Peut-on seulement penser une éthique de la perversion ? Tout est problématique dans cette question, à commencer par le mot « perversion » lui-même qui ouvre, dès lors qu’on l’évoque, un espace sémantique trouble aux frontières incertaines. L’idée de « pervertibilité », relancée ici dans le sillage du philosophe Jacques Derrida, pourrait bien déjouer ces équivoques. Au confluent de la littérature, de la philosophie et de la psychanalyse, cet ouvrage s’attache à montrer l’importance de cette notion chez Jacques Derrida et à retracer les moments qui en constituent une sorte d’impensé. À cette fin, l’auteur entreprend une enquête au plus près des textes et de la pensée du philosophe, soutenue par une approche pluridisciplinaire qui permet d’en cerner l’évolution dans la seconde moitié du XXe siècle, tout en respectant l’exigence de complexité et d’inventivité de ce qu’on appelle « déconstruction ». En mettant de l’avant une conception renouvelée du texte littéraire, ce livre ne cherche pas à faire l’apologie de propriétés prétendument subversives de la littérature, mais il contribue à ce que soient mieux compris des dispositifs « pervers » de la pensée philosophique et des gestes concrets d’écriture.
Nicholas Cotton, titulaire d’un doctorat en littératures de langue française de l’Université de Montréal, est enseignant-chercheur en littérature au Collège Édouard-Montpetit. Il travaille à l’édition des séminaires de Jacques Derrida dont il a coédité les deux volumes du séminaire Le parjure et le pardon (Seuil).
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