Politiques de l'image Si la proposition essentielle qui anime depuis une
quinzaine d'années les travaux de Jacques Rancière consiste
simultanément à débusquer la tension entre les régimes éthique,
représentatif et esthétique des arts, d'une part, et, d'autre part, à
repérer les modalités du partage du sensible comme opération
fondamentale du politique, c'est sans doute en fonction de ce nouage
inextricable que l'image s'offre comme un terrain de prédilection pour
penser, analyser et réarticuler le dicible, le visible et le pensable,
les manières de faire et les manières d'être. Qu'il s'agisse de circuler
à l'intérieur ou autour de l'image, de critiquer la société du
spectacle, du règne du visuel et des emportements éplorés sur la fin des
images ; de la définition d'un cinéma ? "politique" et de la prétendue
coupure entre le cinéma classique et le cinéma moderne ; de la notion
d'"irreprésentable" ; des spécificités médiatiques et techniques censées
assurer une "pureté" de l'image conforme à sa non moins prétendue
ontologie ; ou encore de la migration des images en mouvement des salles
de projection vers les espaces d'exposition à la révolution numérique
ou à la dématérialisation des oeuvres par l'image, la vigueur et la
radicalité peu communes de la pensée de Jacques Rancière nous invitent, à
chaque fois, à rendre l'image à ses opérations singulières comme à ses
enjeux politiques.
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