Le spectacle apparaît comme une notion centrale dans l’œuvre et la vie
de Rousseau. Sa réflexion critique sur les spectacles procède, en effet,
d’une problématique à la fois intellectuelle et existentielle
impliquant le « système » de l’œuvre en sa totalité. Car le spectacle,
chez Rousseau, n’est pas seulement l’emblème de la dénaturation : s’il
est bien à l’origine du mal dans la société, il est aussi une expérience
essentielle. D’une part Rousseau expose à ses contemporains le haut
prix du « spectacle de la nature » consolateur de tous les maux et
preuve persistante de la Providence. D’autre part il se révèle toujours
hanté d’images et de chimères et il voit dans la fête antique le
spectacle (humain et sociétal) pur par excellence : celui où rien
n’est représenté et où le spectateur est à lui-même (et à ses
congénères en empathie) son propre spectacle. Ce volume, qui réunit
quelques uns des meilleurs spécialistes de Rousseau, s’efforce de relire
son œuvre à la lumière d’une notion qui permet en particulier de
considérer simultanément le penseur et le créateur de formes : loin de
se limiter au Rousseau pourfendeur des spectacles, on s’est proposé non
seulement de réévaluer la composante proprement dramatique de sa
production, mais d’insister sur une dimension essentielle de sa pensée
et de son écriture. En cette œuvre où le registre visuel est sollicité
en permanence, fût-ce pour faire signe vers un invisible qui le dépasse,
c’est cette partie liée de l’écriture et du spectacle qu’il s’agit
d’explorer.
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