Ce livre s'inscrit dans un projet d'anthropologie sensorielle de
l'intime. On y montre comment l'expérience du vertige dévoile une part
cachée de notre écologie corporelle : plonger dans son corps, lorsque le
vertige nous prend, traduit moins un désir de disparaître en
s'évanouissant qu'une sensibilité « émersant » en nous. En retournant
ainsi la peau, le vertige révèle une cartographie des cavernes
intérieures. Se donner le vertige en y étant contraint ou de manière
volontaire est une expérience enivrante. Le déséquilibre du cerveau que
nous éprouvons dans le vide, dans l'isolement sensoriel, dans les effets
internes des machines est tel que nous avons alors du mal à distinguer
ce qui se produit en nous de ce qui provient du monde, notre vue se
voile, nos sensations s'avivent et notre empathie s'active
inconsciemment. Accepter son vertige, c'est consentir à communiquer avec
son cerveau dans une relation plus directe entre corps et monde. La
profondeur du corps est le continent noir qu'il reste à explorer par des
enquêtes en première personne et des entretiens qualitatifs dont on
trouvera ici d'éloquents exemples.
Bernard Andrieu est philosophe. Professeur d'écologie corporelle
et santé à l'Université de Rouen (STAPS), il anime un journal en ligne
sur le corps. Il est également l'auteur dun grand nombre douvrages sur la
thématique corporelle, notamment ""Les avatars du corps"" aux éditions
Liber, aussi bien sous langle philosophique et scientifique que pratique
et sanitaire.
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