Que se serait-il passé si Adam n'avait pas péché ? Le récit de la Chute ne raconte pas seulement comment le premier homme et la première femme ont désobéi et ont été chassés du jardin de l’Éden. C’est aussi un instrument formidable pour penser philosophiquement la nature humaine, ses potentialités et ses limites, pour dessiner les différents plans d’une anthropologie complexe et diversifiée. La rupture du péché originel, qui instaure un Avant et un Après de la nature humaine, a représenté un défi intellectuel, une provocation pour la philosophie que la pensée médiévale – et moderne – a voulu recueillir et affronter. Cette nécessité s’est faite d’autant plus pressante que d’autres modèles anthropologiques devenaient disponibles, au premier rang desquels le modèle aristotélicien, où l’idée d’une rupture dans l’histoire humaine ou d’une naturalité scindée n’avait pas sa place.
Les réflexions sur la Chute ont donné lieu à des débats importants sur le langage, la liberté et le mal, le bonheur, les passions, le corps, la vie et le pouvoir politique, le droit, le travail, qui sont l’objet des chapitres de ce livre.
Prises ainsi dans leur dimension anthropologique, ces questions autour de la Chute deviennent un véritable modèle épistémologique pour penser la naturalité de l’homme et son histoire, en termes de dégradation ou de progrès, modèle qui dépasse l’époque médiévale et rejoint des questionnements que l’on retrouve notamment à l’âge classique.
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