« Oui, la modernité est une inconnue aux multiples masques, une notion qui reçoit de nombreuses acceptions dont le sens véritable n'est jamais clairement défini, glissant vers tel ou tel autre sens selon le contexte dans lequel elle est exploitée. »
Cette constatation désabusée de Christophe Longbois-Canil semble avoir agi comme un défi et stimulé sa curiosité. Soucieux de lever les masques, il limite son investigation aux trois petites décennies qui séparent l’invention du terme « modernité », en 1823, par Balzac, et 1852, date du rétablissement de l’Empire.
On s’attendrait à ce que la quête se poursuive jusqu’en 1863, année du Salon des Refusés, du Déjeuner sur l’herbe, d’Olympia, œuvres qui consacrent Manet comme « inventeur du moderne ».
Mais Longbois-Canil se méfie de cette chronologie généralement admise, trop facilement sans doute. Il ne s’agit pas, ici, de célébrer un auteur ou une œuvre particulière, ni d’aboutir à une définition de la modernité. Plus subtilement, l’auteur conduit son enquête en profondeur. Il s’attache à mettre au jour la sensibilité latente, sousjacente d’une époque qui autorise l’émergence des modernités et des premières avant-gardes de la seconde moitié du XIXe siècle. La presse de l’époque, les comptes rendus des critiques dans la Revue des Deux Mondes, dans l’Artiste aussi – moins « grand public » et davantage lu par les connaisseurs – abonde en indices qui dévoilent progressivement l’« inconnue au multiples masques ».
Si, selon la formule de Longbois-Canil, la modernité ne s’est « jamais avancée à visage découvert » durant cette période, elle n’a cessé en revanche d’être « constamment présente tout au long des débats critiques sur les questions d’art ».
Marc Jimenez
Christophe Longbois-Canil est titulaire d’un doctorat d’esthétique et diplômé d’histoire de l’art de l université Roma III. Peintre, il est également enseignant-conférencier et chargé d’enseignement à l’université Paris 8.
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