page 21 à 34 : Didier Moreau - La nouveauté (en éducation) | Page 35 à 39 : Camille Roelens - Présentation | Page 41 à 53 : Michel Fabre - Jules Verne, un mécontemporain ? | Page 55 à 68 : Camille Roelens - L’individualisme démocratique et la thèse de l’éducation impossible. Michel Houellebecq face au monde hypermoderne | Page 69 à 82 : Pierre Statius - « J’ai été éduqué à mort ». Lire Mars de Fritz Zorn | Page 83 à 100 : Alain Kerlan - L’enseignement de la littérature. Les leçons d’une crise | Page 101 à 113 : Éric Dubreucq - Les petits contre les grands | Page 115 à 129 : Renaud Hétier - Penser le mal potentiel de la relation humaine à partir des contes traditionnels | Page 131 à 145 : Vincent Legeay - Compétence, adaptation, compétition. De Spinoza à Darwin, les cercles contextuels absents | Page 147 à 160 : David Faure - Aux sources de la sociologie de Karl Mannheim : la connaissance conjonctive | Page 161 à 164 : Didier Moreau - Michel Fabre, Un avenir problématique. Éducation et responsabilité d’après Hans Jonas, Dijon, Raison et passions, 2021, 318 p. | Page 164 à 167 : Gisele Amaya Dal Bó - Elías José Palti, La nation comme problème. Les historiens et la “question nationale”, traduction de l’espagnol et notes par Luis Dapelo, Paris, L’Harmattan, 2022, 161 p..

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Alison James, Akihiro Kubo, Françoise Lavocat (dirs.) : Can fiction change the world ?

Modern Humanities Research Association - Février 2023


Can fiction change the world? Does it in fact do so? From Don Quixote’s delusions to Emma Bovary’s romantic daydreams, fiction has often portrayed its own effects in negative terms, while contemporary anxieties about video games or virtual worlds revive ancient fears of the confusion between fiction and reality. Beyond these representations and denunciations, there is ample evidence of the influence of fictional universes on real lives, identities, and social practices.

Drawn from varied cultures and media, the examples studied here include the political fictions of premodern Japan, uses of fiction in legal cases, and contemporary activist fanfiction. They illustrate the effects of fiction at different scales, from the paradoxes of individual emotional response to large-scale collective action.

Alison James is Professor in the Department of Romance Languages and Literatures at the University of Chicago, Akihiro Kubo is Professor in the School of Humanities at Kwansei Gakuin University, and Françoise Lavocat is Professor of Comparative Literature at the Université Sorbonne Nouvelle.

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Maud Benetreau, Marion Bérard, Brenda Bogaert, Damien Delorme, Margaux Dubar (dirs.) : Manifeste pour une philosophie de terrain

 PU de Dijon - Février 2023


« Philosophie de terrain » : un nombre croissant de philosophes se reconnaissent dans cette expression et la revendiquent pour décrire leur démarche. Sous diverses formes, on mobilise et se réapproprie ce que les sciences humaines et sociales ont thématisé comme des « enquêtes de terrain ». Le collectif PhilosoField publie un Manifeste pour une philosophie de terrain, porteur d’un témoignage comme d’un engagement : témoignage de l’ouverture et de la créativité de cette frange de la philosophie contemporaine ; engagement en faveur des dynamiques collectives qui questionnent et renouvellent la manière dont les savoirs sont produits. Ce n’est donc pas un manifeste « coup de poing », mais plutôt un élargissement des possibles, qui soutient certaines prises de position alternatives voire subversives, et délimite ainsi un espace d’émancipation et d’inventivité.

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dimanche 26 février 2023

Nicholas Cotton : Penser la "pervertibilité". Avec Jacques Derrida

Presses de l'Université de Montréal - Février 2023


Peut-on seulement penser une éthique de la perversion ? Tout est problématique dans cette question, à commencer par le mot « perversion » lui-même qui ouvre, dès lors qu’on l’évoque, un espace sémantique trouble aux frontières incertaines. L’idée de « pervertibilité », relancée ici dans le sillage du philosophe Jacques Derrida, pourrait bien déjouer ces équivoques. Au confluent de la littérature, de la philosophie et de la psychanalyse, cet ouvrage s’attache à montrer l’importance de cette notion chez Jacques Derrida et à retracer les moments qui en constituent une sorte d’impensé. À cette fin, l’auteur entreprend une enquête au plus près des textes et de la pensée du philosophe, soutenue par une approche pluridisciplinaire qui permet d’en cerner l’évolution dans la seconde moitié du XXe siècle, tout en respectant l’exigence de complexité et d’inventivité de ce qu’on appelle « déconstruction ». En mettant de l’avant une conception renouvelée du texte littéraire, ce livre ne cherche pas à faire l’apologie de propriétés prétendument subversives de la littérature, mais il contribue à ce que soient mieux compris des dispositifs « pervers » de la pensée philosophique et des gestes concrets d’écriture.


Nicholas Cotton, titulaire d’un doctorat en littératures de langue française de l’Université de Montréal, est enseignant-chercheur en littérature au Collège Édouard-Montpetit. Il travaille à l’édition des séminaires de Jacques Derrida dont il a coédité les deux volumes du séminaire Le parjure et le pardon (Seuil).

Pierre Crétois : La copossession du monde. Vers la fin de l'ordre propriétaire

 Amsterdam - Février 2023


« La propriété ne doit pas être considérée comme la base première de la vie en communauté, mais, au contraire, comme une modalité du commun. »

Pierre Crétois s’intéresse ici à la tradition économique qui tient l’institution de la propriété pour souhaitable du fait des conséquences avantageuses qu’elle aurait pour la collectivité : en effet, elle serait capable de mettre fin au chaos qui régnerait là où tout est commun, et, par les limites qu’elle impose, elle serait également de nature à réunir spontanément les conditions d’un certain ordre social, l’ordre propriétaire.

Cette tradition morale et politique – formalisée à la fin du xviiie siècle par Jeremy Bentham, développée ensuite par John Stuart Mill, Henry Sidgwick et bien d’autres – est d’une importance capitale pour la construction de la pensée moderne et a largement inspiré la science économique. Or, bien que le concept de propriété soit assez peu questionné en économie, il y joue un rôle cardinal d’ordonnancement des sociétés en général et des marchés en particulier.

En présentant les défenses libérales et néolibérales de la propriété, il souligne leurs faiblesses et leurs conséquences délétères. Le souci de la justice – économique, sociale et environnementale – impose de cesser de considérer les choses comme absolument appropriables. Cela passe non seulement par la limitation du droit de propriété, mais surtout par la reconnaissance du fond commun de toute propriété.

Pierre Crétois est philosophe, maître de conférences à l’Université Bordeaux-Montaigne. Il est l’auteur de La Part commune (Amsterdam, 2020).

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Marie-José Durieux (dir.) : Rêver et imaginer avec Bion et Lacan

 Erès - Février 2023


Bion et Lacan ont ouvert des voies à la psychanalyse qui lui permettent d’atteindre des lieux et des situations qui étaient à peine envisageables du temps de Freud. Grâce à eux, les analystes du XXIe siècle s’autorisent à transposer le modèle du conflit intrapsychique freudien vers le vaste monde humain de la culture et de la civilisation. La psychanalyse vivante aujourd’hui est celle qui se déploie sur les scènes très contemporaines du soin psychique que sont les hôpitaux, les lieux d’accompagnement du handicap, de naissance et de mort, d’éducation et de rééducation, les lieux d’accueil de l’exil et de la migration. Elle nécessite de la part du thérapeute une dose d’inventivité et de courage pour accueillir une parole en dehors du dispositif divan-fauteuil.

L’ouvrage contient un témoignage inédit du fils de Wilfred Bion.

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Fatié Ouattara : De la crise de l'éducation. La rationalité comme principe de l'éducation à la liberté et à la paix chez Kant et Hegel

 L'Harmattan - Janvier 2023


Comment éduquer à la liberté et à la paix dans la contrainte ? L'éducation a-t-elle toujours été la pomme de la discorde sociale ? Que signifie la crise de la transmission, de la parentalité, de l'autorité éducative ? La crise de l'éducation est-elle un problème philosophique majeur? Si oui, quelles sont la nature et la valeur de la contribution de la philosophie à sa compréhension, à son explication et à sa résolution ? Ces questions sont au cœur de cet ouvrage, dont la quête de réponse suggère de réaffirmer que, à la différence de l'animal qui naît achevé, l'homme n'est rien sans l'éducation. Aussi, toute société humaine se construit, se transforme et progresse grâce à des hommes libres, éduqués, instruits et formés en famille, à l'école, dans la société et par l'État qui a le monopole de l'éducation. Cependant, la qualité et les conditions de l'éducation, qui font l'objet de critiques, alimentent l'idée d'une crise de l'éducation aux conséquences désastreuses pour la paix et le développement économique et sociopolitique d'une nation.

Fatié Ouattara est maître de conférences de philosophie de l'éducation à l'Université Joseph Ki-Zerbo, au Burkina Faso. Il est l'actuel Secrétaire général de la Commission nationale burkinabè pour l'UNESCO.

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Gisèle Berkman : La question juive de Maurice Blanchot

 Le Bord de l'eau - Février 2023


L’œuvre de Maurice Blanchot est entrée dans l’ère du soupçon. Sa trajectoire – de l’engagement nationaliste et des articles antisémites d’avant-guerre à la fascination pour le judaïsme et à la solidarité jamais démentie pour Israël – continue de provoquer l’incompréhension. Blanchot aurait, selon certains critiques, effectué un retournement analogue à celui qui l’a mené de l’extrême droite à l’extrême gauche et au « communisme de pensée » des années d’après-guerre. L’antisémitisme des années trente se serait inversé en philosémitisme – terme aux connotations tendancieuses. Des essais récents ont réactivé le soupçon, allant jusqu’à faire de Blanchot un Heidegger français.

Le présent essai s’inscrit en faux contre de telles interprétations. Dès 1938, Blanchot cesse toute intervention politique dans la presse. Pendant la guerre, alors que se déchaînent les pamphlétaires antisémites, il écrit, certes, de 1941 à 1944, dans le maréchaliste Journal des débats, mais pour y parler exclusivement de littérature, en évoquant Freud, Kafka et Thomas Mann, tous auteurs qui figuraient sur la liste Otto. Entre les lignes, se tisse une critique de l’époque qu’il faut apprendre à déchiffrer, tandis que dans un roman tel que Thomas l’obscur (1941), taxé de « littérature juive » par la presse collaborationniste, s’invente un nouveau rapport à la langue.

La thèse de cet essai est que Blanchot vient à la littérature par la reconnaissance de l’étranger, et que la littérature devient progressivement, pour lui, synonyme de cette altérité fondatrice dont la judaïté constitue le site.

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Porphyre : Lettre à Marcella précédé de Vie de Pythagore

 Flammarion - Février 2023 - GF


Édition et traduction : Luc Brisson, Jean-François Pradeau

Porphyre de Tyr, philosophe né au IIIᵉ siècle de notre ère, éditeur et commentateur de Plotin, écrit la Lettre à Marcella alors qu’il quitte sa femme pour un long voyage après seulement quelques mois de vie commune. Son texte est autant une consolation qu’une suite de conseils philosophiques et moraux, destinés à tous ceux qui, comme Marcella, veulent défendre la philosophie comme source de bonheur et d’élévation.

La Vie de Pythagore, une biographie qui relève de la rhétorique de l’éloge, se veut quant à elle un manuel de vie dont les leçons portent sur le rapport à la cité humaine, aux autres êtres vivants, au monde et au divin en général.

Chacun à leur manière, ces deux textes dessinent un idéal de vie heureuse tel que pouvait l’entendre la philosophie néoplatonicienne. Devenir vertueux, c’est se détacher du monde et cheminer vers sa véritable demeure, l’intellect divin.

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samedi 25 février 2023

Dany-Robert Dufour : Le phénomène trans. Le regard d'un philosophe

 Cherche midi - Mars 2023


Notre société libérale prétend que l'individu a désormais le pouvoir de prendre, pour lui-même, toutes les décisions. Les " choix de vie ", tant loués par la publicité ou la presse psychologique, font figure de libertés fondamentales arrachées héroïquement au conservatisme. C'est ainsi, par exemple, que nous pouvons changer de sexe comme on change d'apparence ou de fond d'écran. N'y aurait-il pas là une confusion, voire un mensonge ?

Si le sexe relève de l'anatomie et du réel biologique, le genre obéit quant à lui à la culture et à la sexualité – deux réalités très différentes. Or le concept postmoderne de genre, si cher à l'individualisme ambiant, introduit une grande nouveauté : une " simple " opération chirurgicale permettrait d'effacer la différence sexuelle. Dans le même ordre d'idée, on tient à présenter le transsexualisme comme une nouveauté. C'est oublier que depuis toujours, sous toutes les latitudes et pour mille raisons, des hommes se sont fait passer pour des femmes, des femmes pour des hommes. Le droit de fabuler sur son sexe et d'adopter des pratiques sexuelles sur-mesure s'avère aussi ancien que le droit de se tenir debout.

Dany-Robert Dufour décrypte ici avec précision les véritables enjeux du phénomène " trans ". Où l'on se rappelle que le fonctionnement de l'économie de marché dépend de désirs toujours renouvelés. Et où l'on comprend assez vite que le changement de sexe n'est qu'une option de plus dans le catalogue libéral. Peu importe son coût : sociétal, médical et anthropologique.

Dany-Robert Dufour est philosophe. Professeur honoraire à l'université Paris VIII, il est l'auteur d'ouvrages essentiels comme Le Divin Marché (Denoël, 2007) ou Baise ton prochain, une histoire souterraine du capitalisme (Actes Sud, 2019).

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Loig Le Bihan et Vincent Deville (dir.) : Penser les formes filmiques contemporaines

 UGA Editions - Février 2023


Comment penser les formes filmiques contemporaines dans un monde éminemment complexifié, à l'ère d'une mondialisation débridée, où la circulation des images n'a jamais été aussi massive et rapide ? C'est un véritable défi pour l'analyste des images, qui peut lui-même se dire contemporain à la seule condition d'être "celui qui perçoit l'obscurité de son temps comme une affaire qui le regarde et n'a de cesse de l'interpeller", selon le philosophe Giorgio Agamben. Articulée autour de quatre hypothèses de travail - Temporalités contrariées ; Mémoires stratifiées ; Espaces reconfigurés ; Mondes partagés - la réflexion collective menée ici interroge à la fois la manière dont les formes filmiques contemporaines pensent et analysent le monde, et comment elles suscitent en retour l'invention de nouveaux gestes, méthodes, postures, techniques, stratégies et outils analytiques afin de continuer à penser avec exigence les images et les oeuvres d'aujourd'hui.

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Seddik Benlaksira et Tyler Reigeluth (dir.) : Intelligence artificielle. Que faire de la transparence technique ?

 Vrin - Février 2023 - Revue Pistes


A l'heure où les systèmes techniques " intelligents " se généralisent et transforment nos activités sociales, l'opacité grandissante de ces systèmes est pointée comme source de tous les dangers et d'aucuns réclament leur mise en transparence pour mieux gouverner leurs effets. En miroir, les ingénieurs et plateformes qui développent et déploient ces systèmes sont quant à eux soucieux d'une autre forme de transparence grâce à laquelle ils n'apparaîtraient même plus pour l'utilisateur. Malgré l'omniprésence du terme et sa mobilisation tous azimuts, reste cependant à savoir de quoi exactement cette transparence est faite, pourquoi on devrait tant la réclamer, et enfin pourquoi elle serait une qualité nécessaire et intrinsèque de tout dispositif technique. Une question s'impose dès lors : que faire de la transparence technique ? Les contributions réunies dans ce volume cherchent, depuis des ancrages disciplinaires variés, à questionner la relation entre transparence et technique, en particulier mais pas seulement dans le domaine de l'algorithmique intelligente.

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Marc Guillaume : Puissance de l'ellipse. Dé-coïncider d'avec le Cercle

 Galilée - Février 2023


Le cercle est une figure idéale, symbole de rayonnement et de coïncidence parfaite. Pour la pensée, cette coïncidence est une source d'inspiration, mais elle incite à tourner en rond autour d'une idée reçue ou d'une idéologie. Pour éviter les routines de la pensée, il faut passer du cercle à l' ellipse.
L'ellipse est une figure géométrique familière, celle d'un cercle vu en perspective. Et c'est aussi une figure de rhétorique d'un usage courant et souvent discret. La puissance de l'ellipse se déploie sur ces deux registres, géométrique et rhétorique, car elle impose un décentrement. Sa puissance vient de l'écart entre ses foyers invisibles, un écart qui éclaire la pensée.
De la même façon que les planètes décrivent non des cercles mais des ellipses autour de leurs astres, la pensée philosophique doit décoïncider pour se libérer et ouvrir de l'impensé.
Je tourne autour de toi, tu tournes autour de moi : si ce lien devient intense, qu'il soit durable ou non, c'est parce que cette gravitation montre que l'identité n'est qu'une apparence. Une apparence qui masque l'intime qui lui-même implique l'altérité.
L'ellipse n'est pas seulement le modèle de la réalité humaine. C'est aussi une voie de compréhension de cette réalité : les ressources de la littérature quand celle-ci va à l'essentiel en laissant apercevoir ce que la langue ordinaire ne peut pas dire, ne peuvent se déployer qu'en utilisant un langage elliptique. Parfois obscur mais plus riche de cette obscurité. Car ce n'est qu'en respectant le jeu entre les deux foyers de ce langage, qu'il est possible de saisir les rapports subtils qui se tissent dans l'amitié et dans l'amour.

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François Guéry : La loi du plus faible. La nature n'est pas darwinienne

 Cerf - Février 2023


Quel message la nature nous livre-t-elle ? La force s'impose-t-elle automatiquement ? La théorie de l'évolution, trahie par le darwinisme social, répond-elle suffisamment aux problèmes éthiques de notre temps ? Finalement, la raison du plus fort est-elle toujours la meilleure ?
Le préjugé est tenace : les plus forts feraient la loi. La nature le dément pourtant : les plus faibles, à l'exemple de l'enfant à naître, sont l'objet d'une protection remarquable dès leur conception et bénéficient génétiquement de pouvoirs de survie considérables.
Dans cet ouvrage, François Guery rétablit une vérité : la loi du plus faible. Il entreprend de réécrire l'histoire de la vie évoluée, en nuançant les apports du darwinisme à l'éthique. Il expose en profondeur l'erreur de ces idéologies qui tournent le dos à la notion de transmission intergénérationnelle.
Un grand livre d'éthique qui renouvelle les débats de notre époque sur l'identité, la transmission et le droit du vivant à vivre et à s'imposer par une force qui lui est propre.

Doyen de la Faculté de philosophie de l'université Jean-Moulin Lyon 3, professeur émérite, ancien producteur des " Vendredis de la philosophie " sur France Culture, François Guery est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Le corps productif , La société industrielle et ses ennemis et Archéologie du nihilisme.

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Cahiers d'études lévinassiennes n°19 : La mémoire

 Verdier - Février 2023


Présentation 

Carine Brenner et Romain Buin
La Mémoire

Luc Brisson, « Les visages de la mémoire chez Platon »

Pierre Caye, « Mémoire, amnésie et transmission »

Gilles Hanus, « Théorie des trous de mémoire »

René Lévy, « Du passé faisons table rase »

Danny Trom, « ‘Comme il t’a surpris’ La mémoire comme signal »
Textes

Franz Rosenzweig, « Introduction aux Écrits juifs de Hermann Cohen » (7 et fin)

Gilles Hanus, « Retour accompli »
Recensions
Bibliographie
Citations

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vendredi 24 février 2023

Elodie Cassan : Le langage de la raison. De Descartes à La linguistique cartésienne

 Vrin - Février 2023


Descartes aborde la question du langage quand il réfléchit sur la différence anthropologique et il l’articule à des recherches sur le statut des idées. La pensée, qu’ignorent les animaux, est la raison du langage et l’inventivité dont la parole est le lieu doit être analysée sur le plan discursif, voire dans une logique. Ces éléments, dispersés dans le corpus cartésien, ont une importance telle que Chomsky reconstitue une véritable linguistique cartésienne. Sur cette base, on peut aborder l’homme cartésien comme un vivant qui pense le monde et dit ce qu’il pense, face aux autres et avec eux. L’expression de la pensée ne se ramène donc pas à une opération mentale de la subjectivité.

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Ruedi Imbach : Portrait du poète en tant que philosophe. Sur la philosophie de Dante Alighieri

 Vrin - Février 2023


Dans un portrait, on peut identifier deux moment : d’une part l’intention du peintre de montrer une personne et d’autre part le fait que cette dernière se dévoile au spectateur.
Dans cet opuscule, il ne s’agit non seulement d’aborder une œuvre poétique en l’envisageant sous un jour philosophique, mais aussi de présenter la pensée d’un homme qui s’est lui-même reconnu et compris comme philosophe. Il en résulte une exposition des multiples aspects de la philosophie de Dante qui, selon ses propres termes, témoigne de la « gracieuse lumière de la raison ».
Le visage qui se dégage alors de cette approche n’est plus uniquement celui d’un poète empreint de savoir philosophique, mais celui d’un auteur qui se donne à voir en tant que philosophe.

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Azélie Fayolle : Ernest Renan. Savoirs de la nature et pensée de l'histoire

 Honoré Champion - Février 2023


Les sciences naturelles constituent un point aveugle et pourtant central de l’œuvre d’Ernest Renan. Alors qu’il affirme, dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, qu’il serait « arrivé à plusieurs des résultats de Darwin » s’il s’était consacré à ces sciences, rien n’en transparaît dans ses vastes sommes historiennes : il faut remonter à sa formation. Figure fondatrice de la classification des sciences entre « sciences de l’humanité » et « sciences de la nature », Renan est un savant attentif au dialogue entre les disciplines, dont la différenciation est en cours au XIXe siècle. Les sciences naturelles sont pour lui un réservoir méthodologique, qui le conduit à se faire, sur le modèle de l’anatomie et de l’embryogénie comparées, un historien des origines, auxquelles il remonte par analogie et induction. Le modèle de pensée affleure dans des images naturalistes, et questionne le statut du texte écrit par l’historien, nourri de conjectures et d’hypothèses. Renan développe une épistémologie historienne et scientifique qui interroge le statut de la fiction, placée dans ses Dialogues philosophiques entre les « certitudes », les « probabilités » et les « rêves».

Azélie Fayolle, agrégée de lettres modernes et titulaire d’un doctorat en littérature française, est actuellement chargée de recherche (FNRS). Ses recherches s’inscrivent dans le champ de l’épistémocritique et se consacrent à l’étude des sciences naturelles et de l’idée de nature, au croisement des sciences naturelles et des sciences humaines au XIXe siècle. La thèse dont est tiré cet ouvrage a reçu le prix Paris-Est pour l’École doctorale Cultures et Sociétés.

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Gianni Paganini : De Bayle à Hume. Tolérance, hypothèses, systèmes

 Honoré Champion - Février 2023


Ce livre naît de la conviction qu’il est impossible de saisir le sens de la philosophie de Pierre Bayle sans la mettre en contexte dans les grands débats du siècle. Dans cette perspective, le scepticisme n’était pas pour lui incompatible avec le rationalisme, si l’on entend le premier comme raison critique exigeante et le second comme recherche qui fait éclater tout dogmatisme. C’est la notion et la méthode d’hypothèse qui gagnent du terrain, en fondant la tolérance et annonçant la polémique contre l’esprit de système. David Hume est l’un des lecteurs majeurs de Bayle : de la phase pyrrhonienne du Treatise à celle, académique, de la First Enquiry, du refus des hypothèses aux conjectures de plus en plus audacieuses dans l’étude des rapports body-mind et dans la critique du théisme expérimental avancée dans les Dialogues. On découvre ainsi des côtés radicaux dans la pensée tant de Bayle que de Hume, sans les ramener simplement l'un au scepticisme, l'autre à l’empirisme.

Gianni Paganini, professeur émérite à l’Université du Piémont (Vercelli) est l’auteur de Analisi della fede e critica della ragione nella filosofia di Pierre Bayle (Florence 1980), Skepsis. Le débat des modernes sur le scepticisme (Paris, Vrin, 2008, couronné par l’Académie Française), Les philosophies clandestines à l’âge classique (Paris, PUF, 2005) et de nombreuses autres études sur la philosophie et les sciences des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a reçu le prix pour la philosophie de l’Accademia dei Lincei (2011), dont il est membre.

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Voltaire : Lettres inédites à Marie-Louise Denis. Voltaire et sa chère nièce

 Classiques Garnier - Février 2023


De l'immense épistolier qu'est Voltaire, nous ne connaissions pas, pour leur majeure partie, les 145 lettres présentées dans ce volume. Il s'agit pour l'essentiel d'un lot de lettres adressées par Voltaire à sa nièce Marie-Louise Denis, née Mignot. Les lettres s'échelonnent de 1737, l'année où elle perd son père, à 1744, l'année de la mort de son mari, après laquelle elle devient la compagne du philosophe jusqu'à la fin de ses jours. Ces lettres de famille doivent leur prix à leur caractère privé, voire intime, mais aussi à l'éclairage qu'elles offrent sur la vie littéraire du temps, par exemple sur la création de Mahomet à Lille. L'ensemble est complété par une annexe présentant cinq nouvelles lettres, écrites entre 1754 et 1758.

Éditeurs scientifiques: Cronk (Nicholas), Deloffre (Frédéric), Fréry (Nicolas), Hellegouarc'h (Jacqueline)

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Emmanuel Salanskis : Pourquoi une Généalogie de la morale ? Le projet de Nietzsche, ses sources et son horizon

 Editions de la Sorbonne - Mars 2023





Redécouvrir le projet de recherche collectif, interdisciplinaire et fondamentalement ouvert que Nietzsche a présenté dans la Généalogie de la morale en 1887 constitue la visée de ce livre. Paradoxalement, la généalogie nietzschéenne a en effet été méconnue par les premiers interprètes qui en ont fait un philosophème à part entière : en particulier par Gilles Deleuze, dont le Nietzsche et la philosophie, paru en 1962, a présenté à tort la généalogie de la morale comme un concept propre à Nietzsche. Ce n'est pas ce que nous dit Nietzsche et il est essentiel de l’entendre. Car non seulement Nietzsche se reconnaît des prédécesseurs en matière de généalogie, comme l’Allemand Paul Rée et l’Anglais Herbert Spencer, mais son intervention personnelle dans ce champ consiste bien souvent à corriger des hypothèses antérieures trop « azurées ». Il faut donc lire les auteurs que Nietzsche a lus pour mesurer ses dettes, discerner ses originalités et saisir les enjeux de son travail. On mesure ainsi le sérieux philologique de son entreprise, qui en accroît à vrai dire la portée philosophique, y compris dans une perspective contemporaine.

Sommaire 

Avant-propos

Introduction : le choix du mot « généalogie »

Sortir de l'évidence de la généalogie

Les « généalogistes de la morale jusqu'ici »

L'émergence de la métaphore généalogique en 1886-1887

Le contexte : une relecture de L'origine des sentiments moraux de Paul Rée

Généalogie versus géologie

Une image évolutionniste

Considérations préliminaires sur la structure d'ensemble de la Généalogie

chapitre I. La méthode axiologique de Nietzsche

Provenance et valeur selon la préface de la Généalogie

La « note » : pour un perspectivisme axiologique utilisant les sciences

Le problème philosophique de la valeur, sous celui de la connaissance

Perspectivisme et hiérarchie

Le recours perspectiviste aux sciences

Une application : la « valeur biologique » des affects actifs et réactifs

chapitre II. Le fil conducteur langagier du premier traité

Identifier les locuteurs dominants : première approche du cas Théognis

Repérer les basculements des rapports de puissance : la matrice théognidéenne

La matrice théognidéenne appliquée à l’émergence du christianisme

Julius Lippert, ou la centralité de la figure de Paul

L’interprétation de Nietzsche-Lippert : Paul en tant que judéo-chrétien

Volonté de puissance et messianisme apocalyptique

Une resignification victorieuse, plusieurs questions en suspens

chapitre III. L’hypothèse de Nietzsche sur l’origine de la « mauvaise conscience »

Le problème de la structure du deuxième traité dans la littérature secondaire et les éditions de la Généalogie de la morale

La distinction fondamentale entre faute et responsabilité, à la lumière de l’anthropologie des religions et de l’ethnologie comparée du droit

La notion de « dette expiatoire » chez Julius Lippert

Les limites du nulla poena sine culpa selon Albert Hermann Post

La transcription de la distinction entre faute et responsabilité dans la structure du deuxième traité

L’incipit sur la conscience de responsabilité et le zigzag du § 4

Contre le préjugé que le châtiment donne mauvaise conscience

Pour une généalogie spécifique et non linéaire de la « faute »

L’hypothèse pulsionnelle de Nietzsche

Bilan et ouverture

chapitre IV. La distinction du troisième traité entre sens et signification

Un arrière-plan philosophique du troisième traité : le nihilisme comme « vide de sens »

Idéal ascétique et donation de sens selon le § 28 du troisième traité

« Un sens quel qu’il soit vaut mieux que pas de sens du tout »

À la place d’une conclusion

Bibliographie

Index des noms

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mercredi 22 février 2023

Serge Margel : La philosophie dans le miroir. Littérature, religion, cinéma

 Hermann - Février 2023


Sont ici rassemblés dix-sept textes qui reflètent un travail délibérément orienté sur plusieurs champs du savoir. Celui de la philosophie, ses œuvres et ses auteurs, antiques et modernes, comme Augustin, Leibniz, Spinoza, Kant ou Derrida. Celui de la littérature, et sa critique, comme Blanchot, Duras ou Deguy. Celui du religieux, comme l’exorcisme avec le Malleus maleficarum, la cruentation avec Ranchin, le miracle avec Augustin, ou la Bible et langue hébraïque avec Spinoza. Enfin celui du cinéma, avec les voix fantômes de Duras, les spectres de Farocki, la question des genres d’Akerman, les utopies de Kluge, et la fin du monde de Bela Tarr. Tous ces textes sont philosophiques, dans leur effort de pensée, dans le but de faire l’expérience d’une écriture de la pensée, d’une invention d’un langage de la pensée ou du regard. Ils cherchent à penser le travail de la lettre, dans un livre, une croyance religieuse, un événement surnaturel, une pratique déviante, une voix narrative, la description d’un personnage, un plan-séquence, etc. Chacun d’eux se concentre sur un détail qui aurait pu passer inaperçu. En somme, ces textes proposent des argumentations précises, analysent des récrits et décryptent des séquences, dans le désir d’en poursuivre l’écriture par le seul jeu de la pensée.

Serge Margel est philosophe et philologue. Il enseigne à l'université de Neuchâtel et est chercheur au Fonds national suisse de la recherche scientifique. Il a publié plusieurs ouvrages aux éditions Hermann, dont Altérités de la littérature (2018).

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István Fazakas et Paul Slama (dir.) : La phénoménologie transcendantale aujourd'hui. Autour du "Clignotement de l être" d'Alexander Schnell

 Hermann - Février 2023


Cet ouvrage collectif présente le dialogue entre de jeunes chercheurs en phénoménologie et Alexander Schnell, phénoménologue contemporain, à partir de son ouvrage Le Clignotement de l'être (2020). Il défend la vivacité de la phénoménologie transcendantale aujourd'hui, en tant que méthode philosophique qui interroge les secrets de la subjectivité et son rapport à la réalité, au fil conducteur des concepts d'intentionnalité, de réduction, de générativité, d'absolu, et d'histoire. La question directrice qui rassemble les contributions réunies ici est la suivante : quand le phénoménologue effectue la réduction phénoménologique et fait l'expérience du transcendantal comme tel, à quelle réalité fait-il face ?

István Fazakas, docteur en philosophie de la Bergische Universität Wuppertal et de l’Université Charles de Prague, est actuellement chercheur postdoctoral à l’Université libre de Bruxelles.
Paul Slama, docteur en philosophie de l'Université Paris-Sorbonne, est actuellement boursier de la fondation Alexander von Humboldt.

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Michel Bourdeau : La fin de l'utopie libérale

 Hermann - Février 2023


Aujourd’hui où les politiques libérales sont de plus en plus remises en question, le moment semble venu de relire l’œuvre de leur principal inspirateur, qui nous propose de considérer le libéralisme comme une utopie. Le lecteur est ainsi invité à se familiariser avec la pensée de l’économiste qui nous donne la clé du monde globalisé dans lequel nous vivons. Loin d’être le fruit du hasard, c’est le résultat d’un long travail dont on ne peut contester que le président de la Société du Mont Pèlerin a été le maître d’œuvre. Pour qui veut comprendre le monde actuel, il y a peu de lectures plus utiles que celle des ouvrages de Hayek.
Le propre des grandes œuvres est de se prêter à de multiples interprétations. Tout en adoptant un point de vue critique, celle qui est ici proposée vise à rendre fidèlement sa pensée. Elle demande à être prise avant tout comme une invitation à chercher, dans l’œuvre de Hayek, l’intelligence du monde actuel, et à faciliter la lecture de celui-ci comme de celle-là.

Michel Bourdeau est directeur de recherche émérite au CNRS. Spécialiste d'Auguste Comte et du positivisme, il a notamment coédité, avec Laurent Clauzade et Frédéric Dupin, les Cours de philosophie positive, leçons 46-51 d'Auguste Comte (2012).

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