Editions de la Sorbonne - Mars 2023
Redécouvrir le projet de recherche collectif, interdisciplinaire et fondamentalement ouvert que Nietzsche a présenté dans la Généalogie de la morale en 1887 constitue la visée de ce livre. Paradoxalement, la généalogie nietzschéenne a en effet été méconnue par les premiers interprètes qui en ont fait un philosophème à part entière : en particulier par Gilles Deleuze, dont le Nietzsche et la philosophie, paru en 1962, a présenté à tort la généalogie de la morale comme un concept propre à Nietzsche. Ce n'est pas ce que nous dit Nietzsche et il est essentiel de l’entendre. Car non seulement Nietzsche se reconnaît des prédécesseurs en matière de généalogie, comme l’Allemand Paul Rée et l’Anglais Herbert Spencer, mais son intervention personnelle dans ce champ consiste bien souvent à corriger des hypothèses antérieures trop « azurées ». Il faut donc lire les auteurs que Nietzsche a lus pour mesurer ses dettes, discerner ses originalités et saisir les enjeux de son travail. On mesure ainsi le sérieux philologique de son entreprise, qui en accroît à vrai dire la portée philosophique, y compris dans une perspective contemporaine.
Sommaire
Avant-propos
Introduction : le choix du mot « généalogie »
Sortir de l'évidence de la généalogie
Les « généalogistes de la morale jusqu'ici »
L'émergence de la métaphore généalogique en 1886-1887
Le contexte : une relecture de L'origine des sentiments moraux de Paul Rée
Généalogie versus géologie
Une image évolutionniste
Considérations préliminaires sur la structure d'ensemble de la Généalogie
chapitre I. La méthode axiologique de Nietzsche
Provenance et valeur selon la préface de la Généalogie
La « note » : pour un perspectivisme axiologique utilisant les sciences
Le problème philosophique de la valeur, sous celui de la connaissance
Perspectivisme et hiérarchie
Le recours perspectiviste aux sciences
Une application : la « valeur biologique » des affects actifs et réactifs
chapitre II. Le fil conducteur langagier du premier traité
Identifier les locuteurs dominants : première approche du cas Théognis
Repérer les basculements des rapports de puissance : la matrice théognidéenne
La matrice théognidéenne appliquée à l’émergence du christianisme
Julius Lippert, ou la centralité de la figure de Paul
L’interprétation de Nietzsche-Lippert : Paul en tant que judéo-chrétien
Volonté de puissance et messianisme apocalyptique
Une resignification victorieuse, plusieurs questions en suspens
chapitre III. L’hypothèse de Nietzsche sur l’origine de la « mauvaise conscience »
Le problème de la structure du deuxième traité dans la littérature secondaire et les éditions de la Généalogie de la morale
La distinction fondamentale entre faute et responsabilité, à la lumière de l’anthropologie des religions et de l’ethnologie comparée du droit
La notion de « dette expiatoire » chez Julius Lippert
Les limites du nulla poena sine culpa selon Albert Hermann Post
La transcription de la distinction entre faute et responsabilité dans la structure du deuxième traité
L’incipit sur la conscience de responsabilité et le zigzag du § 4
Contre le préjugé que le châtiment donne mauvaise conscience
Pour une généalogie spécifique et non linéaire de la « faute »
L’hypothèse pulsionnelle de Nietzsche
Bilan et ouverture
chapitre IV. La distinction du troisième traité entre sens et signification
Un arrière-plan philosophique du troisième traité : le nihilisme comme « vide de sens »
Idéal ascétique et donation de sens selon le § 28 du troisième traité
« Un sens quel qu’il soit vaut mieux que pas de sens du tout »
À la place d’une conclusion
Bibliographie
Index des noms
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